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Emilia_Writing15
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Chapitre III: Giovani ⚠️TW⚠️

Aujourd'hui ressemble aux derniers jours, puisque mon collègue, Renato, et moi-même sommes actuellement en route vers la bâtisse de madame Soarez Brilhante. Lui demeurant au poste de conduite du fourgon.

Nous traversons la capitale et passons par le quartier précédent le lieu de notre chantier - que Renato ne peut s'empêcher de critiquer. Il déclare alors, en désignant les maisons d'un geste de main, que « ce spectacle est juste là pour épater la galerie, montrer au monde qu'ils sont des gens fortunés et donc, qu'ils doivent être respectés davantage que les « simples gens » ». Puis, il termine en m'indiquant qu'il trouve cela lamentable. De mon côté, je n'émets aucun avis, le laissant penser ce qu'il veut, même si je suis plutôt du genre à attendre de connaître une personne avant de la juger.

Nous arrivons à la dernière résidence, lui se présentant à l'interphone avant qu'un des nombreux employés déverrouille le portail en fer forgé blanc. Nous franchissons l'allée couverte de graviers blancs également et nous garons non loin du futur cabanon.

Nous commençons à sortir notre matériel du véhicule, celui-ci comportant une bétonnière, des spatules, des seaux et de nombreux sacs de mortier, que nous déposons à côté de notre chantier. Une fois cela fait, je mets du mortier à l'intérieur de deux seaux et mon collègue ajoute dedans de l'eau du robinet extérieur accroché à la villa. Après cela, je balance le contenu des seaux au fur et à mesure dans la bétonnière.

Lorsque notre mélange est prêt, j'en fourre la moitié dans un seau vide et l'étale sur les anciens parpaings à l'aide d'une spatule, en posant de nouveaux par dessus.

Pendant ce temps, le blond m'imite, utilisant un autre seau pour fabriquer le mur du fond.

Quelques minutes plus tard, nous croisons notre cliente, celle-ci quittant son domicile accompagnée de son mari. Elle nous passe le bonjour, nous souhaitant une bonne journée avant de s'enfuir au volant de sa Porsche rouge flambant neuve.

Par la suite, son fils apparaît, nous saluant d'un geste de la main que nous lui retournons et nous souhaitant aussi une bonne journée.

Nous sommes vraiment chanceux d'avoir atterris chez des gens aussi polis et respectueux, parce que ceci devient extrêmement rare de nos jours. Pour exemple à mes mots, ils tiennent à nous remercier régulièrement ainsi qu'à faire preuve de politesse envers nous et leurs employés.

Néanmoins, malgré la plaisance de cette qualité, la gentillesse du brun n'a aucune limite. Nous apporter le café samedi après-midi n'était clairement pas une attention que j'ai adoré. Moi qui apprécie rester professionnel, voilà qu'il a entravé la fine ligne que je m'efforce à garder intacte entre mes clients et moi.

Mais ce n'est pas le moment d'y songer, j'ai un mur d'abri de jardin à continuer.

~~

Les heures avancent et le brun rentre aux environs des dix sept heures tandis que nous construisons toujours les murs de l'abri de jardin.

Soudain, mon collègue et ami m'informe avoir un besoin pressant, se dépêchant d'aller toquer à la porte de la maison.

Celui-ci réapparaît comme une fleur au bout de longues minutes, m'avertissant qu'il a des choses à me rapporter à la vue de mes sourcils froncés.

– Man, il paraît que le petit a une énième mauvaise note en maths. Je te jure, il me fait de la peine... J'ai presque envie de l'aider...

– Ce ne sont pas nos oignons. Et puis, j'ai entendu que sa mère allait lui dégoter un professeur particulier. De toute façon, nous avons trop de boulot pour pouvoir nous permettre de venir en aide à qui que ce soit, je lui signale.

– C'est vrai, mais bon... Je me sens un peu inutile et surtout...redevable. Il est hyper sympa avec nous !

– Il nous lèche les bottes plutôt !

– Arrête...ne me dit pas que tu es encore bloqué là-dessus ? Il nous a simplement offert un café, Gio' !, tient-il à rappeler.

– On avait rien demandé à ce que je sache ! Sauf qu'il ne pouvait pas s'abstenir de prouver son empathie ! Son attention partait peut être d'un bon sentiment, pourtant, elle sortait du cadre de la relation client/prestataire.

– Sérieusement, t'es jamais content !, râle t-il. Tu préfères qu'on te traite bien ou mal ?

– Tu connais déjà la réponse à cette question, dis-je pour clôturer la conversation.

Je me remets au travail, appliquant une couche de mortier sur un parpaing tout en me répétant ses paroles. J'ai déjà surpris par mégarde un échange entre le fils et la mère traitant du même sujet, la semaine précédente. Il lui disait qu'il se sentait nul et sa voix traduisait du soulagement mêlé à de l'impuissance. Entre les grandes lignes, il évacuait sa fatigue mentale et je dois avouer que ceci m'a touché. Cependant, comme je l'ai dit, il s'agit de ses problèmes et non des nôtres.

Environ une heure plus tard, nous rangeons nos affaires et désertons les lieux, Renato me déposant devant mon immeuble.

Le bâtiment se situe au cœur de Lisbonne, parmi un quartier modeste. J'emprunte l'ascenseur afin de grimper au neuvième étage, le plus haut ainsi que celui possédant la meilleure vue sur la ville. De là haut, j'ai la chance de pouvoir admirer la cathédrale Saint Maria Maior, les bâtiments aux tons pastels qui l'entoure et l'estuaire du Tage.

Une fois à mon étage, j'ouvre la porte d'un des appartements, y entrant.

– Salut !, lance ma jumelle, Milena, installant les couverts pour deux personnes.

Je lui retourne la salutation, filant sous la douche me débarrasser de la tonne de poussière qui me colle à la peau. L'eau tiède relâche immédiatement mes muscles tendus, cependant, je me force à ne point en profiter indéfiniment. Je me savonne le corps de gel douche à l'aloé vera, me lave le cuir chevelu à l'aide de shampooing senteur pomme verte, me rince et entoure ma taille d'une serviette.

Enfin, j'enfile un vieux bas de jogging bordeaux et un t-shirt à la nuance identique, m'attelant à préparer le dîner.

– Tu as passé une bonne journée ?, s'intéresse Lena, s'appuyant contre un meuble à mes côtés.

– Tu sais bien, les chantiers, tout ça tout ça...

-Ok, répond t-elle simplement, piquant au passage un morceau de chorizo provenant de mon Arroz de Pato 1*.

Je m'apprête à lui foutre une petite tape sur la main, mais elle s'éloigne lire un magazine sur le canapé. Je zappe donc son acte impoli, la questionnant quant à sa journée.

– Les enfants étaient adorables, mise à part quelques uns. Leur maîtresse et moi leurs avons appris une comptine. Ils étaient aux anges, j'aurai tellement aimé que tu puisses voir leur enthousiasme !, dit-elle d'un ton plein d'émotions, laissant son magazine de côté.

– Non merci, je préfère avoir des amis plus âgés, je lâche, amusé.

– Haha, très drôle !, rétorque t-elle, appréciant peu que la charrie sur son métier.

Effectivement, ma sœur exerce le métier d'assistante maternelle. Elle est très épanouie dans ce domaine et semble apprécier l'école où elle travaille, demeurant constamment de bonne humeur. Elle comme moi sommes extrêmement fiers de cette réussite professionnelle, qu'elle ai trouvé sa voie. C'est important d'avoir un boulot qu'on aime, d'être motivé dès le matin par nos futures activités, de sentir une quelconque satisfaction à la fin de notre journée.

~~

Le lendemain, aux alentours des seize heures, Alois revient chez lui. Ceci me rappelle que je dois le prévenir de la réservation du crépis et lui montrer l'avancée de la construction, faute d'avoir le choix de m'entretenir avec sa mère.

– Excusez-moi !, je l'interpelle, m'approchant de lui tandis qu'il quitte son garage.

Il se stoppe net, haussant un sourcil.

– Auriez-vous une minute pour vérifier si l'avancée du chantier vous convient ?, je lui demande, me grattant le cou de gêne.

– Oh oui, bien sûr !, m'assure t-il, souriant.

– Parfait, veuillez me suivre s'il vous plaît. Comme vous pouvez le voir, la chape bétonnée a été réalisée la semaine dernière et les murs sont en cours. Vous avez le droit d'entrer dedans ou de faire le tour si vous le souhaitait.

Il inspecte le moindre recoin, m'angoissant malgré moi. Je triture mes doigts, les mains moites à l'attente interminable de son verdict.

– Impeccable, ma mère va être ravie !, annonce t-il finalement d'un ton satisfait, me soulageant au passage. Est-ce que vous sauriez estimer vers quand débutera le montage de la charpente ?, m'interroge t-il.

– Euh...je pense d'ici une à deux semaines, je l'informe, essayant de reprendre mon calme. D'ailleurs, le crépis est commandé depuis samedi soir, nous le poserons sûrement d'ici trois semaines à un mois.

Il hoche la tête.

– Si vous avez d'autres questions n'hésitez pas, nous sommes aussi là à cet effet, je me force à prononcer, le client étant roi.

– Merci beaucoup, mais je vais vous laisser travailler tranquillement, lâche t-il en regardant derrière moi.

Je me retourne, voyant le blond poursuivre seul la création du mur gauche.

– À demain messieurs, dit-il poliment.

Je l'observe partir vers la villa, décontenancé par sa compassion que j'apprécie autant que je désapprouve. Qu'est-ce qu'il cherche à être si sympa ?  Il ne pourrai pas garder sa place de client, similairement à tout le monde ?

– Man, tu viens m'aider ou tu fixes le petit ?, lâche Renato.

– J'arrive.

Même si je continue de taffer, j'ai l'esprit ailleurs, étant tiraillé entre ma raison me poussant à me méfier d'Alois et ma conscience m'encourageant à baisser mes barrières.

Il y a deux ans, je me serai laissé porter par le courant à mes risques et périls. Sauf que depuis ce fameux jour, le 15 janvier 2022 - une date gravée au fer rouge dans mon esprit - j'ai façonné des remparts en béton armé autour de mon cœur. Et je ne permettrai à personne de les retirer, encore moins un hypocrite flatteur. Je me suis promis que plus jamais quelqu'un ne me détruirai comme il l'a fait et je resterai campé sur cette position quoi qu'il advienne. Je tais donc l'idée que me propose ma conscience, me concentrant à bâtir le mur de devant.

~~

Des images du fils de ma cliente m'envahissent l'esprit. Je le revoit torse nu parmi sa piscine. Ses cheveux ébènes dont des gouttes d'eau s'échappent, ruisselant sur son visage ovale qui détient des billes marrons foncés presque noirs, un nez court et des lèvres charnues. Son  torse mince, ses épaules larges, sa pomme d'adam qui me remémore la sienne, formant un nœud à l'intérieur de ma gorge. Des flashbacks de quand je couvrais de baisers, le cou et celle du gars m'ayant bousillé, ressurgissent...

Puis... un mélange des deux hommes. J'embrasse le cou et la proéminence laryngée du brun, ceux de mon ex, de nouveau ceux du brun, etc... Je me sens piégé, impuissant face à ceci, dépassé, et j'agonise, je suffoque... J'ai mal, la douleur me dévore les entrailles... J'ai irrémédiablement envie, besoin de hurler, pourtant, cela m'est impossible...

D'un coup, sans crier garde, un cri franchit ma cavité buccale, me réveillant en sursaut. J'appuie automatiquement sur l'interrupteur siégeant au dessus de mon lit, allumant la lumière. J'analyse les murs oranges, mon vieux bureau blanc à moitié cassé, ma commode marron foncée, ma table de chevet d'une couleur identique et enfin, mon lit. Rassuré d'être dans ma chambre, je clos les paupières, inspirant et expirant profondément, tentant de me détendre et de chasser la boule logée dans mes poumons. Comment ai-je pu m'imaginer faire ceci au fils de ma cliente ?! C'est insensé !

Lorsque ma jumelle déboule de nul part, me demandant comment je vais. Je rouvre les yeux à contre cœur, voulant la réconforter.

– Ça va, j'ai juste fais un cauchemar.

– À cause de...l'autre ?, me questionne t-elle avec prudence, venant s'asseoir devant moi.

– Oui..., j'avoue.

Elle pose une main sur mon épaule, réussissant  à ce que mes lèvres forment un sourire triste grâce à un regard remplit de soutien, m'avisant qu'elle sera toujours présente pour moi.

– Merci Lena..., je prononce.

– Vas prendre une douche, tu pue la transpiration !, lance t-elle subitement, n'aimant point la reconnaissance.

– Je suis ton grand-frère, je te signale, tu devrais me respecter !

– Seulement de huit minutes !, souligne t-elle. Aller, oust, tu sens le phacochère !, s'exclame t-elle, pointant la porte du doigt.

J'ai un petit rictus amusé, quittant la pièce à la vitesse d'un escargot, histoire de l'embêter.

– Dépêches-toi de partir loin de moi, mon nez a vraiment du mal à supporter ton odeur perfide !

– C'est toi qui a débarqué dans ma chambre, je te rappelle !

Au lieu de riposter, un oreiller atterri contre mon dos, alors je déguerpis avant de me recevoir le second, courant jusqu'à la salle d'eau.

À mon grand soulagement, l'eau froide efface les derniers flashs de mon cauchemar. Sauf que j'ai conscience qu'à la seconde où je retrouverai mon lit, ceux-ci s'empresseront de revenir, me préparant mentalement à passer une nuit merdique. Je me savonne, me rince, m'essuie et retourne me coucher. L'unique moyen que je décèle pour éviter d'avoir trop d'images en tête, étant de scroller sur mon téléphone durant des heures.

~~

1* riz au canard.

~~

NDA

Coucou 👋,

Je vous présente le point de vue de Giovani pour ce troisième chapitre. Qu'en pensez-vous ?

Bisous, EW 😘

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