La soirée de Paloma va incessamment sous peu commencer. La décoration de la pièce à vivre est achevée. Des bols de chips et de gâteaux apéritifs, accompagnés des boissons et de verres en cartons trônent sur la table de la salle à manger. La musique pop résonne sûrement depuis l'extérieur et la lumière multicolore est allumée. Il ne manque plus qu'à ouvrir la porte d'entrée aux nombreuses personnes qui attendent derrière, ce que notre amie peine à réaliser.
Elle a constamment une pression monstre à chaque fois qu'elle organise ce genre d'événement, parce qu'elle a une certaine réputation au lycée. Je ne dirais pas qu'elle est populaire ou un truc du genre, mais le bruit court que ses soirées sont les meilleures du campus. Voilà pourquoi, il est courant que des étudiants venant des lycées proches du nôtre débarquent chez elle.
– Détend-toi Pal', nous avons tout fait pour que cette fête soit un succès, alors elle le sera, essaie de la rassurer Diego.
Elle hoche la tête, pose une main peu assurée sur la poignée de sa porte, puis ouvre. Elle affiche un sourire éclatant lorsqu'une dizaine d'étudiants la salut, les invitant chaleureusement à entrer chez elle. Personne ne pourrait deviner qu'elle paniquait il y a seulement quelques secondes, parce qu'elle s'évertue à le masquer, comme toujours.
Les lycéens présents dans la pièce à vivre, prennent rapidement leur aises, se servant un verre ou piquant de la nourriture avant d'aller danser parmi la piste de danse improvisée qu'est devenu le salon.
Je pari qu'elle ne connaît pas la moitié de ces gens, similairement au brun et moi, sauf qu'elle ne cesse de répéter « qu'une fête réussie ramène du monde de partout et d'ailleurs ». J'ai même l'impression de l'entendre prononcer cette phrase quand je les observes, ayant l'effet de me donner le sourire.
Très peu de temps après, de nouvelles personnes débarquent, encore et encore, jusqu'à ce que la maison soit bondée du premier niveau au deuxième. C'est à partir de ce moment qu'elle verrouille sa porte, nous proposant d'aller boire un verre maintenant que nous avons finis de surveiller les entrées des invités.
Effectivement, depuis qu'un gars lui a foutu un coup de poing, car elle a refusé de le laisser entrer, notre ami et moi tenons à vérifier que personne ne dépasse les bornes. Donc, nous nous permettront de profiter des festivités qu'une fois la porte close, ceci agaçant la jeune femme, qui a l'impression d'être prise pour une enfant. Mais...n'est-il pas normal de protéger ses amis ?
En tout cas, désormais, nous pouvons également nous amuser, ce dont notre amie ne se prive point. Elle se serre un verre d'alcool et atteint rapidement la piste de danse tandis que je vais me servir un verre de coca suivit de Diego. Celui-ci préfère siroter son breuvage alcoolisé tranquillement sur le sofa, contrairement à moi qui file rejoindre Paloma.
– Ah, enfin ! J'ai cru qu'aucun de vous deux ne me rejoindrai !, lance t-elle, les poings sur les hanches.
– C'est horrible de laisser la reine du jour seule !, je cri par dessus la musique.
– Justement, si je suis une « reine », il faut que tu fasse ce que j'exige ! Et là, je veux que tu danse avec moi, Ali' !
– J'y compte bien, votre majesté !, dis-je d'un ton théâtral.
Nous pouffons en cœur.
Nous dansons durant des heures, faisons la chenille, criions plus que nous chantons et buvons des verres vodka coca ou grenadine. Enfin...me concernant j'en ai bu un et cela me suffit amplement.
Actuellement, la jeune femme rit sans raison particulière, ses mouvements ressemblant davantage à des étirements que de la danse. Malencontreusement, nos fringues sont trempés par diverses boissons que certains nous ont renversés dessus. J'ai retiré ma veste il y longtemps, lui évitant ainsi d'être tâchée, mais j'ai horreur que mon vêtement me colle à la peau.
Soudain, un torse musclé se colle contre mon dos et des mains fortes suivent les mouvements de mes hanches bougeant au rythme de la musique.
– Salut, dit une voix masculine près de mon oreille.
Je tourne la tête, voulant découvrir le visage de ce gars. J'aperçois un jeune homme m'étant inconnu. Il possède de longs cheveux marrons foncés bouclés, des yeux d'une couleur identique ainsi que des lèvres pulpeuses. Celles-ci se lèvent d'un côté lorsqu'il remarque que je le reluque, provoquant que je dévie le regard de gêne.
– Tu me trouve beau ?, demande t-il d'un ton malicieux.
– Un-un peu, j'admets.
– Tu n'es pas mal non plus, susurre t-il à mon oreille d'une voix suave.
Étrangement, cela ne me fait pas grand chose, mise à part que je reporte mon attention vers lui.
– Tu t'appelles comment ?, m'interroge t-il en se mordant la lèvre inférieure.
– A-Alois, et toi ?, je balbutie.
– Peu importe, non ?, dit-il, haussant les épaules.
Suite à ses mots, il m'embrasse. Je me fige sous le choc, mais fini par répondre à son baiser qu'il amplifie en agrippant ma nuque. Je me laisse guider, sans réellement ressentir de sensations.
Les paupières closes et nos lèvres se mouvant, mon esprit vagabonde jusqu'à zapper l'endroit où je me trouve.
Subitement, des images de l'artisan maçon aux cheveux châtains m'envahissent. Je vois son visage, ses pupilles noisettes et...ses lèvres. J'ai l'impression que c'est lui que je l'embrasse, et ceci est exquise. Sa main soulève le bas de mon t-shirt, se glissant dessous pour caresser mon dos.
Tout à coup, je capte qu'il ne pourrait jamais faire une telle chose, étant donné qu'il est glacial avec moi depuis trois jours. De ce fait, son magnifique faciès disparaît et je me souviens que j'embrasse un inconnu à la fête de ma meilleure amie.
Je m'écarte aussitôt de lui, dont je ne connais point le prénom. Il m'observe, interrogateur et mal à l'aise. Pourquoi mon cerveau me joue des tours pareils ?!
Ces idées absurdes me perturbe tellement que je n'ose le regarder. Comment ai-je pu pensé à un mec pendant que j'en embrassais un autre ? C'est insensé !
Il faut que je me ressaisisse. Je prends donc mon courage à deux mains, souhaitant expliquer à cet inconnu la raison de ma réaction étrange.
– Est-ce que... je t'ai brusqué ?, s'inquiète t-il.
– Non, absolument pas, je tente de le rassurer. En réalité je...
Je réfléchis un instant, essayant de trouver les mots justes. Cependant, je me ravise, ne dégotant nullement un mensonge potable.
– Je... je pensais à un autre durant notre baisé..., j'avoue.
– Aïe..., dit-il, grimaçant.
– Désolé... je n'aurais jamais cru que je déraillerai autant...
– Il n'y a rien de mal à être amoureux, j'espère simplement que ce mec sait combien il te plaît.
– Tu n'as pas compris, j'ai perdu les pédales le cours d'une seconde, je ne ressens de sentiments pour personne !
– Je crois surtout que tu te voile la face. La situation m'embête, parce que tu me plaisais bien..., confie t-il, fourrant ses mains à l'intérieur de ses poches. Néanmoins, je suis content pour toi.
Je fronce les sourcils d'incrédulité. Il raconte vraiment n'importe quoi !
– Je serais toi, je m'empresserai d'aller le retrouver, afin de lui dire mes sentiments à son égard.
– Je vais plutôt aller boire un peu.
– Ok, opine t-il d'un ton amusé.
Je m'approche de la table à boissons et nourriture, me servant un verre de Ginja 1*, le brun sur mes talons. J'avale une grosse gorgée, toussant à cause de l'amertume mêlée à la puissance de l'alcool m'enflammant la trachée, alors qu'il se marre.
– Il n'y a rien de drôle !, je raille.
– Il vaudrait mieux que tu reste sobre si tu prévois de voir quelqu'un après, lance t-il d'une voix remplit de sous entendus.
– Comment j'ai pu t'embrasser ?
– J'ai un charme naturel face auquel tu as craqué, se jette t-il des fleurs. De plus, tu devrais plutôt me remercier de t'avoir éclairé.
– À quel sujet ?, je demande, haussant un sourcil.
– Tu le sait parfaitement, dit-il en piquant une part de pizza.
– Paloma à commandé de la pizza ?, je soulève.
– Qui ?
– L'hôte de la soirée. Je pari que tu fais partie de ceux s'étant incrusté ?, je devine, chipant une part à mon tour.
– Peut-être... Sauf que j'ai eu raison, sinon j'aurais manqué la fête du siècle !
Je lève les yeux au ciel, exaspéré.
– Tu as une photo de ton mec ?, s'intéresse t-il d'un coup.
-Bah non, on se connaît à peine, je lui apprends.
– Tu sens ? L'air pu le coup de foudre.
– Très marrant, je suis plié de rire ! La beauté ne suffit pas à déterminer si l'on est amoureux.
– Oh...donc physiquement il te plaît ?
– Oui, je réponds du tac au tac, souhaitant qu'il me foute la paix.
C'est au moment où il écarquille les yeux et sourit que je prends conscience de ma bêtise.
– Tu l'a cherché sur les réseaux sociaux ?, m'interroge t-il, jouant des sourcils.
– J'ignore son nom et son prénom. De toute façon, il ne m'intéresse pas, alors cesse de me parler de lui !, je m'agace, lassé.
– D'accord, excuse-moi... Je voulais juste discuter.
Je soupire, compatissant.
– Et toi, quelqu'un en vue ?, je demande.
– Non, je préfère les aventures d'un soir, la liberté d'être célibataire. Par contre, là, ma soirée est un flop total. Je vais devoir refouler ma tristesse en me goinfrant de pizza et de chips, déclare t-il, attrapant une grosse poignée de chips barbecue qu'il gobe. À quoi il ressemble ton mec ?, ré-aborde t-il le sujet.
Le visage du fameux Gio' débarque devant mes yeux à l'entente de sa phrase. Je me remémore la première fois que je l'ai vu, puis les suivantes. Il est tellement beau n'empêche.
– Tu pense à lui !, s'exclame le brun. Est-ce qu'il est mignon ?
Je hausse les épaules, retombant brutalement sur Terre.
– Bizarrement, je trouve que non. Pourtant, tous mes exs l'était...
– Seuls les gens sexys dérogent à la mignonnerie.
– Ah bon ?
– Ouais, tu peux te fier à mon avis d'expert. Je sais différencier une personne mignonne d'une sexy. Une chose est certaine, tu souris quand tu songe à lui, m'informe t-il, jouant à nouveau des sourcils.
Ses derniers mots me perturbe au point que j'ai besoin de déglutir pour les assimiler. Zut ! J'espère que le principal concerné n'a jamais été témoin de cette réaction qu'il provoque chez moi...
– Détends-toi, je suis certain que lui n'a rien remarqué. Au pire des cas, il a capté qu'il te plaît.
– Punaise, voilà la cause de sa froideur soudaine ! Attends...il n'aurait vu ce détail que récemment et pas plus tôt ?
Il marque une pause, perdu.
– Une minute... Il a mit de la distance entre vous ?, s'étonne t-il.
– Oui... Il m'adresse que très brièvement la parole et j'ai la sensation d'avoir fait quelque chose de mal, puisqu'il semble m'éviter...
– Tu en as parler avec lui ? Peut-être qu'il a des soucis personnels.
– Je vais tenter demain, je prononce, peu sûr de mon choix.
– Est-ce que je dérange ?, nous interroge une voix féminine familière, débarquant de nul part.
Mon amie pose un bras par dessus mes épaules, s'appuyant sur moi.
– Je m'appelle Paloma, alias la meilleure amie d'Alois, et toi ?, demande t-elle au brun, lui tendant sa main qu'il saisit.
– Tulio, enchanté.
– De même. Vous causiez de quoi ?, change t-elle subitement de sujet.
Je me préparais à inventer un truc, mais il me devance.
– De son crush, lâche t-il fièrement.
– Pardon ?! Tu as oublié de me mettre au courant d'une chose aussi importante ?!, s'exclame t-elle, choquée, me foutant une petite tape sur le bras.
J'offre un regard noir au brun, agacé qu'il ai cafté mon secret.
– Il raconte des conneries. Il est impossible d'aimer quelqu'un dont on apprécie uniquement le physique !, je m'empresse de contrer.
– Oh putain...c'est qui ce gars ?, s'écrit-elle, surexcitée.
– Je te montrerai dès que j'aurai des photos, d'accord ?, dis-je en espérant qu'elle lâchera l'affaire.
En guise de réponse, elle m'étreint fort.
– Aller, viens, on va danser et boire à cette merveilleuse nouvelle !, annonce t-elle, me traînant par le poignet jusqu'à la piste de danse.
Nous nous déhanchons pendant un temps indéterminé, buvant quelques verres, chantant à nous casser les cordes vocales, jouant au jeu « je n'ai jamais », prenant plein de photos et de vidéos avec nos smartphones, puis dansant à nouveau.
~~
Je me réveille, scannant l'endroit où je réside.
Je reconnais rapidement le salon de ma meilleure amie, me rappelant de la soirée de la veille, que j'ai consommé beaucoup d'alcool à la fin, que j'ai papoté avec un certain Tulio, que j'ai dansé, crié, chanté, mangé. Une flopée de souvenirs submerge mon cerveau tandis que je m'oblige à décamper du sofa. J'ignore ainsi mes membres douloureux, mon mal de gorge et ma sensation d'avoir la tête coincée dans un étau. Je sors mon téléphone de la poche de mon jean, mais il n'a plus de batterie, alors je cherche un moyen de savoir l'heure, voyant l'heure tardive qu'affiche l'horloge de la pièce à vivre. Merde !
N'ayant pas d'argent pour payer un Uber, mes amis étant certainement autant bourrés que moi et mon téléphone demeurant hors service, je décide de rentrer chez moi à pied.
Je marche durant ce qui me paraît une éternité, la fraîcheur de la température cumulée à mon état ne m'aidant nullement à rattraper le temps perdu. Je vais être sérieusement en retard au lycée...
Arrivé à bon port, je déverrouille le portail, pénétrant parmi la propriété en me traînant, épuisé.
– Vous allez bien, Alois ?, s'inquiète de loin l'un des artisans maçons.
– Oui, je mens, la voix tellement cassée qu'elle sonne comme un murmure.
J'avance, puisant sur mes dernières forces.Un courant d'air hérisse les poils de mes bras nus, me faisant frissonner, pourtant, je tiens à atteindre la villa.
Lorsque quelqu'un pose un vêtement sur mes épaules.
~~
1* liqueur obtenue à partir de la macération de cerises griottes (Prunus cerasus), très populaire au Portugal, en particulier à Lisbonne, Óbidos, Alcobaça et dans l'Algarve.
~~
NDA
Coucou 👋,
Voici un cinquième chapitre qui se déroule lors de la fête d'anniversaire de Paloma, la meilleure amie d'Alois. Qu'en pensez vous ?
Et à la fin, qui a bien pu poser un vêtement sur les épaules du jeune homme ? La suite au prochain épisode 😜 !
Bisous, EW 😘