Le lendemain matin je me levais avec un mal de crâne monumentale, les yeux rouges et bouffis par les pleures de la veille. J'ai l'impression de décuver même si je n'ai jamais bu de ma vie. J'ai très mal dormi. Mon sommeil se résume par des cauchemars et un rêve étrange qui n'a aucun sens. Je me redresse dans mon lit et j’observe ma chambre. Je l'ai toujours connue. Il n'y a pas grand-chose à part un bureau en bazar, 2 bibliothécaires remplies de livres en tous genres, mon armoire, ma commode, mon lit qui repose quasiment au centre de la pièce et ma petite table de chevet. Je regarde par la fenêtre le temps est gris. Il va pleuvoir temps mieux j'aime la pluie. C'est très relaxant le bruit des gouttes qui s'écrasent sur la vitre. Cela me donne l'impression que tout est purifié. Je m'empresse d'aller ouvrir la celle-ci l'air frais s'engouffre dans la petite pièce et fait virevolter mes cheveux. Je retourne à mon lit pour ouvrir le tiroir de ma table de chevet encombrée de livres. J'en sors ... Un livre, plus précisément mon journal intime. Je l'ouvre et je commence à griffonner l'étrange rêve que j'ai fait. Tout n'est pas clair, je ne m'en souviens plus très bien. Les seules choses qui me reviennent à l'esprit sont la silhouette d'un homme très grand et d'un corbeau. Le plus étrange c'était que le corbeau avait les yeux violets. Il était très grand et majestueux, son plumage était tellement noir que je le voyais avec peine mais par moment, son plumage avait des reflets bleus. Une pure merveille. Quant à l'homme je me souviens que de sa silhouette. Il était entouré d'ombres et il dégageait une douce chaleur rassurante mais aussi froide et imposante. D'autres détails me reviennent à la mémoire. Un médaillon avec une rose noire et des paroles.
" Clan perdu ... "
" Tu es l'unique ... "
" Protecteur des humains ..."
" Destin lié ... "
" La rose doit éclore ..."
Je dois avouer que ça n'a ni queue ni tête. Je secoue la tête pour me sortir du souvenir de ce rêve étrange et je file vers la salle de bain. Une bonne douche ne me fera pas de mal après tout. Dans le couloir, je n'entends rien ... C'est calme mes parents doivent sûrement être parti à leur travail. J'entre donc dans la salle de bain. C'est une salle de bain banal blanche avec une douche à l'italienne, et double vasque. Un grand miroir reposait au-dessus des deux lavabos. Je fermais la porte à clé puis me dépêche de me dévêtir et d'entrer dans la douche. L'eau chaude me fait un bien fou. Elle ruisselle sur mon corps me donnant l'impression d'emporter tous mes problèmes avec elle dans les tuyaux de canalisations. Enfin si seulement c'était possible …
Je me détends et me délecte du moment. J'ai toujours aimé l'eau, je me sens comme en connexion avec elle.
Une fois fini je me couvre de mon peignoir et j’enroule mes cheveux humides dans une serviette, maintenant, direction ma chambre. Je sors de mon placard un pantalon skinny noir et un sweat à capuche bordeaux. Sur celui-ci est inscrit en blanc " J'aime La Pluie ". Sa tombe bien la pluie commence à tomber. Je vais fermer ma fenêtre et je m'habiller.
Il faut que je me mette au travail. Je commence ce que je n'ai pas fait la veille, c'est à dire, mes cartons. J'envoie un message à Angèle pour lui dire que je ne viendrais pas en cours aujourd'hui. Elle me répond aussitôt en me disant qu'elle passerait ce soir avec Lisanna dès la fin des cours. Une chose est sûre je peux toujours compter sur elle. Je passe donc ma journée à faire mes cartons et je suis toujours loin d'avoir fini. Il faudrait que j'aille voir grand-mère aussi pour lui parler et lui annoncer mon petit projet de séjourner quelques temps chez elles. J'irai la voir demain matin.
Il est 19h10, les filles ne devraient pas tarder à arriver et justement, la sonnette d'entrée retentit. Je descends pour aller ouvrir à mes amis. À peine ai-je ouvert la porte qu'Angèle se précipite vers moi.
" Je peux savoir ce qu'il se wouaaaaaa ! " Elle n'eut pas le temps de finir ça question que sa maladresse légendaire revient au grand galop.
Elle a loupé la petite marche du perron et vient de s'écraser au sol. Bizarrement ça ne m'étonne pas.
" Ça va ? " lui demandais-je.
La seule réponse auquel j'ai le droit est un grognement. Lisanna et moi l'aidons à la relever.
"Merci et oui ça va. " articule-t-elle avec une pointe d'agacement et le visage rouge comme une tomate.
Je les fais entrer dans ce qui reste de mon salon puis je vais chercher de la citronnade pour mes deux invitées. Je m'installe confortablement dans le petit fauteuil qui est à côté du canapé. Angèle pose la question que je redoute le plus, celle qu'elle n'avait pas eu le temps de finir de dire. Elle me regarda dans les yeux avec une expression sérieuse.
" Raven, j'aimerais avoir des explications. Qu'est-ce qu'il se passe enfin ? Tu as carrément séché les cours d'aujourd'hui ! Ça ne te ressemble pas. "
Je baisse la tête en me mordant la lèvre inférieure.
" Tu y vas peut-être un peu fort Angèle ... " dit Lisanna tout en posant une main sur l'épaule de sa petite amie. "
" Excuse-moi Raven. C'est juste que je me suis fait un sang d'encre pour toi aujourd'hui. Je ... je ne voulais pas te brusquer ... je suis désolé ... "
" C'est vrai. Toute la journée elle n'a fait que se ronger les ongles et surveiller en permanence l'heure sur la pendule. Elle ne tenait pas en place. J'ai même eu du mal à la rattraper à la fin des cours tellement elle se hâtait chez toi. "
Je relève la tête et leur souris tristement.
" Pardonné moi les filles, je soupire résiliée. En fait quand je suis rentrée hier, mes parents se disputaient encore, étonnant n'est-ce pas. Mais le pire c'est qu'ils ne m'avaient même pas vue. "
Je prends une pause pour reprendre mon souffle. Elles sont suspendues à mes lèvres.
" Pendant leur dispute ils en sont venus à mon sujet. Ils parlaient de moi comme si j'étais un chien qu'ils avaient recueilli à qui il fallait à tout prix trouver un nouveau maître. "
Ma gorge se serre. Des larmes silencieuses coulent le long de mes joues. Angèle me serre la main dans un geste réconfortant et d'encouragement. Sa me réchauffe le cœur.
" Ils parlaient de me mettre en pensionnat ou dans une famille d'accueil. "
Angèle me lâche brusquement la main, horrifiée par mon annonce. Lisanna porte une main sur sa bouche les yeux écarquillés pas le choque. Angèle se redresse d'un coup et déclare.
" Ça ne se passera pas comme ça. Il est hors de question qu'on m'enlève ma meilleure amie ! "
" Mais c'est horrible ! Ils ne te laissent même pas le choix ?! "
" Ne vous inquiétez pas. Je n'ai aucunement l'intention de partir de cette ville de sitôt. "
Elles se détendent un peu face à ma confidence. Angèle fronce les sourcils.
" Mais dans ce cas, pourquoi tu n'es pas venu au lycée ? "
" J'ai fait mes cartons. Je vais partir vivre chez ma grand-mère. Elle est déjà au courant de la situation mais je vais passer la voir demain matin. "
" D'accord je comprends mieux. Dans ce cas Lisanna et moi on va te couvrir et nous nous occuperons de ramener tes leçons. "
Angèle m'offre son plus beau sourire. Je chasse les quelques larmes qui coulent de mon visage et je souris.
" Merci les filles. "
" On peut peut-être t'aider à finir tout tes cartons si tu veux. "
" Ça, c'est ma Lisanna. Toujours de bonnes idées. Qu'est-ce qu'on attend pour se mettre au travail ? "
Je rigole face au comportement de mes deux amies. Lisanna à un tique, lorsqu'elle est gênée elle a tendance à remonter ses lunettes en baissant la tête. Elle rougit, je trouve ça tellement adorable. Angèle se précipite vers ma chambre tout émoustillée.
La soirée se déroule sur des discussions dans laquelle Angèle nous raconte tous les potins du lycée. Elle les mimes avec des grands gestes théâtrales et grossiers ce qui nous déclenche un fou rire. Les filles partent finalement vers 22h30 et grâce à elles toutes mes affaires sont emballées. Après cette soirée épuisante, je me dit qu'il vaut mieux être en forme pour demain, donc je me couche bien vite. Je tombe directement dans le pays des rêves. Plus exactement, dans ce rêve étrange une fois de plus.