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3. Soul Sun

Un jour je t'aimerai pleinement Midoriya, mais quand est-ce qu'il viendra ? J'hésite encore, ayant peur que l'histoire tragique se répète, ainsi que les erreurs que j'ai commises. Et pourtant je sens que la pluie a cessé de tomber, les temps froids laissent place aux jours ensoleillés.

« Ce pouvoir... c'est le mien ! »

☼︎

— "Tout va bien Midoriya, je n'ai pas besoin d'aide."

C'est vrai que mon sac est sacrément lourd aujourd'hui, il me fait même mal au dos, alors j'ai essayé de le porter avec mes mains. Le hic, c'est que ça n'a rien arrangé, mais en plus de ça, j'ai dû faire une sacré grimace pour que Midoriya vienne me proposer son aide. J'ai refusé, après tout c'est mon sac et je dois encore supporter sa lourdeur pour toute l'année, pas question de flancher maintenant.

L'année dernière, après avoir séché les cours avec Midoriya pour manger dans un restaurant asiatique, nous nous sommes soudainement retrouvés surchargés par les rattrapages. Tout s'est passé extrêmement vite, j'ai dû mettre énormément de choses de côté pour reprendre le fil des cours. Il n'y a pas à dire, la première année à l'université s'est terminée dans un stress total.

Et nous voilà dans la deuxième. J'ai retrouvé une certaine stabilité avec moi-même et je sais que c'est grâce à Midoriya, qui n'a pas arrêté de venir vers moi chaque matin à l'arrêt de bus muni d'un beau sourire. D'ailleurs, ce dernier est beaucoup plus pétillant depuis que j'ai posé ma lettre sur son pupitre, après quoi il m'a remercié tout en pleurant de joie.

Maintenant, je dois me concentrer à fond dans mes cours. Et comme pour ma première année, je dois mettre plein de choses de côté, que ce soit mes passions ou le peu de temps que j'ai pour me reposer. Je ne mange plus vraiment le matin, et rarement le soir, si bien que j'ai pas mal maigri. Le seul sport que j'exerce actuellement est de porter mon sac lourd et de marcher jusqu'à l'arrêt de bus.

Mon moment préféré dans cette routine épuisante est le moment de tranquillité que j'ai à l'arrêt de bus, après les cours. Je soupire toujours d'aisance quand mon postérieur rencontre le banc métallique. Au début, Midoriya me rejoignait juste après, et on restait dans un silence paisible où le vert en profitait pour réviser ses cours. Mais ça a vite changé, maintenant, il prend beaucoup plus de retard pour me rejoindre. Si bien qu'un jour, il est arrivé quand le bus avait fermé ses portes et s'apprêtait à partir. J'ai dû en informer le chauffeur pour qu'il le laisse entrer, mais il a dit, je cite : « L'heure, c'est l'heure ! ». J'ai serré les poings et la mâchoire, mais je ne pouvais pas faire grand-chose à ce moment-là, ce qui m'a frustré énormément. Alors je me suis assis et j'ai envoyé un message à Midoriya pour savoir si tout allait bien de son côté.

Ça n'empêche pas qu'on s'écrive de temps en temps par message, voire beaucoup pendant les week-ends. J'ai découvert qu'il se passionne pour l'écriture depuis un petit moment. J'ai aussi remarqué qu'il aime beaucoup la philosophie, la poésie et la psychologie. Alors une question m'a effleuré l'esprit : que fait-il dans une université où l'on apprend la science ? Ce n'est sûrement pas son domaine et il ne doit pas se sentir à sa place là-bas.

C'est pour ça qu'il a eu beaucoup de mal à rattraper les cours, Shoto. Tu aurais dû le remarquer plus tôt.

Encore une fois, je n'ai pas pu faire grand-chose. La seule chose que je pouvais encore faire, était de l'aider dans ses révisions. Encore faudrait-il trouver le temps, et le temps m'échappe complètement en ce moment.

Mais ça ne m'a pas empêché de lui envoyer un texto ce jour-là. Si on pouvait s'écrire longtemps pendant les week-ends, je pouvais bien passer ce temps-là avec lui, côte à côte. Et puis, je pourrais mélanger le temps que j'ai à réviser pour l'aider. En fin de compte, nous en sortirions tous les deux gagnants. Alors je n'ai pas hésité plus longtemps et je l'ai invité pour samedi chez moi après les cours du midi. On a mangé sur le banc comme d'habitude depuis un an maintenant, ensuite nous nous sommes levés pour nous diriger vers l'arrêt de bus.

— "Merci de me proposer de réviser avec toi mais... tu... tu es sûr que ça ne dérange pas ta famille Todoroki ?" Balbutie Midoriya en jouant avec ses éternels pansements blancs.

Sa tête est baissée, je peux apercevoir sa nuque pourpre à cause de la gêne, sûrement. L'idée de l'inviter chez moi aurait pu me gêner s'il y avait eu mes frères et ma sœur. Or là, en vue de mon invitation, je leur ai demandé de passer la journée dehors. Il y a une fête foraine à quinze minutes de notre rue. Sur le site, ils disent qu'elle n'est pas comparable aux grandes fêtes foraines mais qu'elle est sympathique pour une journée en famille. Je pourrais m'en vouloir de me débarrasser comme ça de ma famille, mais si c'est pour rester au calme avec Midoriya, alors c'est pour la bonne cause. Et puis, Fuyumi et Natsuo semblaient drôlement impatients de sortir, tellement impatients qu'ils n'ont pas laissé le choix à Touya qui n'était pas très emballé à l'idée d'y aller.

— "...Todoroki-kun ?"

Je baisse à nouveau les yeux, avant de lui demander du regard ce qu'il peut bien me vouloir. C'est alors que je me rends compte que je n'ai toujours pas répondu à sa question, j'ai cru le faire, quel imbécile.

— "Ah, non, absolument pas, ils sont occupés dehors."

Il acquiesce de la tête avant de continuer à marcher le plus silencieusement possible, mais il décide rapidement de briser ce paisible silence.

— "Tu veux vraiment pas que je t'aide à porter ton sac ?"

Il insiste depuis tout à l'heure, mais je ne céderai pas, c'est hors de question.

— "C'est bien gentil de ta part Midoriya, mais n'oublie pas que toi aussi tu as un sac sur le dos et il doit autant peser que le mien."

Il ne répond rien et baisse la tête. Je ne sais pas pourquoi, mais je lui ai imaginé une mine triste. Et malgré moi, je m'inquiète et je n'ai pas pu empêcher ces théories farfelues d'entrer dans ma tête. Comme il en aurait été auparavant, nous nous sommes assis dans un silence de mort sur le banc gris. Le sac à mes pieds, et les mains sur mes genoux, j'ai pu regoûter au délice de sa présence.

Je baisse les yeux pour le regarder, il a encore son nez fourré dans son manuel. Son pied tape frénétiquement sur le béton à cause de l'angoisse. Mon corps se crispe soudainement, je n'aime pas du tout le bruit que fait sa semelle sur le trottoir. Je sens que tout un tas de choses négatives surgissent en moi. Je dois l'arrêter, sinon ça ne va pas le faire.

— "Midoriya, calme toi."

Ses épaules frissonnent et il lache soudainement son livre. Sans que je ne puisse voir son visage, ce qui me frustre encore plus, il s'attelle à le récupérer sans un bruit. J'aimerais lui demander s'il va bien, lui ordonner de lâcher ce manuel et de se reposer, le supplier de me regarder pour que je puisse à nouveau contempler ses orbes verdoyantes.

Mais il n'en fut rien. J'ai regardé le ciel dégagé, et le vent chaud d'un début de printemps vint, avec la plus grande douceur, caresser mon visage.

Quand on est rentrés dans le bus, on s'est assis tout au fond, muets, moi près de la vitre et Midoriya à ma droite. Ce dernier contemple l'extérieur sans rien dire. Je me demande bien à quoi il pense. Il y a quelque chose qui a changé depuis l'année dernière, mais je n'arrive pas à mettre la main dessus.

Si ce n'est mes sentiments qui se sont développés, le fait que je me sente un peu plus en paix avec moi-même.

Touya essaie d'arrêter de consommer à longueur de temps grâce à Fuyumi qui a décidé de reprendre les choses en main. D'ailleurs elle travaille comme institutrice dans une école primaire depuis le mois dernier. Natsuo, lui, a décidé de commencer des études en vue de devenir médecin, et tout ça parce que son béguin s'y trouve aussi. Il travaille en parallèle pour pouvoir payer les frais de sa scolarité. Notre appartement est beaucoup plus paisible qu'avant, moins oppressant, chaleureux par moment.

Si j'ai réussi à commencer à faire des efforts avec ma fratrie, c'est parce que la haine qui me pesait sur les épaules depuis des années commence à se stabiliser, enfin, je l'espère. Et tout ça grâce à une rencontre sous la pluie avec un simple inconnu, qui maintenant, est devenu pour moi le Soleil qui illumine mon âme.

En le regardant aussi focalisé sur ce qui se passe derrière la vitre, je n'ai pas pu empêcher ce léger sourire de franchir la barrière de mes lèvres.

— "Todoroki ?"

Je le questionne du regard, devenant à nouveau sérieux. Midoriya baisse le regard et ses mèches de cheveux viennent lui barrer la vue.

Je crois que j'ai compris ce qui a changé depuis l'année dernière...

— "...Est-ce que je peux m'autoriser à dormir un peu ?"

Ce n'est pas sa demande qui me surprend, c'est le fait qu'il me le demande en fait. Pourquoi se doit-il d'avoir mon approbation au juste ? Il est capable de dormir sans moi à ce que je sache. Je penche ma tête sur le côté tout en le regardant dans les yeux, je ne comprends pas où il veut en venir. Il baisse la tête, bouge nerveusement ses doigts et lâche un son inaudible. Rouge comme un poivron, il ne sait plus où donner de la tête. À vrai dire, je ne sais pas non plus, est-ce que je dois l'arrêter dans ses murmures ou attendre qu'ils s'arrêtent par eux-mêmes ? Maladroitement, je tente la première option :

— "Euh... Midoriya."

Je pose ma main sur son épaule, ce à quoi il sursaute en lâchant un faible cri aiguë. À cause de la couleur rouge sur sa peau, ses tâches de rousseurs sont plus visibles à présent. Il est terriblement beau, beaucoup trop même, je ne peux pas empêcher mes yeux de contempler ce visage d'ange un peu plus longtemps. Un point de chaleur vient recouvrir ma main sur son épaule, ce à quoi je tressaille avant de voir que ce ne sont que les deux mains de Midoriya qui ont recouvert la mienne. Mes joues me picotent, et je me sens tout bizarre. Ses yeux verts me regardent fixement, c'est à mon tour d'être déstabilisé.

— "Tu as laissé tes cheveux pousser ?" J'essaie de faire abstraction de ses mains chaudes en me focalisant sur ses mèches verdâtres. Ce qui a changé depuis l'année dernière c'est bien leur longueur.

Il ne bouge plus pendant un instant, puis un rire léger s'échappe de ses lèvres sans pour autant qu'il soit moqueur, au contraire, il me semble même bienveillant. Alors d'une voix sereine il me répond :

— "Je n'ai pas eu le temps de les couper, c'est pour ça."

Sans un mot, on continue de se regarder dans les yeux. Une douce chaleur dans mon estomac vient recouvrir les picotements de mes joues, et je me surprends à avoir cette forte envie de poser ma tête sur l'épaule de mon bel interlocuteur. Mais je m'abstiens, parce que je m'en voudrai terriblement si Midoriya ne le souhaite pas tout autant que moi. Il me dira que la situation est bizarre, tout comme ce qu'il s'était passé l'année dernière à l'arrêt de bus, quand mon visage s'est approché contre mon gré du sien.

Quoique, ses doigts qui enlacent les miens, ce contact, il l'a fait de son propre chef. Attend-t-il quelque chose de moi ? Pourquoi me regarde-t-il de cette manière ? Devrais-je laisser mes envies parler à ma place ? J'hésite. J'aimerais lui dire ce que je ressens pour lui, vraiment. Et j'ai honte de m'avouer que c'est la peur qui me cloue le bec, parce que l'idée même que l'histoire du passé se répète m'effraie terriblement. Et si, finalement, je ne suis plus capable d'aimer qui que ce soit, du moins, pas naturellement ?

Je sens quelque chose me chatouiller la joue et s'appuyer lourdement sur mon épaule.

— "Désolé Todoroki-kun, je crois que... je vais dormir un peu là."

Sa voix décrit parfaitement sa fatigue ainsi que la vitesse avec laquelle il s'est endormi. Et je reviens très rapidement à la réalité. Quel imbécile, je pense trop, je devrais me détendre un peu. Ce soir-là, il ne m'a pas menti, moi aussi je peux aimer. La preuve : j'aime Izuku Midoriya.

— "... Ça, c'est la version synthétisée."

J'essaie de conclure. Midoriya affiche une mine très sérieuse et concentrée, mais je sens qu'au fond de lui, il n'en a pigé que dalle. J'ai essayé de revenir aux bases pour qu'il comprenne mieux certains cours, comme la loi de Newton et bien d'autres choses plutôt simples, enfin, normalement. Je souffle pour l'énième fois de désespoir, c'est alors que je m'apprête à fermer le manuel, mais une main vient m'arrêter dans mon élan avant de s'exclamer :

— "Je crois que j'ai compris !"

Ses yeux brillants me laissent sceptique. Dit-il vrai ou fait-il semblant pour que je ne me sente pas mal ? De toute façon, ça va se vérifier tout de suite.

— "Donc, tu pourrais me dire qui a inventé cette loi : « Tout objet reste au repos ou en mouvement rectiligne uniforme sauf si une force nette agit sur lui » ?"

Le pouce et l'index tenant son menton, Midoriya semble réfléchir comme jamais. Puis, il pose ses index contre ses tempes et ferme les yeux, avant de faire tourner ses doigts comme si sa tête était une machine à informations et qu'il suffisait de la faire fonctionner pour obtenir la réponse. C'est très... technique comme exemple.

— "C'est la loi de N..." Commence Midoriya sans s'arrêter dans ses gestes. "Nowak !" Il me répond avec un visage souriant, sûr de lui.

— "Absolument pas."

Sa mine se décompose, et il commence à gratter ses cheveux avec son stylo. Je ne l'ai même pas vu attraper le manuel et l'ouvrir. A vrai dire, il me fait un peu de peine. Ça se voit que cette filière d'études ne lui convient pas du tout, et pourtant il s'obstine, il s'obstine à ne pas s'arrêter en cours de route et à étudier comme un vrai malade, toujours plus jusqu'à n'en plus pouvoir. D'ailleurs, c'est ce qui m'a donné envie de l'aider. Parce qu'il me fascine. Je suis en admiration face à sa détermination. Mais malgré elle, je n'arrive pas à retenir cette question qui me chiffonne depuis un petit moment :

— "Midoriya, pourquoi tu étudies dans cette université au juste ?"

Il relève la tête. Légèrement perdu face à ma question, il ne me répond pas tout de suite. Il ferme d'abord ce qu'il a entre les mains, puis il pose son stylo Bic avant de légèrement bouger son torse de la gauche à la droite. Il fuit le contact visuel.

— "L'université pour laquelle j'ai postulé m'a refusé. À vrai dire, je n'ai pas trop eu le choix. Pourquoi cette question, Todoroki ?"

— "C'est clair, regarde-toi, tu n'es pas du tout à l'aise avec les cours et tu as un énorme train de retard par rapport aux autres." Je lui expose mon analyse sans ciller.

Midoriya sursaute, puis il enlève ses mains de la petite table basse pour les poser sur le tapis. Il regarde celui-ci sans que je ne puisse voir l'expression de ses yeux à cause de ses cheveux.

— "Désolé, je fais de mon mieux." Son timbre de voix est tellement effacé que je peine à l'entendre.

On dirait que j'ai dit quelque chose qui l'a blessé. Mince, ce n'était pas mon intention, qu'est-ce que je peux faire ?

Rien, ferme-la, ça vaut mieux. Il est tellement triste là, il vaudrait mieux qu'il revoit son amie avec qui il parle de temps en temps à l'arrêt de bus, non ? Au moins, elle, elle pourrait lui redonner le sour...

— "Bon !"

Midoriya se claque violemment les joues, ce qui me fait sursauter de surprise. Qu'est-ce qui lui prend ?

Non, qu'est-ce qui me prend à moi ? Pourquoi j'ai pensé à ça au juste ? Qu'est-ce que cette fille vient faire dans cette histoire ?! Putain Shoto, reprends-toi !

— "Allez Todoroki, je veux reprendre les révisions !" s'exclame Midoriya en se rapprochant de moi.

Ses yeux clignent rapidement et si près des miens, ça me perturbe plus que ça ne devrait.

Sans tarder, nous continuons à étudier. Au fil des heures, Midoriya s'améliore étrangement vite jusqu'à s'épuiser complètement. Le voyant si fatigué, je me résous à pousser nos affaires sur un côté de la table. Sa tête est enfouie entre ses bras. J'espère qu'il ne s'est pas endormi, dans le bus j'ai eu beaucoup de mal à le réveiller et je n'aimerais pas que ça se reproduise.

J'allume mon téléphone pour vérifier l'heure et je constate qu'il est déjà huit heures du soir. C'est bizarre, ils devraient déjà être rentrés à cette heure. Fuyumi m'a assuré qu'ils seraient de retour avant dix-neuf heures. Je pars ouvrir la porte de ma chambre pour m'assurer de leur absence en passant la tête dans les couloirs, mais il n'y a aucun bruit, signe qu'ils ne sont pas encore là. Je ne devrais peut-être pas m'inquiéter, il y a sûrement eu un imprévu, rien de bien grave. Je reviens donc m'asseoir à ma place et pose mon portable sur la table basse, et tout à coup, je ne sais plus quoi faire.

— "...Midoriya ?" Je l'appelle après un long moment de silence "Il faudrait peut-être que tu rentres."

Il ne me répond pas, puis lentement, il lève la tête et je peux apercevoir ses yeux tristement fatigués. Il acquiesce mollement avant de ranger ses affaires dans son sac. J'en profite pour me lever, afin de le guider vers la porte. Il se lève à son tour mais chancelle légèrement, et suite à un mauvais geste pour se rattraper, il se cogne contre la table basse devant lui. Si je ne l'avais pas rapidement rattrapé en le tenant par les épaules, il se serait fracassé le visage contre la table basse. Je le dévisage longuement, m'assurant du regard qu'il n'ait rien de grave. Quant à lui, il bat rapidement des paupières en regardant les alentours, il est complètement dans les vapes. Et moi, je respire à nouveau calmement. Sur le moment j'ai eu un énorme coup de flippe.

— "D... désolé." Bégaie-t-il en attrapant maladroitement mes bras. Il se pousse vers l'arrière pour se remettre droit et prend précipitamment son sac avant de se diriger vers la sortie.

C'est une nouvelle facette que je découvre de lui. Au début, il se montrait toujours altruiste envers moi, il m'aidait comme il le pouvait et me faisait me sentir bien. Mais maintenant, c'est à mon tour de lui apporter de l'aide, et je ne peux pas le laisser rentrer seul dans cet état. Il pourrait lui arriver quelque chose sur la route.

Je m'avance rapidement pour le rejoindre, et nous arrivons devant la porte d'entrée. Alors qu'il met ses chaussures, je me précipite pour faire de même. Quand j'ai fini, je croise son regard qui semble étonné. Il est encore assis et n'a même pas fini de nouer ses lacets.

— "Si on ne se dépêche pas, on risque de manquer le dernier bus." Je me dépêche de dire, pour qu'il termine de se chausser.

Ce à quoi il s'exécute rapidement. Il se lève brutalement, les yeux encore gros comme des soucoupes.

— "A...attends ! Tu me raccompagnes ?!" Il s'exclame en m'agrippant le bras.

— "Oui. On y va ?"

Il desserre sa poigne et me sourit tendrement, détachant complètement son emprise sur mon bras. C'est le premier qui se dirige vers la sortie et je le suis en contemplant ses cheveux se mouvoir suite à sa marche. Mais bizarrement, il s'arrête sans prévenir. Ma bouche s'arrête si près de ses mèches verdâtres que je peux inhaler leur parfum. Mais ce n'est pas ce qui me préoccupe le plus. Je lève les yeux pour comprendre, c'est alors que mon regard rencontre des pupilles bleu ciel.

C'est la seule personne, la seule à qui je ne voulais pas présenter Midoriya, mais il a fallu qu'elle soit la première à le rencontrer.

— "Euh... Todoroki, c'est ton frère ?"

Je commence à trembler, ne parvenant pas à détacher mon regard du sien. Je me fige, complètement, je n'arrive plus à bouger. Et alors qu'il s'apprête à amorcer un geste vers l'avant, instinctivement, mes muscles bougent d'eux-mêmes. Mon bras entoure les épaules de Midoriya et le tire contre mon torse. Je sens mon regard s'obscurcir de son propre chef ou par l'ordre de mon démon intérieur pour que ces saletés de souvenirs viennent tâcher mon âme.

Si j'ai décidé de faire des efforts avec ma fratrie, c'est plus compliqué d'en faire avec lui. Même si notre appartement semble beaucoup plus chaleureux qu'avant, avec lui, c'est plus dur. Mon propre comportement me dépasse, je ne comprends pas trop pourquoi je veux lui cacher Midoriya. Après tout j'en ai parlé à Fuyumi et à Natsuo, il a dû les entendre ou ils lui ont parlé de lui directement. Pourquoi j'agis comme ça au juste ?

Midoriya enlève délicatement mon bras qui l'empêche de parler, et avec encore plus de délicatesse, il lie ses doigts aux miens. Je peux sentir ses pansements se frotter contre ma peau, et le simple fait de les caresser avec mon pouce me détend un tant soit peu.

— "Bah, alors, pourquoi vous vous regardez avec des yeux de psychopathe ?" Lâche Natsuo à haute voix, en tapotant l'épaule de Touya qui a fini de me regarder.

La tension redescend brusquement. Je sens ton regard sur moi et je sais que tu aimerais comprendre ce qui se passe, c'est vrai que je ne t'ai pas tout raconté, mais là, ce n'est pas vraiment le moment Midoriya.

Natsuo perd son sourire quand il remarque le vert, et vu le regard que je lui lance, je crois qu'il a enfin saisi la situation. Alors il lâche un rire gêné, avant de traîner malhabilement Touya pour rentrer chez nous. Fuyumi arrive tout juste après, et contrairement à Natsuo, elle a fait connaissance avec Midoriya. Ce qu'elle a pu dire m'a un peu gêné, quel intérêt de le remercier d'être mon ami ? Je ne devrais pas trop m'en préoccuper, en fin de compte, ça s'est mieux passé que ce que j'aurais pu espérer, même si c'était bref.

— "Ton ami est sympa, ce serait bien qu'il vienne dîner à la maison un de ces quatre." Propose gentiment Fuyumi en remplissant une timbale avec du jus.

Je ne l'écoute pas vraiment. Je me sens tout engourdi. J'ai passé la journée de samedi à sociabiliser, le matin avec les cours et les interactions quotidiennes, et l'après-midi avec Midoriya à lui expliquer des tas de choses qui lui semblaient compliquées. Et encore hier, on a révisé dans ma chambre sans rien lâcher. Natsuo ne s'est pas gêné pour faire ses trucs tout aussi bruyants que sa personne. Le point positif, c'est que Midoriya semble progresser, ce qui atténue quelque peu ma fatigue en constatant que ce temps lui étant entièrement consacré n'est pas vain.

J'entends ma sœur me demander si je vais bien, mais je ne trouve pas la force de lui répondre. Mon front contre la table, je déguste de nouveau le plaisir de fermer les yeux. J'ai bien le droit de me reposer encore un peu, non ?

— "Tiens, c'est pour toi."

J'entends le plastique frotter sur la table et se rapprocher de ma tête. Relevant le visage, je constate que si elle l'avait rempli, c'était pour moi.

— "Je ne bois pas dans ce genre de verre... euh, désolé." Je prononce en repoussant le gobelet de quelques centimètres. Les boissons ont toujours un goût chelou dans ce verre.

— "Pourtant, petit, tu adorais boire dedans. J'ai cru que ça te rendrait nostalgique, désolée !" Dit-elle en riant maladroitement avant de transvaser le jus dans une tasse.

Elle me la tend, et cette fois-ci j'apporte mes lèvres au bord avant d'en boire une gorgée. Je m'arrête net. Ce goût...

— "Fuyumi ?" Je lève le regard, elle est en train de mettre des boucles d'oreilles.

— "Oui ?"

Elle semble pressée puisqu'elle met à la hâte la veste de son tailleur. Elle doit aller au travail, j'imagine. Je n'ai pas envie de la freiner.

— "Non, rien... merci."

Elle me sourit tendrement avant d'attraper son sac et ses clés et de sortir à la hâte de l'appartement. Je déguste de nouveau ma boisson. Si elle a voulu me rendre nostalgique, elle a brillamment réussi son coup. Ce jus est fait maison mais en plus de ça, il a le même goût que celui que nous faisait maman. Je ne sais absolument pas comment je peux encore m'en souvenir, peut-être parce qu'il est glacé vu la quantité de glaçons qu'il y a au fond du verre. Bizarrement, je me sens un peu mieux que tout à l'heure. Je m'en souviens, cette boisson avait souvent le don de nous revigorer, de nous rendre moins fatigués. Je me rappelle aussi que Fuyumi et Natsuo suppliaient tous les matins maman pour qu'elle leur en fasse, ce qui semblait lui faire extrêmement plaisir au vu de ce doux sourire qu'elle leur adressait. Ces souvenirs rescapés au semblant du stupide ont le même effet que cette fameuse boisson.

En cours, je n'ai pas pu m'empêcher de lancer quelques regards à Midoriya. Je voulais m'assurer que ça se passait bien de son côté, en plus le prof était en train d'expliquer une règle de physique que je lui avais mainte et mainte fois répétée ce week-end. Au moment où le professeur demande de reformuler ses explications, chose qu'il a pris l'habitude de faire à cause de certains élèves déconcentrés, je m'abstiens de lever la main. Ce qui semble étonner mon prof vu qu'il me lance :

— "Dis donc, jeune Todoroki, tu ne lèves pas la main ?"

Non, je veux laisser cette chance à une certaine personne. Je baisse le regard sans lui répondre, je ne veux pas jouer à monsieur sait tout ou au prétentieux, de toute façon ce n'est pas ma principale préoccupation. Il faut qu'il y réponde. Allez Midoriya, tu peux le faire. Je ne sais même pas s'il a remarqué mon regard insistant. Tout à coup, il lève la main, ce qui étonne encore plus le professeur.

— "Vous êtes particulièrement surprenants aujourd'hui ! Je t'écoute Midoriya !"

Je l'entends prendre un grand bol d'air, et maladroitement sans pouvoir retenir quelques tremblements, il se lève de sa chaise avant de... il faut l'avouer... brillamment donner la définition exacte. Elle aurait été presque parfaite s'il n'avait pas bégayé comme un illettré, mais il y a toujours un début à tout, et sentir qu'on progresse me procure un grand sentiment de satisfaction. À la fin de l'heure, si je n'avais pas une maîtrise de moi-même assez forte, je lui aurais sauté dessus et je l'aurais peut-être même embrassé, qui sait.

À la pause déjeuner, nous mangeons ensemble dans un silence qui cette fois me gêne, parce que les mots que je veux lui adresser ne veulent pas sortir de ma bouche.

Vite, la pause va bientôt se terminer, parle Shoto !

— "Euh..." Je peine à dire.

— "Oui ?"

La façon dont il a si rapidement tourné la tête pour me faire face me perturbe, mais encore plus lorsque je croise son regard pétillant d'une énergie nouvelle.

— "Tu veux me dire quelque chose Todoroki-kun ?"

Je crois que... il attend quelque chose de moi, sinon il n'aurait pas été aussi à l'affût de mes moindres gestes. Je soupire. Si je veux montrer ce que je ressens intérieurement, des félicitations me semblent être déjà un très bon début. Ce regard m'encourage à me lancer, alors je n'hésite pas plus longtemps, mettant toutes mes peurs et mes appréhensions de côté.

— "En fait, bravo, pour tout à l'heure." Ma voix est beaucoup plus basse que je l'aurais voulu, merde.

— "Quoi ?" Vu sa mine, il semble ne pas m'avoir entendu.

Je m'approche alors de son visage pour qu'il puisse m'entendre, mais je sens que ça le déstabilise, et son souffle se trouve beaucoup moins régulier. Et malgré les picotements de mes joues, je fais abstraction de ces sensations désagréablement agréables et je recommence.

— "Bravo, pour tout à l'heure, tu as été épatant, Midoriya." Je me retiens de lui souligner ses erreurs, me contentant tout simplement du positif.

C'est alors que je me rends compte que j'ai parlé comme un vrai robot, ce qui me donne encore plus chaud aux joues, j'ai honte. Je m'éloigne rapidement, baissant le regard pour pas qu'il ne me voit aussi vulnérable.

— "Dis, tu m'autorises à faire quelque chose ?"

J'essaie de le regarder du coin de l'œil, la tête toujours baissée, mais mes mèches rouges me brouillent la vue. Je ne vois que ses lèvres mi-ouvertes, brillantes et quelque peu attirantes. Au premier abord je suis surpris, et puis ce sentiment laisse place à de la curiosité, et finalement, j'ai accepté grâce à un hochement de tête. Mais il...

— "Todoroki-kun...merci, merci beaucoup." Susurre-t-il près de mon oreille, son souffle est agréable et caresse ma nuque.

Ses bras m'entourent maladroitement, l'une de ses mains est posée sur ma hanche et maintient mon épaule contre son torse. L'autre en revanche, caresse tendrement mes cheveux. Mon nez contre son bras, je ferme les yeux et savoure ce bonheur nouveau. C'est à moi, de le remercier, c'est moi qui dois lui faire comprendre à quel point il me réconforte et à quel point il apaise mon âme. Fortement, j'agrippe son bras, sa main alors arrête de me caresser les cheveux et malheureusement se retire, suivie de son autre bras qui se trouvait derrière mon dos, et il s'éloigne, laissant à mon corps entier une désagréable sensation de vide. Je veux qu'il recommence, je veux ressentir à nouveau sa chaleur et son cœur tambourinant contre ma peau, je le veux.

Les cours de l'après-midi vont bientôt commencer, ressaisis-toi.

Non, je ne veux plus me retenir, tout me laisse croire que... j'ai peut-être ma chance finalement.

Et si tu ne parviens pas à aimer comme tu le penses si bien ?

Avec Midoriya, ça va être différent, j'en suis sûr. Il n'est pas mon pitoyable ex, il ne me fera pas un coup en douce. Et même si notre histoire se termine, elle se terminera bien, j'en suis sûr, on s'expliquera, on parlera posément, et tout est bien qui finit bien.

— "Todoroki, on va être en retard !" Se précipite de dire Midoriya alors qu'il était allé jeter son emballage à la poubelle.

Il est en face de moi, l'air paniqué. Bizarrement, je ne suis pas aussi stressé, je me sens léger, beaucoup trop même, et je souris pour lui prouver ce flux d'apaisement qui me submerge dans mon entièreté. J'ai fini par comprendre. Tout n'est pas toujours bonheur, mais nous, on peut le créer, ce bonheur, on peut transformer nos âmes chagrinées par la pluie par des rayons de Soleil rassurants et berçants.

Je me lève du banc, et avec toute la délicatesse dont je peux faire part, je lui attrape les doigts et je les lie aux miens. Sa bouche entrouverte et ses cils battants témoignent de sa stupeur. Je ne pourrai peut-être plus jamais le lui dire, il s'éloignera peut-être, il ne répondra peut-être pas immédiatement, voire pas du tout. Mais si je peux lui dire maintenant, si je peux continuer sur ma lancée, si je peux profiter de ce bien être pour me libérer encore plus, alors je pourrais me dire que moi aussi, peut-être, je serai aussi heureux que ces personnes que je croisais étant petit. J'approche mon visage du sien, jusqu'à ce que mon front heurte le sien. Mon sourire n'est plus, je suis tout simplement ébahi face à sa douce odeur.

— "Todoroki-kun, tu es... magnifique." Il pose une de ses mains sur ma joue, je la superpose donc d'une de mes mains.

— "Je t'aime." Après lui avoir chuchoté ces mots, j'essaie de reprendre mon souffle, paniqué, et ferme les yeux par peur ou appréhension. "Ce pouvoir... c'est le mien. Merci de me l'avoir rappelé."

Merci, Izuku Midoriya.

Mon cœur bat trop follement, mais je me sens beaucoup mieux et ce havre de paix ne s'estompe pas, il s'amplifie jusqu'à ce que je sente ses lèvres contre les miennes pendant une demi-seconde. En fait, je n'ai même pas eu le temps de les sentir, il les a juste posées aussi rapidement qu'un coup de vent. Je cligne plusieurs fois des yeux alors que je réalise que ce n'était pas une illusion, mais que c'était bien réel. Midoriya s'éloigne maladroitement et remue les mains devant son visage rouge jusqu'à la pointe de son nez.

— "D... désolé, c... c'était pas très bien fait... j... je ne sais pas embrasser... je... p... pardon !"

Sa réaction me détend, et pour réponse je souris timidement. C'est alors qu'il me balbutie ces mots en se rapprochant de quelques minuscules pas. La tête baissée, et en emmêlant discrètement ses doigts aux miens.

— "Merci... moi aussi, je t'aime."

C'était presque inaudible, et pourtant ça m'a fait le plus grand des biens.

Les mains liées comme les deux personnes les plus niaises de cette terre, nous avons attendu le bus. D'ailleurs, le trajet s'est passé calmement. Quand j'ai ouvert la porte de mon appartement, j'ai senti une douce odeur de thé, elle provenait du salon. Curieux, je me suis rapproché, et derrière le seuil de la porte, je le vois, assis sur l'un des canapés, un verre encore bouillant entre les mains. Il semble distrait par ses pensées. J'hésite à le rejoindre mais au moment où je m'apprête à tourner les talons, sa voix rauque me stoppe :

— "Tu... tu peux venir t'asseoir, si tu veux."

Non merci.

J'ai envie de partir, alors pour l'énième fois, je suis prêt à fuir dans ma chambre en réalisant tout ce qui s'est passé avec Midoriya durant l'heure du déjeuner.

— "À propos du mec qui était avec toi la dernière fois..." Ajoute-t-il à voix basse, comme s'il n'était pas sûr de ce qu'il allait dire ensuite.

Ma respiration se coupe. Qu'est-ce qu'il compte me dire ? Est-ce qu'il veut me mettre en garde contre le garçon que je fréquente ? Est-ce qu'il s'apprête, à nouveau, à se mettre en travers de ma relation ?

— "Euh..." Il se racle la gorge avant de tousser, comme pour préparer sa voix à quelque chose d'énorme. "Félicitations, Shoto."

Je le vois trembler des poings, et tout à coup je respire de nouveau. Qu'est-ce qu'il est en train de me faire là ? Je ne sais pas trop comment réagir, devrais-je dire merci ou lui demander la raison de ses félicitations ?

— "Pour...?"

— "Ta nouvelle relation... avec le petit gars vert." Lance Touya, une main derrière la nuque, un sourire au coin des lèvres.

Il me faut un petit moment pour réaliser ce qu'il vient de me dire, surtout le fait qu'il accepte mes sentiments envers ce "petit gars vert". Il ne s'y oppose pas, pas comme avant. D'ailleurs, je crois bien que c'est la première fois que je le vois sourire depuis longtemps, même si c'est maladroit. Qu'est-ce qui lui prend ?

— "Il n'a pas l'air méchant." Il me regarde à nouveau dans les yeux, et j'y perçois une belle sincérité. "Peut-être que ça se passera mieux avec lui... qui sait ? Et puis, t'as l'air d'être en meilleure forme en ce moment, enfin, depuis que tu traînes avec ce mec, alors... c'est cool."

Pour le coup je suis assez surpris, mais d'une agréable manière.

— "Euh... merci."

S'il a décidé de me faire confiance et de ne plus se mêler de ma vie amoureuse, ça veut dire que je n'ai rien à craindre de lui, je n'ai plus à m'enfuir constamment, les choses peuvent enfin évoluer dans le bon sens entre nous.

J'ai toujours aspiré à des jours meilleurs quand j'étais au fond du gouffre, et maintenant, ils s'offrent à moi les bras grands ouverts. Quand la pluie se déversait sur mon corps endolori par la fatigue, coulant dans les parois de mes veines jusqu'à affliger mon cœur, j'espérais que le Soleil vienne me caresser jusqu'à sécher ces larmes tarides. Peut-être qu'enfin, je pourrais retrouver cette joie de vivre, peut-être que je peux croire que tout s'arrangera. Oui, c'est possible.

C'est possible de songer à un avenir coloré, un avenir contre lequel mes problèmes passés ne pourront rien.

Parce que tant qu'il y a du Soleil, la pluie ne peut pas tomber sans donner des couleurs au ciel.

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Loïm

« Merci à (✎) HollyPlume de m'avoir aidé à écrire la fin, avec cette dernière phrase (+ que magnifique d'ailleurs), et d'avoir été ma bêta lectrice ! »

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