Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
wnderlandd
Share the book

Chapitre 2

Le vol commence dans le calme, mais mon esprit est loin d'être serein. Je tente de calmer les battements accélérés de mon cœur. Chaque seconde qui passe m'éloigne de ma vie d'avant, et plus je m'en rapproche, plus l'angoisse monte. Je fais semblant de ne pas remarquer la présence de Shawn, pensant que peut-être il ne me verra pas, ou qu'il finira par se concentrer sur quelque chose d'autre, pensant qu'il s'est tromper de personne depuis tant de temps. Mais ça ne se passera pas comme ça.

Je serre mon livre un peu plus fort, dans l'espoir d'échapper à son attention. Je ne veux pas qu'il me voie, pas ici, pas maintenant. Londres, la ville où je vais pouvoir tout laisser derrière moi, y compris lui. Il m'a vue avant même que je puisse essayer de me dissimuler. J'aurais dû le deviner, sa silhouette familière, ce regard perçant. Je tente de faire comme si de rien n'était, fixant l'horizon, de m'effacer dans l'ombre de mon siège. Mes muscles tendues et mon souffle court ne doive pas me trahir d'avantage: il m'a repérée comme une lumière dans la nuit, sans même un regard particulier, mais avec cette assurance qu'il connaît ma silhouette, chaque courbe, chaque mouvement furtif que je tente de faire. Il y a des choses auquel l'on ne peut pas échapper, des présences qu'on reconnaît avant même qu'elles ne se manifestent. Lui. Je le connais trop bien pour me tromper.

Alors, je continue de fixer l'horizon, comme si cela allait m'éloigner de lui, mes yeux rivés sur l'extérieur de l'avion, luttant contre la tension qui se forme dans mes épaules. Mais je sais, d'ores et déjà, que tout cela est futile. Peu importe combien je fais semblant de l'ignorer. Peu importe combien je me cache derrière mon calme apparent. Il m'a déjà vue. Et il ne me lâchera pas.

Je ferme les yeux un instant, essayant de rassembler mes pensées. Mais dès que je les rouvre, je vois que Shawn n'est plus à sa place. Il se tient juste à côté de moi, une légère brise de son mouvement balayant l'air de l'avion.

- Freddy, c'est bien toi ? répète-t-il, plus près cette fois.

Je sursaute malgré moi. Si ma main n'était pas déjà crispée sur l’ouvrage, je suis certaine qu'elle aurait tremblé. Je garde mes yeux fixés sur le paysage, lointain, flou. Tout en moi crie de fuir, de me lever et de m'en aller, mais je reste là, figée. L'idée de le confronter maintenant, ici, sur ce vol, me fait bouillir intérieurement.

Je n'arrive même pas à tourner la tête pour lui répondre. Pas encore. Je le sens là, juste à côté de moi, son regard pesant sur moi. Ses yeux ne me lâchent pas. Je peux presque entendre ses pensées : "C'est bien toi, n'est-ce pas ?" Ses yeux glissent sur moi, me scannant, comme s'il attendait que je le regarde, qu'il me dise quelque chose, mais je reste mutique: je suis si proche d'être heureuse.

- Ce n'est pas possible, ça ne peut pas être une coïncidence, dit-il finalement, avec un petit rire qui me pique le cœur. Tu

pars aussi pour Londres ?

Je serre les dents. Je pourrais lui dire non, lui mentir, mais même sans un mot, je sais qu'il aurait vu au-delà de ma réponse. Il me connaît trop bien. Il faut que je garde le contrôle, que je protège ce dernier fil de liberté: je ne peux plus compter sur lui à chaque fois que j’entreprend quelque chose de nouveau.

Je laisse tomber ma tête en avant, comme si je ne pouvais pas supporter le poids de sa présence.

- Ça ne te regarde pas, dis-je, d'une voix froide, presque tranchante. Je déteste le ton de ma propre voix, mais je n'ai pas le choix. Il doit me laisser seule. Je ne détourne pas les yeux du hublot, continuant à manifester une belle indifférence.

Je vois, par le coin de l'œil, qu'il sourit, ce même sourire qui m'a toujours fait me sentir en sécurité. Il a ce ton détendu qui, d'habitude, aurait été agréable, mais pas maintenant, plus maintenant.

- Ma petite Freddy, ça fait si longtemps !

Je n'ai pas l'intention de lui répondre. Il ne m'a jamais appelée comme ça, et cette familiarité a quelque chose de dérangeant. J'essaie de m'accrocher à la vu, impassible, mais il continue, comme si nous étions toujours les mêmes, comme si rien n'avait changé, comme si il n’était jamais parti loin de moi.

- Tu es encore en contact avec Louis ? Je suis revenu lui rendre visite, ça faisait au moins deux ans que je n'étais pas revenu! La France m'avait tant manqué.

Je suis partagée entre l'envie de le blesser, de me cacher, et la curiosité qui m'empêche de lui tourner le dos. Je n'ose même pas le regarder, me contentant de fixer la nuit. La conversation s'écoule comme une rivière tranquille, mais je sais qu'il y a des pièges sous l'eau.

- Alors, comment ça va, Freddy ? Je n'arrive pas à croire que tu sois ici, dans cet avion, après tout ce temps. C'est comme si le destin nous jouer un jolie tour. Tu fais quoi maintenant, dis-moi ? Tu viens pour un voyage ou tu vas vivre là-bas ?

Je reste silencieuse, le cœur battant plus fort, comme si chaque mot qu'il prononçait m'enfonçait un peu plus dans cette situation. Finalement, je le regarde, juste assez pour capter l'éclat de ses yeux. Il n'a pas vraiment changée. Il est toujours le même, un peu trop sûr de lui, comme si tout pour lui était simple et léger.

- Je vais vivre là-bas, dis-je d'une voix qui se veut ferme, mais je sais qu'il perçoit une forme de porte qui vient de s'ouvrir suite à ma première réponse depuis son monologue : il a toujours eu l’habitude de combler mes silences par ses paroles. Mais aujourd’hui, je ne veux vraiment pas discuter avec lui.

Il semble satisfait de ma réponse, et son sourire s'élargit. Il a cette manière de sourire comme s'il avait réussi à me faire parler, comme si j'était toujours la même.

- Super, tu vas adorer la ville ! Londres, c'est un vrai rêve. Il y a tellement de choses à découvrir. Tu verras, tu vas t'y plaire, je n'en doute pas. Tu as un logement là-bas ? Quelqu'un t’héberge ?

Je détourne à nouveau le regard. Il n'a pas le droit de poser cette question. Je n'ai pas à lui expliquer quoi que ce soit. J'ai tout prévu, je me débrouillerai, j’en suis convaincue. Mais dans un élan de rébellion silencieuse, je garde les lèvres serrées, refusant de lui donner la satisfaction d'une réponse. Il me fixe de son regard perçant, scrutant chaque mouvement de mon visage. Il me connaît trop bien. Je me force à ne rien laisser paraître, mais je sens mon cœur accélérer.

- Ça ne te regarde pas, je dis d'une voix sèche, espérant qu'il comprenne le message.

Un léger rire s'échappe de ses lèvres, presque amusé, et je le sens se pencher un peu plus près. Sa présence devient envahissante, presque électrique.

- Excuse moi Freddy, je m’inquiète peut-être trop. Mais il reprend presque aussi tôt, un brin plus sérieux, mais toujours ce même ton déterminé. Si tu n'as rien, tu peux risquer de finir dans une situation délicate. Londres peut être un vrai casse-tête, et je ne veux pas que tu sois dans la rue à courir après un toit. Ce n'est pas une petite ville, ça peut devenir vraiment dangereux.

Je sens l'adrénaline monter en moi. Pourquoi est-ce qu'il insiste autant ? On ne s’est pas vu depuis des années, il pouvait simplement continuer son chemin ou encore continuer à agir comme si je n’existais plus. Mon coeur se serre à cette dernière pensé.

- Tu vois, il y a de la place chez moi, et tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour ça. Il y a une chambre libre. C'est un grande appartement, et ça te permettra de t'installer tranquillement sans dépenser des fortunes le temps de t’acclimater à la ville et de choisir un quartier qui te plait.

Je n’arrive pas à détourner le regard. La chaleur monte dans mes joues, et je me sens coincée, une partie de moi prête à tout refuser, mais une autre, bien plus vulnérable, se débat pour m'empêcher de fuir cette offre. Il n'a pas à me faire ça. Il m’aide, c’est vrai. Mais pourquoi ça ressemble toujours à une prise d’otage quand il le fait ?

- Non. C'est hors de question, je m'en sortirai seule, je répète, bien plus sèchement.

Je sens qu'il n'abandonne pas. C'est un combat dans lequel il n'a pas l'intention de perdre. Il attend, un sourire en coin, et je sais que je ne vais pas pouvoir tenir longtemps face à cet insistance. Je ferme les yeux, une fraction de seconde, sentant la pression monter en moi, jusqu'à ce que la réalité me rattrape. Je reçois une notification me disant que mon hôtel de ce soir est finalement d’en l'incapacité d’honorer ma réservation pour cause d’une affluence de dernière minute pour une classe scolaire qui a vu leur retour compromis. Ils précisent également que c’étant engagé auprès d’eux, ils sont incapable de me dire si ils peuvent maintenir celle de demain. J'ai tout planifié, mais il a raison. Rien n'est concret. Pas encore. Je ne peux pas tout foirer ni en chercher un proche de l’aéroport à cette heure ci.

- Tu sais, dit il en revenant encore une fois à la charge face à mon air livide. Je préfère te donner la possibilité d'une transition plus douce. Mais c'est à toi de voir. Mais ne me fais pas ça, Freddy. Ne me fais pas te voir dans la rue à 23 heures un jour, mendiant de quoi manger. Tu ne veux pas ça et moi non plus.

Finalement, je lève la tête, les yeux fatigués mais déterminés.

- D'accord. Ma voix est faible, presque étouffée par la défaite. Je suis piégée, et je n'ai pas d'autre issue. J’accepte mais uniquement pour cette nuit.

Il sourit, satisfait de sa victoire silencieuse. Il ne dit rien, mais je sais que je viens de perdre une bataille. Il l'a bien vu, et moi, je ne peux qu'accepter.

- Parfait. Tu verras, tu te sentiras vite chez toi.

Je détourne à peine le regard, mais l'angoisse me serre la poitrine. Qu'ai-je fait ? Je suis piégée, et je ne peux même pas m'échapper.

L'avion vole paisiblement, emportant mes rêves de liberté avec lui, mais aussi ce poids que je n'avais pas prévu : Shawn, et ses attentes. Je ferme les yeux, tentant de me concentrer sur le bruit des moteurs, sur la sensation d'être en mouvement. Un homme s'assit entre nous, me permettant de savoir que je passerai le trajet tranquillement. Mais je ne peux m'empêcher de me demander si ce voyage m'éloigne vraiment de ma vie précédente, ou si au contraire, il m'y ramène, d'une manière ou d'une autre.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet