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Mellija
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Chapitre 3

《Un ami est une personne avec qui je peux être sincère.》de Ralph Waldo Emerson. 

♡♡♡

Les rayons de soleil m'éblouissent, je plisse les paupières le temps que mes yeux s'y habituent. Il fait bon ce matin et j'adore le mois de juin où les jours se rallongent. Sur le chemin du retour, je prends mon téléphone et constate les appels manqués d’Emy datant d’hier soir. Merde ! Toutefois, elle ne m’a laissé aucun message, alors c’est qu’il n’y avait pas d’urgence. 

 Je décide d’envoyer un texto à Théo pour lui présenter mes excuses. 

“ Je suis vraiment désolée pour hier soir, j’ai réagi comme une gamine.”

J’ai été trop dur, je n’avais pas à m’en prendre à lui, pas après tout ce qu’il a fait pour moi. Quand je l’ai rencontré, il était déjà ami avec Axel, bien avant que ce dernier et moi entamions une relation. Il n’a jamais pris parti, ni pour l’un, ni pour l’autre. Il a su rester neutre, et c’est lui qui m’a aidé à m’échapper de cette ville remplie de souvenirs. Théo s’est chargé de me prendre un billet de train direction Biarritz, a rendu l’appartement que nous louions avec Axel. Et il ne m’en a pas tenu rigueur lorsque j’ai décidé de m’éloigner de lui, quand nos appels et nos messages se sont espacés. 

Heureusement pour moi, il n’est pas rancunier. Deux minutes après, sa réponse arrive. 

“ Ne t’inquiète pas pour ça, j’avais besoin d’un peu plus de drama de toute façon. Après m’être fait largué à cause d’une partie de bowling, il fallait bien que tu me jettes aussi. Et puis, je peux comprendre ta réaction, Mamy Li avait prédit que je serais plus beau que toi et tu as pris la vérité en pleine face.”

J’éclate de rire et me reprend lorsque les gens autour de moi m’observent curieusement. Je tape sur mon téléphone en continuant ma marche à travers le parc. 

“ Elle n’a jamais dit ça, gros menteur ! Elle a expliqué qu’il se pourrait que tu sois plus barjo que moi. Et en parlant d’elle, elle est ok pour la séance de yoga. Mardi après-midi à quinze heures, donc pas de rendez-vous galant avec une nana !”

J’ai à peine le temps de ranger mon téléphone qu’il vibre de nouveau. 

“C’est exactement ce que j’ai dit ! Plus on est barjo plus on est beau, meuf ! Mets toi ça dans le crâne. Tu l’étais avant de devenir aussi sérieuse. Cool ! A nous les postures de la montagne et du guerrier ! A la semaine pro Rox, bonne journée. Bisous.” 

Je souris et range mon smartphone, plus allégée. Je pense que ça va être une bonne journée. 

J’ouvre la porte de mon appartement et avant même de faire un pas dans l’entrée, la surprise m'envahit. Emy, que je pensais chez son petit-ami, se trouve face à un mur, un pinceau à la main. Les gouttes de peinture orange et bleu tombent sur la bâche qui jonche le sol. Concentrée dans sa réflexion, elle ne m’entend pas me débarrasser de mes affaires. 

— Salut, dis on ne devait pas simplement repasser une couche de blanc ? 

Son corps tressaute de frayeur et alors que mes lèvres s'entrouvrent pour lâcher un petit rire, son regard quand elle se retourne m’arrête subitement. 

Oups, elle a l’air énervée. 

— Je peux savoir où tu as passé la nuit et avec qui ? Je me suis fait un sang d’encre ! J’ai essayé de t’appeler vingt fois et tu n’as même pas eu l’obligeance d’y répondre !

— Excuse-moi maman, je ne savais pas qu’il fallait que je t’informe de mes moindres faits et gestes, plaisanté-je en rangeant mes chaussures, promis la prochaine fois je te préviendrais.

— Ok, je passe pour cette fois. Mais dis-moi au moins que tu as couché avec un mec hier soir ! 

— T’es folle ou quoi ? Bien-sûr que non ! J’ai dîner chez mes grands-parents et ensuite, on a beaucoup discuté avec ma sœur, il était tard et elle m’a proposé de dormir là-bas. 

— Ah, soupire-t-elle simplement. 

— Ne t’en réjouis pas surtout ! Bon, tu m'expliques ce que tu fais ? Tu te la joues peintre ou quoi ? 

J’avance d’un pas et me place à ses côtés. 

— Quand j’angoisse ou que je m’inquiète, j’ai pour habitude de m’occuper les mains. 

J’arque un sourcil et observe le salon. 

— Et tu n’as rien trouvé d’autre ? Je ne sais pas, faire la cuisine ou utiliser une toile ? 

Elle hausse les épaules et secoue la tête. 

— J’ai pris ce que j’avais sous la main, chérie et puis, c’est de ta faute. 

Pour répondre à sa réprimande, j’attrape une paire de gants et un pinceau. Ma coloc m’examine, intriguée. 

— Qu’est-ce que tu fais ? 

— Eh bien, on ne va pas laisser cette trace orange en plein milieu du mur. Qu’est-ce que tu veux qu’on peigne ? 

Elle éclate de rire et me donne un coup d’épaule. 

— On va faire un coucher de soleil. Ce sera magnifique. 

Je n’y crois pas vraiment, mais je sais que je peux compter sur son côté artistique. Emy a tendance à tout réussir de ses mains, elle a du talent et de l’inspiration. Ce qui n’est pas vraiment mon cas. Alors je hoche la tête et suit le mouvement. 

Elle ouvre un pot de peinture blanc, essaie quelques mélanges pour obtenir une teinte bleu clair qu’elle fini par appliquer sur le haut du mur à l’aide d’un escabeau. 

— Au fait, tu m’as demandé pourquoi je n’ai pas passé la nuit ici, mais je peux savoir ce que toi, tu fiches là ? 

Elle grogne et son pinceau ne caresse plus le mur, mais le maltraite. Je lève les yeux sur son visage crispé. 

— Ah bah je savais bien qu’il n’y avait pas que moi pour te mettre dans cet état. C’est Anthony ? Je sais que vous deviez passer la soirée ensemble. 

Elle redescend de l’échelle et compose une autre teinte. 

— Ouais, on s’est disputés. J’ai fini par lui avouer que je m’ennuyais. Il l’a mal pris et je suis partie. Maintenant, je culpabilise. Je me demande si je n’en demande pas trop. 

Elle me tend sa nouvelle composition et m’indique du doigt la surface à peindre. 

— J’aime bien nos soirées à visionner des séries Netflix en se faisant des câlins, mais à la longue ça m’agace. J’ai besoin de sortir, reprend-elle.

En effet, je me rends vite compte du problème. Emy est une personne qui ne tient pas en place, elle a envie de tout essayer, de tout explorer et de voyager. Je me rappelle encore de notre rencontre il y a cinq mois. Je suis arrivée à l’appartement à treize heures, heureusement Daniel, son père, était présent pour m'accueillir et me donner les clés. Je n’ai pas vu ma nouvelle colocataire avant trois jours. Elle est revenue telle une tornade, m’expliquant qu’elle avait passé le week-end à faire de l’escalade, puis elle m’a imposé de l’accompagner à faire de la gym acrobatique. Chose que je n’avais jamais pratiqué. Je n’ai pas osé refuser. Quand j’y repense, j’aurai eu tort de contester. On s’est régalées. Je ne m’étais pas autant amusée depuis des années.

Alors, s’enfermer entre quatre murs, ça ne l'intéresse pas. 

— Et tu lui as proposé de venir avec toi lors d’une de tes activités ? 

— Bien-sûr, mais je ne sais pas, il n’a pas l’air d’en avoir envie. Il dit que ce n’est pas dans son tempérament, qu’il a besoin d’être au calme et qu’il se sent bien chez lui. Tu me trouves égoïste de me dire que ça ne me suffit pas ?

— Non, mais tu ne peux pas non plus l’obliger à faire ce qu’il n’a pas envie. Pourquoi tu t’es mis avec lui sachant qu’il était casanier ? 

Emy termine avec la dernière bande orangée entre celle d’un bleu presque blanc et celle du noir.

— Je ne pensais pas que ça me dérangerait. En fait, pour être honnête, je n’y ai pas vraiment réfléchi. Il est drôle, attentionné et vraiment canon. Il me fait du bien et pas que sexuellement, on s’entend. J’aime être avec lui, il a ce côté rassurant que j’ai toujours recherché. 

— Tu ne le penses pas près à faire quelques concessions ? Et toi, est-ce que tu serais disposé à en faire pour lui ? 

— Je ne savais pas qu’être en couple demandait autant d’énergie. 

Elle ne répond pas à ma question, peut-être parce qu’elle n’a pas la réponse. Alors, je la laisse dans sa réflexion. 

— Noah pense que je dois lui laisser une chance, reprend-elle en se redressant.  

Je lève les yeux au ciel et repose mon pinceau. 

— Depuis quand tu demandes des conseils à Noah ? Je te rappelle qu'il ne s'est jamais impliqué dans une histoire. Écoute, tu peux toujours exposer ce que tu attends de ton côté, mais si ça ne lui ressemble pas, ne le force pas à changer. Tu finirais par le regretter. 

Ses lèvres s’étirent, puis elle ébouriffe mes cheveux bruns laissant des traînées de liquide colorée. 

— Tu as raison ! Noah peut me servir pour des recommandations sexuelles, mais c'est à toi qu'il faut que je me confie sur l'aspect sentimental. 

Je me racle la gorge. 

— Théo pourrait t'aider aussi, je présume. 

Emy grimace, dégoûtée. 

— Je ne comprends pas comment des filles peuvent tomber dans ses bras. Franchement, ce mec est tellement… pitoyable. 

— Pour ma part, ce que je ne saisis pas, c'est pourquoi est-ce que vous ne vous entendez pas.

Emy rebouche les pots et enlève ses gants. 

— Quand il vient ici, il ne se gêne pas pour manger ma glace. Il se moque de moi continuellement et il pense qu'il peut avoir toutes les femmes dans son lit, moi y compris. C'est aberrant. 

— Il te taquine seulement et tu lui renvoies bien la pareille. Et il n'y songe pas, il te veut dans son lit. Quant à ta crème glacée, je suis d'accord avec toi sur ce point. Ce n'est pas cool. 

— Attends, il t'a dit qu'il voulait faire crac-crac boum-boum avec moi ? 

— Il ne l'a pas clairement avoué, mais je le connais depuis suffisamment longtemps. Et s'il se conduit comme ça avec toi, c'est qu'il attend quelque chose. 

— Eh bien, l'espoir fait vivre comme on dit. 

— On dit aussi que tout vient à point à qui sait attendre, ricané-je. 

Elle ouvre la bouche et met un doigt à l’intérieur, écoeurée.

— Arrête, tu vas me faire vomir. Bon, et si on prenait un petit-déjeuner ? J’ai acheté des viennoiseries en pensant qu’on pourrait fêter le retour de ta vie sexuelle, mais on peut célébrer autre chose. 

Elle contourne le canapé pour se diriger dans le coin cuisine au fond de la pièce. Je la suis et me lave les mains avant de remplir la bouilloire d’eau, puis mon regard s'oriente sur le sachet posé sur la table à manger ronde. L'odeur de la pâte beurrée me donne l'eau à la bouche. 

— On pourrait célébrer le fait que ma sœur nous accompagnera peut-être faire du shopping ?  

Elle fait mine de réfléchir, puis hoche la tête. 

— C'est moins intéressant qu'une partie de galipette, mais ça reste une bonne nouvelle. 

J’attrape deux tasses sur l’étagère au-dessus du plan de travail et y dépose un sachet de thé chacun. Une fois l'eau chaude versée, je la rejoins et dépose sa boisson devant elle. 

— Bon alors, ta soirée d’hier s’est bien passé à ce que je vois. 

J’acquiesce et lui raconte tout. Le dîner, l’album photo, le film et la discussion avec Charlotte, on omettant ma confession, bien entendu. 

— Charlotte s’est ouverte à moi et ça m’a fait un bien fou. J’espère seulement qu’elle continuera sur sa lancée. 

— Je vous le souhaite, vraiment. J’ai hâte de la rencontrer à cette journée shopping, d’ailleurs j’ai vu une robe qui t’irait à merveille ! 

Je lève les yeux au ciel en engloutissant ma bouchée de croissant. 

— On verra ça, Emy. J’en ai marre que tu me prennes pour ta poupée. 

Elle ronchonne et avale une gorgée de son thé. J’hésite une seconde à repartir sur le sujet d’Anthony. Toutefois, je n’ai jamais vu Emy aussi inquiète. 

— Et toi alors ? Qu’est-ce que tu vas faire avec Anthony ? Suivre le conseil de Noah ou le larguer ?

Emy souffle et ses cheveux noirs virevoltent lorsqu’elle se cale au fond de sa chaise. Je plisse les yeux et remarque qu’elle a été chez le coiffeur avant son date. Depuis que je la connais, elle arbore une coupe au carré, qu’elle entretient tous les mois. Cette fois-ci, elle a coupé un tantinet plus court et ça lui va bien. Emy est jolie, sa peau est aussi lumineuse que son âme et elle n’a besoin d’aucun artifice. Un peu de mascara pour relever ses yeux de biche et un rouge à lèvre bordeau pour ajouter un peu de couleur. 

— Je ne sais pas. C’est la première fois que je me trouve dans une relation sérieuse et je ne peux tout de même pas abandonner à la première difficulté. Qu’est-ce que tu en penses, toi ? Je sais que c’est un sujet tabou, mais est-ce que tu t’es déjà confronté à ce type de problème ? 

Je ne pensais pas que la conversation prendrait ce virage. Si j’avais su, je me serais abstenue. Il est vrai que je n’ai jamais parlé de mes anciennes relations avec elle, ni avec personne d’autre d’ailleurs. Seul Théo sait ce qu’il s'est passé avec Axel, même si depuis qu’on s’est retrouvés, non n’en avons pas rediscuté. 

— La dernière fois que je suis sortie avec un garçon, c'était sur un court laps de temps, environ deux mois. Et honnêtement, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde. Il voulait s’investir, moi pas. On s’est séparé. Et avec mon ex, enfin, celui avec qui ça a duré cinq ans… On n’avait pas ce genre de problème. On en avait d’autres, mais pas celui-ci. Je suis désolée de ne pas pouvoir t’aider. Le seul conseil que je peux te donner, c’est de discuter. La communication est la base d’un couple. 

C’est ce qui nous a clairement manqué avec Axel. 

— Le fait de t’en parler me fait du bien. Mon Dieu ! Je n’avais pas vu l’heure ! Il faut que je file, j’ai mon cours de poterie. Est-ce que tu veux m’accompagner ? 

Je secoue la tête et lui montre ma tenue, ainsi que mes cheveux. Un jogging noir emprunté à ma soeur et un vieux tee-shirt. 

— Non, merci. Je vais aller me laver et me détendre devant une série avant d’aller travailler. D’ailleurs, ton père aimerait beaucoup que tu lui accordes un peu de ton temps. Je crois que tu lui manques. 

Elle roule des yeux et pose son sac à main sur son épaule. 

— Je le vois tous les jours. Je te rappelle que le restaurant se situe juste en dessous de notre appartement. 

— Cinq minutes dans les escaliers ce n’est pas assez, Emy. Je sais que tu es surchargée, mais accorde lui un dîner de temps en temps ? Je suis sûre que ça lui ferait plaisir. Le mercredi ? Il ne travaille pas, c’est moi qui fait la fermeture.

Emy adore son père, il est la prunelle de ses yeux depuis que sa mère a quitté ce monde. 

Toutefois, les jours ne sont pas assez longs pour elle. 

Emy ne tient pas en place, mais il suffit juste, parfois, de lui rappeler quelles sont les priorités. 

— Je l'appelle sur le chemin. Ça te va ?

J'acquiesce et lui envoie un baiser volant. Elle en fait de même et claque la porte. 

J'envie l'amour que Daniel porte à sa fille. Il est toujours à l'écoute, patient et aux petits soins avec elle. Il ne lui met aucune pression et la laisse vivre sa vie comme elle l'entend. Juste parce qu'il l'aime et la respecte. J'aurai aimé avoir une relation similaire avec le mien. 

Je ferme les yeux dix secondes, penser à des choses négatives ne fera que me démoraliser. 

 ♡♡♡

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