26 avril 2020
Très chère Madame,
J'ai encore du mal à réaliser que je suis réellement en train de rédiger ces lignes. Pour être honnête, j'ai toujours eu une préférence pour les correspondances écrites. Plus rassurantes. Plus atypiques. Surtout à l'heure du numérique !
En ces temps difficiles que représente le confinement, je sais à quel point il est fastidieux d'attendre. Aujourd'hui, alors que vous espérez sûrement recevoir un coup de fil de vos proches, j'ai sciemment choisi de vous tenir compagnie. Moi, une jeune femme, venant de fêter son vingt-deuxième printemps et dont vous n'avez aucune connaissance.
Si vous le permettez, j'aimerai, à travers cette lettre, vous faire voyager dans vos souvenirs !
Mais, puisque je vous invite à revisiter une parcelle de vous-même, il me paraît équitable de vous faire découvrir une once de la mienne. Qu'en dites-vous ? N'est-ce pas là un agréable périple en perspective ? Je suis sûre que vous êtes de mon avis.
Alors installez-vous confortablement et laissez-moi être votre confidente d'un instant. Un peu, comme si nous étions deux inconnues se croisant au coin de la rue. Pendant une durée éphémère. Insolite. Et imprévue.
Sur ces entrefaites, livrez-moi... le nom du premier homme que vous avez aimé ? La façon dont vous vous êtes rencontrés ?
Puis contez-moi... L'une des journées les plus agréables que vous ayez passé ? Oh ! Vous me trouvez restrictive ? Attendez la suite !
À présent, confiez-moi... La période de votre passé où vous aimeriez vous évader ? La meilleure citation, selon vous ? Et enfin, la valeur que vous souhaiteriez transmettre à l'ensemble d'entre nous ?
Un deal est un deal. Et puisqu'il faut donner sans condition, je vais vous livrer mes réponses à ces questions.
Mon premier amour ? Un coup de foudre, nommé Tristan, rencontré à mes neuf ans, au sein de mon immeuble de vacances, dans l'arrière cour. Il venait d'arriver, et après cette journée, nous ne nous sommes plus jamais recroisés. Pourtant je vous assure que j'ai essayé ! Et Dieu seul sait à quel point j'en ai rêvé !
L'une de mes plus belles journées ? Lors de mon douzième anniversaire, quand mes parents m'ont acheté un microscope et que j'ai étudié la poussière, rêvant de devenir la prochaine Marie-Curie. Autant vous dire, aujourd'hui, que je suis loin d'être une brillante scientifique.
À quelle période de mon passé, j'aimerais m'évader ? Durant mon enfance, dans la maison de mes grands-parents, là où j'étais la plus insouciante !
Ma citation favorite ? «Peu importe si ce que vous devez faire est insignifiant. Faites-le aussi bien que possible», Gandhi.
Une valeur ? Ô combien c'est difficile ! À mon sens, il en faudrait cent mille pour améliorer l'humanité mais puisqu'il faut choisir, j'opterai pour la modestie.
Nous arrivons à la fin de notre périple. J'espère que cette traversée vous aura fait plaisir. Pour ma part, une pointe de nostalgie m'étreint la poitrine. Je n'ai pas de mot pour décrire ce qui vient de se produire : vous livrer une partie de ma vie alors que je ne connais même pas votre identité. C'est presque plus intime que si nous avions échangé autour d'un café.
Je ne suis pas douée pour les au-revoirs, mais toute bonne chose a une fin ! Aussi, comme à chacun, je vous souhaite de poursuivre paisiblement votre chemin. De profiter de chaque instant et de faire rêver les gens qui vous entourent. Encore et toujours.
Avec toutes mes pensées,
Yuna MADEC
PS : Je vous ai joint mon numéro de téléphone au cas où vous souhaiteriez me contacter.