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Jaina2110
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Chapitre 2

Je cligne des yeux pour chasser la brume qui enveloppe mon esprit depuis le réveil. Au fond, je suis excitée par ce qui m’attend ce soir. Pourtant, je suis là, dans l’amphi 204, prête à suivre mon cours de sociologie. À côté de moi, Okan feuillette ses notes sans vraiment les lire.

— Tu m’écoutes au moins ? murmure-t-il en me poussant le coude.

— Euh… oui, bien sûr, lancé-je mécaniquement.

Le prof parle des inégalités sociales, un sujet passionnant, mais je ne parviens pas à retenir la moindre définition. Mon stylo glisse sur le papier : ce soir, dîner, Les Koci. Je gribouille ces mots dans la marge, comme pour m’ancrer dans la réalité.

Okan me lance un regard entendu :

— T’as l’air perdue dans tes pensées. C’est à cause de la soirée ?

— Chut ! lui dis-je en lui offrant un sourire embarrassé.

— Hey, je t’ai promis : tu verras, ce sera juste un repas en famille. Rien de plus.

Il hausse les épaules, confiant. Moi, je me dis que même les repas en famille peuvent réserver des surprises… et des dangers.


— Pause café —


Dans la cafétéria, je retrouve mon rituel : un latte noisette et un cookie au chocolat. Okan, fidèle à lui-même, opte pour un énorme burger-frites.

— Tiens, m’offre-t-il la moitié de son cookie. Ça te remontera le moral.

— Merci, lancé-je en mordant, le sucre apaisant mes nerfs… un peu.

Il s’installe en face de moi, les bras repliés sur la table.

— Écoute, je te connais, Ayla. T’es loin d’être une petite chose fragile. Tu vas gérer ce dîner, je te le garantis.

— Facile à dire pour toi qui passes ton temps à draguer la moitié de la fac, répliqué-je en riant.

Il se penche vers moi, malicieux :

— Exact. Mais je ne draguerai pas là où ma meilleure amie est déjà assise.

Ce rappel de notre complicité me réchauffe le cœur. Avec Okan, je peux être moi-même : rieuse, taquine… et peut-être un peu moins intimidée.


— Cours de marketing —


Le cours suivant traite des stratégies de marque. Je prends des notes, mais ma concentration vacille dès qu’un bruit de pas résonne dans le couloir. Je lève les yeux, guettant une silhouette familière. Toujours pas. Juste des étudiants pressés, des serveurs du café qui rentrent leur chariot.

Ma montre m’informe qu’il ne reste que dix minutes avant la fin du cours. J’entends Okan chuchoter à l’oreille de la fille devant nous :

— T’as vu le nouveau local étudiant ? Paraît que c’est là qu’ils servent le meilleur café bio de la ville.

— Tu veux me distraire ? chuchote-t-elle, mi-amusée, mi-agacée.

Je souris ; c’est exactement ça. Et, pour un instant, je laisse mes doutes de côté.


— Fin de la matinée —


Alors que la cloche annonce la pause déjeuner, je rassemble mes affaires.

— On se retrouve au patio ? propose Okan.

— Je te suis, lancé-je.

Le patio de la Universidad Panamericana est déjà bondé : professeurs corrigent des copies, étudiants en groupes, rires et éclats de voix. Nous trouvons une table à l’ombre d’un flamboyant aux fleurs écarlates.

— Alors, c’était pas si mal ? demande Okan en m’offrant un sourire rassurant.

— Oui. Mais… je flippe un peu pour ce soir, avoue-je en baissant la voix.

— T’inquiète pas, répète-t-il. Je serai là.

Je l’observe un moment. Son assurance me donne un peu de courage.

— Merci d’être là, lui dis-je simplement.

Il claque dans ses mains, prêt à changer de sujet.

— Allez, assez parlé de mariage. Tu te souviens de l’exposé en groupe ? Cinq minutes pour convaincre le jury…

— Pitié, pas encore le marketing, soupirai-je en riant.


— Fin du déjeuner —


Nous passons l’après-midi à enchaîner deux autres cours : droit international puis stratégies digitales. Chaque fois, j’essaie de me concentrer, mais mon esprit revient à Venin. Qui est-il vraiment ? Comment ça se fait qu'on ne s’est jamais rencontré ? Et que penserait-il de moi ?

Quand la dernière sonnerie retentit, je souris à Okan :

— On a survécu, félicitations !

— On a survécu, répète-t-il en se levant. Prête pour le dîner ?

— Je crois bien que non, mais allons-y.

Nous quittons l’université côte à côte, prêts à affronter la suite. Ce soir, je découvre un monde que je ne soupçonnais pas, et j’espère y trouver assez de force… et assez de soutien.

Il fait glisser sa main contre mon bras pour me rassurer.

— Ne te prends pas trop la tête, Ayla. Tout va bien se passer. Ce soir, c’est juste un dîner.

Je hoche la tête, incapable de dire autre chose. Ensemble, nous gagnons sa voiture garée non loin. L’habitacle s’emplit de l’odeur de cuir neuf et de vanille. Okan démarre, et nous quittons l’enceinte de l’université en silence, chacun plongé dans ses pensées.

Sur le trajet, je fixe le paysage urbain défiler : façades colorées, graffitis, passants pressés. Okan brise enfin le silence :

— Écoute, je sais ce que c’est d’affronter quelque chose qu’on ne comprend pas. Mais si ça peut te rassurer… je serai juste à côté.

Je lui offre un petit sourire, reconnaissante de sa présence. Quelques minutes plus tard, la voiture est garée devant notre villa. Je le remercie :

— Merci, Okan. Vraiment.

— N’y pense plus, sinon tu vas arriver à table en tremblant, plaisante-t-il.

Je prends une grande inspiration et sors. Le soleil décline déjà, teintant le ciel de pourpre. À l’entrée, je retrouve mon père, qui me salue d’un signe de tête entendu.

— Coucou, baba, lance-je en montant l’escalier.

Dans ma chambre, je ferme la porte et me laisse tomber sur le lit, le regard perdu un instant dans le vide. Je regarde l'heure qui affiche déjà 18h, on a rendez-vous à 19h chez les Koci. Puis je me lève, déterminée. Je sors du dressing une robe longue pailletée dans un ton émeraude profond, parfait pour sublimer mon teint mat. Les paillettes de la robe luisent dans la lumière tamisée, scintillent telles des gouttes de rosée.

D’un geste lent, j’enfile la robe, dont la coupe cintrée marque ma taille et épouse mes hanches avant de s’évaser délicatement. Sur mes épaules, je pose une veste légère assortie, dans le même vert irisé, juste assez couvrante pour les soirées fraîches.

Devant le miroir, j’ajuste mes boucles volumineuses, qui cascades jusqu’au-dessus de mes fesses. Un maquillage doux souligne mon regard : un peu de fard taupe, quelques coups de mascara, un trait fin d’eyeliner et un rouge à lèvres rose pâle.

Je me penche pour attraper un petit sac à main argenté, dont la bandoulière fine et les détails métalliques complètent mes accessoires : un collier fin serti de petits diamants argentés autour de mon cou, et des boucles d’oreilles assorties. À mes pieds, des talons aiguilles couleur argent achèvent ma tenue.

Un dernier regard. Je prends une profonde inspiration, sentant à la fois le stress et l’excitation monter en moi. C’est la première fois que je vais rencontrer Venin… et je suis prête.

Je quitte ma chambre d’un pas décidé et descends l’escalier en colimaçon. Au bas des marches, une vision presque cinématographique m’attend : mes frères, tous alignés devant la porte du salon. Tarik, en costume anthracite, sa cravate parfaitement nouée, observe la pièce d’un œil protecteur. Demir et Kerem, élégants dans leurs costumes bleu nuit, se renvoient un clin d’œil complice, leurs montres brillantes attirant la lumière des lustres. Et, contre toute attente, Farès se tient là, impeccable dans son costume sombre, les mains croisées, le regard sérieux comme pour montrer qu’il fait aussi partie de cette armée silencieuse. Au centre, mon père, Houssam, rayonne dans son costume trois-pièces, la montre en or discrètement apparente à son poignet, les cheveux parfaitement coiffés. Leurs sourires se posent sur moi, et pour un instant, je me sens à la fois protégée… et terriblement attendue.


Je descends en voiture l’allée bordée de cyprès et, bientôt, les grilles en fer forgé de la demeure des Koci s’ouvrent devant nous comme par magie. Devant moi se dresse une villa aux lignes modernes et aux murs d’un blanc presque aveuglant, ponctués de larges baies vitrées et d’imposantes colonnes de marbre noir. Des pots de bougainvilliers fuchsia encadrent l’entrée, et des éclairages discrets soulignent l’allure majestueuse du lieu.

Dans le hall d’accueil, le sol en marbre poli reflète chaque pas. Un escalier en colimaçon, doté d’un garde-corps en fer forgé très travaillé, monte vers l’étage ; à ma droite, un grand aquarium tropical étincelle doucement, plaintes et bulles feutrées résonnant dans le silence feutré. Tout est immaculé, silencieux… presque mystérieux.

Nous sommes invités à prendre place autour d’une longue table en chêne massif, dressée pour dix couverts. À l’un des côtés, Okan s’installe en face de moi et, remarquant mon regard encore rivé sur la porte d’entrée, il me lance avec un sourire en coin :

— Alors, princesse, tu vois tout se passe bien.

Je lève les yeux au ciel et le fusille du regard.

— Arrête tes bêtises, lui répondit-je à voix basse.

Les premières lampées de conversation naissent autour de moi, et je me surprends à détailler chaque reflet de la pièce, tout en retenant mon souffle dans l’attente de l’arrivée de l’inconnu surnommé Venin. Autour de la table, le silence poli se brise lorsque Madame Koci, la mère d’Okan, se penche vers moi.

— Ma chérie, tout va bien ? demande-t-elle avec douceur.

Je lui offre un sourire reconnaissant.

— Oui, ça va… Merci.

Elle hoche la tête avec chaleur, puis reporte son attention sur son mari, Serhan, qui vient de lever le verre de vin rouge dans sa main droite.

— À la santé des familles Al Hassan et Koci, commence-t-il d’un ton solennel. Qu’elle soit la première d’une longue série d’alliances fructueuses.

Mon père, Houssam, lève son verre en écho.

— À l’amitié et au respect, répond-il avec gravité. Et à nos enfants, que leur avenir soit protégé.

Tarik et Farès, assis face à face, trinquent bruyamment. Demir et Kerem, eux, se penchent l’un vers l’autre en riant :

— On dirait un remake de la conférence de paix ! souffle Kerem.

— Au moins, ça fait des toasts sympas… acquiesce Demir.

Les deux jumeaux partagent un petit rire complice, détendant l’atmosphère. J’inspire profondément, essayant de faire de même.

Madame Koci, souriante, pose sa main sur la nappe.

— Alors, Ayla, comment trouves-tu la ville ? Vous avez toujours vécu ici, n’est-ce pas ?

— Oui, je suis née à Mexico, confirme-je. J’adore l’effervescence des marchés le matin, et les couchers de soleil sur les toits.

— Mon mari a toujours vanté votre grillade de « carnitas » près de la place Garibaldi, ajoute-elle en riant. Il paraît que vous en préparez les meilleures.

Mon père sourit, un brin fier.

— Nous aimons partager nos traditions. Et nous avons hâte de découvrir davantage vos spécialités turques.

Serhan hoche la tête.

— Nous avons prévu quelques plats typiques pour ce soir : kebabs, lahmacun, mezze… J’espère que vous aimerez.

— Je suis sûre que ce sera délicieux, réponds-je, heureuse de pouvoir mêler nos deux héritages culinaires.

La conversation glisse ensuite sur les études. Tarik parle de son mémoire en finance, mon père évoque un projet de partenariat avec une université européenne, et mon père évoque son nouveau centre de recherche à Guadalajara. Okan, fidèle à lui-même, ponctue chaque sujet d’une vanne légère.

— Papa, tu feras bien un détour par la fac, un jour, pour nous présenter ce centre ? demande-t-il. Histoire qu’on sache si c’est vraiment aussi sérieux que sa réputation le laisse entendre.

Mon père rit.

— Tu es toujours le bienvenu, Okan. J’espère juste que tu porteras une cravate.

Les regards amusés se tournent vers Okan, qui fait une moue comique :

— Cravate ? Moi ?

Je profite de sa diversion pour relâcher un peu ma tension. La table vibre d’une énergie conviviale et respectueuse. Pourtant, l’absence de Venin crée un léger décalage, comme si un invité essentiel manquait à l’appel.

Tout à coup, la porte s’ouvre avec un léger grincement. Les regards se tournent vers l’entrée. Un serveur fait son entrée, chargé de baklavas, suivi d’un murmure de surprise.

— Excusez-moi, Mesdames, Messieurs, annonce-t-il, mais M.koci a eu un contretemps. Il arrivera très bientôt. En attendant, veuillez profiter de ces douceurs.

Le plateau de baklavas passe de main en main. Okan me lance un regard amusé :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Y’a un autre koci qui arrive ?

— Oui mon grand frère.

— Tu as un grand frère toi maintenant ?

— Oui, c’est juste que tu n’étais pas au courant.

Je le fusille du regard, mais je ne peux m’empêcher de sourire en attrapant un morceau. Derrière moi, la table résonne encore de rires.

Et tandis que je croque dans la pâte feuilletée et le miel, je sais que cette soirée est à la fois une promesse… et une épreuve.

Un silence presque religieux tombe sur la pièce lorsque la porte s’ouvre soudainement.

— Désolé pour le retard, papa, annonce une voix grave. J’avais encore des détails à régler avec le cartel.

Tous les regards se braquent vers l’entrée. Un homme entre, la démarche assurée, sa silhouette se détachant dans l’encadrement de la porte.

Okan, assis en face de moi, se redresse d’un surgissement silencieux. Ses yeux cherchent les miens.

Je reste bouche bée, incapable de détourner le regard de celui qui vient d’entrer. Mon cœur bat si fort que j’entends son écho dans mes tempes.

Et puis, d’une voix posée, Okan déclare à mi-voix mais en prenant soin que tout le monde entende :

— Ayla, voici mon grand frère… Venin.

Un frisson glacé me parcourut. La dernière syllabe retentit comme la promesse d’une nuit où rien ne sera plus jamais comme avant.


_____________________________

Alors ce deuxième chapitre ?

C’est que le début  !

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