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Farida
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Chapitre 2

  Parfois, pour comprendre le présent, il faut revenir au tout début. Là où tout a commencé. Là où tout s'est cassé.

 

  Mes souvenirs du collège n'ont jamais été très joyeux...

 

  J'étais cette fille. Celle qu'on ne remarque que pour se moquer. En surpoids, les lunettes vissées sur le nez, le nez plongé dans des cahiers griffonnés de rêves bizarres et de poèmes tristes. La « looseuse » parfaite des films américains. Celle que personne ne choisit. Celle qu'on fuit.

 

  Dans la cour, pendant les récréations, j'étais seule. Assise dans un coin, à faire semblant d'écrire alors que j'essayais juste d'oublier à quel point je n'existais pas pour les autres. Les autres filles ne m'approchaient jamais. Elles me regardaient comme si j'étais contagieuse.

 

  Et moi ? Moi, je m'effaçais. Je n'osais même pas sortir mes goûters de peur d'être traitée de "porc" ou qu'on me juge. Je savais pourquoi elles me rejetaient. Et pire encore : au fond, je leur donnais raison.

 

  J'aurais voulu être différente. Juste un peu.

 

  ⸻

 

  Un matin, tout a changé.

 

  — Silence s'il vous plaît, les enfants ! annonça notre prof en tapant dans ses mains. Je vous présente un nouvel élève. Il s'appelle Joe. Il vivait à l'étranger jusqu'à présent. Accueillez-le comme il se doit !

 

  Je levai les yeux.

 

  Joe.

 

  Grand, brun, mystérieux. Rien à voir avec moi. Lui, il allait s'intégrer en deux secondes. Il avait ce truc... ce charisme naturel. Il avait le physique pour.

 

  Le professeur lui indiqua la seule place libre : celle à côté de moi.

 

  Pour la première fois depuis des mois... j'avais un voisin.

 

  Joe.

 

  Et maintenant... après toutes ces années...

 

  _______

 

  Le secrétaire m'a déposé devant chez moi sans dire un mot, juste un dossier brun sur le siège passager.

 

  "Les premières pistes", il m'a dit.

 

  J'ai attendu que la porte claque derrière lui pour me précipiter dessus.

 

  Je feuillette les premières pages : un article financier, une photo floue... une interview en anglais.

 

  Puis un nom.

 

  Joe Carter.

 

  Mon cœur s'arrête.

 

  Impossible.

 

  Pas lui. Pas maintenant. Pas lui.

 

  Je relis. Trois fois.

  C'est bien lui. Même nom. Même visage. Sauf que ce visage-là... il a grandi. Il s'est durci. Il est devenu un homme.

 

  Le nouveau PDG d'UBS... c'est Joe. Mon Joe.

 

  Et moi, je dois écrire un article sur lui.

 

  Génial.

  J'étais en train de préparer mon dîner quand mon téléphone vibra.

 

  — Allô ? meuf, t'es chez toi ? T'as pas encore dîné, j'espère ! lança la voix enjouée de Kimora, ma meilleure amie.

 

  — J'étais sur le point de le faire, mais j'imagine que c'est mort maintenant, hein ? dis-je en riant.

 

  — Exactement. J'ai pris deux pizzas méga-viande et de la bière. Papotage + bouffe = thérapie. J'suis là dans 10 minutes !

 

  Elle raccrocha sans attendre. Typique.

 

  ⸻

 

  Quelques minutes plus tard, elle débarquait dans mon salon comme un ouragan.

 

  — Oh mon Dieu ! Ton chat est toujours aussi mignon ! s'écria-t-elle, le mitraillant de photos.

 

  Je me rappelle soudainement à quelle point elle était fan de mon chat , même qu'un jour elle m'offrît une coque de téléphone entière avec son image dessus.

 

  — Dis donc, t'es venue pour moi ou pour Monsieur Chat ? fis-je, faussement vexée.

 

  Elle me sauta dessus et me câlina à moitié, les bras chargés de bouffe.

 

  On mangea tranquillement, mais je sentais son regard pesant sur moi.

 

  — Quoi ? Tu veux m'avouer que t'es amoureuse de moi ? Arrête de me fixer, tu me mets mal à l'aise !

 

  — Beurk. Je préfère tomber amoureuse d'un chameau, répondit-elle avec un clin d'œil. Mais je sais que t'as un truc sur le cœur.

 

  Elle posa sa canette bruyamment sur la table.

 

  — Allez, balance. C'est quoi qui te tracasse ?

 

  Je soupirai. J'avais besoin de parler.

 

  — OK. Mais laisse-moi finir sans m'interrompre, d'accord ? Tu te souviens de mon ex, Joe ? Mon crush du collège, que j'ai quitté de manière catastrophique au lycée...

 

  — ÉVIDEMMENT. L'amour de ta vie que t'as largué comme une débile avant la fac. Tu vas pas me dire que t'es encore amoureuse de lui ?!

 

  — Tu m'avais promis de pas m'interrompre...

 

  Elle lève les mains, faussement désolée.

 

  — Bref. Il est devenu le PDG d'UBS. Et... je suis chargée d'écrire un article sur lui.

 

  Kimora ouvre la bouche, mais je l'arrête d'un regard.

 

  — Je sais. C'est fou. Je suis en panique. J'ai honte. Peur. Et si on se revoit ? Et s'il se souvient de moi ? Et pire... s'il m'en veut ?

 

  Elle réfléchit un instant, puis hausse les épaules.

 

  — Franchement, Irina... votre histoire date. Peut-être qu'il t'a oubliée. Ou qu'il s'en fout. Et puis, t'as un copain, non ?

 

  — C'est pas une question de sentiments. C'est... ce que je lui ai fait. J'ai été odieuse. Et ça, je l'ai jamais digéré.

 

  — C'était pas entièrement ta faute. Ta mère t'avait mis une pression de dingue à l'époque. T'as qu'à lui dire la vérité. Et s'il se souvient pas de toi ? Ben tu fais genre toi non plus.

 

  Je la regarde, touchée. Elle rend tout plus simple. Plus léger.

 

  — Merci, Kim. Vraiment.

 

  Je la serre dans mes bras.

 

  Peu importe ce qui m'attend... je vais écrire cet article.

 

  Coûte que coûte.

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