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Les rues étaient crasseuses, imprégnées de boue, de sueur et de souvenirs oubliés. L'odeur du tabac flottait lourdement dans l'air, mêlée à celle du sucre caramélisé et du rhum bon marché. Le jazz s'échappait des fenêtres entrouvertes, vibrant dans chaque recoin de la ville comme un cœur qui bat trop fort. Des confettis dansaient dans le vent, s'accrochaient aux trottoirs, aux cheveux, aux rêves.
Partout, des visages enivrés de fête. Des rires. Des masques. Des embrassades entre inconnus. Le Mardi Gras, ici, n'était pas juste une tradition : c'était une religion. Le grand théâtre de la Nouvelle-Orléans battait son plein.
Mais pour moi, cette nuit-là, ce carnaval n'était plus qu'un écran de sang.
Un cauchemar déguisé en célébration.