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Anaisrob
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Chapitre 3 Kate

Les rayons du soleil se glissent entre les rideaux, venant me titiller dans mon sommeil. J'ouvre un œil, puis l'autre, encore engourdie. Je fixe le plafond, une migraine me martelant les tempes, sans doute à cause de l'alcool.

Puis je sens une chaleur corporelle, juste à côté de moi. Je tourne la tête... et mes yeux s'écarquillent.

Un homme dort profondément à mes côtés. Ses cheveux bruns sont ébouriffés, ses cils effleurent sa joue, ses lèvres légèrement entrouvertes laissent échapper un souffle régulier.

Jason Brown.

Le célèbre animateur radio.

Un flot de souvenirs confus tente de remonter à la surface, mais tout est flou. Je soulève doucement la couverture. Aucun vêtement sur moi. Je suis complètement nue.

Je me redresse lentement, mon regard glissant vers le sol. Mes vêtements sont éparpillés dans toute la pièce. Un gémissement de frustration m'échappe. Quel bordel... Et dire que ma chambre était déjà un capharnaüm avec tous ces dossiers d'enquête.

À côté de moi, Jason bouge légèrement. Je baisse les yeux vers lui. Il dort paisiblement, comme un enfant ayant passé sa première nuit sans cauchemars.

Mon regard se pose sur l'horloge. Dix heures.
Déjà dix heures ?

— Oh merde ! m'exclamai-je.

J'étais en retard. Deux heures de retard pour le travail.

Je retire rapidement la couverture, sors du lit en vitesse et fonce vers mon placard. Mes yeux balayent chaque vêtement avec précipitation. J'attrape un pantalon noir, une chemise blanche et des sous-vêtements rouges. Je m'habille à la hâte, enfilant les tissus à la volée.

Une fois prête, je me précipite vers mon bureau pour récupérer des papiers importants. Je les fourre dans ma sacoche posée sur ma chaise, puis je passe la lanière sur mon épaule.

Je file vers ma coiffeuse, saisis ma brosse et démêle rapidement mes mèches longues qui tombent sur mes épaules. Je me saisis de mon rouge à lèvres cerise et l'applique à la va-vite sur mes lèvres fines.

Je me regarde dans le miroir une dernière fois, souffle court, puis me dirige à la hâte vers la porte de ma chambre. Ma main se pose sur la poignée... mais je m'arrête.
Je tourne la tête par-dessus mon épaule.

L'homme dort toujours profondément sur mon lit, paisible, comme si le monde autour de lui pouvait s'écrouler sans qu'il bouge d'un cil.

J'hésite à le réveiller. Peut-être qu'il a, lui aussi, du travail... logique. C'est quand même l'animateur de radio le plus connu de toute la Nouvelle-Orléans. Il doit sûrement avoir une émission à préparer ou une chronique à assurer.

Mais non. Pas le temps. Ce n'est pas mon problème.

J'ouvre la porte en vitesse et sors de la chambre, refermant derrière moi.

Je marche à toute allure dans le couloir, traverse les pièces familières, jusqu'à atteindre la grande porte blanche. La même que j'avais prise hier pour rejoindre le hall. Je l'ouvre.

La pièce est bien plus calme que la veille, où elle résonnait encore du brouhaha des nobles et des bourgeois venus festoyer. 

Je descends rapidement les escaliers. Autour de moi, quelques serviteurs s'affairent déjà à leurs tâches matinales dans le manoir du maire. Je ne leur accorde qu'un bref regard, pas le temps.

Arrivée dans le hall, je me dirige droit vers la grande porte qui mène à la sortie. Je l'ouvre en vitesse et me mets à courir à travers le vaste jardin.

Mes pas résonnent sur les pavés orangés qui serpentent jusqu'au portail. Le vent frais du matin fouette mon visage, me ramenant peu à peu à la réalité.

À mon approche, deux gardes postés de chaque côté du portail s'activent pour m'ouvrir. Sans ralentir, je les remercie d'un signe de tête avant de franchir les grilles.

Je cours à travers les rues déjà bondées de monde. Quelques musiciens ont installé leurs instruments aux coins des trottoirs, faisant vibrer l'air de leurs premières notes de jazz. D'autres, les yeux encore embrumés de sommeil, avancent d'un pas pressé, probablement, comme moi, en retard pour le travail. Certains simplement vivent, flânant sans se soucier de l'heure.

J'accélère, zigzaguant entre les passants pour éviter de les bousculer. Mon lieu de travail n'est pas très loin, situé un peu plus au centre de la ville.

Pour gagner du temps, je bifurque dans une ruelle étroite, moins fréquentée. L'endroit est sale, étouffé par l'odeur des ordures. Les poubelles débordent, les déchets s'étalent sur les pavés assombris par la crasse et l'humidité. Loin du faste des beaux quartiers, ici, tout semble oublié du reste du monde. 

Sortant de la ruelle, je tourne à droite et, après avoir couru quelques mètres, je m'arrête enfin devant le bâtiment. Essoufflée, je pose mes mains sur mes cuisses pour reprendre ma respiration. L'immeuble est gris, sobre, un peu fatigué par les années. Des fenêtres laissent entrevoir l'intérieur, du moins ce que les rideaux à moitié tirés veulent bien montrer. Les briques, par endroits, sont fissurées, rongées par le temps.

Je prends une grande inspiration, passe une main dans mes cheveux pour les recoiffer rapidement, puis pose la main sur la poignée. J'ouvre la porte.

Mes yeux tombent immédiatement sur un homme, dos à moi, penché sur l'un des bureaux. Il porte une chemise grise qui dessine les muscles de son dos, et un pantalon noir un peu trop moulant pour passer inaperçu. Ses jambes, bien bâties, trahissent une certaine discipline physique.

J'ouvre la bouche pour le saluer, mais il me devance :

— Vous êtes en retard, mademoiselle Watson, dit-il d'un ton glacial.

Il se retourne lentement. Son regard gris m'analyse de la tête aux pieds. Sa mâchoire carrée est crispée, ses sourcils noirs sont froncés. On pourrait presque entendre ses dents grincer.

— Quelle est votre justification, Watson ?

Il croise les bras contre sa poitrine. Ses yeux ne me lâchent pas. Je me racle la gorge avant de répondre :

— Bonjour, Cooper...

— Chef, me coupe-t-il, sec.

Je pousse un soupir.

— Repris-je, Chef...

J'avance dans la pièce.

— Eh bien, je vous prie de m'excuser pour mon retard. C'était l'anniversaire d'une amie, et disons que... j'ai un peu trop bu. Ce qui explique que je me sois réveillée... un peu trop tard.

Je ne lui dis pas tout. C'était évident que j'avais bu, mais ce que je n'allais pas avouer, c'est que j'avais fini dans le même lit que Jason Brown. Le fameux animateur radio. Je n'imagine même pas le regard que Cooper m'aurait lancé si je lui avais sorti ça.

Je me frotte la nuque, mal à l'aise sous ses yeux de glace.

Il soupire longuement.

— Donc vous avez trop bu, et vous vous êtes réveillée en retard. Mademoiselle Watson, vous saviez que vous travailliez aujourd'hui. Vous auriez pu faire preuve d'un peu plus de... maturité. Je vous pensais plus responsable.

— Je ferai attention la prochaine fois...

— Je l'espère bien.

Il y a eu un moment de silence entre nous deux, avant que Cooper se racle la gorge pour prendre la parole

- Eh bien, au moins vous êtes là, nous devrons commencer

- Oui chef...

Je m'approche du bureau, juste à côté de Cooper, et mon regard se pose sur les nombreuses photos éparpillées devant nous. Des clichés de scènes de crime, tous plus macabres les uns que les autres.

Des femmes, des hommes... tous tués de manière différente.

À première vue, rien ne relie ces meurtres. Étranglements, coups de couteau, mutilations, pendaisons, organes arrachés... Chaque victime semble avoir subi un supplice unique.

Pourtant, malgré les méthodes variées, quelque chose nous pousse à croire qu'un seul et même tueur est derrière tout ça.

Un tueur en série... intelligent. Organisé. Et surtout, insaisissable.

Je fronce les sourcils, attrapant une des photos. Une femme, la trentaine, allongée sur le sol, les yeux ouverts, figés dans l'horreur. Pas une goutte de sang autour d'elle. Tout était propre. Trop propre.

Je repose la photo.

— Ça n'a aucun sens... Chaque meurtre est différent, murmurai-je, plus pour moi-même que pour Cooper. Et pourtant, ça sent la même main derrière tout ça.

Je me pince l'arête du nez, exaspérée. Ma migraine, toujours là, tambourine comme un rappel constant de la nuit dernière.

Des années... Cela fait des années que les meurtres s'enchaînent à la Nouvelle-Orléans. Des corps retrouvés un peu partout dans la ville, toujours dans des états plus atroces les uns que les autres. Et toujours rien. Rien de concret.

La police patauge. Et nous, les journalistes, on essaie tant bien que mal de les aider. Fouiller, regrouper les infos, chercher le moindre indice, la moindre piste.

Mais le meurtrier, lui... il glisse entre les mailles. Comme s'il savait exactement quoi faire pour qu'on ne remonte jamais jusqu'à lui.

Mon chef prend la parole, me sortant de mes pensées :

— De plus... il y a des roses rouges sur chaque scène de crime. Tu ne trouves pas ça suspect ?

Je le regarde, un sourcil levé.

— Si, bien sûr, je trouve ça étrange. Mais... ce ne sont que des roses rouges, Cooper. Ça ne change rien à l'enquête.

— Peut-être que le tueur est fleuriste... ou quelqu'un qui cultive des rosiers.

Je le fixe, interloquée.

— Quoi ? Tu veux qu'on interroge tous les jardiniers de la Nouvelle-Orléans ? Si on fait ça, on en a pour dix ans de plus, et ça ne nous mènera sûrement nulle part.

On se regarde un long moment. Il soupire.

— Je sais, Kate... Je fais juste des suppositions.

Il croise les bras et s'appuie contre le bureau, son regard planté dans le mien.

Je pose une main sur le bureau, l'autre sur mon menton. Réfléchis, Kate... Trouve quelque chose... un indice, n'importe quoi.

Puis, une idée me traverse l'esprit. Je tourne la tête brusquement vers lui.

— Cooper... Est-ce que tous les crimes ont eu lieu dans la même zone ?

Il fronce les sourcils, pensif.

— Je crois que oui... Si je me souviens bien, ils ont souvent été commis... au Treme

— Au Treme... dis-je en fronçant les sourcils. Alors, on tient peut-être une piste. Le tueur doit vivre dans ce quartier... ou pas très loin. Il n'a sûrement pas eu besoin d'aller bien loin pour commettre ses crimes.

je le regarde

— Les criminels, surtout les tueurs en série, agissent souvent là où ils se sentent en sécurité. Où ils connaissent les rues, les habitudes, les ombres.

— Tu penses qu'il pourrait même travailler là-bas ? Demanda Cooper.

— C'est possible. Et si c'est le cas, on marche au milieu des cadavres depuis le début sans même le savoir.

— Donc, on devra y faire un tour, dit Cooper en croisant les bras.

— Oui... répondis-je doucement, le regard fixé sur le mur couvert de photos et de coupures de journaux.

Je tends la main vers mon bureau, attrape un stylo, puis une note chiffonnée où j'avais gribouillé les rares indices que nous avions réussi à réunir sur le tueur. Quelques mots, quelques noms, des lieux, des heures, tous éparpillés comme des morceaux d'un puzzle encore bien flou.

Je note d'une écriture rapide : Treme, quartier à surveiller, possible lieu de résidence du tueur ?

Je sursaute en entendant la porte d'entrée s'ouvrir brusquement. Je lève les yeux de mes notes, le cœur encore un peu accéléré. Jeane entre dans la pièce. Ma collègue. Elle est arrivée il y a à peine quatre mois, fraîchement recrutée comme journaliste. Ce n'est pas vraiment quelqu'un que j'apprécie... mais je la supporte. Disons que je n'ai pas le choix.

Son regard tombe d'abord sur Cooper. Ses yeux marron, légèrement agrandis par ses lunettes rondes, brillent derrière sa frange brune qui lui tombe sur le front. Puis elle me fixe, une lueur de curiosité allumant ses pupilles.

— Qu'est-ce que tu écris ? Demande-t-elle en s'approchant.

Je la fixe un instant, puis pousse un soupir discret.

— Je crois que j'ai enfin trouvé quelque chose... ou du moins une piste. Un lieu.

Ses sourcils se haussent, intriguée.

— Oh vraiment ? Et où penses-tu que ton tueur se cache ?

— Dans le quartier de Treme.

Elle hoche la tête, croise les bras juste sous sa poitrine, dans ce geste toujours un peu condescendant qu'elle a quand elle veut se donner de l'importance.

— Donc j'imagine qu'on va devoir s'y rendre.

Cooper prend la parole avant même que je puisse répondre. Son ton est froid, neutre comme toujours.

— Oui. Vous devriez interroger quelques personnes. Voir si certains ont aperçu quelqu'un de suspect, ou remarqué quelque chose d'inhabituel. 

Je glisse la note dans la poche de ma veste, puis saisis mon petit carnet posé sur le bureau, son cuir usé témoignant de longues heures d'enquête. J'attrape également un stylo, indispensable compagnon de route pour consigner chaque détail, chaque mot échappé par un témoin.

Je me retourne pour les regarder.

— Allons-y, ne perdons pas de temps.

Ils acquiescent d'un signe de tête. Je prends la tête du groupe, me dirigeant d'un pas décidé vers la porte d'entrée. Il est temps d'aller gratter la surface de ce quartier et voir ce qu'il cache vraiment.

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