Altaïr
*
Nous fûmes effectivement parmi les premiers réfugiés à arriver de l’autre côté du détroit et les seuls à nous enfuir du palais.
Que des gardes aient anticipé notre arrivée, et aient instauré un barrage sur le rivage m’a surpris. Tout autour des âmes errantes meuvent, l’air perdu, rassemblées sur la plage dans l’espoir d’un laisser-passer.
Planté sur le sable, j’ose observer Nouriya qui enroule un voile autour de son visage pour qu’on ne puisse pas la reconnaître. Je ne peux plus apercevoir de sa beauté que ses deux grandes prunelles soulignées d’un trait noir profond.
Du regard, j’effectue un rapide tour d’horizon et m’inquiète de l’afflux de personnes qui fuient les combats. Plus nombreux nous serons, et plus le passage sera difficile puisque les gardes pourraient être attirés par l’appât du gain facile, et ainsi augmenter les tarifs des laissez-passer. Je me demande ce que Soan a derrière la tête, car moyennant un peu d’argent, nous aurions pu nous faufiler parmi les premiers.
Même si j’ai la certitude que tout ceci est planifié, mon estomac n’en est pas moins noué d’angoisse.
Je ne sais pas combien de temps il me faudra pour faire à nouveau fonctionner mon cerveau correctement afin de saisir avec exactitude les intentions des gens, mais j’y parviendrai.
Je le reconditionnerai à ne penser qu’en stratège, sans rien laisser interférer avec cet unique objectif que je lui avais alloué. Après tout, il a bien été conditionné à réagir comme une autruche pendant ma captivité.
Pendant un nombre incalculable de mois, j’ai été contraint à mettre mon intelligence en berne et à écouter les malheurs, les bonheurs et les loisirs charnels d’un usurpateur sans plus aucune ambition.
Ou alors, ce serait bien l’une des seules choses qu’il ne m’aurait pas confiée : ses desseins concernant l’avenir.
Si j’avais réussi mon coup d’Etat et été à sa place, serais-je devenu comme lui ?
J’en doute, me complaire dans l’oisiveté n’a jamais été mon fer de lance.
Mon humiliation psychologique a été complète et pourrait recommencer si le plan de mes sauveurs se révèle en fin de compte mal ficelé. Il est possible que, fou de rage, Asmar se contente de simplement me tuer lorsqu’il mettra de nouveau la main sur moi.
Au loin, le voile de la nuit se dissipe peu à peu, pour que sa douce fraîcheur puisse faire place à l’implacable chaleur de la journée. Les flammes ont envahi la cité et même certaines parties du palais. Réputé imprenable et dominant la falaise, il a pourtant cédé deux fois en l’espace de quelques années.
Chacune d’entre elles par la ruse.
Je cherche et trouve Soan au milieu des autres réfugiés : les signes qui indiquent la frustration ne trompent pas. Lèvres pincées, mâchoire contractée, regard furetant dans tous les sens : tout ne se déroule pas comme prévu.
Est-ce que ce gamin insolent à l’expression faciale glaçante a vraiment orchestré tout ça, osant emporter avec lui la favorite d’Asmar ?
Est-ce qu’il l’a fait sans être certain jusqu’au moindre détail de son coup ? Ou peut-être l’était-il, comme moi lors de mon coup d’État visant à renverser la dynastie des Al Reyes à Jawhira.
Un éclaircissement de gorge me tire de mes pensées.
— Dis, ça va comme ça ? s’enquiert Nouriya.
Ses deux magnifiques amandes pleines de vie me fixent.
Est-ce que Soan fait tout ça par amour ?
Je l’avertirais bien que tomber amoureux peut se révéler dangereux, mais ce n’est absolument pas mon problème. Après tout, je ne suis plus en position de me mêler des affaires des autres.
Pendant que je cogite sur les réelles motivations de Soan, Nouriya attend une réponse et je ne sais pas quoi dire.
Elle est belle, voilà.
Les femmes du Sultan de Jawhira l’étaient tout autant, et folie aurait été de penser pouvoir se les approprier.
Ses yeux se plissent dans une expression amusée : j’ai l’air stupide au possible.
— Quoi, qu’est-ce qu’il y a, il est mal mis, c’est ça ? Je n’ai jamais été capable d’arranger ce truc correctement… se désole-t-elle en continuant de chipoter son voile.
Son parler n’est décidément pas très élégant.
Gêné, autant par ses manières rustres que par ma réaction, je m’empresse d’acquiescer et détourne le regard. Son langage n’est pas exactement celui d’une habituée de la Cour, que ça soit celle de Jawhira ou d’un émirat.
Mon comportement provoque chez Nouriya un mouvement de recul.
Ce joli papillon doit recevoir tellement de compliments. Je suis désolé de ne pas plus m’y intéresser alors que c’est vrai, mon cœur me hurle qu’elle a droit à toute mon attention. C’est celle qui m’a permis de rester sain d’esprit au cours de ma captivité après tout.
— Moi qui croyais pouvoir enfin être moi-même sans subir de jugement, bougonne-t-elle.
J’ouvre la bouche et la referme. Je ne sais pas quoi dire, alors vaut mieux me taire.
Ses magnifiques prunelles lancent un regard dévastateur en direction de Soan. De peur d’être réduit en poussière si elles viennent à croiser les miennes, mon regard converge également vers Soan.
Pourquoi a-t-il besoin d’être si concentré en observant ce qu’il se trame ? Tu payes, tu traverses. C’est pourtant trivial.
Il scrute les gardes comme s’il attendait quelque chose, ou quelqu’un.
— Il cherche notre contact, celui qui doit nous permettre de passer le barrage sans soucis. Moi aussi, à ta place, je me demanderais ce que fait Soan au lieu d’utiliser ce qu’il y a dans son sac pour nous sortir de là au plus vite, avoue-t-elle.
C’est comme si elle était en mesure de lire le fil de mes pensées et de le compléter.
— On se ressemble plus que tu ne le crois, toi et moi.
Ça tu vois, j’en doute, me retiens-je de lâcher.
Si Asmar me retrouve, je n’imagine même pas la nature de mon châtiment. Je jette un coup d’œil à la ceinture de Nouriya, qui a repris son poignard, avant de reporter mon attention sur Soan.
Je me jure que jamais plus Asmar ne me capturera vivant.
Soan se retourne vers nous en se frottant la tête. Nouriya et moi échangeons un regard paniqué. Alors que Soan approche, il est clair qu’elle ne sait pas sur quel pied danser. Moi encore moins.
Une fois à notre hauteur, Soan s’accroupit avec souplesse. Nous sommes tous les deux pendus à ses lèvres, la contrariété déforme ses traits doux.
— Nouriya ? Tes bijoux, princesse.
Elle croise les bras, déterminée à ne pas s’exécuter sans plus d’explications de la part de son complice.
— Tu m’as bien regardée ? Je suis habillée en domestique, lâche-t-elle sur un air de reproche.
Et tu t’exprimes comme tel, de surcroît.
Soan reste de marbre mais son ton est sifflant et le rythme de sa voix plus lent :
— Nouriya, on doit passer ce barrage…
Elle le fustige du regard, nullement prête à céder :
— Il est où, ce fameux contact ? peste-t-elle sous son voile.
Le masque de sérénité autoritaire de Soan achève de se fissurer pour laisser place à une mine sévère et contrariée. Il approche son visage de Nouriya, mais elle ne cille pas.
— Apparemment, nous ne sommes pas les seuls à détenir le monopole de la trahison, princesse. Tu es toute aussi consciente que moi de ce que risque de te faire Asmar s’il te retrouve, crache-t-il.
Tout à coup, Nouriya se recroqueville sur elle-même. Tout comme Soan et moi, elle sait mieux que quiconque sûrement, les vices que renferme le cœur d’Asmar. Je suis la preuve vivante que sa rancune ne connait pas de limite. Je croyais ne plus rien avoir en me présentant à sa cour, mais il a trouvé le moyen de me dépouiller davantage.
Si Asmar se donne pour objectif de nous retrouver, il passera à l’acte. Nous n’avons encore rien gagné. Nos libertés ne seront effectives que s’il échoue à nous récupérer.
Enfin, s’il n’est pas tué au cours de la bataille qui se joue dans sa ville et son palais en ce moment même.
— Donne-moi ce que tu caches dans ton sarouel, tout de suite. Tes bracelets aussi, cingle Soan.
Excédée qu’on lui ordonne de se dépouiller de cette façon, Nouriya retire ses bracelets et les lance sans ménagement à Soan qui doit les attraper au vol, un par un. Un bijou lui échappe et, tandis qu’il part le chercher, Nouriya plonge la main dans son pantalon de domestique pour en tirer une somptueuse parure jaune et cuivrée. Elle l’examine une dernière fois avant de la jeter sur le sable tout en la fixant.
— Ces bijoux sont tous faits d’or et de bronze, et le continent manque cruellement de ce métal à cause de la nouvelle politique d’Asmar. Alors, tu comptes faire passer tous les réfugiés avec ce que j’ai pu garder de ma dot ?
Pourquoi être si furieuse ? À quoi ça sert d’emporter autant de richesses, si ce n’est pas pour s’en séparer afin de se sauver la mise ? Ah, les femmes…
Soan s’abaisse pour récupérer le collier gisant au sol et toise Nouriya. Il en jette une partie dans son sac qu’il attrape et hisse sur son épaule.
— Levez-vous, on y va, déclare-t-il en se retournant.
Nouriya se remet debout avec une prompte habileté, et se projette en avant d’un pas pressé. Une fois à sa hauteur, elle enroule son bras autour du sien et semble user de tout son poids pour le retenir.
Si des gens ayant assisté au déballage de la fortune de Nouriya n’étaient pas en train de nous épier, je pourrais sourire.
— Pourquoi tu ne leur donnes pas ce qui se trouve dans ton sac ?
Elle est plus petite que lui, mais lui tient tête comme si elle avait tout à dire. J’admire sa ténacité qui, couplée à sa beauté, la rendent irrésistible. Mes yeux s’attardent sur ses formes plus que je ne le voudrais. Mon souffle se coupe quand elle me jette un regard en biais pendant sa joute verbale avec Soan.
L’aura de cette femme est une arme taillée pour faire flancher la volonté du plus insensible des hommes. Même moi, je suis conquis, alors que je pense pourtant être à des lieues de ce genre de délectation.
Je secoue la tête avec résignation et suis leur échange houleux avec plus de sérieux.
— Ne sois pas stupide, je sais ce que je fais, la rabroue-t-il, si je garde ce que j’ai dans mon sac, c’est pour une raison. Il va bien falloir qu’on dorme, non ? Et puis si on t’attaque, comment vas-tu défendre tout ça ? Je suis le seul ici qui puisse me battre et qui ait une chance de gagner si on tente de nous voler.
Nouriya, rendue muette par sa répartie, le lâche.
— Allez Boussole, toi aussi ! m’enjoint Soan.
Je ne sais toujours pas ce que c’est que cette histoire de boussole, au passage, mais je suis si fatigué que je l’ignore. Je ne connais rien de la région, cet étrange personnage semble avoir un plan mais, surtout, la capacité de me rattraper et de me faire souffrir. Alors autant ne pas le contrarier pour le moment.
Je me relève et rencontre le regard consterné de Nouriya.
— Tu as un prénom, dis-lui de l’utiliser, me reproche-t-elle.
Peu m’importe qu’on m’appelle Altaïr, Votre Excellence ou encore, Boussole.
Je hausse les épaules pour marquer mon indifférence et passe devant elle.
*
Amadouer les gardes avec ce que nous leurs proposions comme objets de valeur fut un jeu d’enfants. Si Soan, qui siffle une chanson alors que nous déambulons sur la route, avait compris un peu plus tôt qu’il avait été trahi par son contact, nous aurions pu être en train nous reposer dans une auberge à l’heure qu’il est.
D’autres réfugiés marchent devant en silence, ils viennent de tout perdre et ne pensent sans doute qu’à une chose : fuir les combats, ainsi qu’un nouveau pouvoir si Asmar est renversé.
Alors que tant de misère rôde aux alentours, pourquoi se montre-t-il si enjoué ?
Est-ce que son attitude dénote toujours autant de celle des gens qui l’entourent, ou est-ce juste sa façon à lui d’évacuer la tension et digérer sa nouvelle condition d’exilé ?
Je ne lui poserai pas la question tout de suite, cela reviendrait à le confronter. Non, je préfère les observer, juger de leur personnalité respective. Je veux comprendre la dynamique et les relations d’influence qui existent entre lui et Nouriya.
Je ne cherche pas à les connaître pour pouvoir me fier à l’un d’entre eux en particulier, mais plus j’en sais à leur propos, et plus je peux me protéger. Je déteste mettre ma vie entre les mains de quelqu’un qui pourrait me trahir, par nécessité ou caprice du destin. Au cours de mon existence, j’ai accordé ma confiance trois fois. Deux par obligation et une par choix.
Chaque fois où j’ai ouvert les portes de mon cœur, j’ai reçu un coup de couteau dans le dos.
Soan effectue un saut et arrache une tige de feuilles, qu’il enroule autour de son crâne, hilare.
— Une couronne pour le sultan, prononce-t-il d’un ton complaisant.
Nouriya roule des yeux quand je tourne la tête pour voir sa réaction.
Asmar me parlait de son bouffon. Il me répétait tout le temps que si j’avais la chance de le voir, il ne manquerait pas de me faire beaucoup rire.
Malgré la peur qui m’envahit, je n’ose pas ralentir la cadence, si je le fais, ma fatigue et mon manque d’endurance auront définitivement raison de moi.
Je regarde tout autour de nous. Tout à coup ma gorge s’assèche et me brûle lorsque j’avale. Un frisson me parcourt l’échine, me refroidissant tout entier alors que le climat est plutôt doux sous ces latitudes.
J’ai enfin le temps de penser que tout ceci ne soit qu’une mascarade mise en scène par mon geôlier. Mon échine est parcourue d’un frisson qui me désarticule presque.
Il est impossible qu’Asmar ait orchestré tout ça, me rasséréné-je.
Après tout, nous sommes quand même sur un autre territoire.
Comme lorsque j’étais dans ma cage, je songe à mes propres démons. La première trahison qui me toucha le fit quand la guerre civile éclata. Cette traîtrise, que certains considéreraient comme étant la plus déchirante, fut celle d’une mère vis-à-vis de son enfant.
La mienne n’est jamais venue me sortir de l’armoire où elle m’avait dissimulée. À la place, ce fut un homme en armure, au heaume noir comme l’intérieur de ma cache, qui me prit par la main et me fit monter dans un chariot avec d’autres enfants en pleurs.
Pendant le trajet nous amenant au palais de Jawhira, je me souviens m’être demandé comment elle réagirait lorsqu’elle constaterait ma disparition. Je me suis dit que j’avais commis une erreur en suivant avec tant de docilité ce soldat.
J’étais plutôt sage quand j’y repense.
Mes jambes ont du mal à m’obéir depuis que nous sommes arrivés sur le rivage, mais je tente de dissimuler ma fatigue autant que possible. Ni Soan ni Nouriya ne seront assez forts pour me soutenir sur une longue distance.
Soan serait capable de m’achever, cela dit.
La deuxième trahison, c’est moi-même qui l’ait provoquée quand j’ai voulu faire confiance, car j’ai voulu aimer. L’amour que j’ai éprouvé pour ma maîtresse, Sephora, s’est retourné contre moi. Ce fut la pire de toutes, car j’étais alors à la frontière de la victoire suprême, celle qui m’aurait hissée à l’apogée de ma vie : le renversement du Sultan de Jawhira.
Je tenais le sultanat dans le creux de ma main.
Et là, je suis sur un chemin de terre à prendre la fuite, entouré par une épouse royale et un bouffon…
La troisième trahison vint d’Asmar et de la confiance que j’avais placée en lui. Ma situation était alors délicate : ma tête avait été mise à prix par les Al Reyes à la suite de mon coup d’état raté contre leur dynastie. La protection d’Asmar m’aurait assuré un avenir moins misérable qu’attendu si j’avais été contraint de vagabonder dans les rues des Cités de Métal pour le restant de mes jours.
La joie ostensible de Soan n’est qu’une ruse, mais qui ne m’est pas destinée. Ce n’est qu’un stratagème pour apaiser la femme en colère qui nous sert de compagne de route. Si tel est le cas, c’est plutôt raté. Je dirais même que si un regard pouvait tuer, il serait mort depuis longtemps.
— Sacrée trotte jusqu’au premier village potable, dis donc.
Par « potable », Soan signifie qu’il cherche un village avec une auberge. Libre, de préférence. Je ne réponds pas, mais tous deux semblent s’être habitués à mon mutisme.
Le problème est que nous avons déjà passé deux bourgs, et la nuit ne tardera pas à tomber. Le silence de Nouriya est éloquent et laisse deviner ce qu’elle pense.
Le premier village ne comportait malheureusement qu’une toute petite auberge qui affichait complet. Le deuxième n’était pas au goût de Soan, trop de nobles selon lui.
— Ça ne devrait plus être long maintenant, poursuit Soan, dans une tentative de faire réagir l’un de nous deux.
Au vu du nombre d’exilés devant nous, j’en doute, mais ne dis rien. Les habitations se font peu à peu plus nombreuses. Nous devons faire avec les gens qui nous espionnent par leur fenêtre ou qui nous lorgnent plantés sur le seuil de leur demeure.
— Ah, qu’est-ce que je vous avais dit ? En plus nous tombons à pic, le soleil ne va pas tarder à se coucher.
Il prend une profonde inspiration et continue son monologue :
— Ce fut une dure journée de marche. Tu n’es pas d’accord ?
La question m’est adressée, je hoche la tête. Arrivés au cœur du village, la cohue s’intensifie autour de nous. La cacophonie qui règne m’épuise davantage et ma vue se brouille, mais je lutte.
— Il faut se dépêcher et mettre le prix, Soan. Je suis exténuée, et Altaïr aussi. Nous devons reprendre des forces pour la suite du voyage, supplie Nouriya.
En voilà une bonne idée.
Alors que je salue mentalement l’intervention pertinente de la jeune femme, mes jambes me font tout à coup faux bond. Je me cramponne de justesse sur l’arrière d’une charrette à laquelle deux bœufs sont attelés. Dans l’état actuel des choses, j’espère juste que le véhicule ne démarrera pas tout de suite et que je pourrai me redresser.
La voix douce et chaleureuse de Nouriya qui s’inquiète de mon moment de faiblesse parvient à mes oreilles. Bien que je veuille lui répondre de tout mon cœur, cela ne m’est malheureusement pas possible.
Soudain, le pire scénario se produit, et la charrette se met à rouler. J’essaye de m’accrocher et de reprendre mon équilibre, mais mes jambes ne sont pas capables de suivre la cadence, pourtant faible, du chariot. Après un déhanchement désarticulé, je lâche prise au premier effort demandé à mes bras, et m’écroule.
En dépit du fait que mon crâne me lance terriblement, la dernière chose que je vois est une merveilleuse paire d’yeux, qu’on dirait façonnés dans l’ultime but d’obtenir une reddition immédiate.
Je ne peux pas sentir son souffle chaud, comme dans la chambre, mais sa paume se pose sur mon front tandis que je sombre.