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1 - Découverte de Narva
2 - Souvenir d'Hanna
3 - Le front
4 - Souvenir de l'enrôlement
5 - La contre attaque russe
6 - Souvenir des amis
7 - Fin du combat
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Souvenir de l'enrôlement

Bavière, automne 1943

Il faisait froid ce matin-là, les feuilles rouge et orange au sol formaient un chemin vers la caserne de recrutement. Les pavés de la place centrale brillaient sous la lumière du soleil. Le drapeau du IIIe Reich flottait fièrement sur le bâtiment administratif, et une petite foule s’était rassemblée devant les tables d’inscription. Je n’avais pas hésité. C’était décidé, je devais m’engager, pour mon pays, pour ma famille. Ma mère m’avait accompagné jusqu’à l’entrée. Elle portait son manteau noir, celui qu’elle réservait aux grandes occasions ou aux enterrements. Elle n’avait pas dit grand-chose sur le chemin, mais je pouvais sentir la tension dans son regard.

— Tu es sûr de toi, Franz ? avait-elle finalement murmuré.

J’avais hoché la tête. 

— Oui, maman. C’est ce qu’il faut faire. Pour le Reich. Et pour papa.

Ses lèvres s’étaient pincées, et elle avait détourné les yeux. Je savais qu’elle ne voulait pas me contredire. Elle avait déjà perdu son mari, à la guerre, et maintenant, elle me voyait rejoindre le même destin. Son fils unique, son petit Franz. Elle m’appelait souvent sa petite luciole, je représentais son phare dans les ténèbres.

Quand je suis arrivé dans la salle, un officier m’a regardé de haut en bas, son uniforme impeccable contrastant avec mes vêtements simples. 

— Nom ? avait-il demandé d’un ton sec.

— Franz Model, Herr Oberleutnant. 

Il m’a fait signe de m’approcher et a rempli rapidement quelques formulaires. 

— Âge ? 

— Dix-huit ans. 

Il a marqué un temps, puis m’a tendu un stylo. 

— Signe ici, camarade.

Je me rappelle encore la sensation étrange de la plume glissant sur le papier, comme si cet acte banal scellait quelque chose de bien plus grand que moi.

Plus tard, ce jour-là, je retrouvai Heinrich, Günther et Ludwig près de la brasserie du village. Ils avaient tous signé aussi. Heinrich, toujours plein d’énergie, parlait déjà des batailles qu’il rêvait de mener.

— Tu verras, Franz, on va marcher sur Moscou avant le printemps ! s’exclama-t-il, une bière à la main.

Günther, plus pragmatique, secoua la tête. 

— Si on ne meurt pas de froid d’ici là. Les Russes seront chez eux, tu sais. Restons humbles.

Ludwig, le plus silencieux du groupe, observait les deux autres avec un sourire en coin. Il croqua dans un morceau de pain et ajouta, d’un ton moqueur : 

— Peut-être que Heinrich se fera un médaillon à partir d’un tank russe. 

Je rebondissais joyeusement.

— Et n’oublie pas de me faire un briquet à partir d’un Mosin Nagant s’il te plaît ! C’est pas comme si on pouvait tirer avec !

Tout le monde éclata de rire. Mais au fond, je sentais une légère appréhension. Ces récits glorieux, ces promesses de victoires faciles… Est-ce que je les croyais vraiment ? Oui, je voulais y croire. Je voulais penser que tout cela avait un sens, que notre cause était juste, que je reviendrais chez moi en héros.

Mais quelque chose en moi hésitait.

Tandis que je rentrais ce soir-là, seuls quelques bruits de fêtards venaient briser la quiétude des rues vides et silencieuses. Je repensai à ma mère, à son visage lorsqu’elle m’avait serré dans ses bras avant de partir. Elle n’avait rien dit, mais je pouvais sentir la peur dans ses gestes.

En arrivant devant la porte de notre maison, je fis une promesse muette. Je reviendrais.

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