Il n'avait rien d'un canon de beauté, mais moi, il me plaisait bien. Ni trop laid, ni trop beau. Quelqu'un de banal qui ne plairait pas à tout le monde, mais pas totalement désagréable à regarder. Le décrire serait futile, autant laisser les gens rêver, se l'imaginer à leur guise.
Il avait bien évidemment quelques défauts pour qu'il paraisse plus normal. Trop normal, peut-être ? Il devait être comme vous et moi, sinon ça ne marcherait pas.
Il me ressemblait un peu, malgré tout, et c'était cette ressemblance qui me faisait autant l'aimer que le détester. Il me renvoyait mes défauts, je retrouvais mes échecs en lui. Mais il était cet idéal, ce modèle de réussite et de bonheur que je souhaitais tant atteindre. Et le voir réussir là où j'échouais, l'aider à franchir des obstacles qui me semblaient insurmontables, était la chose la plus frustrante au monde. Il s'élevait et je restais à terre.
Surtout que malgré sa bonté, malgré sa gentillesse, jamais il ne me regardait. Jamais il ne m'aidait en retour. Jamais il ne me souriait.
Au fil du temps, j'en vins à l'idéaliser.
Je m'imaginais être lui, à vivre ses aventures. À être meilleur que ce que j'étais.
Fascination malsaine, intérêt glauque, je ne sais pas. Mais quel était le mal à rêver un peu ? Il ne le saurait jamais, de toute façon.
Il ne me voyait pas. Il ne pouvait pas.