Longtemps son passé demeura un véritable mystère pour moi. Je ne savais pas d'où il pouvait venir, qu'elles avaient été les grandes épreuves de sa vie et ce qui l'avait fait ainsi. Il sonnait creux, comme une coquille vide.
Antoine n'avait aucun intérêt.
Je décidais alors de m'y pencher un peu, de creuser son passé, me disant peut-être que je le trouverais moins fade après quelques recherches.
Je découvris alors qu'il était né dans une famille des plus modestes, il y a de cela une bonne trentaine d'années. Sa vie fut des plus banales. Je lui trouvais un père ouvrier, le genre d'homme sévère, mais juste, ne parlant que très peu et faisant encore moins preuve d'affection. À côté de lui, sa femme était douce. Une mère au foyer, qui avait abandonné la vie professionnelle pour s'occuper exclusivement de son petit bambin... Et des suivants. Antoine eut une petite sœur, puis un petit frère. Très vite, il apprit qu'il devrait protéger ses cadets et prit la même voie que son père : celle de l'homme qui ne montrait pas ses peines et ses coups durs. Il prit de sa mère sa candeur et sa douceur, ce joli sourire rassurant, qui réchauffe les cœurs.
Ses études, son métier, en voilà d'autres questions sans réponse. Valait-il mieux qu'il soit un élève modèle ou un cancre bad boy des plus clichés ? Difficile de se décider. Difficile de savoir si, au fond, c'était vraiment important.
La vie d'Antoine se révélait aussi banale que lui. En soi, ce n'est pas un mal, il en faut bien. Mais je ne savais plus quoi en faire.