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Chapitre 2

Lachlan Macrae descendit d'un pas lourd de la voiture qui l'avait mené jusqu'au lieu des réjouissances. Ses bottes s'écrasèrent sur les gravillons qui traçaient une allée jusqu'à la porte principale de la résidence du comte de Suthmeer. Le marquis d'Eilean Donan jeta un regard panoramique autour de lui, contemplant les décors floraux aménagés pour l'événement, les fleurs choisies par la comtesse se mariaient divinement avec le raffinement de la structure en pierre de l'édifice. Le style architectural londonien était épuré et gracieux, à l'image de ses aristocrates. Lachlan l'avait toujours exécré, plus les années s'écoulaient, plus contempler les bâtisses anglaises lors de ses voyages d'affaires, lui soulevait le cœur. Elles étaient à l'opposé des goûts du marquis. Il rêvait des châteaux écossais, des bâtiments construits en pierre sombre, du granit, avec de hautes tours. L'édifice s'imposait dans la lande, résistant aux bourrasques sanglantes des vents, aux caprices des marées maritimes, aux envahisseurs des contrées les plus lointaines. Rien ne pouvait lui résister.

Lachlan avait fait la route depuis le château d'Eilean Donan pour l'occasion. Le trajet n'était pas de tout repos. Il était arrivé à Londres la veille au soir après plusieurs jours de trains et voitures, il avait pris à peine quelques heures pour se reposer à son domicile londonien, une habitation bien moins extravagante que celle qui l'avait sous les yeux.

S'il avait pu, il aurait décliné l'invitation pour s'éviter un tel périple. D'autant que les réceptions n'étaient pas le lieu où Lachlan Macrae se sentait à l'aise. Il rechignait à y assister, la plupart du temps, il parvenait à s'y soustraire. Cependant, comment pouvait-il faire défaut à l'un de ses amis les plus proches le jour de ses noces ?

Basil Archer, l'héritier du comté de Suthmeer, connaissait Lachlan depuis une dizaine d'années. Ils s'étaient rencontrés à l'académie militaire. Alors que Lachlan avait rejoint l'institution de son propre chef, Basil y avait été envoyé de force par son père, ce dernier souhaitait lui apprendre une leçon quant à son comportement de dépravé arrogant. Leur première conversation se solda par un accrochage violent, des soldats furent obligés d'intervenir pour les séparer, Lachlan écopa d'une arcade sourcilière en sang avec quelques contusions au niveau des côtes tandis que Basil ressortit avec un nez cassé et une épaule déboîtée. L'écossais sourit en se remémorant ce souvenir. Il faut dire qu'à l'époque, il avait le sang chaud et ne pouvait réprimer son impulsivité quant à Suthmeer, il fallait avouer qu'il se comportait comme un véritable faraud, un sourire prétentieux incrusté en permanence sur le visage. Régulièrement, les deux jeunes hommes s'envoyaient des railleries et moqueries qui avaient failli dégénérer en affrontement physique un bon nombre de fois. Avec le temps, cela devint comme un jeu entre eux. Un soir, alors que leur commandant en chef leur avait accordé une permission, tous les soldats s'étaient rendus dans des tavernes en quête de boissons alcoolisées et de compagnie féminine. Par hasard, les deux hommes étaient ensemble quand ils surprirent l'un de leurs camarades Jeremy Grithin en compagnie d'une jeune fille d'à peine treize ans. Dans les quartiers les plus malfamés de Londres, certains établissements pouvaient employer des jeunes filles d'un âge encore trop enfantin pour exercer la vente de leurs corps. Les deux soldats avaient été révoltés devant cette scène, et encore plus quand les cris de protestations de la fillette leur étaient parvenus. Sans se concerter, ils avaient agi comme un seul homme. La gamine avait pu rentrer chez elle, quant à Jeremy Grithin, personne ne l'avait revu depuis cette nuit-là. Ce qu'ils avaient fait était peu conforme aux règles établies par l'académie militaire, cependant certaines situations ne pouvaient que déboucher sur cette issue. Après cet événement, ils combattirent ensemble, liés par un secret silencieux.

En quittant l'académie militaire, leurs routes avaient pris des directions contraires, mais sans cesser d'être des frères d'armes pour autant. Lachlan faisait preuve d'un sang-froid surhumain dans n'importe quelles circonstances, toute personne valide et saine d'esprit redoutait maintenant ses accès de colère, dits légendaires. Malgré cette sombre facette, il exerçait avec diplomatie et justesse son rôle de laird du clan Macrae, fonction qu'il avait prise à la suite de la mort de son père. Du moins, personne ne trouvait rien à redire à sa façon de diriger.

Archer, quant à lui, s'était considérablement assagi, même s'il subsistait des traces de son comportement de dépravé lorsqu'il mettait en action ses charmes et s'essayer à battre le record des conquêtes de Casanova. C'est pour cette raison que Lachlan avait été surpris en recevant l'invitation aux épousailles du fils Archer. Ce dernier lui avait toujours répété à tort et à travers qu'il ne prendrait jamais épouse, il était un débauché notoire qui se complaisait à être l'aventure passionnée de toutes les femmes et le mari d'aucunes.

L'écossais avait supposé que le comte actuel de Suthmeer eût dû jouer les intermédiaires. Toutefois, que Basil ait fini par concéder son accord, restait un mystère aux yeux du marquis. Peut-être que la jeune femme choisie était parvenue à ensorceler son ami et faire de lui un homme honnête ? Cela était peu probable connaissant son tempérament, mais pour le bien de la santé mentale de la fiancée, Lachlan lui souhaitait. Sans cela, la jeune femme risquerait fort de dépérir à mesure que le nombre de maîtresses s'élèverait.

Le marquis fit un signe de tête au cocher, la seconde d'après, il avait disparu. Lachlan s'engagea dans l'allée, à chaque pas la semelle de ses chaussures émettait un bruit grave, semblable à ceux des tambours, utilisés avant les exécutions publiques. Tel un bourreau, l'homme amenait avec lui douleur et désolation. Des pensées fort peu appropriées pour une journée de noces.

Quand il poussa le battant de la porte d'entrée, il fut surpris. Un véritable chahut résonnait entre ces murs. Tous les domestiques semblaient être sur le branle-bas de combat. Une attitude qui ne correspondait pas à celle attendue pour un mariage. S'était-il trompé d'heure pour la cérémonie ou même de jour ? Il jura dans sa barbe, s'il avait effectué cette expédition pour une erreur, il se pendrait lui-même. L'apaisement que lui apportait les terres écossaises face aux mondanités bourgeoises était bien trop précieux pour être gâché. Aucun valet n'était assigné à la porte pour accueillir les invités.

Décidément, quelque chose se tramait qui n'augurait rien de bon pour la suite du déroulement de la journée. Il referma la porte derrière lui et s'avança dans le vestibule, aucun des employés ne l'avait remarqué, ils semblaient tous préoccupés. Il se décida à ne pas poser de questions, il trouverait la réponse lui-même.

Il n'avait pas encore fait dix pas que des cris retentirent au bout du couloir, c'était certainement l'emplacement de la salle de réception. Avec un peu de chance, le futur marié s'y trouverait. Peu à peu qu'il se rapprochait, il commença à intercepter des bribes de la conversation houleuse qui se déroulait derrière la porte.

- ...pas savoir où elle est, pauvre sotte ? Lachlan reconnut sans mal le timbre de voix du comte de Suthmmer. Ce furent des sanglots qui lui répondirent.

- Je vous jure que je n'en sais rien, monsieur.

L'écossais poussa la porte au moment où le comte s'apprêtait à répliquer. Tous les regards convergèrent vers lui. Ils étaient tous regroupés au centre du salon, spécialement réaménagés et décorés pour les festivités. Le comte était furieux, ses narines se dilataient, il semblait ne plus pouvoir respirer dans son costume. Devant lui, une jeune femme, en tenue de service, pleurait silencieusement, elle se triturait les mains pour apaiser ses angoisses. Derrière eux, un homme se tenait contre une petite table, la mine abattue, Lachlan ne l'avait jamais rencontré, ce devait sûrement être le baron Hiram Risewell, père de la mariée. Son ami, Basil Archer, restait à l'écart, il avait revêtu son costume de cérémonie, il avait perdu son sourire espiègle. Bon dieu, que se passait-il ici ?

- Lachlan, mon vieil ami, tu es en avance. S'exclama Basil. Il le rejoignit en quelques enjambées pour lui serrer la main.

- Pardonne-moi, je souhaitais m'entretenir avec toi avant la cérémonie, mais... bon sang, quel est ce désastre ?

Lachlan désigna le groupe agglutiné, le comte n'avait toujours pas décoléré. Basil lui enjoignit par un geste de la main de rejoindre son père. Son ami prit une profonde inspiration avant de dévoiler la catastrophe :

- Ma fiancée Selina Risewell a disparu.

L'écossais était abasourdi. S'il avait prédit ça en se levant ce matin pour se rendre à ce mariage.

- Comment cela se fait-il ?

- Nous n'en savons rien... - il fut interrompu par son père qui ne cessait de gesticuler, prêt à frapper avec son irritation.

- Cette écervelée clame qu'elle ne sait rien. Ta maîtresse a disparu sans que tu ne le saches, explique-toi ! hurla le comte.

La servante refoula un sanglot qui menaçait de s'échapper, si elle pleurait de nouveau, il était possible que le comte exprime son agressivité autrement.

- Après qu'on ait terminé de la préparer pour la cérémonie, j'ai quitté la chambre quelques instants pour aller lui chercher son bouquet. Quand je suis revenue, elle avait disparu. Je suis immédiatement allée prévenir monsieur le baron de ce malheur.

N'y tenant plus, la servante laissa exprimer son chagrin, du moins cela y ressemblait. Son regard fuyant n'avait pas échappé à l'écossais. D'autant plus, qu'elle continuait à se tordre les doigts, ce qui se révélait souvent être un signe d'anxiété, l'individu était terrifié à l'idée qu'on découvre un mensonge. La servante disait elle réellement la vérité ? 

- Cela fait maintenant plus d'une heure qu'elle a disparu. Les domestiques ont fouillé le moindre recoin de cette maison et du parc. Elle n'est nul part.

- Nous devrions inspecter la chambre de mademoiselle Risewell. Suggéra Lachlan. Il se doutait de la possibilité que des indices puissent éclairer le mystère de son absence, et qui sait, peut-être décider la jeune servante à parler. 

Le groupe se mit en route vers la pièce en question. Elle était située au premier étage. À première vue, tout était normal. La pièce était propre et rangée, le lit était fait parfaitement, rien n'avait été dérangé. Cependant, si Selina Risewell s'était évaporée, il devait bien en avoir une trace quelque part. Durant tout le temps de l'analyse de la chambre, Lachlan avait observé discrètement la servante, prêt à la surprendre au moindre changement de comportement qui puisse trahir ses paroles précédentes. Cela n'avait pas manqué. Elle avait jeté des coups d'œil nerveux vers la fenêtre et le lit en entrant dans la pièce puis elle avait baissé la tête. 

- Rien d'anormal dans cette pièce. Constata le baron de Thompson.

- Père, nous devons prévenir Scotland Yard. Si jamais quelqu'un s'en est pris à elle, elle peut être en grand danger.

Le comte hocha simplement la tête et quitta la pièce, suivi par son fils et le baron. Maintenant, qu'ils étaient seuls, l'écossais comptait bien faire avouer la bonne. 

- Maintenant, que nous sommes seuls, pouvez-vous me dire comment votre maîtresse a disparu ?

Le visage de la bonne se tordit dans une expression d'incrédulité. Cependant, Lachlan percevait son manque d'assurance.

- Je l'ai déjà dit à monsieur le comte, je ne .... – il ne laissa pas achever sa phrase, en connaissant déjà la fin -.

- Vous ne le savez pas, oui. Vous avez menti pourtant, n'est-ce pas ? 

La bonne baissa la tête, cela sonnait comme un aveu. Cependant, elle s'enfonça dans le silence.

- Écoutez, je ne dirai rien à votre maître si c'est cela qui vous inquiète. Dites-moi simplement ce que vous savez. Votre maîtresse court un grave danger, seule, dans les rues de Londres. 

La femme releva la tête et chercha frénétiquement la preuve qu'il ne trahirait pas sa promesse de confidentialité. Elle sembla avoir trouvé ce qu'elle cherchait, car elle déclara d'une traite :

- Mademoiselle s'est enfuie – la bonne déglutit - avec mon aide. Elle refusait se marier alors elle est partie en escaladant la façade. Je lui ai pourtant dit que cela n'était que folie, mais elle a refusé de m'écouter. 

Lachlan resta bouche bée face à ces aveux. Enfuie ? Par la fenêtre ? Seigneur, cette femme avait du cran et en même temps complètement stupide. Comment pouvait-elle penser que sa fuite marcherait ? Ne savait-elle pas que son père et sa belle-famille feraient tout pour la retrouver ?

- Où est-elle allée ? demanda-t-il.

Elle devait bien avoir réfléchi une destination, on n'improvise pas une évasion sans au moins savoir quelle direction prendre après s'être échappé de la prison, peu importe à quoi elle ressemble. Il attendit la réponse de la servante, qui ne vint pas. Elle avait recommencé à se triturer les doigts, elle hésitait à avouer toute la vérité. Si elle le faisait, cela sonnait la fin de l'aventure à peine débutée de sa maîtresse.

- Son père et le comte de Suthmeer sont en train de rameuter tous les agents de police disponibles à Scotland Yard pour retrouver mademoiselle Risewell parce qu'ils pensent qu'elle a été enlevée. Pour son propre bien, vous devez me dire où elle compte se rendre.

- En Écosse. Murmura-t-elle.

Lachlan soupira en entendant la destination. Cette Selina Risewell avait, fallait il croire, bon goût en matière de voyage, mais malheureusement pour elle, l'Écosse était bien trop proche pour qu'elle parvienne à s'enfuir sans être rattrapé auparavant. Il s'avança vers la fenêtre pour observer le jardin de la propriété Suthmeer, s'interrogeant sur la façon dont elle avait usé pour descendre. Bien qu'ils étaient seulement au premier étage, le saut n'était pas envisageable, la blessure serait inévitable. L'escalade en bonne et due forme était périlleuse, mais pas impossible, cependant pour une jeune femme, en robe de mariée, cela s'apparentait à un miracle. La dernière option était celle de la corde ou tout autre substitut. Il se rappela le coup d'œil sur le lit. Le regard de Lachlan se porta sur le drap, plié à la perfection. C'était la solution la plus probable, mais aussi la plus sotte. L'avoir remis à sa place indiquait forcément une implication et révéler immédiatement la fuite. À moins que la jeune femme ne comptât sur ça, la confusion qui secouerait tous les occupants serait telle qu'ils ne s'embarrasseraient pas des détails, si bien que la piste de l'enlèvement soit privilégiée. Cela lui permettait de gagner du temps avant qu'ils ne comprennent qu'elle s'était enfuie.

Elle était sacrément maligne, cette demoiselle, pour orchestrer un tel spectacle cependant, elle n'avait réalisé que la partie la plus facile pour le moment. La difficulté arriverait ensuite. Et malheureusement pour elle, sa présence à lui, lui avait considérablement réduit le temps dont elle disposait. Une tâche blanche dans le bosquet attirera son attention. Un voile se balançait au gré du vent, retenu seulement par les branches des hortensias. Il était accroché de telle manière qu'il ne pouvait être aperçu qu'en prenant de la hauteur. Ceci expliquait pourquoi il avait échappé aux fouilles un peu plus tôt. Cela ne pouvait appartenir qu'à une seule personne. La demoiselle l'avait malencontreusement oublié en s'échappant, elle laissait déjà des indices derrière elle. Décidément, cette escapade n'irait pas très loin.

Il congédia la femme de chambre en lui promettant de ne rien dévoiler de son implication. Elle avait suivi les ordres de sa maîtresse trop naïve qui croyait encore aux contes de fées pour penser qu'une telle démarche pouvait avoir une issue prometteuse.

Sans plus attendre, il rejoignit le bureau du comte de Suthmeer pour informer ces messieurs de ses découvertes. Il espérait que le comte n'avait pas encore eu le temps de prévenir Scotland Yard, il existait toujours une possibilité d'arranger la situation sans en faire un scandale public. Une fille de baron fuyant son mariage avec l'héritier d'un comté. La famille Risewell deviendrait la risée de la noblesse sans oublier que cela entacherait la réputation des Archer également.

- Il ne sert à rien de faire appel à Scotland Yard. Déclara l'écossais, à peine un pied posé dans le bureau.

Trois mines interrogatrices le dévisagèrent en attendant de plus amples explications. Lachlan leur montra le voile qu'il était allé récupérer dans les jardins pour appuyer ses propos.

- Je suis au regret de vous annoncer que Selina Risewell a pris la fuite. Il posa le voile sur le bureau devant les yeux éberlués du comte Suthmeer.

- La fuite, mais... comment pouvez-vous en être sûr ?

C'était le baron de Thompson qui s'était adressé à lui, pour la première fois. Ses pupilles oscillaient entre le voile et Lachlan, sans savoir où se fixer définitivement.

- Tout d'abord, si elle avait été enlevée, vous l'auriez su. On n'enlève pas une fille de baron, promise à un futur comte, le jour de ses noces de surcroît, sans une contrepartie en échange. Ensuite, aucun des gardes ou domestiques n'a relevé la moindre chose inhabituelle. Ce qui m'amène au dernier point. Si mademoiselle Risewell était passée par la porte, de sa propre volonté ou non, quelqu'un l'aurait remarqué, étant donné le nombre ahurissant d'employés aujourd'hui. conclut le marquis.

Ses interlocuteurs restèrent silencieux, mais Lachlan savait qu'il avait fait mouche auprès d'eux.

- Si elle n'est pas passée par la porte, alors par où ? questionna Basil, les sourcils froncés.

- Par la fenêtre. Elle a escaladé la façade et a perdu son voile, arrivée en bas.

Lachlan se garda d'exposer ses hypothèses quant à l'escalade de la bâtisse, cela soulèverait d'autres questions, par exemple l'aide d'un complice. Heureusement pour lui, les trois hommes étaient suffisamment sous le choc pour ne pas se pencher sur les détails. En outre, il y avait plus urgent à régler. Retrouver la fuyarde.

- Sa prochaine idée sera de quitter Londres. La destination qui ouvre le plus de possibilités est l'Écosse. C'est proche et cela lui permettra de se rendre dans d'autres pays si cela lui chante.

Sa déduction manquait de clarté et de logique, mais il ne pouvait pas faire mieux pour expliquer d'où il tenait ces informations. Le comte se leva de sa chaise et frappa du poing la table. Si la surprise l'avait laissé stoïque quelques instants, il venait de retrouver ses esprits.

- Si cette impertinente pense qu'elle peut se jouer de nous, elle se trompe lourdement. Risewell, si votre offre ne m'apportait pas autant de bénéfices, je peux vous assurer que l'accord de ce mariage prendrait fin sur le champ.

- Je vous prie de croire que je ne me doutais pas un seul instant des intentions de ma fille.

Le comte Suthmeer fut secoué d'un rire gras. La différence de rangs entre ces deux hommes était flagrante. Lachlan savait bien qu'elle existait mais, c'est la première fois qu'il la voyait aussi clairement. C'était le comte qui profitait le plus de ce contrat et pourtant, lui seul avait le pouvoir d'y mettre un terme.

- Je le sais bien, Risewell, - dans la bouche du comte, ce nom sonnait comme une insulte – vous l'auriez empêchée de toutes vos forces si vous aviez su.

- Père, que fait-on ? Basil, jusqu'alors silencieux, immergea de sa lassitude. Lachlan ne s'étonnait pas du comportement de son ami. Il avait le mariage en horreur cependant, c'était son devoir à accomplir en tant qu'héritier.

- Cette petite sotte ne sait pas à qui elle a affaire. Nous la ramènerons par la force et tu l'épouseras, Basil ! Mais pour se faire, il faut se montrer plus malin qu'elle, ce ne sera pas très compliqué.

Lachlan leva les yeux au ciel, le comte l'exaspérait. Les quelques fois où il avait eu à faire lui s'était toujours soldé par un profond agacement. C'était un vieil homme irritant, trop sûr de son pouvoir et de son influence. Basil, aussi, ne supportait pas son père. De nombreux conflits avaient éclaté entre eux toutefois, le résultat était toujours identique, Basil courbait l'échine et suivait les ordres de son père. Lachlan ne lui reprochait guère, il savait mieux que quiconque combien il était ardu de défier l'autorité paternelle.

- Comment comptez-vous faire ? la voix timide du baron Risewell perça l'ambiance pesante de la pièce. Le père de la jeune femme marchait sur des œufs.

Edward Archer toisa avec hargne le marquis écossais. Lachlan eut un mauvais pressentiment.

- C'est très simple. C'est vous, Lachlan Macrae, qui allait la retrouver.  

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