PDV Ray Anderson
Le chaos règne sur place. Les membres qui constituent la meilleure équipe de la capitale sont chargés de boucler le périmètre et d'évacuer les civils.
A travers l'écran de télécommunication j’entends des cris, des gémissements ou encore des pleurs. Je vois des choses que jamais je ne pourrais oublier. Des corps, du sang et plus encore, des débris de bâtiments jonchent le sol. Un véritable chaos. Un désastre.
Transportant les blessés, les secours vêtus de tenues vertes font de nombreux aller-retours sans jamais s'arrêter. Sur les brancards, se trouvent des personnes inanimées. Les enfants cherchent leurs parents, et des parents crient le nom de leur progéniture.
La journée commençait si bien pourtant.
De mon poste, depuis le Siège Social, je commande les opérations. Je suis bien, trop captivé par la vision d’horreur qui s’offre à moi, pour entendre mon collègue entrer dans la pièce.
— Ray.
Le son de sa voix me fait sursauter.
Je tourne la tête et croise le regard de Félix.
— Le Gouverneur t'attend dans son bureau. Il veut te parler par rapport…
Félix ne termine pas sa phrase. A la place, d’un mouvement de tête, il désigne l'écran face à moi.
— Et ne t’en fait pas. Je te remplace.
Ayant plus que confiance en mon ami, j’attrappe ma veste que j’enfile avant de quitter la salle de crise.
Les couloirs de mon unité sont déserts. Tous sont sur la place du marché. Seuls quelques individus comme Félix et moi sont encore là.
A grands pas, je me rends jusqu'à l'ascenseur que j'emprunte pour monter jusqu'au dernier étage, là où se trouve le bureau du Gouverneur Evans. Les portes s’ouvrent et j'aperçois un homme aux yeux vairons. Ses cheveux sont soigneusement attachés en une queu-de-cheval dans son dos. Son costume est impeccable, sans aucune trace de plis. Le visage sévère, il me regarde sans sourciller. Il s’agit du bras droit du Gouverneur : Lord Ewen Williams.
Celui-ci, sans rien dire, me guide jusqu'à la pièce où je suis attendu.
Le grand bureau, et dans les tons marron foncé. La présence de meubles en bois donne une allure victorienne à cette salle.
Le gouverneur Evans, assis à son bureau, lève la tête lorsque Lord williams et moi-même entrons. Je balaye la pièce du regard. Installé sur un canapé, le Ministre Principal, Olwen Jirov Consulte de nombreux documents sur sa tablette. Lorcan Evans Me fait signe de prendre place sur l'un des canapés. je m'exécute. Lui et son bras droit prennent également place. Trois paires d'yeux me scrutent avec attention.
Lorcan Evan me demande de résumer la situation.
— Ce matin aux alentours de 11h, Une personne vêtue de noir est apparue en haut d'un bâtiment. À l'aide d'un porteur de voix, il a fait un discours comme quoi il fallait agir par rapport à la situation des sans pouvoirs. Il aurait utilisé son pouvoir pour blesser les personnes présentes sur la place du marché et détruire les immeubles. Il aurait ensuite disparu dans un éclair, expliqué-je. Ce sont les informations que l’on a pu récupérer grâce au témoignage des personnes présentes à ce moment-là.
— Vous dites qu'il a utilisé son pouvoir pour détruire les bâtiments. Quel est son pouvoir ?
— Un pouvoir élémentaire. Il contrôle les éclairs.
— Vous êtes sûr ? me demande le Ministre Principal.
Les pouvoirs élémentaires sont rares. Si cette personne possède bien un pouvoir de cette catégorie, alors elle a un statut social élevé. alors pourquoi s'inquiète-il des sans pouvoir ?
Ce n'est pas cohérent, pensé-je.
— Pour cette affaire, toutes les équipes que vous superviser vont travailler avec Jirov afin de mener à bien l'enquête sur cet attentat, commence Lord Williams. Je vois que vous êtes l'une des meilleures équipes de ce secteur. Votre équipe est composée de personnes talentueuses et chacun d'entre vous a un pouvoir utile et le maîtrise à la perfection.
Tiens, Ewen Williams fait des éloges à quelqu'un ? C'est rare, pensé-je. On doit être vraiment les meilleurs dans ce cas-là.
— Vous, en revanche, en raison de votre statut, vous allez devoir vous occuper d'une autre mission, commence Lorcan Evans.
Aussitôt, je pense que cela est lié à ma condition de sans-pouvoir. Après tout, je semble être bien placée pour soutenir ce groupe.
Cette pensée me désole, moi qui pensais que le Gouverneur était différent des autres.
— Nous avons besoin d'informations. Et les plus fiables possible. Ce genre de choses ne soutient que de l'intérieur. Malheureusement, nous n'avons encore personne d'infiltré.
Durant quelques secondes, je doute de ce que j'ai entendu.
Mon regard croise celui de Lord Williams. Ses yeux vairons ne laissent aucune émotion passer. Il est aussi imperturbable que ce que l'on dit.
— Le fait que vous êtes un sans-pouvoir, d'une famille influente, et haut placé ne fera que faciliter la tâche. Faites-les croire que vous adhérez à leur cause.
Il me faut quelques secondes pour réaliser ce qu'il se passe. Moi, à l'origine qui avait rejoint l'Unité Nationale d'Intervention pour réaliser mon rêve, on me demande d'enquêter et d'infiltrer une organisation avec qui je partage mes idées. La seule différence, entre eux et moi, c'est que je compte m'y prendre d'une manière bien différente.
Oui, c'est seulement grâce à mon nom que j'ai pu bénéficier de meilleur soin, d'une meilleure éducation. Sans ce nom, je ne serai rien aujourd'hui.
Jirov me tends une puce et annonce :
— Voici toutes les informations que nous détenons à propos de ce groupe.
Lorcan Evans sort de l'intérieur de sa veste une enveloppe en papier craft. Il me la tend. Je m'en saisis.
— Votre couverture, m’informe t-il.
Délicatement, je jette un coup d'œil au papier. “Neil”... Non, ça doit être un hasard.
— Il s'agit de documents que vous devez détruire au plus vite, lance Lord Williams.
Son ton froid et distant ne me rassure pas. Il est connu pour son aversion, des sans-pouvoir. Il sait pour moi et il se retient de m'exploser la face. La seule raison qui fait que je suis encore en vie, et face à lui, c'est le fait que Lorcan Evans sont supérieurs et Olwen Jirov ancien membre des forces spéciales sont aussi avec nous.
— Vous pouvez disposer, m'ordonne Jirov.
Je me lève, salue les trois personnes et m'apprête à quitter la pièce quand Lord Williams prend la parole.
— Vous plaisantez j'espère, un sans-pouvoir pour cette mission ?
—Ewen, le reprend Lorcan. C' est le meilleur élément. il en est capable. S'il est arrivé ici avec ses compétences, il s'en sortira très bien.
Mais Lorcan Evans ne semble pas réussir à le raisonner.
À mon tour, j'ouvre la bouche et parle.
— Vous l'avez, bien entendu. si j'allais aussi jusqu'ici, c'est grâce à mes capacités et le prestige du nom que je porte. Rien d'autre.
Étonné de mon intervention, il se tait.
Son regard se durcit encore plus. les sourcils français. Il dit dans un soupir désespéré :
— Vous pensez vraiment qu'un incapable réussira ?!
Je quitte le bureau sans rien ajouter, alors que lui crie au scandale dans tout l’étage.