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Theinspiredsun
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Mon oreiller sait tout

Les assiettes sont presque vides.

Les rires se sont calmés.

Il reste juste le bruit des baguettes contre la vaisselle et quelques éclats de voix ici et là.

Ma mère ramasse les bols.

Mon père râle gentiment parce qu'elle veut tout débarrasser toute seule.

— Sion, Ilwoo, allez-y si vous voulez. Je vous apporte du thé après.

Sion se lève aussitôt, son éternel sourire aux lèvres.

— Allez viens, oppaaa, dit-il à Ilwoo avec un clin d'œil débile.

Ilwoo le suit sans un mot, sac en main, démarche calme, et disparaît dans le couloir qui mène à la salle d'entraînement au sous-sol.

Je retiens mon souffle une demi-seconde, jusqu'à ce qu'il soit hors de vue.

Et puis, Minjae se lève à son tour.

Il s'étire, fait craquer ses épaules, puis vient vers moi et me serre dans ses bras sans prévenir.

— J'ai eu ma dose d'amour pour la journée. J'peux survivre maintenant.

Je ris doucement.

— T'as de la chance que j'sois de bonne humeur.

Il resserre son étreinte, puis recule un peu pour me regarder.

— Tu vas me manquer demain, Noona. Tu veux pas venir au collège ? Juste une fois ? Par solidarité ?

— T'as 15 ans, t'as des bébés autour de toi. Contente-toi de ta fanbase.

Il rit, un peu plus bas.

— Ouais... mais c'est pas toi.

Il me fait un clin d'œil, se penche vers ma mère.

— Merci pour le dîner, madame Na. Toujours aussi parfaite.

— T'es adorable, Minjae. Rentre bien.

— Bonne nuit monsieur Na, dit-il à mon père avec un salut un peu militaire.

Mon père lève son verre de thé, amusé.

Et Minjae s'en va, comme une étoile filante en blouson noir, claquant la porte d'un au revoir sans drame.

Le silence retombe doucement.

La maison respire.

Je me lève à mon tour, pose mes baguettes, m'étire un peu.

— Je vais prendre une douche. Puis dodo.

Ma mère me sourit, encore en train de ranger.

— Dors bien, ma chérie.

Je passe à côté d'elle, lui fais un bisou rapide sur la joue.

Puis un autre à mon père, toujours avec son journal dans une main.

— Bonne nuit, princesse.

Je monte à l'étage, mes jambes un peu lourdes.

Mais mon cœur... lui, il est carrément agité.

Je monte dans ma chambre, attrape mon pyjama. Puis file dans la salle de bain, referme la porte,

et laisse l'eau couler.

L'eau chaude me frappe la nuque, les épaules, le dos.

Elle fait fondre la journée comme un sucre dans du thé.

Mes muscles se détendent.

Je ferme les yeux.

Je soupire.

Et là...

L'image me revient.

Mes mains. Sur lui.

Sur Minjae.

Sur son torse.

Je les sens encore, mes doigts serrés, la chaleur de sa veste,

le corps solide en dessous.

Putain.

Qu'est-ce qui va pas chez moi ?

Je me cache le visage avec mes mains.

C'est Minjae. Le chiot. Le drama king. Le gamin.

Je ne devrais même pas avoir senti ça.

Je devrais avoir rigolé et oublié.

Et au lieu de ça, j'y pense encore sous la douche.

Je secoue la tête, coupe l'eau.

Je sors, m'enroule dans une serviette, m'essuie lentement,

puis enfile mon pyjama.

Je me regarde dans le miroir.

J'ai les joues rouges. Encore.

Soupir.

Je sors de la salle de bain, cheveux humides, pieds nus.

J'éteins les lumières, presque prête à me glisser sous la couette...

Et là, je tilte.

— Merde. Mon sac.

Je l'ai laissé en bas, contre le mur de l'entrée, balancé à l'arrache hier en rentrant des cours.

Je redescends à pas feutrés, croise la lumière encore allumée dans la cuisine.

Ma mère est là, toujours debout, en train de remplir un plateau avec deux mugs fumants.

— T'as oublié ton sac, hein ? dit-elle sans même se retourner.

Je souris, un peu gênée.

— Ouais...

Je le récupère vite fait, prêt à remonter...

Mais elle me tend le plateau.

— Tu peux leur descendre ça ? À ton frère et à Ilwoo. Ils doivent être en train de crever de soif en bas.

Je me fige une micro-seconde.

Deux tasses.

Un plateau.

Un aller simple pour le sauna émotionnel.

— Euh... ouais. Bien sûr.

Elle me sourit.

— Merci, ma puce.

Je prends le plateau entre mes mains.

Et mon cœur, lui, commence à tambouriner.

Je souffle un coup.

Mes doigts se resserrent sur le plateau.

Un thé pour mon frère. Et pour Ilwoo.

Je descends les marches qui mènent au sous-sol.

Les premières notes m'éclatent dans les oreilles.

DPR IAN — "Don't Go Insane."

Je cligne des yeux.

Le sol vibre légèrement.

Le son est fort, mais pas violent. Juste... absorbant.

Des basses douces.

Une voix fragile.

Et un souffle, quelque part au fond.

Je m'avance.

La lumière est tamisée.

La porte est entrouverte.

Je jette un œil.

Et je bloque.

Sion est assis contre le miroir, bouteille d'eau à la main, les cheveux collés au front, en train de regarder fixement.

Mais c'est pas lui que je vois.

C'est Ilwoo.

Lui. Torse nu. En train de danser.

Et je parle pas de bouger vaguement.

Il D.A.N.S.E.

Son corps est tendu, fluide, brillant de sueur.

Ses muscles roulent sous sa peau.

Chaque mouvement est précis, viscéral, félin.

Ses bras dessinent l'air, son torse suit le rythme.

Et son bassin...

Son bassin mime littéralement les vagues.

le torse qui ondule, le souffle qui sort de sa bouche entrouverte.

Sa nuque tombe en arrière, sa mâchoire se crispe.

Et là,

la musique entre dans un autre monde :

🎶I'm Sane🎶

🎶Can't see...🎶

🎶Hah... Hah... Hah...🎶

Et lui...

Il se met au sol, avant bras posé sur le parquet.

il colle son front contre le sol.

Son dos se cambre.

Et son bassin suit. Ondule.

🎶I'm sane...🎶

🎶Mmh, Mmh, Mmh🎶

Putain.

PUTAIN.

Je ne bouge plus.

Je ne respire même pas.

J'ai juste deux tasses brûlantes dans les mains

et le cœur en vrac.

Il est beau.

Pas mignon.

Pas charmant.

Beau. Brut. Salement magnifique.

Et je me déteste de le regarder comme ça.

Mais j'arrive pas à détourner les yeux.

Ilwoo continue.

Toujours au sol.

Toujours en rythme.

Mais cette fois, il sourit.

Pas un sourire pour les fans.

Un vrai.

Hilare. Sincère. Plié de l'intérieur.

Il balance des coups de rein ridicules, volontairement exagérés,

le torse encore trempé, le corps secoué de rires.

— Regarde, regarde, Sion !

Sion éclate de rire.

— Arrête, t'as l'air possédé !

Ilwoo continue.

Encore un.

Encore deux.

Totalement mort de rire.

Et là...

il relève la tête.

Ses yeux croisent les miens.

Une seconde.

Deux.

Et son visage se fige.

Blanc. Écran bleu. Reset.

Je le vois.

La réalisation. La honte. La panique.

Et puis...

BOUM.

Il glisse.

S'étale au sol.

BAM. Plein ventre.

Sion explose.

— FRÈRE ??!

Moi, je suis figée dans l'embrasure de la porte,

le plateau encore en main,

les tasses qui tremblent.

Et je crois que je viens de voir le mec de mes rêves se désintégrer devant moi.

— ...Oh merde.

C'est Sion qui parle.

Il vient de me voir.

Son regard passe de moi, à Ilwoo étalé au sol, à moi, puis à Ilwoo.

Il essaie de rester digne, mais ses joues rougissent à vue d'œil.

Puis il craque.

— J'suis désolé mais là, c'est trop.

Il explose de rire, se retourne pour pas me regarder, mais son épaule tremble.

Ilwoo, lui, se redresse lentement, le regard bas, les cheveux collés au front.

Il passe une main dans sa nuque.

Se gratte la tête.

Se racle la gorge.

Je me tiens toujours là, figée, plateau en main.

Et j'essaie. J'essaie fort.

— J'ai... j'ai rien vu.

Silence.

Sion tousse pour masquer un rire.

Ilwoo hoche lentement la tête.

— Bien sûr. Rien du tout.

Je m'approche et lui tends le plateau.

Ses doigts effleurent les tasses.

Il ne me regarde pas.

— Merci, dit-il.

Voix calme. Juste ce qu'il faut.

Pas froide.

Pas douce non plus.

Juste... neutre. Parfaitement contrôlée.

Un ton qui dit "t'es la petite sœur de mon meilleur pote, et rien d'autre."

Pas un mot de plus. Pas un regard de trop. Rien.

Il recule d'un pas, s'efface.

Presque comme s'il voulait disparaître derrière le plateau.

Sion, lui, adoucit l'ambiance.

— Tu vas dormir ?

Je hoche la tête.

— Ouais.

Il s'approche, me tire doucement contre lui.

Et me dépose un bisou sur le front.

— Bonne nuit, p'tite sœur.

— Bonne nuit.

Je me retourne.

Je monte les marches doucement,

le cœur agité, les joues en feu.

Je remonte les marches à moitié en apnée.

Mon cœur tape contre mes côtes comme s'il voulait sortir par mes clavicules.

Je pousse la porte de ma chambre.

Et là...

Je me jette dans mon lit.

Littéralement.

Face contre oreiller.

Bras écartés.

Jambes qui battent dans le vide.

Corps en crise.

— AAAAH–

Un cri étouffé dans le coussin, étouffé mais viscéral.

Je secoue les jambes. Les bras. Le dos.

Une crise de nerfs silencieuse version "j'ai vu une divinité faire des vagues au sol."

— Putain. Il était... waouw.

J'aurais voulu être le sol.

Juste... pendant deux secondes.

Le sol. Sa transpiration. Son souffle.

Je lève la tête, les joues en feu.

Je cherche mon carnet.

Mon carnet noir.

Celui que personne ne connaît.

Celui caché sous mon oreiller, là où je garde tout ce que je peux pas dire à voix haute.

Je l'attrape, l'ouvre vite.

Et j'écris.

"Ilwoo. Salle d'entraînement. Torse nu. Danse. Sueur. Hanches. Sol. Respiration.

Je vais mourir."

Je referme.

Je le replanque.

Je respire enfin.

Un peu.

Je me roule sous ma couette.

Mon cœur ralentit.

Et je souris.

— J'ai vu le meilleur truc possible avant de dormir.

Je ferme les yeux, encore rouge, encore chaude, encore pas du tout prête à dormir.

Et là...

Mon téléphone vibre.

Je le chope sans réfléchir.

📲 Appel visio – Haru.😊

Je souris déjà.

Je décroche.

— T'as une tête de patate douce, il dit en riant dès que mon visage apparaît.

— Et toi t'as une tête de mec trop parfait à 23h alors que j'suis en PLS, réponds-je en remontant la couette sur mon nez.

Haru.

Mon Haru.

Enfin... façon de parler.

On se connaît depuis la maternelle.

Nos parents sont amis.

On a grandi côte à côte, avec les mêmes goûters, les mêmes devoirs, les mêmes secrets d'enfant.

Aujourd'hui, on est dans la même classe au lycée.

Et Haru, ben... c'est Haru.

Grand, belle peau, cheveux bruns doux et en bataille, yeux clairs qui rient tout seuls.

Il a cette vibe de drama boy parfait, toujours bien habillé sans jamais forcer,

toujours gentil, toujours patient.

C'est le gars que tout le monde aime.

Mais il n'a jamais d'yeux pour moi et moi non plus.

— T'as fait les exos de maths pour demain ? demande-t-il.

Je grogne.

— Oui. Mais y'a deux-trois trucs qui m'ont prise pour une idiote.

Il sourit.

— J'te les montre demain matin avant les cours. Comme ça t'es chill.

— T'es trop adorable, sérieux.

Il mime un petit cœur coréen avec ses doigts.

— J'ai signé pour être ton sauveur, c'est dans le contrat.

Je ris doucement.

— T'as fait quoi aujourd'hui ?

Il s'affale contre un coussin. Il est dans son lit, t-shirt blanc, couette beige.

La lumière est douce. Sa voix aussi.

— Répétition avec l'orchestre. Puis j'ai bossé un peu. Et toi ?

— J'étais avec Haeun et Minjae. On est sortis, café, plage, photos débiles, comme d'hab.

— Dommage que j'aie pas pu venir, dit-il, un petit pli triste dans le coin de ses lèvres.

— Grave. T'as manqué à la team.

Il sourit doucement.

— T'as pensé à moi ?

Je le regarde.

Et je souris aussi.

— Toujours, débile.

Il baisse un peu les yeux, comme gêné.

Puis relève la tête.

— Alors à demain ?

— À demain, Haru.

Il fait un petit salut militaire débile, puis un clin d'œil.

— Bonne nuit, Suhwa.

— Bonne nuit.

L'écran s'éteint.

Je pose mon téléphone sur ma table de nuit.

Et le silence reprend possession de la pièce.

Je me glisse sous la couette, m'enroule dedans,

et je ferme les yeux.

Mais évidemment...

le sommeil, lui, il joue à cache-cache.

Je tourne une fois.

Deux.

Je tire la couette. Je me roule.

Mon oreiller devient un champ de bataille.

Et tout recommence.

Mes mains sur Minjae.

Le contact brûlant.

Son torse.

Le choc.

Je rougis dans le noir.

Putain.

Je change de position.

Essaye d'effacer.

Mais ça continue.

Ilwoo. Sa danse. Sa peau brillante. Ses hanches. Sa chute.

Je me mords la lèvre.

Encore un tour dans les draps.

Encore un soupir.

Et puis...

Haru.

Son sourire doux.

Ses yeux calmes.

Sa voix.

"J'ai pensé à toi ?"

Je souffle un rire dans l'obscurité.

— C'est quoi cette vie, sérieusement...

Depuis quand j'ai autant de beaux garçons dans ma ligne de mire ?

Je ferme les yeux.

Enfin.

Mon cœur ralentit.

Et je glisse doucement dans le sommeil,

entourée de trop de pensées...

et pas assez de réponses.

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