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Theinspiredsun
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Golden Lies

On referme nos cahiers de maths.

Haru les empile soigneusement, comme si c'était des dossiers confidentiels.

Haeun les pousse dans son sac à dos comme si elle enterrait un corps.

Et moi... je respire.

Minjae, lui, ne m'a pas quittée des yeux une seule seconde.

Il est assis à côté de moi, les coudes sur les genoux, le regard braqué sur ma joue comme si j'étais la Lune en plein jour.

— Quoi ? je souffle.

Il secoue la tête, tout sourire.

— Rien. T'es juste jolie, c'est tout.

Je lève les yeux au ciel, Haru ricane.

Et on entre.

Cheonghwa Private Institute (청화학원).

Lycée ultra sélectif. Complexe scolaire cinq étoiles. Rêve de milliers de familles, cauchemar de n'importe qui sans influence ou compte en banque bien rempli.

Les bâtiments se dressent comme un mélange d'université américaine et de sanctuaire coréen ultra moderne.

Des vitres partout.

Des colonnes en marbre blanc.

Des jardins entretenus au millimètre.

Et au centre, une immense cour commune, partagée entre le collège et le lycée.

Mais faut pas s'y tromper.

Ici, tout est cloisonné.

Les collégiens à gauche. Les lycéens à droite.

Les groupes riches avec les groupes encore plus riches.

Les enfants de PDG, les futurs héritiers, les stars en formation, chacun reste dans son couloir social.

Personne ne se mélange.

Sauf nous.

Nous, c'est l'exception.

On avance dans la cour.

On se pose dans un coin d'ombre.

Et là, ça commence.

— KYAAAA MINJAE OPPA !!

Une voix. Puis deux. Puis trois.

Trois collégiennes arrivent en courant. Uniformes ajustés, blush trop visible, voix criardes.

— Oppa tu m'as pas répondu hier sur Insta !

— Tu peux me suivre en retour ?

— Oppa tu veux du chocolat ?

Il les regarde. Une seconde.

Puis son regard se refroidit, genre vraiment.

— Non et j'aime pas le chocolat.

Sec. Froid. Glacial.

Les filles restent figées. Leurs sourires fondent comme neige au soleil.

Et lui... se retourne vers moi.

Le switch.

Du démon au golden retriever.

Sourire. Lumière dans les yeux. Transformation instantanée.

— Noona tu veux du chocolat ? J'en achèterai pour toi ! Même si j'aime pas ! Je peux apprendre à aimer ! Pour toi je peux aimer n'importe quoi !

Je le regarde en clignant des yeux.

— C'est incroyable cette double personnalité. Tu devrais consulter.

Haeun étouffe un rire.

— C'est clairement une pathologie, j'te jure.

Minjae s'assoit entre nous deux, pose sa tête sur mon épaule et soupire.

— Le lycée, c'est trop violent émotionnellement.

Haru le pousse doucement.

— Dégage.

Et on reste là.

À l'ombre du grand bâtiment.

À regarder les autres s'agiter, chacun dans leur rôle.

Les riches jouent aux héritiers.

Les héritiers jouent à faire semblant de ne pas être riches.

Et nous, on est juste là.

À attendre que la sonnerie nous rappelle que c'est l'heure d'apprendre à devenir des adultes dans un monde qui n'attend que notre chute.

Et... je me sens bien.

DRIIIIIIIIIIING.

La sonnerie explose à travers la cour comme un cri de guerre.

Minjae pousse un gémissement théâtral et s'accroche à mon bras comme si on allait l'exiler en Sibérie.

— Noonaaa... on va être séparés... Je vais faire une crise d'angoisse... J'vais pleurer... J'vais mourir...

Je tente de le repousser.

— T'es au collège, t'as juste à traverser la moitié de la cour.

— C'est ça le pire !! L'ÉLOIGNEMENT ! On est liés par l'âme, tu peux pas m'abandonner comme ça–

— Minjae...

Haru lui donne un coup dans l'épaule.

— Va en cours avant qu'un surveillant nous colle tous.

Il se redresse d'un coup.

— Vous êtes sans cœur.

Et là.

— Oppa~ viens t'asseoir à côté de moi aujourd'hui !

Une fille. Uniforme parfait. Lèvres glossées. Faux sourire.

Minjae tourne la tête vers elle lentement.

Expression neutre.

Regard vide.

— T'es qui, déjà ?

Elle reste figée. Haeun éclate de rire.

Et lui, sans attendre, me regarde avec un grand sourire. Retour du chiot.

— À ce soir Noona !! Je vais penser à toi en cours de sciences !!

Et il dégage. Genre, littéralement. Il trottine comme un gamin heureux vers son bâtiment.

Je secoue la tête.

— Faut vraiment qu'il se fasse diagnostiquer.

Haru rit doucement.

— Il est trop bizarre pour ça. Aucun test standard peut le gérer.

On se dirige tous les trois vers l'aile Est du campus.

Direction : salle 2B.

Cours de mathématiques.

Professeur Oh Jinhyuk.

Haeun soupire.

— Tu crois qu'il va encore nous coller des intégrales à 8h du mat' ?

— S'il ose, je saute par la fenêtre, je jure.

— Moi je saute sur lui. Il est beau, en vrai.

Haru se retourne vers elle, un sourcil levé.

— Il a une femme et trois enfants.

— ...Et alors ? C'est pas un crime d'avoir des yeux fonctionnels.

Je ris doucement.

Et on entre dans le bâtiment, prêts à affronter notre premier cours de la journée.

La salle 2B est grande, lumineuse, avec une odeur de craie et de café.

On s'installe dans le fond, à notre place habituelle.

Avant-dernier rang : Haeun à ma gauche, moi au milieu.

Derrière nous : Haru. Toujours là. Toujours tranquille.

Le cours commence.

Professeur Oh Jinhyuk, costume gris impeccable, cheveux trop bien peignés pour être naturels, voix douce mais hypnotiquement lente.

— Aujourd'hui, nous reprenons les fonctions exponentielles. À partir de la page 92. N'oubliez pas d'annoter la courbe selon les valeurs de...

Je l'écoute.

Un peu.

Je prends des notes sans effort. C'est facile, presque automatique.

Les chiffres, les lettres, les dérivées. Mon cerveau tourne tout seul.

À côté, Haeun lutte contre le sommeil. Sa tête tombe, se redresse, rechute.

Et derrière...

Je sens les doigts de Haru jouer doucement avec une mèche de mes cheveux.

Un tic.

Il fait ça depuis la 4e.

Toujours du bout des doigts, toujours sans mot.

Je le laisse faire.

Toujours.

Je crois que c'est juste... lui.

Il mâche un chewing-gum tranquillement, penché sur sa feuille, et dessine des petits ronds en haut de la marge. Il est détendu. Calme.

Et je me sens bien.

Enfin, jusqu'à ce que...

CLAC.

La porte s'ouvre comme dans un drama.

Les têtes se tournent.

Et elle entre.

Cha Yura.

Uniforme ajusté au millimètre, jupe raccourcie comme si le règlement ne l'atteignait pas.

Talonnettes brillantes, sac de marque au bras, maquillage parfaitement appliqué.

Ses cheveux sont lissés à la perfection.

Ses lèvres brillent sous la lumière du plafond.

Et son regard balaie la salle comme si elle cherchait une raison de mépriser l'humanité.

— Je suis désolée, Monsieur Oh. Mon chauffeur a été coincé dans les bouchons... à cause d'un accident sur la ligne express du sud.

Sa voix traîne. Douce, mielleuse. Un peu trop.

Prof Oh hoche la tête, visiblement habitué.

— Prenez place, mademoiselle Cha.

Et là, bien sûr.

Elle s'avance.

Son sac balance contre sa hanche.

Ses yeux scannent la salle comme un radar en chasse.

Et elle vient.

Jusqu'au fond.

Et s'assoit.

À côté de Haru.

Je sens ses yeux se poser sur moi une demi-seconde.

Puis sur lui.

Puis sur moi.

Puis de nouveau sur lui.

Et elle pose son sac bruyamment sur la table.

— Salut, Haru, dit-elle comme si elle récitait une réplique qu'elle attendait depuis des années.

Il ne tourne même pas la tête.

— Salut, souffle-t-il, sans la regarder.

Et retourne à ses notes.

Elle se penche un peu vers lui, comme pour "murmurer".

— Tu viens à la réunion de musique cet aprèm ? Je t'ai pas vu la semaine dernière...

— J'étais occupé, répond-il, toujours aussi froid.

Et là...

Je la vois sourire.

Pas un sourire sincère.

Un sourire de défi.

Elle se rapproche encore un peu.

— Tu sais, si t'as besoin d'aide pour la compo, je suis dispo. N'importe quand. Même la nuit, hein...

Elle rit doucement, comme si elle venait de sortir la meilleure chose de l'année.

Je garde les yeux sur mon cahier.

Haru ne mérite pas ça.

Il est gentil. Trop gentil.

Il ne l'envoie jamais bouler.

Il se contente de l'ignorer poliment, comme maintenant.

Il continue à mâcher son chewing-gum, note une équation, et...

Reprend une mèche de mes cheveux entre ses doigts.

Comme si elle n'existait pas.

La fin du cours approche enfin.

Je regarde l'horloge au-dessus du tableau comme si elle allait me sauver.

8h58.

59.

Et...

DRIIIIIIING.

La cloche sonne.

Haeun lève la tête d'un coup, genre victime d'une libération nationale.

Haru ferme son cahier avec calme, sans se presser.

Et moi... je respire enfin.

On se lève.

Cha Yura reste un peu derrière, bien sûr.

Elle ajuste sa jupe. Elle fait semblant de chercher son surligneur.

Elle attend que Haru lui parle.

Il ne dit rien.

Pas un mot.

Il passe devant elle. Moi aussi. Haeun aussi.

Et elle, elle reste là, seule avec son gloss.

On traverse le couloir ensemble.

Direction : le cours de musique.

L'aile Ouest est plus calme.

Les murs sont couverts de photos de concerts, d'élèves en costume, d'instruments exposés sous vitrine.

Et, tout au fond du couloir...

La salle 1M.

Salle de musique.

Je souris.

J'aime ce cours.

Pas juste parce que c'est cool — mais parce que c'est là que je respire vraiment.

Parce que quand je chante...

tout s'arrête.

Et les autres le savent.

Parce qu'ici, tout le monde sait que je suis la petite sœur de Na Sion.

L'idole. La légende. La voix d'or.

Et maintenant...

y'a moi.

Je chante comme je respire. Sans forcer. Sans technique. Sans école.

Mais quand j'ouvre la bouche, les têtes se tournent.

Même les profs.

Même Mr Lee.

Et c'est aussi pour ça que Cha Yura me déteste.

Parce qu'elle, elle chante aussi. Super bien.

Mais elle travaille pour ça.

Elle se bat, elle s'entraîne, elle se compare.

Et moi ?

Je me contente de chanter.

Mr Lee Jeongwon.

Jeune. Beau. Gentil.

Toujours bien habillé, souvent en chemise blanche ouverte sur un t-shirt noir.

Des lunettes rondes, un sourire doux, une voix claire.

Il a cette vibe de chanteur de ballade mélancolique qui donnerait des cours juste pour nous apaiser.

Et puis surtout : il respecte ses élèves.

Pas comme certains dinosaures de l'administration.

Haru aime aussi ce cours.

Il joue du piano comme un prodige.

Haeun gratte un peu la guitare, elle est pas mauvaise.

Et moi ?

Je chante.

Et je suis faite pour ça.

On arrive devant la porte.

Derrière, on entend déjà Mr Lee jouer quelques notes pour s'échauffer.

Je me tourne vers eux, sourire en coin.

— J'vais pas vous mentir. C'est mon cours préféré.

Haeun hoche la tête, déjà en train de sortir sa partition.

— Il a une belle bouche, ce prof. C'est tout ce que j'ai à dire.

Haru soupire.

— Tu peux pas juste apprécier la pédagogie ? Une fois ?

Elle le regarde avec un faux air choqué.

— Tu crois que c'est pour ses gammes que les filles le regardent comme ça ?

Moi je ris doucement.

On est sur le point d'entrer, main sur la poignée...

Quand une main parfaitement manucurée attrape le bras de Haru.

— T'attends même pas ta partenaire ?

Cha Yura.

Toujours là au mauvais moment.

Elle lui sourit, trop près, trop sûre.

Ses ongles vernis brillent sous la lumière.

Et son parfum étouffant me monte à la gorge.

Haru ne bronche pas.

Il soupire, doucement.

— Viens, on va être en retard.

Et il se dégage sans brusquerie, mais sans douceur non plus.

On entre dans la salle de musique.

L'odeur du bois, du vernis des instruments, du cuir des chaises.

Le piano à queue trône au centre, comme un roi.

Les rayons du soleil traversent les grandes vitres en dessinant des lignes claires sur le sol.

Je m'installe entre Haeun et Haru.

Yura se cale de l'autre côté, bien sûr.

Toujours proche, jamais invitée.

Mr Lee referme la porte derrière lui.

Sourire doux. Lunettes bien placées. Cahier dans les mains.

— Bonjour à tous. Aujourd'hui, on va commencer par un petit échauffement vocal, puis un duo piano-voix, avant de vous parler de l'audition de cet après-midi.

L'ambiance se détend.

Les voix s'élèvent doucement.

Haeun fredonne juste, mais joliment.

Elle a une voix claire, pétillante. Ça colle à son visage.

Haru... lui, il a une voix grave, pleine, un peu éraillée quand il descend trop bas.

Mais il chante bien. Vraiment bien.

Et moi...

Je me tais pour l'instant.

Je garde ça pour plus tard.

Mr Lee joue quelques accords.

— On commence par des gammes simples. Haeun, tu veux bien commencer ?

Elle se lève, chante sans hésiter.

Sourire, petit clin d'œil au prof.

Le ton est bon.

Puis c'est au tour de Haru.

Il chante droit, sérieux, concentré.

Mr Lee hoche la tête avec un petit sourire.

— Très bon. T'as travaillé, ça s'entend.

Yura se lève sans qu'on lui demande.

Elle se place, inspire.

Et elle chante.

C'est beau.

Faut être honnête.

Elle a une voix puissante, maîtrisée.

Un vibrato bien calé, une technique pro.

Elle sait ce qu'elle fait.

Et elle le sait trop.

Quand elle finit, elle me jette un regard.

Pas discret. Pas neutre.

Un regard de duel.

Mr Lee sourit, toujours pro.

— Merci, Yura.

Elle retourne à sa place, droite comme une diva.

Et là...

Mr Lee pose son cahier sur le piano.

— Avant de continuer, je dois vous parler d'un truc important. Le spectacle de l'académie aura lieu dans deux semaines. C'est un événement majeur. Il y aura les parents, les profs, les journalistes... et le maire en invité d'honneur.

Un léger murmure traverse la salle.

— Cet après-midi, pendant le cours optionnel, on choisira le soliste principal. Celui ou celle qui ouvrira le concert avec une chanson solo.

Et là.

Le regard de Cha Yura me transperce.

Elle sourit.

Mais c'est pas un sourire.

C'est une déclaration de guerre.

Et moi, je la regarde droit dans les yeux.

Pas de mot.

Mais je pense très fort :

Pas de problème.

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