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Chapitre 1 : Les princesses d’Ashor

Partie 1

Après ses moments hors du temps, Amarys doit revenir à sa réalité et exercer ses devoirs de princesse. Elle se mêle alors à son peuple qui la salue avec timidité, ce qui la blesse profondément. La jeune femme sait pourquoi son peuple la craint mais elle a travaillé des années durant pour conserver un contrôle devenu parfait.

Pourquoi la veulent ils sur le trône s'ils la craignent autant ? Emerys ferait une meilleure reine avec sa douceur naturelle. Sa sœur aînée ne se force jamais, son sourire tendre est toujours naturel.

Toutes les trois se ressemblent beaucoup physiquement. Elles partagent ce même teint ambré ainsi que leur cheveux bruns. Elles sont pourtant si différentes à l'intérieur.

Menerys, suit de près ses deux sœurs, sentant l'anxiété la gagner. Elle aussi est crainte par ses paires à cause de son pouvoir destructeur. Elle inspire doucement, refoulant les flammes qui ne demandent qu'à sortir. C'est alors qu'une main se glisse dans la sienne et des iris d'un vert vibrant accrochent son regard. Amarys.

—« Ça va ? » demande la benjamine en serrant sa poigne.

—« Oui... c'est juste... c'est difficile d'être dévisagé de la sorte. Comment tu gères ça toi ? »

—« Je ne le gère pas particulièrement tu sais... j'ai juste travailler deux fois plus pour contrôler mon dos et leur donner tord. Tu n'es pas dangereuse Menerys »

—« J'aurais aimé être une guérisseuse comme Emerys » murmure Menerys, la voix tremblante.

—« Moi aussi » réponds Amarys sur le même ton peu assuré.

Elles regardent ensemble leur aînée au loin, agenouillée devant une marée d'enfants. D'autres affluent en riant et tirent Emerys par la main, la guidant à travers la forêt dense. Ils font des courbettes aux statues protectrices de nos ancêtres et continuent de traîner Emerys jusqu'à l'école d'Ashor, celle qui apprend aux jeunes Mages à maîtriser leur magie.

Les deux cadettes se figent, leur souffle se coupe. Elles fixent ensemble cet établissement qui est à l'origine de la peur du peuple. Menerys — durant son adolescence, avec l'arrivée de ses menstruations — a perdu le contrôle et a incendié  l'école ainsi qu'une grande partie de la forêt. Heureusement que l'enseignante maîtrisait la magie de l'eau.

Pour ce qui est d'Amarys, elle a perdu le contrôle bien plus jeune. Un jeune garçon plutôt puissant — ce qui est rare pour un homme — l'a bousculé et s'est moqué d'elle en lui lançant un énorme lézard dessus. Amarys en a une peur bleue et dans la panique, elle a utilisé son don et est entrée violemment dans la tête du gamin. Par chance Emerys a pu la calmer à tant et prendre ensuite en charge le garçon. Il a bien failli perdre la raison.

Amarys se concentre sur la statue d'une de ses ancêtres, Amarys première du nom. Elle se tient droite, sa couronne portée avec une fierté non dissimulée. Malgré tout, son regard est doux et juste. À ses pieds se trouve une stèle sur laquelle est écrite son don. La variation du temps.

Amarys envie cette magie très utile. Sécheresse ? Il n'y a qu'a appeler la pluie. Inondation ? Rappelons le soleil. Ce pouvoir peut aussi défendre. Elle pouvait foudroyer un ennemi ou protéger son peuple de regards indiscrets grâce à un épais brouillard.

Amarys fixe le nom gravé dans la pierre. Amarys Première du nom.

Celle que l'on vénérait, que l'on aimait.

Pas crainte. Aimée.

Elle détourne les yeux, presque honteuse de porter le même prénom.

Elle ne sera jamais elle.

Elle n'est qu'un reflet brisé, une ombre trop acérée.

—« Tu penses à elle ? » demande Menerys, sans détour.

Amarys hoche la tête, mais ses lèvres restent closes.

Menerys s'approche de la statue à son tour. Ses doigts frôlent la stèle, la chaleur de sa paume semblant réveiller les mots gravés.

—« Tu aurais voulu ce pouvoir-là ? »

Amarys lâche un petit rire amer.

—« Qui ne voudrait pas de celui-là ? Il ne détruit pas. Il protège, il répare, il console. Il fait pousser les récoltes... Il ne brise pas les esprits. »

Un silence. Pesant. Sincère.

Puis une voix douce, derrière elles.

—« Mais il ne lit pas dans les cœurs. Il ne voit pas ce qui se cache derrière les sourires. Il n'offre pas la vérité, Amarys. »

Les deux sœurs se retournent.

Emerys est là, sa robe simple couverte de poussière d'écorce, les mains encore tachées de craie et de sève. Elle sourit doucement, les yeux brillants d'une tendresse sans faille.

—« J'ai vu vos regards depuis la clairière... Vous vous souveniez. »

Menerys baisse la tête. Amarys, elle, soutient le regard de leur aînée.

—« Comment pourrais-je oublier ? Ces souvenirs sont gravés dans leurs yeux à eux aussi. »

—« Ce sont de vieilles blessures. » répond Emerys. « Mais le peuple n'est pas figé. Il apprend, il guérit. Il suit ce qu'on lui montre. »

Amarys serre les dents. Elle admire cette douceur. Et elle l'envie.

—« Alors qu'est-ce qu'on leur montre, Emerys ? Trois sœurs qui ne savent pas si elles doivent régner ou fuir ? »

Emerys s'approche. Elle prend leurs mains, l'une dans la gauche, l'autre dans la droite.

—« Non. On leur montre trois flammes. Différentes, oui. Mais ensemble. Et s'ils ont peur... alors on les éclaire. Pas en s'excusant d'exister. Mais en leur rappelant pourquoi on est là. »

Le vent se lève. Les feuilles dans les arbres bruissent comme un murmure ancien.

Et, un instant, Amarys imagine que les statues les écoutent.

—« Ensemble... » souffle Menerys.

Amarys serre les doigts d'Emerys. Pour une fois, elle ne recule pas.

—« Ensemble. »

Une semaine passe sans qu'Amarys n'aille à l'auberge se trouvant à l'Ouest. Elle revoit cette échoppe qui ne paît pas de mine vue de l'extérieur avec son toit en chaume.

Contrairement à Ashor, la végétation y était quasi inexistante, tout était sous contrôle. Des champs parfaitement alignés, des puits et plein de maisonnettes avec ce toit en chaume. Une brise et tout s'envole.

Amarys entre dans l'auberge et visualise le bar servant de l'alcool fort, les bouteilles alignées derrière l'aubergiste taciturne. Les tables sont placées de manière aléatoire, certaines sont occupées, d'autres non. Amarys remarque alors Kael assit dans un coin ombragé, un verre contenant une liqueur ambrée qu'il porte à ses lèvres. Il est accompagné d'un autre homme. Blond, grand et baraqué. Il porte le même genre de tatouage mais sur le droit et une rune orne son cou. Soudain, Amarys croise ses yeux d'un bleu polaire et se réveille en sursaut.

—« Putain... c'était quoi ça ? » murmure t-elle pour elle même.

Amarys reste quelques instants figée dans son lit, la respiration saccadée, le cœur battant à tout rompre. La chambre est baignée d'une faible lueur lunaire. Elle presse ses doigts contre ses tempes, comme pour chasser l'image de ce regard glacial qui la hante encore.

Ce n'était pas un rêve ordinaire. Pas un simple souvenir. Non... elle n'avait jamais vu cet homme blond. Et pourquoi avait il des tatouages similaires à ceux de Kael ?

Elle ferme les yeux. Revoit les tatouages. Les runes. La froideur calculée dans les yeux de l'inconnu.

Elle se redresse d'un bond, traverse la pièce et attrape un parchemin dans un tiroir caché sous une dalle de pierre. Il est ancien, recouvert de symboles protecteurs. Sa mère le lui a donné afin qu'elle comprenne mieux sa magie et puisse la contrôler efficacement. Amarys le déplie avec précaution, révélant un cercle runique détaillé — un guide ancestral pour les Mages de l'esprit. Il permet de distinguer les rêves ordinaires... des intrusions.

Se pourrait il qu'Amarys ait atteint un tel niveau de puissance qu'elle pouvait se projeter ? S'introduire même à distance dans la tête d'autrui ? Non... impossible.

Quoique. Il était difficile de l'affirmer, les Mages de l'esprit naissaient rarement. Amarys était la première depuis plus de cent ans. C'est donc un don dangereux et rare, en plus d'être méconnu. Même sa mère ne pouvait affirmer le potentiel d'Amarys. Allait elle devenir encore plus puissante ? À quel point ?

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