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Chapitre 5 : L’amour d’une mère

Emerys courait partout, affolée. Elle comptait s'unir pour la vie avec Elwen pour la prochaine lune mais n'avait pas réalisé tout le travail que cela représentait.

Le Conseil est toujours ouvertement contre ce mariage puisque Elwen n'est qu'un fermier et qu'il ne vient pas d'un lignée puissante. Le pauvre homme ne peut que faire voltiger de petites feuilles et s'il se concentre, le Mage peut soulever un chat mais pas plus. Il est un Mage du vent mais faible.

Emerys alla trouver sa mère et ses sœurs pour déjeuner ensemble, comme à leur habitude. Amarys était déjà attablée, de gros cernes sous les yeux, ses joues creusées par la fatigue et ses cheveux bouclés noués dans un chignon brouillon.

Menerys était silencieuse et triturait l'ourlet de sa robe fine, ses longs cheveux lisses tombant dans son dos.

—« Ça va pas ? » demande Emerys en s'asseyant tout près de sa mère.

—« Le pouvoir de ta sœur a encore grandi et maintenant elle fait des projections astrales en pleine nuit... je ne sais pas comment l'aider à se contrôler » répond Amaelys en servant une belle cuisse juteuse de poulet à sa benjamine.

—« Je vais bien maman, tu t'inquiète pour rien » réponds Amarys avec une petite voix.

Elle ne croit même pas à son propre mensonge.

Amaelys frappe la table en bois du plat de sa main, faisant vibrer les plats s'y trouvant.

—« Non ça ne va pas ! Hier soir tu as été loin, très loin ! Et tu as utilisé énormément de magie ! J'ai cru... j'ai cru te perdre ! » hurle la reine, des larmes ruisselant sur son visage déformé par l'inquiétude.

Amarys éclate en sanglots à son tour et tape son front sur le bord de la table. Emerys se jette sur sa cadette pour l'empêcher de se blesser.

—« C'est quoi cette forêt de ronces et ces gens... ils sont décharnés et affamés. Je les ai tué maman ! Kael... ce gars de l'auberge... je l'ai senti et il m'a comme... attirer à lui dans cette forêt de ronces. Je les ai tués »

—« Amarys tu dois te calmer » dit Menerys en lui attrapant la main.

—« Mais j'essaie ! Je rêve de silence ! Mais ça hurle en continue ici » hurle Amarys en tapotant sa tempe de son index. « J'entends tout et je ne sais pas comment arrêter... c'est trop bruyant ! Même sans ces foutus voyages astraux, je ne pourrais pas trouver le sommeil ! »

Le silence s'abattit sur la pièce, seulement troublé par les sanglots d'Amarys et les respirations saccadées de ses sœurs.

Amaelys se leva lentement, contournant la table pour s'agenouiller devant sa benjamine. Elle prit son visage entre ses mains, avec une douceur que seule une mère pouvait offrir.

—« Ma chérie... ce n'est pas ta faute. Rien de tout ça. Ni la forêt. Ni les cris. Ni ces morts. »

Amarys ferma les yeux, tremblante.

—« Mais je les ai tués à distance... j'ai senti la magie couler en moi comme une marée noire. J'étais là... j'étais avec Kael. Il hurlait et combattait... il allait mourir sans mon intervention et je m'en suis voulue après de l'avoir sauvé... ils ont tué papa... il méritait de mourir mais... je n'ai pas pu. Et puis il y avait ces ronces partout. Des visages sans yeux qui hurlaient encore et encore. Et... et mon pouvoir m'a échappé. Il les a tous atomisé »

Amaelys ferma les yeux en soupirant longuement. De nouvelles larmes glissèrent en silence sur ses joues rougies d'émotion.

—« Vous étiez si jeunes... mon coeur était à la fois vide et rempli... je voulais me venger et vous protéger » murmura la reine. « Je pensais bien faire. Nos relations ont toujours été tendues mais ils ont tout détruit en tuant vôtre père. Il était l'amour de ma vie... c'est moi... c'est ma colère et ma haine qui est à l'origine de cette Terre Maudite... autrefois cette terre était une partie du territoire des Skalgrimr »

—« Les Maudits sont donc des Skalgrimr ? » demande Menerys.

—« Non... certains humains vivaient parmi eux, ici aussi il y avait des humains autrefois. Certains Maudits sont des sortes de drogués qui consommait l'Etincelle en buvant du sang de Mage ou de Skalgrimr. D'autres le sont devenus avec la guerre. Ils ont été irradiés par nos pouvoirs respectifs. La forêt était sublime, aussi belle que la nôtre. Il y vivait des Skalgrimr dans un immense village. J'ai entendu dire que l'assassin de votre père y vivait alors j'y suis allée et en une nuit, j'ai fait de leur rêve un cauchemar. Ils ont répondu et la guerre a éclaté. »

Le silence tomba à nouveau, épais comme la brume des lendemains de bataille. Emerys, blême, posait un regard neuf sur sa mère. Elle comprenait à présent d'où venait cette tristesse sourde que la reine dissimulait derrière son port droit.

—« Tu l'aimais... vraiment, » murmura-t-elle.

Amaelys acquiesça, un sourire triste accroché aux lèvres.

—« De tout mon être. J'ai défié le Conseil pour lui. Ils pensaient qu'il m'affaiblirait, qu'il ternirait ma lignée. Mais il m'a rendue invincible. Pas par la magie... par l'amour. »

Elle se tourna vers sa fille aînée, la regardant droit dans les yeux.

—« Tu te heurtes au même mur aujourd'hui, Emerys. Le Conseil n'a pas changé. Ils veulent que nous soyons fortes, oui... mais à leur manière. Selon leurs règles. »

Elle inspira profondément, essuyant les dernières larmes sur ses joues.

—« Écoute ton cœur. Elwen n'est peut-être pas un grand Mage... mais il est ton égal dans ce qui compte vraiment. Ne les laisse pas t'en priver. »

Emerys eut un petit rire tremblant, entre tendresse et chagrin.

—« Il n'arrive même pas à faire voler un chat sans être au bord de l'évanouissement »

—« Et pourtant, il fait battre ton cœur plus fort que n'importe quel seigneur aux pouvoirs redoutables, » conclut doucement Amaelys.

Amarys releva la tête, les yeux brillants, les joues encore humides.

—« Ils veulent nous couper de ce qui nous rend humaines. C'est ça, le vrai danger. »

Menerys murmura, presque pour elle-même :

—« L'amour est la seule magie qu'ils ne contrôlent pas. Et vous mes filles... vous êtes mes trésors et je mettrais moi même Ashor à feu et à sang si c'est pour vous protéger. Alors pas un mot à qui que ce soit sur la perte de contrôle d'Amarys. Je vais trouver une solution. En attendant, Amarys repose toi autant que possible, Menerys cherche une solution dans les bouquins de la bibliothèque et Emerys prépare toutes sortes de tisanes apaisantes et d'onguent relaxant. Je m'occupe du reste. »

Toutes les trois acquiescèrent puis le repas se déroula dans un silence presque religieux. Les trois sœurs avaient découverts une nouvelle facettes de leur mère. Elle qui s'était toujours montrée douce et chaleureuse pouvait être une lionne féroce pour les protéger.

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