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Chapitre 2 : Les Maudits

Amarys posa une main dans le cercle runique et prononça quelques mots en langue ancienne tout en visualisant son rêve... qui n'en était pas vraiment un.

Son souffle se coupe et une sensation de chute la prend, faisant remonter son cœur dans sa gorge. Ses yeux se révulsent et elle voit de nouveau l'homme blond avec Kael. Ils ne sont plus assit mais à l'extérieur, préparant leurs chevaux. Kael frisonne, comme s'il sentait l'emprise d'Amarys se fermer sur son esprit tel un faucon sur sa proie.

Son bouclier mental est bien en place, solide et épais, pourtant l'intrusion est puissante et les assauts ravageurs. Kael sait qu'il ne peut la repousser par sa seule volonté.

—« Kael, ça va ? » demande l'homme blond.

Amarys n'entend pas la réponse de Kael, un vertige la prend et elle se sent flotter dans l'obscurité. Soudain, un kaléidoscope de couleurs l'enveloppe. La princesse s'y sent bien, en sécurité, comme dans les bras de sa mère.

—« Amarys »

Quelqu'un l'appelle au loin. La voix est douce, mais elle fend l'obscurité comme une lame de lumière. Elle flotte d'abord, hésite, puis s'ancre profondément en elle, rappelant chaque fragment de son être dispersé.

—« Reviens, mon enfant. »

Les couleurs s'estompent. La chaleur réconfortante s'efface doucement, et avec elle, le voile du lien mental se déchire. Amarys ouvre brusquement les yeux, haletante, le souffle court, la gorge serrée. Elle est de retour. Dans sa chambre, allongée sur le sol de pierre polie. Le cercle sous sa main palpite encore d'une faible lueur bleue.

Les doigts d'Amaelys jouent avec une boucle de sa fille, massant son cuir chevelu, la rassurant comme durant sa petite enfance après la mort de son père. 

—« Je suis là ma chérie. Maman est là » murmure Amaelys avant de déposer un baiser sur le front d'Amarys.

—« Maman... »

Sa voix est rauque, chargée d'émotion durement contenue. Amarys ne comprend pas ce qu'il vient de se passer, ni même ce qu'elle a vu. Qu'a t-elle vu d'ailleurs ? Deux hommes qui boivent un coup puis ces deux mêmes hommes qui harnachaient leurs montures. Rien de plus.

Si bien sûr qu'il y avait plus. Kael l'avait senti. Amarys peut aisément entrer dans la tête de quelqu'un sans que la personne ne s'en aperçoive et elle peut briser toutes les barrières mentales. Là, elle n'a pas pu.

—« Chut... je sais ma chérie, je sais »

—« Il m'a repoussé » murmure Amarys.

Elle se relève doucement et réalise que ses deux sœurs sont également là, la détaillant avec angoisse.

—« Quoi ? C'est impossible » répond la reine en posant la main de sa benjamine sur sa joue. « Montre moi »

Amarys embarque sa mère dans son flot de pensées, lui montrant tout. Son départ, un soir de pleine lune, sa rencontre avec Kael, leur échange, les runes tatouées sur son bras gauche et surtout l'homme blond.

—« Skalgrimr » murmure la reine en se retirant.

—« Qu'est ce que c'est ? » demande Amarys en se levant.

—« Rien. Ne revois jamais cet homme. Fais m'en la promesse »

Emerys et Menerys restent en retrait, observent leur mère et leur cadette. Amarys demeure silencieuse alors Emerys ose enfin prendre la parole.

—« Est ce que tu l'aimes ? »

—« Quoi ? Mais ça va pas la tête ? Non ! C'est juste un super coup »

—« Et bien passe au suivant ! » crie Menerys.

—« Ça suffit les filles. Amarys ne le reverra plus jamais et quand tu as un désir de liberté, dis le moi, des gardes te suivront pour ta protection »

—« Mais maman ! »

—« Fin de la discussion ! Ce peuple est dangereux ! C'est eux qui ont tué votre père ! Ce sont eux qui ont tué votre père. Ce jour-là, ils n'ont pas seulement pris l'homme que j'aimais — ils ont profané le lien sacré que seuls les Dieux osent rompre. C'est contre eux que nous étions en guerre et c'est à cause d'eux que j'ai fermé les frontières ! Je ne veux plus en entendre parler ! »

Les trois sœurs se taisent. Elles savent que leur mère ne s'est jamais vraiment remise de la mort subite de leur père.

Kael inspira avec difficulté, observant l'obscurité qui l'entourait.

—« Ça va Kael ? » demande Thorel en posant sa main sur son épaule.

—« Oui... c'est juste que... »

—« Ouais, je l'ai senti aussi. Un Mage de l'esprit. Les plus puissants. Vu sa puissance, c'est forcément une femme et elle doit être jeune car si une telle menace avait été déployé pendant la guerre, je ne serais pas là à discuter avec toi »

Kael sourit mais sans émotion. Ce contact dans son esprit l'a vraiment déconcerté. Heureusement qu'il a ses runes pour le protéger, un tel assaut aurait pu le tuer.

—« Allez viens, on a notre mission à accomplir. On se concentrera sur cette Mage plus tard »

Kael acquiesce en posant son pied sur l'étrier pour monter en selle. Son étalon est noir comme une nuit sans étoiles, son pelage soyeux et brillant, comme s'il avait été lustré. Il a un foutu caractère mais c'est une brave bête.

Thorel et Kael parcourent ensemble une grande distance, se reposant uniquement quelques heures à tour de rôle. Ils sont sur la terre des Maudits, personne ne se risquent à y entrer mais ils ont une bête à traquer. Les Maudits sont des humains non entraînés qui ont goûté à la magie pure. Ils en deviennent accro puis la folie les gagne. Ils tombent alors dans une rage meurtrière et tuent tout ce qui bouge, particulièrement les personnes avec l'Etincelle.

Kael voit une Maudit au loin, elle déambule en hurlant. La folie l'a poussé à s'arracher des poignées de cheveux qui sont encore entortillés entre ses doigts osseux. La vison de cette femme brune lui fait penser à Amarys.

—« À part nous et les Mages, qui porte des runes ? »

Thorel le regarde avec intensité puis hausse les épaules.

—« Personne. Pourquoi ? »

—« Pour rien »

Il ne pouvait pas lui dire qu'il avait probablement couché à plusieurs reprises avec une Mage et qu'il avait adoré l'expérience. Son corps la réclamait, la simple pensée de ses yeux verts, de ses seins opulents qui remuaient lorsqu'elle le chevauchait, des ses hanches voluptueuses et de sa taille fine faite spécialement pour ses mains, lui donnait une érection dont il avait du mal à se défaire.

—« À quoi... ou plutôt à qui tu penses ? » demande Thorel en lui tendant un bout de viande séchée.

Il ne pouvait pas lui révéler qu'il rêvait de pilonner cette femme. Amarys. Sa manière de crier son nom, de le mordre et le griffer... c'était intense et jouissif. Il détourna alors la conversation.

—« À la guerre »

—« T'as pas de sujet plus joyeux... putain je m'en rappelle comme si c'était hier alors que ça fait vingt ans »

—« Qu'est ce qui s'est vraiment passé ? J'étais en formation... j'avais seulement huit ans quand ça a commencé. Pourquoi les Mages ont pété les plombs et attaqués tout ce qui bougeait ? »

—« Alors là... bonne question petit. Mais ce que je sais c'est que leurs gonzesses c'est de sacrées combattantes. Elles ont décimé trois villages en une nuit. À leur tête, la reine Amaelys. L'Ancien la dit pourtant pacifique mais elle a fait de sacrée horreur »

—« C'est une Mage de quoi ? »

—« Plante. Elles sont puissantes aussi, ce sont des empoisonneuses. La reine Amaelys créait une sorte de brouillard toxique. Nombreux sont morts dans d'atroces souffrances. L'Ancien dit qu'elle était si féroce car elle protégeait ses filles. Sa dernière avait trois ou quatre ans je crois durant la guerre. Peut être cinq. »

Le silence retomba entre les deux hommes. Thorel était plus vieux et plus expérimenté alors Kael le suivait sans jamais contester ses ordres. Il a une cinquantaine d'années, peut être plus et a connu la guerre. Kael lui n'était même pas certain d'avoir déjà croisé la route d'un Mage.

—« la Maudite de tout à l'heure ne fait que de nous suivre » dit Kael en se tournant sur sa monture.

—« Ouais je l'ai senti. Elle veut bouffer notre Étincelle cette gloutonne mais elle est toute défraîchie. Je ne pense pas que ce soit utile de la tuer. Concentrons nous sur la mission »

Ils continuent leur route, leurs chevaux piaffant nerveusement. Nótt — le cheval de Kael — se cabra en hennissant. Le jeune homme resta en selle malgré la surprise qui se lisait sur ses traits.

Thorel s'arrêta devant une forêt décharnée, couverte de ronces géantes aux épines dégoulinantes de poison.

—« C'est l'œuvre de la reine Amaelys. Avant c'était un de nos villages... j'ai grandi ici. Là bas, par delà la forêt, il y avait un lac qui n'est maintenant qu'une étendue de poison dévoreur de chair. La forêt était luxuriante et sublime, la terre autrefois fertile » explique Thorel avec une boule d'émotion dans la gorge.

Kael regarda le massacre. La terre n'était plus qu'un tas de centre compacte toute gercée. Plus rien ne pouvait être planté ici.

À cet instant, Kael se jura de venger son peuple.

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