J'étais avachie sur le béton qui recouvrait la route, dépourvue de toute énergie. Entourée de rochers brisés, de voitures en piteux état ainsi que de grillages -censés entourer une maison- entassés les uns sur les autres, je demeurais immobile sur la voie. Mes paupières s'étaient closes, tandis que mes quatre autres sens épiaient cependant les alentours, restants vigilants face à l'enventuelle émergence d'un danger. Mes muscles, endoloris, semblaient être incapables de se contracter.
Je ne comprenais toujours pas pourquoi je me sentais si fatiguée. Être exténuée à ce point après une bonne et longue nuit de sommeil, ce n'était pas mon genre. C'était même très inhabituel.
M'enfin, pas le temps de traîner !
Si je voulais avoir une chance de venir à la rescousse des gens auxquels je tenais -du moins, s'ils avaient seulement besoin de mon aide-, ce n'était certainement pas en faisant bronzette sur la route que j'allais y parvenir !
Je me relevai tant bien que mal du sol betonneux, puis me mis à scruter les alentours, cherchant toujours à déterminer ma position.
Tout à coup, un élément du paysage attira mon attention. Mes yeux se dirigèrent à nouveau dessus, et reconnurent l'enseigne de la supérette dans laquelle Himiko et moi avions l'habitude d'acheter nos provisions, pendant notre longue fuite de presque trois ans.
C'est là où tu as rencontré Shoto, rappelle-toi ! me lança une voix dans ma tête.
Aussi...
Je me rendis alors compte de ce que cela signifiait : je savais désormais où je me trouvais.
Avec ma sœur, nous avions erré dans les rues de Musutafu pendant un bon bout de temps. Sans refuge fixe, nous nous étions installées dans pleins d'endroits différents, plus ou moins habitables. Mais le plus important, c'était que nous connaissions pratiquement la ville comme notre poche, à quelques détails près. Alors dès qu'un lieu communautaire tel qu'un supermarché pointait le bout de son nez, nous étions -la plupart du temps- calables d'en reconnaitre la rue.
Et ici, c'était le cas !
Je traçai mentalement mon itinéraire jusqu'au lycée Yuei -qui, pour mon plus grand bonheur, n'était pas très éloigné d'ici-, tout en prenant en compte les virages et les intersections.
Une fois ceci fait, je m'engageai sur la route, néanmoins ralentie par mon manque d'énergie. Je me mis à marcher pendant une dizaine de minutes, priant pour que mes pieds ne cèdent pas en plein trajet. Mes pas se faisaient de plus en plus lourds, mais heureusement pour moi, ma détermination quant à retrouver Shoto et la classe A était bien plus puissante que la fatigue dont j'étais victime. Elle me poussait à continuer d'avancer, coûte que coûte.
Je finis par m'arrêter, une fois que je fus arrivée à destination. J'appuyai mes mains sur mes genoux dans le but de reprendre ma respiration, puis me redressai malencontreusement. Lorsque j'eus le malheur de lever les yeux vers ce qui se trouvait devant moi -à savoir ma destination, le lycée Yuei-, je constatai avec effroi que mon quartier n'avait pas été le seul à être touché par le mystérieux drame de cette nuit.
En face de moi, le lycée que je connaissais n'était plus le même qu'auparavant. Il était parsemé d'une infinité de graffitis aux multiples couleurs, qui semblaient être pour la plupart des insultes. De loin, j'arrivais à lire "ordures", "enfoirés de héros" ou encore "lycée de nazes".
Autour du bâtiment, le nombre de gens abondait. Une gigantesque foule était en train de lever le poing en l'air, comme pour protester contre le lycée Yuei -je me demandais bien pourquoi, d'ailleurs-, tandis qu'un autre groupe semblait être occupé à rajouter des dessins -ou des insultes- sous ses fenêtres.
Comme s'il n'y en avait pas déjà assez... grommelai-je intérieurement, à la fois ahurie et énervée à cause de ce qui était arrivé à cet immeuble.
Pourquoi les héros de UA n'intervenaient pas ? Qu'étaient-ils en train de faire, pendant que leur lieu de travail se faisait vandaliser ?
UNE SEULE nuit. Il aura fallu UNE SEULE nuit pour que tout dégénère. Et ce, sans que je ne remarque rien !
Je devais bien avouer que la situation actuelle me dépassait complètement.
Tout en faisant abstraction de la situation -autrement dit, en oubliant que j'étais entourée de divers individus aux mauvaises intentions-, je m'avançai en direction de l'entrée de Yuei.
Qu'importe le fait que la ville soit en ruine, que les habitants y sèment la pagaille et que le danger soit partout, je devais à tout prix savoir en sécurité les gens auxquels je tenais plus que tout au monde.
Je ne fis pas attention aux regards meurtriers que me lançaient certaines personnes dans la foule, ni aux "artistes" de graffitis -enfin, s'ils méritaient vraiment qu'on leur attribue ce titre- qui me dévisageaient bizarrement. Je gardais la tête haute, malgré l'attitude de ces personnes sorties de nulle part, malgré ma difficulté à marcher correctement à cause de mon épuisement. Lorsque j'arrivai à la hauteur de la porte d'entrée, je ne me fis pas prier et l'ouvrai sur le champ. Je pénétrai ainsi dans l'établissement...
...et pus découvrir ce que l'intérieur de celui-ci était devenue.
Une déchèterie. Voilà à quoi ressemblait désormais le lycée Yuei.
Une bonne partie des casiers était tombée sur le carrelage qui recouvrait le sol, tout comme leur contenu, qui y était également éparpillé. Au fond du hall d'entrée, plusieurs des portes qui avaient autrefois formée une lignée étaient étendues par terre, ayant été arrachées à leur encadrement. En m'approchant, je pus constater que certaines étaient même marquées par un creux, probablement causé par un puissant coup de poing, ou bien par un alter de force en général.
Mais le plus surprenant était que je n'entendais aucun bruit. À croire que les apprentis héros n'avaient pas cours aujourd'hui...
Soudain, la seule et unique porte restante s'ouvrit pour laisser sortir la petite souris qui faisait office de proviseur dans ce lycée.
Instinctivement, je fis un pas dans sa direction. En même temps, c'était la première fois, depuis le début de la journée, que j'apercevais quelqu'un que je connaissais déjà auparavant -et qui ne semblait pas étrangement différent de d'habitude-. Il n'était donc pas question de le laisser partir sans rien faire. Avec un peu de chance, il aurait les réponses à mes questions !
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Wow ! Après plusieurs semaines de relâchement, j'ai enfin réussi à terminer ce foutu chapitre !
Il n'est pas très long, tout comme les précédents, mais suffisamment pour continuer cette série de chapitres où l'on en apprend plus petit à petit sur la situation dans laquelle on est.
Alors, d'après vous, T/p va-t-elle ENFIN obtenir quelques infos à propos de ce qu'il s'est passé dans la ville ??
Rendez vous au prochain chapitre !