Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Emma
Share the book

Chapitre 4 : Le Tournoi Céleste enflammé (partie II)

Ming Linxuan reste figé de stupeur. Qui est la femme à son bras ? Pourquoi ? Où est Xiang Li ? S’il en juge par les grands yeux rouges de l’inconnue, elle est pourtant bien de la secte Ming. Ça n'a aucun sens. Est-ce que ce serait bel et bien Xiang Li et qu’il ne la reconnaît pas ? Sa gorge et ses lèvres sont trop sèches pour qu’il puisse - qu’il ose - poser la question au premier venu. Il reste là, les yeux écarquillés, à se poser mille et une questions. Ont-ils brisé leur fiançailles ? Qing Pei Ying aurait refusé d’épouser la sœur d’un traître ? Non. Ce n’est pas son genre et, dans ce cas, il n’aurait pas épousé une autre Ming. Et puis, il est plutôt mal vu de rompre des fiançailles, cela pourrait affaiblir les alliances - ce qui aurait été dramatique après les histoires douloureuses que les sectes avaient déjà subies à cette époque. Mais qui sait tout ce qui peut se passer en six cents ans ? Six cents ans, c’est affreusement long. Une autre possibilité hurle à son oreille mais il n’a pas le cœur à l’écouter - ni même l’envisager. Non. Il laisse cette pensée éphémère partir le plus loin possible. Non

Confus, il se sent vaciller. C’est avec un courage bien bancal qu’il ose finalement poser la question au petit cultivateur à côté de lui. 

一  Pourquoi Dame Ming Xiang Li n’est-elle pas au côté de Qing-Zongzhu ?

L’homme le regarde, perplexe.

一  Qui ça ?

Interdit, Ming Linxuan ne comprend pas. Il se sent indigné et presque scandalisé. Comment ça “qui ça ?” Il plisse les yeux sous son masque et sa mâchoire se crispe de contrariété. 

一  Ming Xiang Li, répète-t-il d’une voix plus froide qu’il ne l’aurait voulu. La fiancée de Qing Pei Ying.

L’homme lisse sa barbe avec embarras.

一 Mon garçon, j’ignore de quoi tu parles. Qing-Zongzhu a bien une femme : Ming Xiu, c’est cette femme. Maintenant, cesse de te faire remarquer.

Une Ming, c’est bien ce qu’il avait compris. Mais ce n’est pas plus explicable. Ça n'a pas de sens, pour lui. Pourquoi personne ne semble connaître A-Li ?

一  Cette Ming Xiu, qui est-elle ?

L’homme soupire et le regarde comme s’il était fou.

一  Mais où étais-tu ces derniers siècles ? Dame Ming Xiu est la fille de Ming Xu Bao ….

Grommelant quelque chose d’incompréhensif, l’homme préfère s’éloigner pour ne pas prendre le risque d’être encore importuné avec des questions stupides. La terre vacille sous les pieds de Ming Linxuan, il a envie de vomir. Qing Pei Ying a épousé la fille de Da-Ge ? Mais qu’est-ce qu’il lui est passé par la tête ? Il est aussi horrifié que révolté. Qing Lu Ming ne lui a donc pas expliqué la situation ? Cette autre voix dans sa tête lui hurle qu’il n’est pas impossible qu’il soit mort avant d’avoir pu le faire. Lui qui est resté dans le déni à la suite de sa mort pendant des mois sent son coeur se briser. Une larme coule sur ses joues. C’est un cauchemar, c’est si injuste. Mais où est Xiang Li ? Alors qu’il pensait que les choses ne pouvaient pas être pires, il flanche sous l’émotion. Des bras le rattrape, son dos percute un torse. 

一  Tout va bien ?

Ming Linxuan est maintenu sur ses pieds et se retourne, se figeant une nouvelle fois. L’homme qui l’a rattrapé est d’une grande beauté. Il porte une tenue martiale rouge avec l’emblème de l’oiseau vermillon, ses yeux sont naturellement de la même couleur. Musclé, sans avoir la carrure de son aîné, mais assez pour être remarqué, ses cheveux châtains clairs sont tirés en arrière, attachés en hauteur, et sont d’une longueur remarquable, avec de légères boucles. Il n’a plus rien du visage juvénile d’autrefois ni de son expression pleine de doute et de désarroi. Ming Hui Xia a bien grandi, mais il le reconnaît sans le moindre problème.

Son cœur s’emballe furieusement et, avant que ses yeux rouges ne soient trop remarquables à travers le masque - qu’il remet bien en place -, Ming Linxuan se détourne. Enfin ! Il l’a trouvé. Son petit frère. San-Ge ! Il ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi près. Tout comme il ne le voit pas froncer les sourcils. 

一  Ming-Gongzi ne devrait pas être auprès de sa famille ? demande-t-il d’une voix qui déraille un peu, si bien qu’il est obligé de se racler la gorge.

一  Et toi ? Ne sais-tu pas qu’il est malpoli de tourner le dos à un jeune maître quand tu t’adresses à lui ? Où as-tu appris tes manières ?

Un peu plus et Ming Linxuan aurait laissé échapper un rire malgré lui. Son cœur se gonfle de tendresse et de nostalgie. Quel caractère. San-Ge, ne vois-tu pas que tu parles comme A-Li ? Comparaison qui aurait autrefois fait hurler son jeune frère, mais, lui, il voit la ressemblance. Pour autant, Ming Linxuan ne se retourne pas.

一 Veuillez pardonner mon manque de civilité, Ming-Gongzi, je crains que mon visage soit trop disgracieux pour être vu par l’un des princes de Tianshi. J’ai beaucoup trop honte. S’il vous plait, mon bon seigneur, ne m’y obligez pas, j’en mourrai de gêne.

Derrière lui, Ming Hui Xia ouvre la bouche pour lui faire payer son audace mais se mord la langue avant de se montrer peu empathique. Il lève les yeux au ciel avec désinvolte. 

一  Fais ce qui te plaira, ça ne me regarde pas.

A grands pas, il s’éloigne et Ming Linxuan le regarde s’approcher des familles royales. Il secoue la tête. San-Ge, tu as bien changé. On est loin de l’adolescent si hésitant. Ming Linxuan se fond un peu plus dans la masse de cultivateurs mais prend garde à ce que son frère ne disparaisse pas de son champ de vision. Ce n’est que le lendemain, à la prochaine épreuve, qu’il pourra faire quoi que ce soit, mais il veut pouvoir l’observer encore un peu. Le voir lui fait tellement de bien. Ming Linxuan, tu es un idiot, il y a encore tellement à protéger. 

C’est après avoir croisé plusieurs fois le regard de Wang Baihu que Linxuan décide de s’éloigner de la foule pour disparaître dans le château. Bien que beaucoup de choses aient changé, il a un minimum de repère et d’orientation. Lui-même ne pensait pas avoir une mémoire aussi intacte après six cent ans, mais le nid familial est ce qui lui manque le plus et également ce qui est bien trop douloureux à oublier. 

Errant dans le château comme un spectre, Linxuan prend une direction bien particulière. Ce ne sont pas ses quartiers qu’il rejoint mais ceux de Xiang Li. La première chose qu’il remarque est que l’aile est inoccupée. Les rampes, les escaliers, les tableaux et les statues sur le chemin sont couverts de poussières et de toiles d’araignées. Pourtant il y discerne des traces de pas, montrant qu'il y a bien quelqu’un qui passe ici de manière régulière. Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? Pourquoi cette partie du château n’est plus entretenue ? La réponse essaie de le frapper de plein fouet, mais Ming Linxuan se confond dans son habituel déni. Ce n’est pas un fait qu’il est capable d’accepter, peu importe l’explication qui va avec. 

Sa main se pose sur la poignée de la porte. Ming Linxuan a l’impression de manquer d’air. S’il ouvre cette porte, il n’y aura pas de retour en arrière possible. Son cœur gonfle déjà de chagrin mais, encore une fois, il ne peut l’accepter. Il ouvre la porte et entre.

La chambre de Xiang Li est parfaitement rangée, trop par rapport à ses souvenirs. La pièce est particulièrement propre, bien différente du reste de l’aile. Les draps de soie recouvrent le lit, on n’y trouve pas une pliure. La coiffeuse est ordonnée, aucun petit pinceau et aucune poudre ne traîne négligemment sur la planche. Après quelques pas, il ouvre l'armoire pour découvrir une pile de robes, les unes à côté des autres, parfaitement emballées et protégées. Il referme la porte et se déplace de nouveau vers la coiffeuse pour y attraper un peigne. Pas un seul cheveu n’est coincé entre les dents.

一  A-Li …

Tout est trop ordonné pour que ce soit normal. Cette chambre n’a pas d’âme. Ming Linxuan l’a connu plus vivante. D’accord, maintenant, elle ne doit se rendre à ces appartements qu’occasionnellement, si elle a épousé quelqu’un d’autre ; et, seule femme de la famille, il est tout naturel que ce soit le cas … Mais Xiang Li aurait toujours eu sa petite marque à elle. Ici, tout semble figé dans l’espace et le temps. 

Le dieu céleste s’approche du bureau et s’assoit sur la chaise, ouvrant les tiroirs. Il y attrape un vieux parchemin qui servait de notes personnelles à Xiang Li. Regarder le contenu est déplacé mais cela peut aussi lui apporter des réponses. Ming Linxuan cherche les dates les plus récentes … Les derniers mots datent d’il y a plus de six cent ans … Il y voit l’écriture de sa jeune sœur, des symboles tracés grossièrement, des mots douloureux d’un cœur qui aimerait hurler de détresse : la mort de leurs parents. La souffrance de chaque lettre est ensuite rayée avec colère. Depuis, plus rien …..

一  Que fais-tu là ?! rugit soudainement une voix qui le fait sursauter.

Sous la surprise, Ming Linxuan fait tomber le parchemin qui se déroule sur le sol jusqu’aux pieds de … Ming Hui Xia. Il se redresse précipitamment pour affronter le visage colérique, blème (puis rouge), de son didi.

一  Je …

一  QUI ES TU ?! QUE FAIS TU DANS LA CHAMBRE DE MA SOEUR ?!

Face à la colère du cultivateur, Ming Linxuan se crispe, le cœur battant trop vite. Il essaie de répondre calmement, en s’inclinant profondément.

一  Pardonnez l’audace de l’humble A-Jian, Ming-Gongzi, je ne voulais pas manquer de respect à votre famille. C’est que … Je m'interroge sur l’absence de Dame Ming Xiang Li à la fête …

Honnête mais aussi très maladroit, si profondément ancré dans son déni. 

Ming Hui Xia est sur le point de s’évanouir sous le choc, il chancelle mais finalement se tient bien droit, de plus en plus furieux, il sort son épée.

一  QU’EST-CE QUE TU DIS ?! 

Il tremble de colère et de peine, à tel point que Ming Linxuan ne peut l’ignorer. Ça fait mal, ça fait si mal. Des larmes coulent, dissimulées sous son masque. Pourquoi Xiang Li ?

一  Hui Xia … Qu’est-ce que … ? Où est Xiang Li ? demande-t-il la voix brisée, secouée d’un sanglot qu’il a du mal à contenir.

La question bouleverse son petit frère, dont l’émotion est aussi visible que la sienne. La main qui tient son arme tremble.

一  Qui es-tu ? Mais qui es-tu ?!

Ces retrouvailles sont déchirantes. Ming Linxuan ne peut retirer son masque mais, alors qu’il est ici, avec ses questions, il ne peut pas non plus faire comme si de rien était. Toute tentative de réponse est cependant coupée par des hurlements, à l’extérieur. Les deux hommes tournent la tête en direction de la fenêtre. A l’extérieur, ils peuvent voir des nobles, des cultivateurs et des serviteurs, partir en courant. A travers le brouhaha, ils comprennent qu’il y a le feu dans la salle de réception. Qu’une attaque est survenue. Ming Linxuan écarquille les yeux mais il a à peine le temps de se détourner que Ming Hui Xia est déjà hors de la chambre. Il court à sa suite, reprenant le chemin du banquet. Leur discussion attendra plus tard - soyons honnête, c’est la meilleure diversion pour lui. 

Qui est assez fou pour attaquer un banquet de cultivateurs alors que les meilleurs participent au tournoi et que les grands clans sont présents ? Il ne faut pas manquer d’audace (ou être tout simplement inconscient). En effet, lorsqu’il arrive près des lieux, le feu a déjà commencé à se propager.

一  Hui Xia, attend ! A-Xia !

Son didi ne l’écoute pas et s’engouffre dans le banquet pour voir s’il peut sauver des gens. Dans la précipitation, il ne l’a probablement pas entendu. Tant mieux, sinon il aurait déjà mis à mal sa couverture. Ming Linxuan soupire mais lui non plus ne peut rester sans rien faire. Déjà, ici, c’est sa maison. De plus, il lui faut connaître l’ennemi et également s’assurer que Ming Hui Xia ne soit pas mis en danger par ses propres alliés. N’est-il pas là pour le sauver ?

A son tour, il se rue à l’intérieur. La fumée envahit ses poumons, l’air est étouffant. La chaleur fait ruisseler un mince filet de sueur sur son visage alors que les racines de ses cheveux s’humidifient. Il tousse avec énergie, la manche devant son visage.

一  Ming-Gongzi, où êtes vous ? hurle-t-il.

Si Hui Xia ne l’entend pas, il ignore qu’une autre personne se retourne, surprise, cherchant l’origine de cette voix. Ming Linxuan tousse encore. C’est un enfer, à l’intérieur. Les bruits de lames qui s'entrechoquent, les corps qui tombent inertes, les hurlements de ceux qui brûlent. Avec une force surprenante, Ming Linxuan soulève une poutre, libérant un homme piégé dessous.

一  Passez ! Vite !

L’homme se traîne hors de danger, permettant ainsi à Linxuan de relâcher la poutre. L’homme n’a pas le temps de le remercier, une forme spectrale le traverse subitement et il tombe inerte sur le sol, mort. Qu’est-ce que … ? Ming Linxuan remarque qu’il ne s’agit pas d’une seule forme mais de plusieurs. Le banquet est attaqué par des esprits. Des nuages mauves en forme de renards. Un nom s’impose dans son esprit. Pourquoi Huli Xiyin attaquerait-elle les participants du tournoi ?

Dans un second temps, il remarque que d’autres assassins sont présents. Suffisamment doués en arts martiaux pour tenir tête à Wang Baihu ou combattre Qing Pei Ying. Ils sont vêtus de robes violettes. De quel clan sont-ils ? 

Ming Linxuan regarde autour de lui. Il ne voit ni Huli Xiyin, ni Ming Hui Xia. Tant qu’il seront bloqués à l’intérieur, ils ne pourront pas se défendre efficacement et sauver les survivants. Ming Linxuan s’approche du mur en flammes non loin de lui. Il concentre son qi et, lorsqu’il ouvre de nouveau les yeux, des flammes dansent dans ses prunelles rouges. Les flammes s’éloignent et se rassemblent pour former un cercle avec, en son centre, Ming Linxuan, robes et cheveux dans le vent. L’aura de l’oiseau vermillon s’élève au-dessus de lui, formé grâce à son qi et son noyau d’or. L’oiseau spectrale pousse un hurlement avant de se jeter contre le mur, sur l’indication de Ming Linxuan. Le mur est totalement détruit.

一  Allez y ! Fuyez ! Partez !

La surprenante intervention de Ming Linxuan suffit à faire cesser les combats autour de lui. Chacun part sans demander son reste. Bien que le feu fasse barrage, il s’approche le plus possible de Ming Hui Xia en plein combat avec un esprit sans doute de rang supérieur. Hui Xia est déconcentré, alternant son regard entre le combat et le nouvel arrivant. Pas étonnant, vu l’oiseau vermillon qui a surgit si brusquement. Son qi ainsi développé, en harmonie avec ses facultés célestes, il traverse ni plus ni moins les flammes qui le sépare de Ming Hui Xia, qu’il attrape par le poignet.

一  Tu ….
一  Pas maintenant, lui répond simplement le dieu, qui ne sait pas comment lui expliquer les raisons de sa présence ici. 

Il le coupe donc et le tire à sa suite jusqu’à l’extérieur. L’oiseau vermillon spectral crie de nouveau autour d’eux, battant des ailes. 

一 Comment …. Qui es tu ? QUI ES TU ?! lui demande une dernière fois son frère.

Ming Linxuan lui sourit faiblement. Tu connais la réponse à cette question, sinon ta voix ne tremblerait pas autant.

一  Je vais te mettre en sécurité, nous parlerons après.

Pourtant, Ming Hui Xi retire brusquement sa main.

一  Comment ose-tu te pré-

一  Plus tard, les questions, nous devons d’ab- …

Ming Linxuan s’interrompt en sentant une lame sur sa gorge. 

Il se fige, le souffle coupé, ne s’attendant pas à le voir. Quel idiot … A quoi s’attendait-il en utilisant l’Oiseau Vermillon à la vue de tous ?

一  Ainsi donc, tu as fini par revenir. Tu es pire qu’un cauchemar Ming Linxuan. Comment quelqu’un d’aussi mauvais et égocentrique que toi peut avoir une deuxième chance ? C’est une plaisanterie ?

La voix de son ancien ami est particulièrement froide. Ming Linxuan en comprend chaque raison mais les mots ne sont pas moins douloureux. A une époque, ils étaient si proches. Les meilleurs amis du monde. Aujourd’hui, Wang Baihu ne ressent plus que haine pour lui. Ming Linxuan ne peut qu’encaisser, il sait à quel point il souffre. A sa place, il agirait de la même manière - voire pire. Son ancien ami crache son nom et Ming Hui Xia écarquille les yeux, choqué. 

Ming Linxuan est piégé entre deux hommes de son passé, sans rien pouvoir faire ou dire pour sa défense. Il ne bouge pas, chaque mouvement brusque pourrait avoir des conséquences désastreuses. Il n’a aucune envie de croiser le fer avec l’un des deux. Ming Hui Xia n’a pas l’air du même avis : il s’approche et d’un geste vif, lui arrache le masque du visage, le jetant plus loin, sur le sol en pierre. 

一  Hui Xia … commence Ming Linxuan.

Il aurait voulu s’approcher mais la lame, toujours à son cou, l’en dissuade. Horrifié, son petit frère recule d’un pas, creusant cette distance entre eux. Sa main serre brusquement son épée. Il reconnaît bel et bien Ming Linxuan qui, en six cent ans, n’a pas changé, comme si l’Autre Lieu était suspendu dans le temps. Après la surprise viennent la souffrance et la colère. Ming Hui Xia franchit l’espace entre eux et, avec une violence surprenante, le gifle de toutes ses forces. Sa tête part sur le côté, son corps bascule mais il se maintient comme il peut. Sa joue est chaude marquée d’une vive trace rouge. Ming Linxuan s’est mordu la lèvre pour ne pas pousser une exclamation de douleur. Pour être honnête, il aurait finalement préféré un coup d’épée. Un combat est un combat, une gifle est personnelle, humiliante. Blessé, Ming Linxuan ne dit mot, ni pour répliquer, ni pour se justifier, ni même pour protester à l’exclamation méprisante de Wang Baihu. A la place, il se redresse et pose sa main sur sa joue, un regard navré vers son frère. 

一  Comment peux-tu ? Comment peux-tu te présenter ici après tout ce que tu as fait ? Comment oses-tu venir dans la demeure de nos parents ? Comment oses-tu te rendre dans les quartiers de Xiang Li ? TOUT est de TA faute !!! Da-Ge devrait te torturer jusqu’à la mort pour oser te pointer ici ! Tu es si répugnant, tu me DÉGOÛTES !!

Toujours aussi violent, le pied de Hui Xia percute son torse, le faisant brusquement tomber sur Wang Baihu. Ce dernier refuse de l’appuyer et le pousse en avant. Ming Linxuan tombe à genoux sur le sol. Tremblant de tout son corps, Ming Hui Xia reprend sa respiration. Wang Baihu contourne le dieu céleste et pointe son arme sur lui. 

一  Regarde toi. Pathétique. Tu as tout brisé autour de toi. A quoi tu t’attendais en venant ici ? Reprendre le pouvoir ? Après six cent ans ? Tout le monde te croyait mort et tu aurais mieux fait de le rester. Personne ne veut de toi, Ming Linxuan. Tu brises tout ce que tu touches.

Ming Linxuan encaisse les mots. Oh, Wang Baihu, si seulement il pouvait t’expliquer. Les choses se sont si vite enchaînées. Ming Linxuan a passé tellement de temps à clamer son innocence, mais à quoi bon ? Ses mains étaient alors couvertes de sang, au milieu du chaos et de la mort. La famille royale a été si prompte à laver leur honneur, alors lui, il a chuté dans ce gouffre sans fin. Il n’en reste pas moins responsable, échouant dans toutes ses tâches jusqu’à causer le pire des mal vers sa famille et vers ses proches. Il n’y a jamais d’innocents. 

一  Baihu … Je n’avais pas l’intention de …

De quoi ? Faire parler de lui ? Il est venu comme un noble héros pour sauver son frère des complots de sa propre famille ? Pour qui se prend-t-il ? Qui est-il pour prétendre qu’il est le bienfaiteur de Hui Xia alors qu’une bonne partie de sa vie a été brisée ? Non, Ming Linxuan a déjà eu la preuve qu’il ne peut pas sauver tout le monde. Pourquoi recommence-t-il ? Quelle arrogance. 

Pourtant, il ne peut pas s’empêcher de trouver toute cette haine injuste. D’accord, il mérite ce mépris, mais il n’est pas responsable de tout. Il  y a tant de facteurs et les crimes que d’autres personnes ont commis. Lui-même a perdu sa famille, ses amis, tous ses proches. Sa dignité, sa réputation, sa couronne et même Qing Lu Ming. Lui, il est seul, avec ses démons et ses proches - aujourd'hui devenus ses ennemis. Finalement, pourquoi est-il sorti de l’Autre Lieu ? Pourquoi s’est-il autant battu ?

一 Tu n’avais pas l’intention de beaucoup de choses, Ming Linxuan. Elles sont pourtant arrivées. Je vais donc en finir et, crois moi, c’est le meilleur cadeau que je puisse te faire : une mort rapide. 

Il lève sa lame, l’abattant sur Ming Linxuan. 

Les yeux clos, le dieu entend son petit frère crier malgré lui. Tout se passe très vite mais la douleur ne vient pas. Ming Linxuan finit par regarder ce qu’il se passe. Une chaîne a attrapé le poignet de Ming Hui Xia au moment où il a fait un pas vers lui. Il est violemment projeté en arrière, sur le sol. En haut d’un bâtiment, Huli Xiyin fait bouger sa chaîne, si grande, si charismatique, si effrayante.
La lame qui allait s’enfoncer dans sa chaire est bloquée par une autre. Un bras puissant le soulève de terre pour le remettre sur pieds. La poigne est ferme, l’homme le maintient contre lui. Ming Linxuan se retourne vers lui, et là, c’est le choc. Il écarquille les yeux, n'osant y croire. C’est beaucoup trop d’émotions pour cette journée, les larmes coulent sur ses joues pour la seconde fois. 

Qing Lu Ming.

Qing Lu Ming.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet