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Sirrha
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3. John

Chapitre 3

John

 

“Vous n'êtes pas sérieux, patron ? Je ne vais quand même pas travailler dans un bar miteux.

— Ecoute-moi bien, John. Tu as fait foirer la dernière mission et la cargaison à fini entre les mains de la police. Donc tu vas travailler dans ce foutu bar et le protéger au péril de ta vie. Tu as bien compris ?”

Je hoche la tête. Mieux vaut que j’accepte. Refuser serait signer mon arrêt de mort et il est hors de question que je meure maintenant alors que j’ai des dettes par-dessus la tête. Ce serait bien trop risqué.

“Bien. Maintenant, va décharger le camion.”

J’obtempère pendant que mon patron s’éloigne vers la propriétaire du bar clandestin. Son sourire semble bien plus chaleureux alors qu’il est totalement hypocrite. Je ne sais vraiment pas comment ce gars peut se sortir de toutes les situations qui lui tombent dessus. Même la police ne peut rien faire contre lui et malheureusement pour moi, je me suis engagé dans une voix qui ne peut pas me libérer de ses chaînes.

“Foutu boulot de merde.” Je peste pour moi-même alors que j'entame le déchargement du camion. Toutes les caisses ressemblent à de simples caisses de provisions mais je sais que sous ces légumes se trouve en réalité de la contrebande. Contrebande que, jusqu’à présent, j’aidais à acheminer sans problème dans les divers bars clandestins de la ville. Mais il a fallu que je foire cette putain de mission et me voilà coincé dans un nouveau job merdique et sans intérêt.

 ♡♡♡

Une fois le déchargement fini sans encombre, je vois mon collègue s’en aller, me laissant dans cet hôtel miteux. Je me vois alors contraint de rejoindre la bar clandestin se trouvant juste en dessous de l’immeuble. Je ne sais pas combien de temps je vais devoir rester ici, mais je sens que ça va être pour un long moment. Même si je n’aimais pas risquer ma vie pour cette merde, au moins, c’était plus palpitant que de rester derrière un comptoir à essuyer des verres et écouter des ivrognes parler.

A peine j’entre dans le bar que la propriétaire vient me voir avec un immense sourire et un enthousiasme à peine dissimulé. Elle renvoie sa chevelure blonde derrière son épaule avant de m'accueillir.

“Bienvenue au Sunset Hôtel ! Je m’appelle Charlotte. Je suis contente que tu sois là. Notre dernier barman s’est fait descendre y’a une semaine et je ne savais plus quoi faire.”

Elle m’attrape la main, la secouant comme si c’était un vieux prunier. Je ne cache pas mon agacement alors que je la récupère. Malgré ça, cette Charlotte reste toujours aussi joyeuse, comme si rien ne pouvait la toucher. Elle continue de parler en me disant qu’elle avait fait préparer une chambre par Lottie que je redoute déjà de revoir. Je sens que cette chieuse ne va pas me lâcher.

“Ouais. Merci.” Je finis par dire à Charlotte d’un ton saoulé.

Pour éviter qu’elle recommence à me parler, je pars derrière le comptoir et me mets à arranger les verres et les bouteilles. Si je dois rester ici, autant que j’organise l’arrière du comptoir comme il me correspond. Clairement, l’ancien barman était une vraie merde en organisation et en rangement. Rien n’est à sa place et rien n’a de place.

J’observe en même temps l'agencement de la salle. Une scène au fond avec quelques instruments, des tables et surtout… Des tables de casino. Pourvu que je ne doive pas jouer les croupiers. Je n’ai aucune envie de jouer les serviteurs pour des clients.

Finalement, je me sers un verre d’alcool que je me mets à siroter. Le goût est horrible. Un vrai jus de chaussette. Pourtant, il n’y a rien de meilleure dans cette putain de ville depuis la promulgation de l’interdit sur les boissons alcoolisés. Le seul moyen d’en trouver du meilleur, ce sont les pharmacies. Malheureusement, une ordonnance médicale était obligatoire et peu de médecins se permettaient de les délivrer pour éviter les descentes de police dans leur cabinet.

“Tu pourrais éviter de boire la marchandise.”

Je tourne mes yeux vers une femme aux allures latines. Une mèche cache un de ses yeux, pour autant, son seul œil visible me fusille. Elle a l’air en colère celle-ci et ça ne risque pas d'arranger mes affaires. Elle croise ses bras sous sa poitrine, attendant une réponse de ma part.

“Et t’es qui, toi ?

— Je suis la manageuse de l’hôtel.

— Super, ça me fait une belle jambe.”

Je la vois qui s’énerve un peu plus. Elle sert son poing, prête à bondir pour me frapper lorsque Charlotte arrive. Elle posa sa main sur l’épaule de sa manageuse, souriant tendrement.

“Ce n’est rien Celina, ce n’est qu’un verre.

— L’alcool se fait rare à cause de la prohibition ! S’il boit tout, on n’aura plus rien pour nos clients. On a besoin de cet argent Charlotte.

— Je sais, mais on va y arriver. Ne t’inquiète pas. D’accord ?”

Ainsi, elle s’appelle Celina ? Bon à savoir. Face au regard que les deux femmes posent l’une sur l’autre, je sens tout de suite qu’il y a un truc entre elles. Si elles cherchent à le cacher, c’est raté. Et j’espère pour elle qu’elles savent être plus discrète car la tolérance, hors de ses murs, n’est pas la même. Elle est relativement inexistante.

Le petit couple finit par quitter le bar tandis que je me mets à nettoyer les tables pour accueillir les clients. Peu de temps après, le groupe de jazz arrive accompagné de Charlotte. Est-ce que eux aussi sont nouveaux ? Je ne pense pas lorsque je les vois prendre place sur la scène et commencer à jouer des instruments, les accordant et discutant des morceaux qu’il allait jouer ce soir. Ils sont si concentrés qu’ils ne font même pas attention à moi alors qu’ils répètent un morceau.

Au moment où je finis le nettoyage du comptoir, un premier client arrive. En me tournant vers l’horloge, je vois que cette dernière indique que la nuit vient à peine de tomber. Certains sont vraiment pressés pour consommer. Il n’y a aucun doute. Je me presse de lui servir un verre pendant que d’autres clients s’installent. Je fais attention à chaque visage, à chaque commande. Je dois être attentif au moindre détail qui pourrait paraître étrange et anormal dans un bar. J’en ai côtoyé assez pour savoir lorsque quelqu’un n’est pas censé être là.

Le groupe continue de jouer tranquillement. Je l’observe en nettoyant un verre, sans prêter attention à la personne qui vient prendre place à un mètre de moi.


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