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Chapitre 7 - Bas les masques

Élio

— Que vient-il de se passer ? demandai-je à Léandro.

— Tu étais obligé d'être aussi blessant ? Sais-tu au moins ce que Liam a vécu pour lui balancer de tels propos ?

Je m'énerve, en marchant dans l'appartement de Liam.

— Comment veux-tu que je le sache, vu que personne ne me dit rien sur rien ? Je suis à bout de nerfs là. Ça ne se voit pas ? Tu me dis que mon père veut me faire du mal, qu'il s'en est pris à Elia. Je découvre que des règles immuables me lient à un ange. C'est un bordel sans nom, Léandro. Je n'y comprends rien. Alors non, je ne me rends pas compte de mes paroles, désolé. Liam ne veut jamais m'aider, alors oui, je m'énerve, oui, je le pousse dans ses retranchements.

Je suis à fleur de peau, tout se bouscule dans ma tête, j'ai de légers vertiges. Mon monde bascule petit à petit dans un marasme qui m'engloutit complètement. J'ai peur de ne pas réussir à sauver ma sœur. Si elle meurt, que ferai-je ?

Je vois le visage douloureux de ma sœur qui tente de rester digne malgré sa peur de mourir et ses souffrances corporelles. Ce mal qui la ronge, nous n'arrivons pas à l'arrêter, et ça me tue de la voir ainsi. J'aimerais pouvoir absorber toutes ses souffrances en portant son fardeau. Mais c'est impossible. Toute cette histoire me rend malade. Une légère nausée me secoue.

Léandro va pour fermer la fenêtre, puis s'arrête soudainement, laissant échapper un « merde ». Je m'approche de lui pour regarder. Des centaines de corbeaux sont étendus au sol, tous morts. Le départ de Liam a laissé des traces.

— Nous devrions en profiter pour partir discrètement. Liam a fait en sorte que les corbeaux ne nous suivent pas. Dans sa colère et dans sa fuite, il nous a aidés. Alors, saisissons notre chance.

— Pour aller où ? lui demandé-je.

— Retournons chez moi, je cacherai les livres en forêt.

Je réfléchis rapidement.

— Non. Je les garde avec moi. Je vais me débrouiller. J'ai d'autres livres à trouver dans la bibliothèque. Je vais rentrer comme si de rien n'était. Si mon père a plusieurs longueurs d'avance sur nous, je dois me faire oublier pour qu'il pense que je suis bête et naïf.

— Comme tu le souhaites. En cas de besoin, appelle-moi. Sois prudent.

— Je le serai. J'ai des recherches à faire. Des histoires à découvrir et surtout, je dois réfléchir à tête reposée. Tout ceci est trop pour moi.

— Je comprends. Allons-y.

Sans perdre de temps, nous quittons l'appartement de Liam. Je n'oublie pas ce que je viens de voir, mon ange en train de s'envoler. Je n'ai pas pu découvrir la couleur de ses ailes, râlai-je intérieurement.

Je rentre chez moi fissa, réfléchissant à un mensonge pour mon père qui ne manquera pas de m'interroger.

J'ai à peine franchi le seuil de la maison que la voix de père s'élève, implacable comme toujours.

— Tu n'étais pas au lycée.

— Effectivement, répondis-je.

Mon père s'approche de moi d'un air menaçant. Je l'observe attentivement. Avec tout ce que m'ont confié Léandro et Liam, sa dangerosité prend une nouvelle dimension sous mes yeux. Un frisson glacé m'envahit ; pour la première fois de ma vie, j'ai peur de mon père.

— Où étais-tu ?

Pas la peine de mentir. Je lui réponds franchement.

— Je suis allé voir Léandro pour qu'il réponde à mes questions.

— Quelles questions ? Je remarque le regard de mon père qui s'assombrit pour tenter de me sonder.

— Celles sur les règles des anges.

Mon père blêmit légèrement. Je fais mine de ne rien voir. Lui, habituellement inébranlable, montre une faille. Je ne sais pas si c'est à cause de ma franchise ou à cause des fameuses règles qu'il ne m'a jamais enseignées.

— Que t'a-t-il raconté ? Je peux lire son attente et une certaine appréhension. Intéressant.

— Rien, justement. Il m'a dit que c'était à toi de me transmettre les règles si tu y voyais un intérêt. Je ne retiens pas ma frustration.

— D'ailleurs, lorsque je lui ai rendu visite, il s'est passé quelque chose de surprenant.

— Quoi ? aboie-t-il.

— Puis-je au moins rentrer dans la maison plutôt que de rester sur le seuil ? Déposer mon sac de classe dans la chambre ?

Mon père s'écarte, me laissant passer.

— Désolé, entre.

Je ne me fais pas prier. Sans me précipiter, je monte l'escalier qui mène à ma chambre. Je réfléchis rapidement à mes options. Je ne sors pas les livres de mon sac, pas maintenant, mon père pourrait les découvrir.

J'enlève mes vêtements pour enfiler mon jogging et un vieux t-shirt. J'ai besoin de me sentir à l'aise. Je descends rejoindre mon père qui m'attend assis à la table de cuisine. À ma place, un verre de jus d'orange m'attend. Méfiant, je m'approche. Je ne perds pas de vue ce verre qui pourrait être empoisonné par un filtre de vérité ou pire, un poison.

— Raconte-moi, m'invite-t-il à la confidence. Pour la première fois, je vois clairement sa ruse pour m'amadouer.

— J'étais en colère suite à ma conversation avec mon ange. Tu m'as dit de le draguer, je suis donc allé chez lui le surprendre. Il m'a parlé de règles, et quand il a remarqué que je ne comprenais rien à ses mots, il s'est agacé. Connaissant tes prérogatives journalières, je ne voulais pas te déranger. Je me suis donc adressé à Léandro. Une fois chez lui, nous avons été victimes d'une sorte d'attaque. Un vent puissant voulait m'atteindre, moi ou lui. Je ne sais pas trop. Je lui ai tout expliqué. Il a dit vouloir confronter l'ange. Ce que j'ai accepté. Une fois là-bas, l'ange et Léandro se sont reconnus.

— Reconnus ? demanda mon père, réellement surpris. Si ce n'est pas le cas, c'est un excellent comédien.

— Oui, reconnus. Mon ange s'appelle Liam.

— Liam ? Un léger frisson quasiment imperceptible traverse mon père.

— Oui, celui qui est à l'origine de notre malédiction familiale.

Mon père n'arrive plus à maîtriser ses émotions. Il est blanc comme un linge, il accuse le coup. Je suis heureux de mon petit effet, mais je ne le montre pas.

— J'ai besoin d'accéder au livre familial pour connaître l'histoire. J'y trouverai des indices sur comment lever la malédiction et sauver Elia.

— Mais... Il hésite. Se reprend comme il peut. D'accord. Je te laisserai consulter les pages de ce livre, rien de plus.

Je ne le montre pas, mais c'est déjà une petite victoire pour moi.

— Tout à l'heure, le ciel s'est déchiré, me dit-il.

— Oui, suite à ces révélations, je suis rentré dans une colère noire. Léandro a tenté de me calmer, mais il a échoué. L'ange s'est braqué et s'est envolé.

— Envolé ? Mon père est contrarié, il fulmine.

— As-tu vu ses ailes, leurs couleurs ?

— Non. Nous n'avons rien vu. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'après son passage, une centaine de corbeaux étaient morts.

— Des corbeaux ? Morts ?

Perdu dans ses pensées, je comprends qu'il ne s'attendait pas à mes révélations. Pour éviter qu'il se reprenne trop vite, je lui lance ma proposition en espérant qu'il accepte.

— Père, j'aimerais rendre visite à grand-mère. J'ai besoin de voir Elia. Tu m'y autorises ? Nous avons quelques jours de congés à l'école.

— Oui, bien entendu. C'est la première fois qu'il accepte aussi facilement l'une de mes demandes.

J'ose une nouvelle question qui le fera hurler, j'en suis certain.

— Pourquoi la couleur des ailes est-elle importante ?

La tête de mon père pivote vers moi, ses yeux deviennent noirs. Il me sonde pour y déceler quelque chose qui m'échappe.

— Tu n'as pas besoin d'en savoir plus.

— Ça rejoint les règles que je ne connais pas. Ma réponse est froide, sèche, ce qui surprend mon père qui note ma frustration.

Il capitule légèrement.

— C'est bon. Je vais te confier un livre qui t'en dira plus.

Mon cœur s'accélère. Je tremble légèrement. Aurai-je réussi à l'amadouer ? Je n'ose jubiler de cette victoire. J'attends la suite.

— Je t'autorise à pénétrer mon antre, mais attention, tu ne pourras accéder qu'à tout ce dont tu as besoin, rien de plus. La bibliothèque pourrait être dangereuse pour un débutant comme toi.

— Bien sûr, père.

Je bois mon jus d'orange, priant pour que ça ne soit pas empoisonné.

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