La fille arrive bien à la date prévue dans un concert tonitruant de bruits, de cris et de musique. Malgré lui, Tolunay a guetté son apparition toute la journée, tapi dans un arbre dont les branches lui caressent agréablement la peau au gré du vent.
Il lui est difficile de distinguer précisément les traits de la future femme de Kaen ; des servantes l'entourent comme si elle était la plus précieuse des richesses, les villageois se précipitent pour l'apercevoir et ensuite alimenter leurs conversations de la vision qu'ils auront eu ce jour-ci.
Patient, Tolunay attend que le cortège atteigne la frontière du village. Là , la jeune femme marque une hésitation, tourne la tête derrière son épaule puis la lève vers le ciel. Un instant, le garçon craint d'avoir été remarqué tant les yeux limpides de la fille se sont rivés sur lui. Ses longs cheveux blonds entortillés sur eux-mêmes tombent lourdement sur ses épaules, son visage pâle porte les stigmates d'une nuit mouvementée, ses lèvres tremblent. La vue perçante de Tolunay lui permet de surprendre le mouvement nerveux de ses mains dont les ongles grattent l'intérieur de ses poignets. Son extrême jeunesse est frappante. A-t-elle seulement déjà eu son premier sang ?
La colère qui jusque-là habitait le garçon s'évanouit. La petite semble terrorisée mais sa maîtrise d'elle-même permet de sauver les apparences. Elle n'a pas eu son mot à dire sur cette union, évidemment, elle n'a jamais eu son mot à dire sur quoi que ce soit. A l'instar des bêtes et des terres de son père, elle n'est qu'un objet d'échange qui n'a de valeur que tant qu'il est fécond.
La rage de Tolunay se tord pour endosser une autre forme.
Du coin de l'œil, il aperçoit les fils du volcan s'avancer à la rencontre du cortège et il ne lui faut qu'une seconde pour reconnaître parmi eux Kaen, droit et fier dans ses plus beaux vêtements. Comme prévu, la fièvre est tombée après quelques nuits et le jeune homme a désormais recouvert de sa superbe, prêt à accueillir comme il se doit celle qui lui donnera de futurs héritiers.
Dégoûté par la vision, Tolunay descend discrètement de son arbre pour s'enfoncer dans la forêt. Longtemps, il s'acharne à grimper le plus haut possible, abîme ses semelles usées sur les pierriers branlants des sommets, ignore le souffle erratique qui lui brûle la poitrine.
Au-dessus de sa tête, des rapaces tournoient inlassablement, crevant l'azur de leurs ailes effilées. Tolunay serre les dents. S'il avait des ailes, il s'enfuirait le plus loin possible d'ici, ne reviendrait jamais.
Épuisé, il finit par s'écrouler entre deux rochers, le corps fourbu, les pieds en sang. Son cœur a beau résonner de façon assourdissante dans ses oreilles, il se sent étonnement vide.
***
La fille reste au village le temps que le serpent tourne une nouvelle fois sur lui-même. Durant ce laps de temps, Tolunay ne croise pas Kaen qui se doit de rester auprès de sa promise. Quand les deux jeunes gens font le tour des terres et pénètrent dans la forêt, Tolunay prend bien garde à ne pas être dans les parages. De toute façon, il passe le plus clair de son temps dans la montagne, au milieu des bêtes qui arpentent les hautes prairies. Pour quelques outils et un peu de nourriture, il accepte de garder les troupeaux jusqu'aux premiers froids, dormant dans une cabane de pierre sèche qui s'est à moitié effondrée lors d'un terrible orage.
Les journées se suivent et se ressemblent toutes : avant l'aube, il se lève de sa paillasse, ravive le feu couvert de cendres et fait réchauffer sa tisane aux herbes d'altitude qui lui permettra de tenir la journée. Dès que le soleil pointe à l'horizon, il sort les bêtes de leur enclos et les mène aux hautes pâtures, là où l'herbe est plus fraîche, puis s'attelle à la longue tâche de la traite. Commence ensuite une journée interminable de surveillance et de solitude, seulement troublée par le cri des oiseaux, le bêlement des moutons et les aboiements de la chienne qui partage son quotidien.
Ce n'est que le soir, quand il a ramené les bêtes près de la cabane, qu'il s'octroie un moment à lui. Alors que les derniers rayons du soleil s'accrochent aux pics escarpés, il se dirige vers le Lac aux Âmes dont l'eau claire reflète les esprits de ceux qui sont morts bien avant lui et dont les âmes scintillent dans le ciel, la nuit.
L'eau est glaciale, les pierres douces sous ses pieds. Bercé par le silence des alpages, il trempe sa tunique et ses braies trouées aux genoux, laisse son corps couler au fond du lac, retient sa respiration le plus longtemps possible.
Ce soir-là , il sait qu'il est là avant même d'émerger la tête hors de l'eau.
Lentement, il remonte à la surface, rejette ses cheveux trempés en arrière et garde un instant les yeux rivés sur les vaguelettes que ses mouvements ont créé autour de lui.
— Elle est partie.
Sa question n'en est pas une. Il sait très bien que s'il est là , c'est qu'il a été déchargé de ses obligations.
— Oui, acquiesce tout de même Kaen qui s'est déchaussé pour tremper ses pieds dans l'eau.
Tolunay se tourne vers lui. Il essaie de mettre des mots sur l'émotion qui remue ses entrailles mais n'y parvient pas. Quelque part, la présence du jeune homme l'agace, met ses nerfs à vif. Il voudrait lui demander comment il l'a retrouvé mais Kaen a cette intelligence instinctive qui le mène toujours au bon endroit. Il ne pose également aucune question sur sa jeune promise. Au fond, qu'y a-t-il à dire ? Qu'ils se soient plus ou non n'a aucune importance, les deux devront accomplir leur devoir. Et il y a une pesanteur dans le regard de Kaen qui le retient de poser toute question.
— Tu as coupé tes cheveux.
Les yeux incandescents de Kaen incendient la peau de Tolunay qui se force Ă maintenir son regard.
— Oui, acquiesce-t-il à son tour.
— Pourquoi ?
— Je ne les aimais plus.
Comment expliquer cette envie soudaine, irrationnelle, de se débarrasser d'une partie de lui, d'arracher un pan de son être et d'espérer qu'il contiendrait tout ce qui l'empêche de dormir la nuit ? Les hommes n'ont pas inventé des mots assez puissants pour cela.
Longtemps, Kaen observe ses cheveux blancs, si courts que les pointes effleurent à peine ses oreilles. Tolunay sait que sa nouvelle coupe laisse apercevoir les marques que le soleil a déposées sur sa peau quand il était enfant, quand il ne savait pas encore que ses rayons pouvaient le blesser à ce point.
— Tu es vraiment l'enfant du Serpent, souffle le futur chef de clan sans détourner le regard.
Ce seront les derniers mots échangés ce soir-là . En revanche, cette nuit devient le point de départ de rencontres et de rendez-vous qui s'étalent jusqu'à la fin de la période de haut pâturage.
A l'aube, avant même que le village ne s'éveille, Kaen prend son arc, son carquois, une besace remplie de nourriture et part à l'assaut des monts vertigineux qui se dressent au-dessus de la forêt. Il rejoint Tolunay quand le soleil est déjà haut dans le ciel. Généralement, le jeune homme est assis à l'ombre d'un arbre, occupé à traire les brebis une par une.
En guise de salutation, les deux garçons dévorent le pain, le fromage et les fruits ramenés par Kaen, le regard happé par la majesté du paysage qui les entoure.
Souvent, Kaen aide Tolunay à la traite, même si la tâche, longue, répétitive, a très vite raison de sa patience. Ce qu'il préfère, c'est rester allongé au soleil, ses yeux de braise balayant le troupeau pour vérifier qu'aucune bête ne s'est trop éloignée. Insensible à la chaleur, il s'expose aux rayons ardents sans broncher, aidant ainsi considérablement son compagnon qui évite de brûler davantage sa peau fragile.
La plupart du temps, les journées s'égrènent lentement, paisiblement. Les deux garçons parlent peu mais construisent en silence des jeux qui les occupent jusqu'à la nuit. Parfois, l'un d'entre eux tourne mal et le tempérament impétueux de Kaen refait surface, alimenté par le plaisir mesquin de Tolunay d'attiser sa fureur. Dans ces moments-là , leurs poings prennent le relais et quand toute once d'énergie a quitté leurs corps, le fils du volcan fait demi-tour et quitte rageusement les hautes prairies pour rentrer au village. Ce qui ne l'empêche pas de revenir, quelques jours plus tard.
Cette petite routine réconfortante aurait pu durer longtemps si, un soir, Kaen n'avait pas déboulé en furie au beau milieu de la nuit.
Cela faisait quelques jours que Tolunay ne l'avait pas vu sans que cela ne l'inquiète pour autant. La présence de Kaen est imprévisible, parfois inattendue, souvent capricieuse. Il avait donc continué sa petite routine sans que cette absence ne pèse sur sa conscience. Il faut dire qu'il a beaucoup à faire en ce moment, la saison en hautes pâtures touche à sa fin et il se doit de terminer la préparation des fromages avant de redescendre en plaine. Le travail est long, fatigant, il prend toute son énergie. Depuis maintenant trois tours du Serpent, il est coupé des habitants d'en bas, n'a de leurs nouvelles que par Kaen qui n'a aucun intérêt à les lui relayer. Il ignore tout, ne cherche pas à en savoir plus. Mais quand son compagnon apparaît ce soir-là , le visage défait et les yeux plein de feu, un mauvais pressentiment agite son cœur.
Il est déjà arrivé à Kaen de le rejoindre le soir, alors qu'il se délasse de sa longue journée dans l'eau glacée du lac, et de passer la nuit avec lui dans la cabane, recroquevillé à ses côtés sur la méchante paillasse qui lui sert de couche. Mais aujourd'hui est différent, Tolunay le ressent immédiatement. Aujourd'hui, le volcan qui coule dans les veines de Kaen s'est réveillé et la lave qu'il crache dégouline du regard du garçon.
Alors que ce dernier parvient Ă sa hauteur, Tolunay serre entre ses mains le piquet qu'il s'apprĂŞtait Ă planter pour solidifier l'enclos des moutons. Des milliers de fourmillements font tressauter ses doigts.
— Je pars à la guerre, annonce sans préambule le nouvel arrivant.
L'écharde qui s'enfonce dans la paume de Tolunay n'est pas suffisante pour empêcher ses mains de presser davantage le bois.
Incapable de trouver ses mots, il se contente d'affronter le regard incandescent de Kaen, ses iris enflammés qui semblent prêts à tout brûler sur leur passage.
— Tu comprends ce que je dis ? crache le fils du volcan en effectuant un geste brusque dans sa direction. Tous les hommes forts du clan s'apprêtent à partir. Demain, il ne restera que les anciens, les femmes, les enfants et les incapables. Dans quel camp dois-je te placer ?
Tolunay ignore la provocation comme il ignore le sang qui glisse le long de son poignet. D'égratignure, sa blessure s'est transformée en entaille mais la douleur n'atteint pas son cerveau. Le vide qui a toujours occupé une place de son cœur vient d'en accaparer la totalité. Un voile blanc traverse sa vision.
— Ne crois pas que cela change quoi que ce soit à ta position, continue Kaen en pressant un doigt agressif à la base de son cou. Tu restes sous l'autorité de ma famille, mon oncle et mon frère restent pour diriger le village. Tu n'as pas le droit de partir tout comme tu n'as pas le droit de t'installer au sein du clan.
Le silence de Tolunay n'empêche pas son interlocuteur de continuer sa tirade, au contraire, il amplifie la colère qui suinte par chacun de ses pores.
— Quand je reviendrai, je serai couvert de prestige, affirme-t-il avec véhémence. Je serai un chef invincible, impitoyable ! Si les gens d'ici l'oublient, je me ferai un plaisir de leur rappeler ! Je reviendrai et je récupérerai tout ce qui est à moi ! Les choses peuvent bien bouger, personne ne doit oublier que je suis celui auquel ils doivent obéir ! Et ça vaut pour toi aussi !
D'éteint, le cœur de Tolunay vient de se remettre à battre, de manière assourdissante. Chaque pulsation lui martèle les tempes, bourdonne dans ses oreilles, fracasse sa cage thoracique. Il devrait être en colère contre Kaen et son discours rabaissant, il devrait s'insurger face à son manque de respect et à l'agressivité qu'il lui jette au visage. Mais il en est incapable.
Les mots peinent à atteindre son esprit, raisonner lui semble être une tâche insurmontable. Qu'a-t-il pu se passer en bas pour que le clan en vienne à entrer en guerre ? Comment les choses ont-elles pu évoluer si vite ? De quelle cascade d'événements a-t-il pu donc être mis de côté aussi facilement ? Les liens ne se font pas dans son cerveau.
— Je vais leur montrer qu'on ne provoque pas sans impunité les fils du volcan, continue Kaen, imperturbable dans sa fureur, ses yeux plus rouges que jamais. Cela faisait bien longtemps que je disais à mon père que ceux d'Assoulny poussaient trop loin leur chance, qu'il fallait leur donner une bonne leçon. Je suis ravi de savoir qu'il m'a écouté. Cette fois, ils n'en réchapperont pas, il ne restera plus aucun homme pour affirmer que leur clan peut écraser le nôtre ! Ils pensent pouvoir s'octroyer nos terres, nos femmes et nos richesses ? Ils n'auront rien ! Rien qui nous appartient !
Désormais plus conscient de ce qui se joue en face de lui, Tolunay a desserré sa prise autour du piquet. Sa paume le lance et le sang a taché sa tunique mais il reste calme, silencieux, observe le jeune homme en face de lui qui parle avec de si grands mots et de si grands desseins.
Pour la première fois depuis qu'il le connaît, Kaen lui semble affreusement jeune et vulnérable. Au fond, le futur chef de clan n'est pas beaucoup plus âgé que lui et Tolunay, né l'hiver de la Grande Gelée, s'approche à peine de ses quatorze ans. Qu'est-ce qu'un garçon de cet âge peut bien faire sur le champ de bataille ? Est-il seulement de taille face à ses adversaires ?
Tolunay sait que Kaen s'entraîne dur depuis sa naissance, que sa condition physique est exceptionnelle et que ses flèches ne ratent jamais leur cible, mais est-ce suffisant ? Que se passera-t-il s'il se blesse, si son arc se brise, si les siens se font décimer ? Combien de temps pourra-t-il survivre avant que l'hiver ne tombe et que le mal s'empare à nouveau de lui ? A-t-il seulement une chance de revenir vivant ?
Le cœur cognant durement contre ses côtes, Tolunay observe son compagnon qui continue de vociférer sans entendre un seul de ses mots. Il observe ses cheveux noirs, plus sombres que la nuit, maladroitement noués avec une lanière de cuir. Quelques mèches retombent devant ses yeux ardents, créent des ombres sur sa peau mordorée. Le garçon s'attarde sur les trois petites cicatrices circulaires dessinées sur sa tempe droite, souvenir d'une échauffourée à l'issue de laquelle la tête de Kaen avait violemment cogné contre une roche escarpée. Tolunay s'en était immédiatement voulu mais son adversaire ne lui en avait pas tenu rigueur et n'avait jamais cherché à dissimuler la preuve de sa défaite. L'échec n'a pas sa place dans son sang, lui avait-il dit, s'il lui arrive de perdre, c'est que le volcan l'incite à intensifier ses entraînements. Cela n'avait pas empêché Tolunay de panser ses blessures pendant de longues nuits.
Il avait déjà remarqué l'arc étrange que forment les sourcils de Kaen quand la colère s'empare de lui. Une drôle de vague, légèrement incurvée sur le côté, qui ne fait que paraître ses yeux encore plus grands. Et cette façon ridicule dont il s'est tant moqué de pousser sa mâchoire inférieure vers l'avant, comme s'il était prêt à mordre ! Il connaît chaque détail.
Alors à l'instant où cette grimace familière s'estompe pour laisser place à une expression plus inquiétante, plus dangereuse, signe que la fureur s'apprête à l'aveugler, la voix de Tolunay s'élève dans le silence de la nuit.
— Je t'attendrai.
Les mots ont à peine le temps de franchir ses lèvres qu'il se fige, médusé. Il ignore pourquoi il a prononcé cette phrase, tout ce qu'il sait, c'est qu'elle a roulé dans sa gorge et s'est manifestée avant qu'il n'ait pu y songer. Ces trois mots, qui revêtent en leur sein plus de puissance que n'importe quel discours, sont nés de ce vide qui l'accompagne depuis sa naissance, ce vide qui a toujours creusé son cœur sans jamais en venir à bout, ce vide qui aujourd'hui se révèle créateur de la plus signifiante des promesses.
L'impact de se phrase est tel qu'il reste les bras ballants, incapable de se corriger ou de se justifier. Sans pouvoir se l'expliquer, l'assurance et la sincérité qui ont accompagné son intervention ne vacillent pas. Son être tout entier a parlé pour lui, il ne craint pas cela.
Il ne peut cependant pas s'empêcher de crisper ses épaules dans l'attente de l'éruption qui ne devrait pas tarder à s'abattre sur lui. Kaen va forcément crier, se moquer, s'insurger, se mettre en colère, l'humilier, le mépriser. Mais rien n'arrive.
Surpris, Tolunay ose un regard vers son compagnon dont le visage jusqu'alors déformé par la rage s'est apaisé, comme une pluie vient éteindre les dernières flammes de l'incendie. A la place des iris accusateurs se trouvent désormais deux braises qui rougeoient chaleureusement, la dureté de la figure ne relève plus que de l'inébranlable détermination. Kaen ne se moque pas. Il ne l'insulte pas non plus, ne cherche pas à le repousser. Toute colère semble avoir déserté son corps.
Le cœur battant, Tolunay réalise alors à quel point le feu maîtrise cet homme, à quel point il peut le rendre incontrôlable et destructeur tout comme il peut le rendre vaillant et protecteur. Kaen n'a pas peur d'aller à la guerre, Tolunay le comprend subitement. Il n'a jamais eu peur d'aller au combat, ce n'est pas cela qui a attisé sa colère.
— Je reviendrai, promet alors le futur chef de clan d'une voix si vibrante qu'elle fait frissonner Tolunay.
Ce dernier hoche la tête lentement, incapable de faire un geste ou de dire autre chose. Il voit l'énergie qui crépite entre eux, aussi clairement que si elle avait un corps. Il sait que ce qui se joue ici, ce qui est en train de se nouer entre eux ne pourra jamais être défait. Il aimerait ajouter quelque chose, donner du courage à Kaen, lui promettre bien d'autres choses. Mais les mots ne trouvent pas leur chemin. Peut-être est-ce une bonne chose d'ailleurs tant il leur est déjà difficile de s'arracher du regard de l'autre.
Finalement, après une brève contraction de ses traits, c'est Kaen qui rompt leur échange visuel en faisant volte-face pour s'évanouir dans la nuit. Tolunay le suit du regard bien longtemps après qu'il ait disparu. Le vide dans son cœur s'est comblé.