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Echoesofthestar
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Prologue

Prologue
Margaret 3 ans plutôt...

La musique a toujours fait partie de ma vie, du moins depuis aussi loin que je m'en souvienne. J'écoutais de la musique en boucle dans ma chambre, je mettais en scène  mes poupées, je m'amusais à faire des spectacles à mes parents, transformant le salon en une grande scène. Ce n'était qu'un jeu pour eux, mais j'aimais chanter et ce que mes parents prenaient pour un innocent passe-temps, c'était un rêve qui prenait doucement racine en moi.

Plus tard au collège, j'ai rejoint la chorale, à leurs yeux ce n'était qu'une simple activité extrascolaire, tout comme les cours piano. Ils venaient quand même voir mes représentations de Noël, de Pâques ou encore celle de fin d'année.

Au lycée, j'ai continué, et c'est là que j'ai commencé à comprendre que ce n'était pas seulement une activité ou simple un hobby. J'aimais ce que je faisais. Chaque note jouée me donnait l'impression de respirer librement.

Mais malgré tout je restais dans l'ombre, je n'étais jamais la chanteuse principale, je faisais toujours en sorte d'être dans les chœurs, je ne voulais pas attirer l'attention des autres. Vous allez vous demander pourquoi? Et bien même si j'aimais chanter, on s'est toujours moqué de ma voix trop grave et trop rauque pour une fille. Ces railleries m'ont fait douter de moi-même et cela alimentait une incertitude que je n'arrivais pas à chasser. J'ai eu la chance de rencontrer mes deux meilleures amies pendant cette période : Tilly et Iris, elles ont fait en sorte que ces quelques années soient beaucoup plus supportables.

Elles ont toujours été là pour moi, m'encourageant à croire en moi. À leurs yeux, ma voix était vibrante, puissante, avec une fragilité touchante. Pour elles, ma voix avait quelque chose qui rappelait Amy Winehouse, ou parfois des nuances à la manière de Raye.

Lors de ma dernière année, il a fallu faire un choix pour mon avenir. Tilly, elle, n'a jamais douté de ce qu'elle voulait, elle a cette énergie solaire et lumineuse qui attirent les regards sans qu'elle est à le provoquer.. Elle rentre dans une pièce et l'illumine comme on allume une lumière, elle aime que les choses soient à leur place, que les plans se déroulent comme prévu. Et souvent c'est le cas. Au lycée elle était dans le club des débats par passion, mais aussi par instinct pour pousser les idées jusqu'à leur limite et toujours avoir le dernier mot avec élégance. C'est donc tout naturellement qu'elle s'est tournée vers des études de management à l'école d'économie de Londres.

Quant à Iris, elle a pris une direction totalement opposée. West Dean, une école d'art et de conservation, lui ressemblait en tout point : empreinte de poésie et de silence, un lieu où l'on apprend à écouter les matières à comprendre sans brusquer et à réparer sans effacer. C'était une évidence pour elle, guidée par son intuition et sa douceur naturelle, toujours attentive à ce que les autres ne voient pas.

Cela a été plus compliqué pour moi... j'étais dans le flou, je ne savais pas où aller ni  quoi faire. J'avais cette envie secrète de composer de la musique. Mais mes parents voulaient que je choisisse "un vrai métier", quelque chose de stable, de sérieux. J'ai cherché alors ce qui pourrait me plaire et ce qui se rapprochait le plus de la musique. J'ai donc choisi une fac de lettres moderne. Ce n'était pas vraiment moi, mais c'était rassurant pour eux, et ça me laissait encore un peu de place pour rêver.

Quelque part j'y ai trouvé un peu de plaisir, j'étudiais, je travaillais dans un petit café afin de payer mon loyer. Mes parents ont toujours souhaité que je sois indépendante, alors je faisais en sorte de l'être. Cependant je n'avais pas vraiment d'amis, juste des visages familiers que je croisais dans les couloirs. Parfois un bonjour mais rarement plus, j'étais ce genre de fille qu'on oubliait après le premier semestre. Peut-être trop introvertie, je crois, pas timide, juste invisible. Alors j'ai gardé une routine simple : cours, boulot, musique. C'était répétitif, oui, mais rassurant... et surtout, ça me laissait en paix

À la fac, j'ai continué la musique mais autrement. En secret dans l'ombre, j'écrivais, j'enregistrais tout, seule dans ma chambre, les écouteurs plaqués contre mes oreilles.

Je ne me suis pas réinscrite dans un club de musique ou de chant, par manque de courage? je suppose.

Peut-être que j'avais peur qu'on me regarde ou qu'on m'entende chanter. Alors je l'ai gardé pour moi comme si le fait de le cacher le rendait plus réel, ou alors peut-être plus supportable.

Un soir, l'idée de partager ma musique, tout en me cachant derrière un pseudonyme, m'était venue en tête. Partager sans me montrer, sans que personne ne sache qui j'étais réellement. Cette pensée a fleuri dans mon esprit pendant plusieurs semaines. Alors je me suis mise à apprendre, à chercher des tutos, des logiciels, des sons. J'ai découvert le monde de l'électro, c'était parfait ! Je pouvais transformer, déconstruire, créer tout en restant anonyme, c'était devenu mon échappatoire.

Quelques mois sont passés et tout a fini par prendre forme, mon premier son était prêt ! Mon cœur battait si fort que j'ai eu l'impression qu'il allait exploser. Je savais précisément ce que je voulais faire ! Malgré la peur de l'échec, celle de ne jamais essayer m'effrayait encore plus.

Je savais que si je voulais partager ma musique un jour, il me faudrait un nom. Pas le mien. Pas Margaret.

Margaret, c'était la fille sage, celle qui sourit poliment, qui se fond dans la masse, qui n'attire pas l'attention. Celle que mes parents comprennent.

Je voulais quelque chose qui soit une autre version de moi que personne n'avait encore rencontré.

J'ai commencé à chercher, j'ai gribouillé des idées dans un coin de carnet, sur des tickets de caisse, dans les notes de mon téléphone. Je voulais quelque chose de simple, de court, un nom qui me ressemble sans me trahir.

Après plusieurs jours de réflexion, le nom Nova est né. Une étoile qui n'existe que lorsqu'elle explose, brille et illumine. C'était parfait. Personne ne pourrait ne m'associer à Margarette Ashford. Cette étoile allait me protéger et aller me permettre d'être libre.

Il était temps pour moi de publier ce que j'avais créé. J'ai donc cliqué sur 'publier', c'était comme sauter dans le vide, ce que je considérais, comme mon monde était désormais à la vue de tous.

Quelques minutes plus tard, je commençais à regretter. Mon cœur tambourinait, si fort que j'avais l'impression qu'il sortait de ma poitrine, mon appartement semblait se recroqueviller sous l'angoisse de ce que je venais de faire.

Un flot de pensées négatives envahit mon esprit, mais il était déjà trop tard pour reculer.

Je suis restée là, figée devant mon écran, rafraîchissant les pages toutes les cinq minutes. Aucun commentaire. Aucun j'aime. Juste ce silence numérique qui devenait de plus en plus assourdissant.

Je ne sais combien de temps je suis restée les yeux rivés sur l'écran, à attendre un signe.

La peur se mélangeait à une pointe d'espoir comme si une partie de moi croyait encore qu'il pourrait se passer quelque chose. Mais l'attente devenait insupportable. Alors à bout de nerfs et d'énergie, j'ai fini par aller m'allonger dans mon lit et contre toute attente, je me suis endormie, bercée par cette fatigue qui n'était pas seulement physique mais aussi émotionnelle.

Le lendemain, le réveil avait sonné trop tôt, j'avais à peine dormi. Le cœur lourd et la gorge serrée, j'avais l'impression de flotter entre deux états - le sommeil et la panique, le rêve et la réalité.

Tout me semblait flou.

Je m'étais habillée machinalement, j'avais enfilé un pull trop grand, attaché mes cheveux sans vraiment y réfléchir. Une part de moi aurait voulu tout effacer, revenir en arrière, mais encore une fois, il était trop tard.

J'étais parti pour commencer une nouvelle journée, affrontant le froid matinal pour rejoindre les couloirs gris de la fac.

Les visages étaient les mêmes. Les bruits aussi, les pas, les rires, les feuilles qu'on feuilleter à la-va vite, tout était normal...

Sauf moi.

J'avais l'impression de porter un secret trop grand pour mon corps.

Et puis je les ai entendues. Ces deux filles, à quelques mètres de moi, juste avant d'entrer dans l'amphithéâtre. Elle parlait vite, à voix basse, mais leurs mots m'avaient percuté de plein fouet.

« J'ai découvert un son incroyable hier soir... c'était fou.

— C'est qui ?

—  Elle s'appelle Nova, je ne connaissais pas avant.

—  Nova ? Jamais entendu parler.

—  Franchement, ça m'a donné des frissons. Je l'écoute en boucle depuis ce matin. »

C'était comme si mon cœur avait oublié de battre pendant une seconde ou deux. Mes jambes étaient devenues toutes molles.

Nova.

Je les avais dépassées sans un mot tête baissée, mains moites.

J'ai eu envie de sourire, de pleurer, de disparaître.

Toute la journée, leurs voix avaient tourné en boucle dans ma tête, « Nova ? Jamais entendu parler » et c'était peut-être ça le plus rassurant.

La journée fut longue. J'avais cette drôle d'impression d'être différente comme si quelque chose en moi avait changé et que les autres le remarquent.

Mais personne ne pouvait vraiment savoir.

Une fois rentrée chez moi, j'avais fermé la porte avec lenteur, comme si le monde entier risquait de s'engouffrer.

J'avais posé mon sac, retiré mes chaussures, puis, j'étais allée tout droit vers mon bureau.

J'avais ouvert mon ordinateur.

L'écran s'était allumé.

Et là je m'étais figé.

Des centaines de notifications. Des j'aimes. Des partages. Des commentaires.

« J'ai eu des frissons dès les premières notes. », « Elle sort d'où ? C'est une inconnue et elle nous balance ça comme si c'était rien ? », « J'ai mis mon casque et j'ai disparu pendant 3 minutes 40. Merci. », « Nova, je sais pas qui t'es, mais ce que tu viens de créer, c'est un espace. »

Je restais immobile.

Mon regard glissait d'un message à l'autre, incapable de tout lire, incapable de détourner les yeux.

Mon cœur battait trop fort. Mon corps, lui, ne bougeait plus.

Ils avaient écouté. Ils avaient ressenti.

Et ils ne savaient pas que c'était moi.

C'était ça le plus fou. Cette liberté dans l'anonymat. Cette sensation étrange d'être vue sans être exposée.

Une partie de moi voulait pleurer. L'autre avait envie de rire, de hurler, de se cacher sous les draps pour ne jamais ressortir.

J'avais voulu créer un refuge. Juste un endroit où respirer.

Et apparemment... j'en avais construit un pour d'autres aussi.


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