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Chapitre 5 | Le refuge

Ethan

Mon père claque violemment la porte de mon appartement. Il est furieux. Je le laisse bougonner dans son coin ; j'ai appris avec le temps qu'il ne fallait pas tenter de l'approcher dans ces moments-là. La télé, toujours en toile de fond, parle des crimes. L'angoisse tapie au creux de mes tripes se réveille, j'en tremble.

— Fichu fouineur.

Il sort son portable de sa poche.

— Anissa, peux-tu faire une recherche pour moi s'il te plaît ?

Je n'entends pas la réponse de son interlocutrice, mais vu que la colère de mon père a l'air de retomber, je pense qu'elle accepte.

— Fais moi une recherche approfondir sur Amaury Leroy, s’il te plaît. Il est journaliste. J’aimerai avoir plus d’éléments sur lui si tu peux en trouver. Il traque mon fils.

Les lors de mon père me font frémir.

Dans la foulée, je reçois un SMS qui attire mon attention en faisant monter mon angoisse.

« Je suis Amaury Leroy, journaliste, pas besoin que votre père lance des recherches. Je souhaite m'entretenir avec vous sur plusieurs sujets. Le premier sur les meurtres de décembre 2022, mars et juillet 2023 au Canada. Un tueur en série a défrayé la chronique en copiant votre livre « Issue de mes pires cauchemars ». Maintenant, deux nouveaux meurtres en France concernant votre première bande dessinée. Est-ce une coïncidence ? Contactez-moi au plus vite. »

Je lâche mon téléphone qui tombe lourdement sur la moquette, attirant l'attention de mon père qui accourt à mes côtés, inquiet.

Il récupère mon portable et lit le message. Il jure comme à son habitude.

— Ok, je t'emmène chez mon ami Richard. Il n'a personne en ce moment dans son gîte. Tu pourras t'y réfugier, personne ne te trouvera là-bas. Emballe les affaires dont tu as besoin. Je l'appelle et on décolle. Le fouineur sera rapidement de retour.

Je ne bronche pas et obéis à mon père. Je suis fébrile de me voir quitter ce cocon qui est mon refuge depuis trois ans.

Quatre heures de route pour arriver au milieu de nulle part, la campagne. L'angoisse. Même si j'aime être isolé, j'ai besoin d'être en ville, d'entendre le monde tourner autour de moi. Ici, le silence règne en maître.

L'ami de mon père nous accueille les bras ouverts. Il est gentil, chaleureux et surtout, ma présence a l'air de le soulager. Moi, je panique légèrement. Mon père le remarque mais ne dit rien. Il me laisse gérer mes émotions.

Richard nous invite à entrer dans ce qui sera ma chambre pendant deux mois. Je ne peux pas dire que cet endroit soit austère, bien au contraire. Nous sommes au milieu de nulle part, je respire enfin de l'air frais.

La pièce est spacieuse, douillette, un grand bureau installé devant une fenêtre, par laquelle je peux voir un jardin magnifique qui m'inspirera beaucoup d'illustrations, j'en suis certain.

J'ai envie de dessiner des choses plus légères, plus douces que du sang et la mort. Ici, pas de télévision. Je devrais remercier mon père de me couper de notre réalité. De l'espace, du vert, du calme, même pas de Wi-Fi vu que je ne capte rien sur mon portable.

Richard me fait remarquer qu'il y a un ancien téléphone et que cela devrait me suffire durant cette période de retraite. Oui, mon père lui a dit que j'étais surmené et que j'avais besoin de me couper du monde. Un demi-mensonge qui sonne bien trop vrai.

J'ai réellement besoin de me couper du monde, et si je pouvais par la même occasion être coupé de mes visions, ce serait le paradis sur terre, mais ça, j'en doute sérieusement.

— Tu seras très bien ici. Profites-en pour te détendre un peu. Chaque jour, je t'appellerai à midi et à vingt heures, ce seront nos points de rendez-vous pour que je m'assure que tout va bien pour toi. En cas de problèmes, Richard pourra me contacter, rassure-toi.

Je suis loin d'être inquiet. Je n'ai pas besoin que mon père prenne autant de précautions pour moi. Mais je ne suis pas dupe, j'ai bien compris qu'il s'inquiète pour ma santé mentale. Me savoir ici seul ne le rassurait pas complètement.

Pourtant, me mettre au vert était sa meilleure idée. Je ne partais jamais en vacances, je ne savais même pas que j'allais me sentir aussi bien à la campagne, au milieu de nulle part.

Pour la première fois, j'avais envie de dessiner autre chose que mes cauchemars alors que j'avais à peine posé un pied en ce lieu.

— Je ne vais pas t'embêter, ici je suis à ton service. Alors si tu as besoin de quoi que ce soit, demande-moi. Tu me transmettras également ton rythme de vie pour les repas. Tu es ici en vacances, tu n'auras rien à faire. Me souligne Richard très gentiment.

— Merci.

Un immense sourire sincère s'affiche sur mon visage. Mon père est heureux de me voir ainsi réagir.

— Je pense qu'il va se plaire, ici. Un immense merci, Richard.

— Avec plaisir. Je te dois bien ça.

Laissons-le s'installer. Viens, suis-moi, tu ne vas pas repartir le ventre vide. Richard se tourne vers moi.

— Prends tes marques. Si tu as faim, rejoins-nous. Rien ne presse.

— Merci, Richard. Je pense défaire mes valises et me reposer quelques heures.

Ces derniers jours ont été épuisants.

— Fais comme tu veux. Je ne viendrais pas t'embêter. Tu peux naviguer dans le gîte comme tu le souhaites.

— Merci.

— Avec plaisir.

Il entraîne mon père avec lui, referme la porte. Je me retrouve seul, je peux enfin souffler. Je range tranquillement mes affaires.

Je ne déballe pas mes illustrations, je n'ai pas envie de plonger à nouveau dans cet univers glauque. Par contre, je sors mon nouveau cahier de dessin et mon crayon de bois.

Je regarde à travers la vitre, le jardin face à moi me donne envie de le croquer, ce que je ferai après m'être assoupi pour quelques heures.

J'ai l'intuition que je vais pouvoir lâcher prise. Ce lieu dégage une énergie très positive. Jamais je ne me suis senti aussi bien dans un lieu, ce qui me surprend.

Je retire mes vêtements, j'enfile rapidement mon vieux jogging, ainsi qu'un vieux t-shirt pour me sentir à l'aise. Je me glisse dans les draps propres à l'odeur de lavande. Je ferme les yeux,

m'abandonnant. Le sommeil me cueille rapidement.

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