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Chapitre 6 | Retrouvailles

Amaury

Impossible de retrouver Dark Sym. J’ai tout tenté, même suivi ses parents, mais sans succès.

Mes recherches auprès de ses amis potentiels n’ont rien donné non plus. Ce type est une véritable énigme.

Voilà un mois que je le traque sans la moindre piste, comme s’il s’était évaporé, ce qui, j’en suis certain, est impossible. J’en ai assez de courir après un fantôme.

Le troisième crime vient de tomber, toujours l’œuvre de ce tueur aux roses, les épines enfoncées dans la gorge des victimes. Je suis dans une impasse.

Une source policière m’affirme que les assassinats s’inspirent de l’œuvre de Dark Sym, mais avec des variantes qui n’ont rien à voir avec le livre.

“Au pire, si c’est un copycat,” m’a informé ma source, “l’auteur n’y est pour rien si un psychopathe sévit.”

Pourtant, je suis persuadé qu’il y a plus à creuser de ce côté-là. J’ai mis de côté l’affaire au Canada, mais je devrais y retourner pour des recherches plus approfondies.

En attendant, je me prépare à rendre visite à mon oncle. Pour être honnête, je m’apprête à squatter chez lui.

Mon propriétaire m’a demandé de quitter les lieux ; je n’arrivais plus à payer le loyer à temps, et il a perdu patience. J’ai préféré partir par prudence.

Depuis que je ne travaille plus au journal, l’argent se fait rare. J’investis toutes mes économies pour traquer Dark Sym. Je ne peux pas me permettre de gaspiller un centime. Cette histoire, ce scoop, je suis certain que c’est ce qui lancera ma chaîne YouTube et mon blog.

J’arrive aux abords de la ferme de mon oncle. Ce lieu fait resurgir quelques souvenirs de vacances, une époque légère où mes parents étaient encore mariés. Mon frère aîné n’avait pas encore choisi le camp de notre père, nous abandonnant, ma mère et moi, sans se retourner.

Mon estomac se noue à l’idée de cette époque révolue.

Le sentier cabossé s’enfonce dans une campagne où le temps semble s’être arrêté. Autour de moi, la nature règne en maître. Le calme est absolu, seulement rompu par le doux bruissement des feuilles dans les arbres et le chant lointain des oiseaux.

L’air y est pur, saturé de parfums de terre mouillée et d’herbe fraîche, ainsi qu’une légère odeur de foin séché qui flotte çà et là.

La vieille ferme apparaît enfin, rustique avec ses pierres grises patinées par les décennies, ses volets en bois fatigués mais solides. Elle se dresse, solitaire et immuable, au milieu de ce nulle part apaisant.

Ma voiture me ballote dans tous les sens, ce qui est normal, le sentier est plein de trous, il n’est toujours pas goudronné bien que mon oncle l’ait prévu il y a dix ans.

Je souffle en me demandant si ma venue est une si bonne idée. Quand je l’ai appelé pour expliquer ma situation, il m’a tout de suite demandé de le rejoindre. Ça ne m’enchante pas plus que ça de vivre au milieu de cette campagne, mais c’est bien mieux que d’être à la rue.

Ma mère m’a supplié au téléphone de reprendre un travail sérieux, mais je m’y refuse. Je veux aller au bout de cette histoire. Elle m’intrigue, je dois percer les mystères de cet écrivain. Enfin arrivé devant la ferme, je gare ma voiture non loin du grand hangar jouxtant le corps de ferme.

Je ne sors pas immédiatement, me laissant le temps de souffler. La porte d’entrée s’ouvre alors sur le visage radieux de mon oncle. Il avance vers moi, d’un pas plus lent qu’auparavant. Il a pris quelques kilos, ce qui alourdit sa silhouette. Son visage, marqué, davantage ridé, trahit le temps passé, mais son regard reste toujours aussi acéré et perçant. Sous sa tenue un peu débraillée, on devine malgré tout un corps musclé, et ses cheveux gris en bataille ajoutent à son allure.

Ma gorge se noue. Je ne lui donne jamais de nouvelles et, maintenant que je suis à la rue, il m’accueille sans m’en vouloir. Je me sens mal à l’aise d’avoir dormi dans la voiture.

Mon oncle m’attire contre lui dans une étreinte sincère qui me met la larme à l’œil. Je le serre davantage. Il m’a manqué. Lorsque papa s’est éloigné, il est devenu mon modèle, un père de substitution.

— Je suis heureux de te voir, mon grand. Il s’éloigne un peu, me scrute, fronce les sourcils, soucieux.

— Tu as une sale tête, tu n’as pas mangé depuis quand ?

Cette question me dérange, je baisse les yeux. Je n’ai plus un rond depuis un moment. Je mange très peu.

— Entre. Je te conduis à ta chambre ! Nous sortirons ensuite tes affaires de la voiture.

Une fois à l’intérieur, je constate que rien n’a changé. Cette ferme est comme figée dans le temps. Je ne sais pas si j’aime ça ou non. Ça me perturbe.

— Montons, tu reprends ton ancienne chambre. J’ai tout nettoyé pour t’accueillir là-haut, tu ne seras pas dérangé. Tu peux également occuper l’ancienne chambre de ta mère comme bureau pour tes projets.

Ma mère ne me soutient pas, mais mon oncle, oui. Ça me touche. Je retiens mes larmes. Je déglutis difficilement.

— Merci.

— Avec plaisir. Par contre, la salle de bain est toujours en bas et les toilettes dehors. J’avais presque oublié.

— Je sors tes bagages de la voiture, ensuite j’irai m’occuper des chevaux. Installe-toi, prends ton temps.

— Je m’occupe de mes affaires, je n’ai pas grand-chose. Ensuite, je te rejoins aux écuries.

— Parfait, me dit-il.

Je suis soulagé qu’il m’accueille ainsi.

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