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Hanae_Ecriture
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Chapitre 3 - L'ombre

Les nuits qui suivirent s’étiraient, lourdes et interminables, comme un cauchemar éveillé dont on ne pouvait s’échapper. Chaque heure s’étirait au ralenti, étouffée par une angoisse rampante qui s’insinuait sournoisement, creusant des fissures profondes dans nos esprits fatigués. Chantelombre n’était plus seulement un manoir à explorer, il devenait une prison aux murs invisibles, ses pierres centenaires nous enfermant peu à peu, captifs d’un secret qui refusait obstinément de se dévoiler.

 

Quand l’obscurité enveloppait la maison, une force insaisissable s’éveillait, déformant la réalité autour de nous. Des objets se mettaient à bouger, défiant toute logique. Une chaise glissait lentement sur le parquet grinçant, poussée par une volonté sourde et presque hostile. Un vieux chandelier, immobile depuis des années, chutait soudain, brisant le silence d’un fracas violent, semblable à un coup de tonnerre déchirant la nuit. Ce mélange d’attente lente et de violence soudaine désorientait tous nos sens, faisant naître une peur viscérale qui creusait un fossé grandissant entre notre raison et ce qui nous entourait.

 

Parfois, un cri strident déchirait les couloirs sombres, une plainte aiguë, chargée d’une douleur intense, qui venait s’ancrer jusque dans nos os. Ce son lourd, muet de douleur, résonnait sans jamais livrer sa source, nous confrontant à un vide oppressant et inexplicable. Chaque bruit inattendu vrillait nos nerfs, déclenchant des vagues de panique prêtes à faire voler en éclats le fragile équilibre que nous tentions de maintenir. Autour de nous, le manoir respirait, son souffle invisible se rapprochant inexorablement, attirant avec lui un danger tapi dans les recoins les plus sombres.

 

— C’est quoi ce délire ? S’écria Sarah, le regard fouillant l’ombre épaisse. J’en peux plus, on devrait déguerpir avant que ça dérape.

— Tu crois qu’on a le choix ? Répondit Mark en serrant les poings. On a commencé, on finit. Cette histoire ne va pas se résoudre toute seule.

 

Je restais figé, tous mes sens aux aguets, guettant le moindre indice, tentant de comprendre ce lien invisible qui nous retenait prisonniers. Cette présence, silhouette sombre et insaisissable, jouait avec nos esprits, glissant entre nos doigts comme un souffle menaçant qu’on ne pouvait ni attraper ni chasser. Elle s’immisçait dans nos pensées, semant le doute et la peur, transformant chaque instant en un lutte silencieuse contre une force obscure que nous étions incapables de cerner.

 

— Vous avez vu ça ? Murmura Lucas, la voix tremblante. L’ombre… elle est là, elle bouge.

 

Je tournai la tête juste à temps pour apercevoir une silhouette sombre glisser derrière un pilier. Cette apparition furtive, à la fois insaisissable et menaçante, fit surgir un froid glacial dans ma poitrine. Mon regard resta fixé sur l’endroit où elle avait disparu, tandis qu’une lourde sensation de danger et d’incertitudes s’insinuait, serrant ma gorge et nouant mon estomac.

 

— Ce truc ne veut pas qu’on s’en aille, soufflai-je. Elle est là pour nous retenir.

 

Mark serra les dents.

 

— Alors, on va lui montrer qu’on ne lâche rien. On n’est pas venus en touristes.

 

Mais Sarah était au bord de la rupture.

 

— Je refuse de rester enfermée avec un fantôme qui me veut du mal, lança-t-elle, le souffle court. Vous avez vu comment cette maison bouge ? Ce n’est pas naturel.

— Le naturel, c’est souvent ce qu’on ne comprend pas, répondis-je. Fuir, c’est simple. Rester, c’est avancer.

 

Un fracas soudain déchira le silence, nous faisant sursauter tous ensemble. La porte claqua violemment, son choc résonnant longuement dans le couloir désert et glacial. Presque en même temps, un vieux miroir se fendit d’un éclat net, comme frappé par une colère invisible. L’air vibrait encore de cette secousse brutale, tandis qu’une vague de froid intense traversait mon corps, réveillant une peur profonde prête à exploser à la moindre étincelle.

 

— Qu’est-ce qui se passe ici ? Hurla Lucas, les yeux grands ouverts, scrutant l’ombre mouvante. Cette silhouette, c’est comme si elle voulait nous chasser… ou nous anéantir.

— Ou pire, nous garder prisonniers pour toujours, souffla Mark, le regard dur et tranchant. Ce manoir a ses règles. Et on vient de les déclencher.

 

Les heures s’étiraient, lourdes et lentes, faisant s’amplifier ce silence chargé entre nous, tel un mur invisible qu’aucun ne voulait franchir. La peur s’insinuait, insidieuse, glissant dans chaque regard, chaque soupir, rongeant peu à peu nos certitudes vacillantes. Elle réveillait d’anciennes blessures, ravivait des rancunes enfouies, creusant entre nous un abîme invisible mais bien réel. L’air lui-même vibrait d’une tension électrique, prête à exploser au moindre frisson, au moindre geste. Ce poids écrasant étouffait chaque respiration, prêt à se rompre soudain, tel un éclat déchirant le silence.

 

— Si on craque maintenant, c’est fini pour nous, murmura Sarah, le dos appuyé contre le mur froid.

— Pas question de céder à la parano, répliqua Mark, la mâchoire serrée. On tient bon, on fait front ensemble.

 

Je les scrutais tour à tour, cherchant dans leurs prunelles la peur qu’ils cachaient mal, décelant ces fissures qu’ils s’efforçaient de dissimuler, ces plaies profondes qu’ils gardaient jalousement secrètes. Ce manoir nous grignotait de l’intérieur, creusant des cicatrices invisibles dans nos âmes, dévoilant des parts d’ombre que personne n’osait affronter. Chaque pièce dévoilait un peu plus nos faiblesses, comme si les murs eux-mêmes connaissaient nos secrets, s’en repaissaient pour nourrir cette tension sourde qui pesait sur nos épaules.

 

— Vous pensez que cette ombre, c’est un fantôme ? Une entité ? Chuchota Lucas, la voix cassée.

— Peu importe ce que c’est, répondis-je. Ce qui compte, c’est ce qu’elle cherche à nous dire… ou à nous faire.

 

Le silence se fit lourd, presque palpable, étouffant le moindre souffle. Seul le rythme lent et rauque de nos respirations venait troubler cette immobilité pesante. Chaque inspiration s’allongeait, chaque expiration pesait, comme si l’air refusait de circuler dans cette cage étroite. Le temps s’étirait, suspendu, chargé de promesses sombres, creusant sous notre peau un vide glaçant qui saisissait jusqu’au plus profond de l’âme.

 

Puis sans prévenir, l’ombre revint. Elle glissa entre les murs usés avec une fluidité inquiétante, avançant en silence sa présence oppressante. Sa forme vague et indistincte envahit lentement la pièce, telle une bourrasque glaciale prête à nous frapper, implacable et menaçante. La menace n’était plus seulement dans l’air, elle prenait corps sous nos yeux, prête à nous submerger, à faire voler en éclats l’équilibre fragile qui nous maintenait debout. Une tension brutale traversa la pièce, et nos cœurs s’emballèrent, battant à l’unisson, emportés par une peur sourde mêlée à une urgence insupportable à ignorer.

 

— Elle ne nous lâchera pas, cracha Mark. Pas avant qu’on ait percé son secret.

 

Pris au piège dans ce huis clos oppressant, nous étions les otages d’un mystère qui dévorait notre fragile équilibre. Chaque minute passée à l’intérieur creusait un peu plus le vide sous nos pieds, un gouffre invisible où la raison vacillait dangereusement. La quête de vérité, urgente et obsédante, alourdissait nos épaules, érodant peu à peu notre esprit. Les frontières entre réel et ombre s’effaçaient, si fragiles qu’un souffle suffirait à les briser, ouvrant la porte au chaos et à la confusion.

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