Non !
NON !
POURQUOI !?
Des larmes serpentèrent sur mes joues pendant que dans mon esprit, la noirceur devenait reine. Encore une fois, ma conscience m'avait condamnée, m'empêchant d'embrasser cette paix dont je rêvais, m'obligeant à combattre les tourments qui m'attendaient...
Quels étaient-ils ?
« Pire que l'esclavage »
« Tu y vivras l'enfer »
C'était la question qui m'empoisonnera les pensées jusqu'à ce que le ដំបូន្មាន daigne me révéler ce qu'il se cachait derrière ce rideau d'arcane.
Une image se croqua dans ma tête, me ramenant à l'instant présent. Deux loups y figuraient. Le plus petit était assis, sa queue frappant le sol. Ses yeux aux reflets mordorés me dévisageaient par-dessus son nez qui fouillait l'air en quête de mon odeur. Ses oreilles, où s'entremêlaient les tons fauve et brun, étaient dressées et tournées vers moi, traduisant son intérêt.
L'autre, plus imposant, resplendissait dans cette obscurité grâce à sa fourrure fauve où s'égaraient quelques taches blanches. Il était debout, les muscles de ses pattes tendus à l'extrême, sa queue ramenée sous son ventre. Ses oreilles étaient plaquées en arrière. Il montrait les dents, créant des rides sur son nez. Des grognements faisaient trembler ses babines, exprimant clairement la méfiance qu'il ressentait à mon égard.
Je remarquai que leurs poils étaient immaculés. Le sang, qui était censé les souiller après avoir été arraché de son enveloppe dévorée, s'était évaporé. Ce détail m'obnubila ainsi que ma conscience, comme si je l'avais empoissonnée bien que nous étions reliées que par un maigre fil. Elle en oublia la question du loup.
Cela me valut donc des aboiements mentaux, entrecoupés de grognements qui découvraient encore plus sa dentition, de la part du loup roux. Puis un mot inconnu tonna dans ma tête : « Lepathicka ».
Je fus ébranlée par ce cri. Jamais encore un loup avait réussi à former un mot, à s'exprimer autrement que par image.
Malheureusement pour lui, la seule réponse de « ma part » fut le noir total. Et cela le mit hors de lui.
Un éclair chassa l'obscurité qui régnait. Puis il disparut, avec pour signal de départ un grondement menaçant. Je vis alors le loup me sautait dessus, ses yeux flamboyant de rage. Ses mâchoires claquèrent à quelques centimètres de moi. L'air sembla me fouettait le visage lorsque ses dents s'y refermèrent.
Bien que ce ne soit que dans mon esprit, une peur bien réelle s'insinua à travers mes veines, contaminant mon corps, qui réagit d'instinct. En un réflexe inutile, mes bras se levèrent pour créer un bouclier derrière lequel se cacha ma tête.
Puis le loup réattérit, ses pattes se posant dans les ténèbres qu'était notre connexion, ses babines révélant le haut de ses crocs.
C'était explicitement une menace. Mon subconscient l'identifia également comme telle et décida d'y répondre.
Un rire aux accents moqueurs fit alors écho aux grognements du loup. Un dessin le suivit, dans lequel je pouvais observer le loup se délectait d'un corps. Ses canines étaient plantés dans un visage dont les paupières étaient closes et mouchetées de sang. Cette rivière écarlate suivait son cours, s'insinuant dans chaque ride, en retraçant les contours. Un sourire triste sculptait les lèvres déformées par la morsure et faisait relever les coins des yeux. Du sang et des larmes, mêlées à la bave du loup, dévalaient le long des joues et se perdaient entre les mâchoires du loup.
Un haut-le-cœur se forma dans mon estomac quand j'aperçu les mèches aile de corbeau qui s'emmêlaient entre les crocs, me faisant comprendre que c'était mon faciès qui était ainsi défiguré.
Un mot, qui résonna dans mon esprit sans qu'il ne franchisse la barrière de mes lèvres, s'adjoint à l'image : « Vinha ».
A travers de ce qu'il nous restait de lien, mon subconscient me souffla la signification de cette lexie : « Elle ».
Qu'est-ce que...
Je n'eus pas le temps de m'attarder sur cette mascarade : un nouveau mot, insufflé d'une voix douce, apaisante presque maternelle, inonda mon esprit, interrompant le flot de mes pensées intrusives. Il me fit l'effet d'un doux tsunami purifiant. Ma respiration s'y noya et il attira des larmes sous mes paupières. Car bien qu'il sonnait comme les deux autres, je le connaissais... C'était celui qui avait accompagné mon enfance, qui m'avait vu grandir. C'était celui qui caressait les lèvres de ma mère lorsqu'elle s'adressait à moi...
Karysañ ...
La tendresse et l'inquiétude qui transparaissaient à travers me firent l'effet d'un baume sur le cœur. Elles pansèrent, aussi bien qu'elles le pouvaient, mes blessures comme si elles cherchaient à y emprisonner mes démons pour les empêcher de me détruire petit à petit.
Une image naquit alors. Elle me représentait, un entrelacs de cicatrices sur le corps. Une lanterne était enfermée dans mon poing levé et éclaboussait de lumière le chemin qui sinuait sous mes pieds écorchés. Des arbres l'entouraient, leurs branches valsant au gré du vent. Les revêtements feuillus entrainaient leurs ombres, qui embrassaient les cailloux, dans une danse paisible. Une brume dissimulait en son sein le reste du chemin, m'empêchant de voir plus loin.
Le message implicite était clair : je méconnaissais ce que la vie me réservait. Et selon le loup, elle valait la peine d'être vécue, ne serait que pour découvrir ce que recelait ce brouillard que ce soit rêve ou cauchemar.
Pendant un instant, mon objectif, celui de me soustraire du joug de ma destinée, se fana devant la sincérité de ces propos. Jusqu'à ce que je me rappelle que c'était un loup qui affirmait cela.
Un rire sardonique germa dans ma poitrine et ses premières manifestations fleurirent sur mes lèvres. Comment osait-il ?
Lui qui avait dévoré des êtres chers, m'enseignant que l'amour était synonyme de souffrance. Lui qui avait rendu la peur l'autocrate de mon existence. Lui qui avait transformé ma vie en un cauchemar éveillé...
Je ne pouvais pas le croire. Cela m'était impossible... Pas ce monstre dont l'amok gangrénait le cœur.
Je ne sus jamais ce qu'en pensa ma conscience. Au même moment, la porte de la pièce fut ouverte en une sérénade de grincement. Des cliquetis d'armure vinrent parachever ce concert qui sonnait le retour à la réalité. Celle de laquelle je ne pouvais me soustraire...
Un vampyyr entra avec pour accueil les grognements qui agitèrent la gorge des loups, qui avaient eux aussi renouer avec le présent. Malheureusement, le raclement d'une épée contre son habit métallique les dissuada d'aller plus loin.
Le vampyyr enfonça ses doigts gantés dans la peau éraflée de mon bras, ravivant les pics de douleur qui persistaient encore, et m'entraina hors de la pièce. Guidés seulement par les bruits de nos pas sur le sol et de ma respiration saccadée par l'angoisse, le vampyyr me ramena au cachot. Il me poussa dans la première cage venue et claqua la porte.
Lorsque son souffle s'évanouit, le silence redevint roi. J'étais seule, au milieu de ces ténèbres macabres où les fantômes des souffrances passées perduraient. Les seules compagnies que je pouvais m'octroyer étaient celle la douleur et de mes pensées lugubres.
La mise en garde de ma mère dominait cette kyrielle . J'avais failli... La mort m'avait été refusée, laissant la vie me consumer à petit feu. Je serai donc trainer devant le ដំបូន្មាន qui me fera regretter d'être encore de ce monde. Qui m'enfermera dans les griffes de tourments indéfinissables.
« Pire que l'esclavage »
Qui m'ouvrira les portes de l'enfer...
© 2025 Sélène Rivers
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Hey !
Alors, cela rejoint-il ce que vous aviez imaginé ?
Et quel est cette étrange conscience qui manipule Siméa ?
Et ce loup, qui l'appelle pour son surnom ?
Les réponses sont dans les prochains chapitres !
Ou pas 🤭
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Sélène <3
📚 Prochain chapitre: vendredi 21 mars à 18h
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