"The jungle is your head
Can't rule your heart
A feeling is so much stronger than
A thought"

꒷꒦︶꒦꒷Ⓧ꒷꒦︶꒦꒷

Charles fut le premier à ouvrir l'œil, éveillé par la lueur de l'aube qui perçait à travers les rideaux.

La tempête s'était calmée.

Habillant la campagne écossaise d'une robe rose scintillante, l'aurore avait chassé les nuages, ramenant le soleil au-dessus de la mer. Raven, blottie dans le creux de ses bras, n'avait pas bougé. Assoupie, ses grands yeux ourlés de cils clairs n'étaient plus si menaçants ; elle semblait apaisée, bien loin des turpitudes du leader de la résistance mutante.

Distraitement, le professeur caressa sa joue du bout des doigts, appréciant la texture de sa peau veloutée ornée de callosités plus sombres. Il avait grandi avec elle, vue dans ses bons comme dans ses mauvais moments.

Il avait connu ses peines de cœur, ses histoires d'amour vouées à l'échec, son impossibilité de montrer son vrai visage. Raven était une battante, un tigre féroce et hypnotisant. Elle méritait tellement mieux qu'être la confidente de Magnéto, auditrice silencieuse des atrocités qu'il était prêt à commettre pour sa cause.

"Magnéto t'aime"

Encore une fois, elle s'était amourachée de la mauvaise personne. Erik le voulait - il avait assez peu de doutes sur la question. Il l'avait protégé de son nouvel ami, ce Voronin dont il ne savait rien encore. Par amour - si l'on pouvait vraiment qualifier cela ainsi - il avait préféré sacrifier un élève de l'institut plutôt que son amant d'un soir.

Faisant doucement glisser les draps froissés sur le corps assoupi de son amie, Charles se redressa, esquissant une grimace. Nichées dans le creux de ses lombaires, les prémices des douleurs liées au manque de sérum s'installaient, lentement mais sûrement.

Le traitement du Fauve se dissipait dans son organisme ; doucement, sa psyché s'étendait hors de son esprit, filaments conscients tissant une toile pour l'instant fragile avec les esprits les plus proches. Il s'agissait de se hâter.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Seringue à la main, Charles leva les yeux vers Raven qui le toisait, assise en tailleur sur le lit.

- Je vais prendre le sérum de Hank. Sinon je suppose que ton kamarade sera ravi de percevoir le télépathe qu'il recherche à seulement une centaine de mètres de sa machine.

Une moue dégoûtée vint déformer les traits de la jolie mutante :

- Tu renonces à tes pouvoirs pour pouvoir marcher ?

- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais les rampes d'accès manquent un peu dans le nord de l'Ecosse.

Raven leva les yeux au ciel, observant avec un air répugné le liquide vert dans la seringue.

- Et dire que j'aurais tué pour m'injecter ce truc... Tu as besoin d'aide ?

- Non merci. Je peux me piquer la fesse tout seul.

Ignorant le ronflement dédaigneux qui s'échappa des lèvres de son amie, Charles se rendit dans la salle de bain, s'injectant le sérum avec une grimace avant de récupérer ses vêtements encore en tas sur le sol. Lorsqu'il sortit, habillé de pied en cap, Raven contemplait la mallette médicale contenant les seringues d'antigène avec un mélange de curiosité et de dégoût.

Le jeune professeur s'appuya sur le chambranle de la porte, l'observant un instant, sourcils froncés, bras croisés :

- Pourquoi est-ce que tu es encore là ? Je suppose que ça n'est pas par bonté de cœur. C'est Erik qui t'a envoyée.

- Si Magnéto a quelque chose a te dire, il le fera lui même. Je crois même que ce vieux lit qui grince vous suffirait tant il parle de toi en permanence. Renifla Raven, hautaine.

Puis, elle s'étira avec la souplesse d'un grand chat, levant les yeux vers lui :

- Et tu te trompes sur mon compte. Tu sais pourquoi je suis encore ici Charles ? Parce que je sens que tu vas faire une grosse bêtise en tentant de sauver ton élève. Tu es un bon samaritain, c'est inscrit dans tes gênes. Quoi que je dise, quoi que je fasse, tu te jetteras dans la gueule du loup.

Charles s'avança pour récupérer la pochette contenant le sérum, la glissant dans sa poche intérieure avec un soupir.

Raven le connaissait bien. Oui, il ne renoncerait pas.

- Ce regard. Elle ricana. Voilà, tu es déjà prêt à prendre une balle pour être le héros de cette histoire.

Ignorant les piques qui pleuvaient sur son ego, le télépathe se pencha dans ses affaires, récupérant un revolver de plexiglasse soigneusement emballé dans du tissu. Il fit mine de viser la porte.

Le regard brillant de Raven glissa sur le canon de l'arme, s'accrochant sur le barillet où six munitions de vibranium luisaient doucement de la lueur si surnaturelle que possédait la pierre wakandaise. Sans aucun métal, l'arme était l'une des seules capables d'atteindre Magnéto, ou quiconque capable de manipuler l'air, l'eau ou le feu.

- Beau joujou. Elle siffla, s'approchant du pistolet pour l'étudier.

Charles opina du chef, un petit sourire aux lèvres. Au prix du vibranium, un effet wahou était le minimum attendu.

- Quelle est la limite des pouvoirs de Voronin ? Je n'ai jamais entendu parler d'un mutant capable d'absorber les capacités des autres.

- Je ne sais pas. Il lui suffit d'un contact physique pour absorber l'énergie vitale et les pouvoirs d'un autre. Il m'a touché la main une fois... j'ai cru mourir - elle frissonna, ramenant ses bras autour d'elle comme un réflexe - et il a pu utiliser mes pouvoirs après, quelques heures tout au plus.

Charles se mordit la lèvre, glissant l'arme à l'arrière de son pantalon. Pour l'instant privé de ses pouvoirs, Voronin ne serait pas un problème pour lui. Mais Raven ou Steam... les deux étaient des cibles potentielles. Il soupira :

- Il a utilisé les pouvoirs d'Emma Frost pour dresser une barrière mentale dans l'esprit d'Erik. Je n'avais pas accès à la totalité de son esprit quand-

Un flash s'imposa à nouveau à lui. Il se voyait sur son bureau, les chevilles reposant sur les épaules musclées d'Erik qui le dominait totalement, lui imposant des va-et-vient impétueux, embrasant ses reins. Malgré la gravité de la situation, il s'empourpra soudainement.

- Oui, le coupa Raven, peu désireuse d'avoir les détails - et par chance elle n'était pas télépathe - il a... utilisé ce qui restait des pouvoirs d'Emma pour murer son esprit avant qu'il ne parte te chercher avec Azazel.

Aïe. Malgré son esprit brillant, Charles avait semblait-il négligé le fait que son rival se terrait en compagnie d'autres de ses comparses. Il fit la moue :

- Il y a d'autres mutants là-bas ? A part du coup...

- Azazel est parti hier. Il a dit à Magnéto que le projet de Voronin était une folie. Quant à Angel, elle nous a quittés pour les mêmes raisons à la... mort d'Emma. Je pensais que Magneto n'irait pas au bout mais... je ne peux pas le laisser là-bas.

Et à nouveau, la voix de la jeune mutante s'éteignit.

- Mène-moi à lui. Fit simplement Charles.

Dans son esprit, un plan simple - mais néanmoins efficace - venait de prendre forme. Il se pencha à nouveau vers son sac, en sortant un petit boîtier marqué d'un "X" bien reconnaissable.

Hank avait bien préparé son sac, il était paré à toutes les éventualités ; en plus de son arme aux balles de vibranium, il possédait une variété d'explosifs, de pâtes de plastic et autres engins armés conçus par l'esprit brillant de son collègue à fourrure.

Il s'éclaircit la gorge, prêt à exposer son idée à une Raven qui l'observait silencieusement, sourcils légèrement froncés :

- Conduis-moi à Erik et je lui parlerai et je... je ferai ce que je peux pour le faire changer d'avis. Pendant ce temps... il faudra détruire Vortex - il tendit le boîtier à Raven. Sans Erik et sans sa machine, Voronin sera faible. J'ai juste besoin que tu poses cette charge à proximité de la console de pilotage. Si Vortex est conçu comme Cérébro... nous n'avons pas besoin de détruire plus pour le rendre inutilisable.

- Et si Voronin tombe sur toi ? Il peut avoir absorbé les pouvoirs du gamin.

- Je suis inutile sous Sérum. Si je n'ai pas accès à mes pouvoirs, lui n'y aura pas davantage accès, même en fouillant dans ma tête. Je suis un humain lambda sur les radars télépathiques.

Raven passa son doigt sur la petite led bleue qui ornait la petite charge explosive. Elle semblait hésitante.

- J'espère que tu sais ce que tu fais.