Loading...
1 - 1. Against a new tomorrow
2 - 2. This night will never go
3 - 3. Land of Confusion
4 - 4. Somebody's always tryin'
5 - 5. Vertigo
6 - 6. Love is a Battlefield
7 - 7. Lie to me
8 - 8. Driven to Tears
9 - 9. Such a shame
10 - 10. World in My Eyes
11 - 11. Épilogue - In the Heat of the Night
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@

9. Such a shame

"Tell me to relax, I just stare
Maybe I don't know if I should change
A feeling that we share
It's a shame"

꒷꒦︶꒦꒷Ⓧ꒷꒦︶꒦

Charles ouvrit doucement les yeux, faussant compagnie au monde des songes. Le léger frémissement de la lumière matinale l'accueillit dans la réalité, caressant de sa chaleur les contours de son visage enrubanné de bandages tâchés de sang.

Autour de lui, le monde reprenait de la consistance ; dans le flou de son regard encore rougi par les larmes, il reconnut les contours rassurants de l'Institut Xavier pour jeunes surdoués. Il se trouvait dans l'une des chambres de l'aile des invités, médicalisée pour l'occasion : une perfusion courait sur l'alcôve du baldaquin, connectée à un cathéter plongé dans le pli de son bras droit. Son autre main avait été enveloppée dans une attelle du plus bel effet, couverte de gaze tout comme l'était sa tête.

Par réflexe sans doute, il passa un doigt de long de sa tempe. Après ses cinq sens, sa mémoire semblait être la dernière à bien vouloir reprendre un tant soi peu de cohérence ; il se souvenait de l'explosion, de Steam, attaché au lit tout comme lui mais...

... son esprit restait vide. Comme vidé de toute substance. Un étrange sentiment de vertige l'envahit alors qu'il tentait de retrouver l'énergie qui pulsait habituellement en lui ; mais il restait engourdi, incapable de canaliser ses pouvoirs au delà du souvenir trouble de l'explosion de Vortex.

Une lueur vacillait au fond de lui. Etait-ce à cause des médicaments ?

— Charles !

Un éclair bleu fondit sur lui avant même qu'il ne puisse réfléchir davantage à la manière dont il avait atterri à l'institut. Auparavant installée sur un fauteuil adjacent au large lit à baldaquins qu'il occupait, Raven venait de se jeter sur lui, le serrant contre son cœur avec force.

— Oh mon Dieu Charles... j'ai eu si peur... Comment te-sens-tu ?! Mon Dieu...

Le visage enfoui dans la poitrine de la belle mutante, le professeur laissa échapper un petit grognement de douleur. Aïe. Apparemment ses côtes avaient elles aussi trinqué lors de l'affrontement.

— Tout va bien... il murmura doucement, glissant sa main encore valide dans le dos de sa vieille amie. Il tapota maladroitement son épaule.

Mettant fin à l'étreinte, Raven se redressa, essuyant rageusement les larmes qui s'étaient accumulées dans le coin de ses yeux. Avec un sourire maladroit, elle replaça ses mèches rousses derrière ses oreilles, s'efforçant de reprendre de la contenance.

Elle s'éclaircit la voix :

— Hank m'a dit de te prévenir que Steam était au repos lui aussi. Il a été très courageux.

Charles hocha doucement la tête, regrettant aussitôt en sentant une migraine dévastatrice pointer le bout de son nez. Petit à petit, ses souvenirs de l'affrontement avec Voronin se faisaient de plus en plus précis. Par fragments, il revoyait le soviet, lévitant à quelques dizaines de centimètres du sol, puis Raven, un revolver à la main....

Il y avait eu un blessé.

Qui ?

— Erik.

Le nom s'était échappé de ses lèvres avant même qu'il ne s'en rende compte. Le coup de feu. La balle de vibranium. Le sang s'immisçant dans les rainures du sol... Le sang d'Erik.

Ignorant la douleur qui lui sciait les tempes, il se redressa brusquement, à la recherche de son fauteuil. S'il avait pu marcher, il se serait jeté hors de la pièce, titubant à la recherche de son rival - et amant, certes.

Mais Raven ne lui laissa pas le temps de se blesser en s'effondrant au sol tête la première. Avec la grâce qui la caractérisait, elle le rattrapa au vol, l'invitant à rester bien sagement sous sa couette de plume.

— Doucement. Tu as eu un sacré choc.

— Et Erik ? Insista Charles.

Il ne fallait pas être mentaliste pour voir les traits de la jeune mutante se contracter. Elle détourna le regard, fixant le ciel au travers de la fenêtre. Dehors, la neige tombait à gros flocons, s'accrochant à la cime des arbres nus. Des rires enfantins résonnaient dans le parc ; tout semblait si paisible...

Visage fermé, Raven passa une main sur le front de son vieil ami, comme pour vérifier qu'il n'était pas fiévreux. Voyant son regard plus qu'incisif - en attente d'une réponse, clairement - elle finit par abdiquer, choisissant ses mots avec grande précaution :

— Il est... stable, dirons nous. Ça a été... difficile, mais Hank s'est occupé de lui. Il n'aura pas de séquelles.

— Je veux...

— Oh non, Charles Xavier. Non. Tu ne bouges pas d'ici. Hank a été très clair là-dessus. Du repos. Tu pourras retourner jouer à la bête à deux dos avec mon boss quand tu seras capable de tenir une conversation sans t'endormir.

Et en effet, les paupières de Charles étaient déjà lourdes. Comme s'il était un gros chat paresseux, il semblait que l'appel que la sieste était irrésistible...

...Quand il ouvrit un œil pour la seconde fois, le soleil était haut dans le ciel. La neige avait mis fin à son ballet incessant, les pelouses givrées du parc de l'institut se couvrant de bonshommes de neige et autres igloos.

Raven avait déserté son poste, sans doute partie discuter avec Hank des deux années qui s'étaient écoulées depuis leur dernière rencontre - eux aussi avaient des choses à s'avouer. Un plateau contenant un sandwich thon-crudités-mayonnaise et un verre d'eau avait remplacé la belle mutante.

Les bandages de Charles - ainsi que sa perfusion - avaient disparu, ne laissant pour trace qu'un cathéter enroulé autour de son poignet, au cas où, comme le faisaient souvent les professionnels de santé. Du Hank tout craché.

Avec un grognement étrangement proche de celui d'un ours sortant d'hibernation, le télépathe se dressa sur un coude, repérant la silhouette familière de son fauteuil au pied du lit. Apparemment, on avait eu la bonne intelligence de lui fournir un moyen de locomotion - non pas que ramper sur la moquette de l'institut n'aurait pas eu un certain charme.

Ses muscles ankylosés protestant contre le mouvement, Charles se glissa hors des draps, enfilant au passage sa robe de chambre. En quelques mouvements de hanches plus ou moins maîtrisés - et le temps de se rendre compte que ses chevilles portaient elles aussi les stigmates des chaînes avec lesquelles il avait été attaché - il était installé sur son fauteuil.

Sans grande conviction, il prit engloutit son sandwich, ignorant la douleur qui persistait jusque dans ses mâchoires. Le pain trop mou était immonde, mais il ne put s'empêcher de savourer chaque bouchée comme s'il s'agissait du premier repas après une longue famine - depuis combien de temps n'avait-il pas mangé ? Il termina son repas frugal par une longue rasade d'eau qui vint apaiser sa gorge sèche d'avoir trop crié. Un retour à l'humanité, en quelque sorte.

C'était fini.

Sans perdre davantage de temps, il actionna les roues de sa chaise pour s'engager dans le couloir, prenant la direction de la chambre d'Erik - c'était la seule de l'institut qui n'avait pas été donnée à un étudiant, et la plus éloignée de l'entrée. Les roues du fauteuil protestèrent en passant le seuil de l'aile est du manoir, s'immobilisant enfin après quelques secondes.

Hésitant, Charles resta quelques minutes le bras tendu, n'osant frapper.

Les mots d'Erik résonnaient à présent dans sa mémoire. Il l'avait humilié. Il n'avait été qu'un prétexte... et pourtant. Il n'arrivait pas à se dire que cela avait été réel. Plongés dans la lumière blafarde de Vortex, tous ses souvenirs devenaient flous par moment. Était-ce seulement Erik qui avait été touché ?

Sa mémoire qui ne lui avait pourtant jamais fait défaut flanchait au pire des moments. Il poussa la porte du plat de la main, inspirant doucement pour avoir l'air détendu.

Rideaux fermés, la chambre était plongée dans une semi-obscurité apaisante. Seule source lumineuse, une lampe de chevet projetait des ombres douces sur le sol, ajoutant une touche de chaleur à la scène. Au fond de la pièce, Erik était allongé dans un grand lit aux draps blancs soulignant la pâleur de sa peau. Regard fixé sur un livre qu'il tenait ouvert, les traits tirés, il semblait revenir d'entre les morts. Apparemment, il n'avait pas entendu Charles qui toussota pour signifier sa présence.

— Hey. il murmura, faisant doucement rouler son fauteuil jusqu'au lit.

— C'est toi. Murmura Erik, refermant son livre avec un claquement sec.

Grimaçant à cause de la douleur, le leader de la résistance se redressa, dos droit, comme pour paraître plus à l'aise. Mais le drap qui glissa le long de son torse, traître, révéla immédiatement le pot aux roses ; enroulée autour de son épaule et de ses pectoraux, une large bande de gaze siégeait, encore tâchée de rouge à l'endroit précis où il avait été touché.

— Oui, c'est moi. Répondit doucement Charles, laissant son regard glisser le long du torse de son rival et amant, le cœur au bord des lèvres.

La balle de vibranium s'était logée sous le pectoral gauche, à quelques centimètres de ce qui aurait pu être une blessure fatale.

Surprenant son regard, Erik eut un sourire désolé :

— Je...

Il s'interrompit, cherchant ses mots, passant par réflexe une main dans ses cheveux encore sales de l'affrontement ; contrairement à son vis-à-vis, personne n'avait pris la peine de le débarrasser de la poussière et du sang séché. Sous les mèches brunes, Charles entraperçut un bel hématome à la teinte violacée, un peu au-dessus de la pommette.

Non, le sourire d'Erik n'était pas désolé. Il était crispé. Un peu tordu. Lèvre tremblante, il s'efforçait de ne pas craquer.

S'il avait eu ses pouvoirs, sans doute le professeur aurait-il envoyé une vague d'émotions positives à l'homme qui lui faisait face, chassant les nuages orageux qui s'étaient emparés de ses beaux yeux gris. Il lui aurait tendu une main secourable, rassurante. Mais...il y avait toujours un "mais".

— Ça faisait longtemps que je n'avais pas dormi ici. Termina par lâcher Erik, bras croisés - et sa voix tremblait. Ça me change d'avoir une chambre chauffée.

Charles détourna le regard, résistant à la bouffée de colère qui venait de l'envahir. Était-il en train d'accueillir à bras ouverts l'homme qui avait kidnappé l'un de ses élèves, en plus d'avoir accessoirement brisé son cœur ?

— Tu n'as jamais été chassé. C'est toi qui a décidé de partir. Il marmonna dans sa barbe, tapotant nerveusement les accoudoirs de son fauteuil du bout des doigts. A court de calmants, les douleurs dans ses membres se réveillaient peu à peu, alors même que l'orage grondait dans sa poitrine.

— Je-

— Erik. Tu ne peux pas simplement faire comme si rien ne s'était passé. Le coupa Charles, secourant légèrement la tête - comme si cela allait faire passer sa migraine.

Son regard bleu s'accrocha quelques secondes sur les bandages de l'homme alité, déchiré entre la colère et l'envie folle de se blottir contre lui, de sentir son coeur battre contre son oreille, de s'assurer qu'il était bien en vie.

— Tu ne peux pas me dire que tu me veux à tes côtés pour derrière... me dire que tout cela ne faisait que partie de ton fichu plan. Mais à ce propos, je t'ai déjà dit tout ce qu'il y avait à dire.

Les mots étaient sortis d'une traite, une larme traîtresse venant s'écouler sur sa joue alors qu'il s'autorisait à caresser du regard une dernière fois le corps ciselé de son amant. Saisissant les roues de son fauteuil, il fit demi-tour, cherchant en vain à dissimuler ses yeux qui rougissaient à vue d'œil.

— Tu n'auras aucune séquelle. Pars quand tu veux. Il lança en dernière intention.

"Je ne veux plus te voir ici" c'était ce que sous-entendait son ton mordant. Le fauteuil se mit en marche vers la porte, les roues glissant silencieusement sur le parquet lustré.

— Charles... attends. Murmura Erik.

Il sembla au jeune professeur qu'un poids venait de quitter ses épaules. Avec lenteur, il tourna la tête vers son ancien ami. Était-ce...de l'espoir qu'il ressentait au plus profond de lui ?

Et quand il croisa le regard de son vis-à-vis, ses yeux étaient troubles. Habituellement d'un gris vibrant aussi tranchant que le métal, un voile de doute semblait s'être abattu sur ses prunelles si claires. Il sembla vouloir dire quelque chose, mais ses lèvres ne parvinrent pas à articuler quoi que ce soit.

Précautionneusement, il se redressa sur le lit, une vilaine grimace déformant ses traits ; s'il voulait paraître stoïque, la douleur le rattrapait à son tour. Étouffant un grognement, il s'assit, tendant la main vers Charles. Aussitôt, ses pouvoirs bloquèrent les roues du fauteuil, le ramenant vers lui avec douceur.

Il lui faisait face à présent.

— Je suis désolé. Il murmura, d'une voix fragile que Charles ne lui connaissait pas. Je suis tellement désolé. Je ne voulais pas te mêler à tout ça... Quand j'ai compris que... je n'ai pas pu supporter. Désolé.

Tout comme lors de leur étreinte dans le bunker, il parlait de plus en plus vite, ses traits fatigués tordus par l'anxiété. Ses yeux fixaient un point au-dessus de la tête du jeune professeur, évitant à tout pris de rencontrer son regard qu'il pensait froid et glacial.

Et pourtant...

S'il avait osé, peut-être aurait-il pu percevoir la douce obscurité qui venait d'assombrir ses prunelles, désir de pardon - et d'autre chose aussi.

Car oui, le cœur de Charles vacillait. Malgré la rancœur et le tourment, l'étincelle qui l'avait toujours saisi quand Erik était dans les parages venait de renaître, persistante et indomptable.

— Erik... il murmura. Je ne sais pas si j'aurais la force de te pardonner. Je ne sais pas si je peux...

— Tu n'es pas obligé de me pardonner. Tu ne me dois rien.

Les mots restèrent en suspens dans le clair obscur de la chambre, quelques instants, avant que leurs regards ne s'accrochent à nouveau. Le métal des prunelles du leader de la résistance sombra dans l'océan d'incertitude qui lui faisait face. Clair comme de l'eau de roche, le vacarme de ses pensées devenait à nouveau perceptible pour le télépathe qui se mordit la lèvre, fermant les yeux un instant pour décrypter le flux intangible qui lui parvenait.

Si droit, si respectable, mais pourtant si indomptable.... Charles était tout ce dont Erik avait toujours eu besoin. Il était son phare dans l'obscurité, le seul capable de lui montrer le chemin lorsqu'il se perdait. Le seul capable de lui faire perdre la tête...

Le professeur ouvrit doucement les yeux, plongeant à nouveau dans l'acier orageux qui le dévisageait. Leurs souffles, confus, se mêlaient tant ils étaient proches l'un de l'autre, Erik penché sur le bord du lit, lui dans son fauteuil, niché entre ses cuisses. Il pouvait presque sentir la chaleur de son torse à cette distance.

Dans un geste timide, comme pour demander, Erik leva lentement la main, relevant son menton vers lui. Hésitant, il caressa sa joue du revers du pouce, comme s'il craignait de briser quelque chose de fragile.

Puis, sans un mot, il se pencha doucement sur lui, saisissant ses mains pour les guider sur ses cuisses, effleurant ses lèvres avec délicatesse, attendant l'autorisation de poursuivre. Ce baiser n'avait rien des étreintes brûlantes et possessives auxquelles Charles s'était - presque malgré lui - habitué. Avec une douceur infinie, le résistant butinait ses lèvres, les caressant presque ; mais aussi rapidement qu'il avait vu le jour, le baiser prit fin, laissant dans son sillage une sensation douce-amère.

— Je suis tellement désolé. Frémit Erik contre ses lèvres.

Et malgré la délicatesse dont il avait fait preuve, sa respiration était hachée.

Charles recula légèrement, caressant du bout des doigts ses cuisses, remontant doucement le long des muscles vigoureux qui frissonnaient sous ses doigts. Mais avant que ses mains ne s'aventurent plus haut, on saisit son poignet, le stoppant dans son geste.

Le visage soudainement crispé, Erik inspira lentement, le souffle incertain :

— Je... je crois qu'il va falloir rappeler Hank...

Il n'eut pas le temps de compléter sa phrase. Charles eut tout juste le temps de voir le bandage sur sa poitrine prendre une couleur rouge vif avant qu'il ne s'effondre en avant, dans ses bras, inconscient.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet