(Arc 2 : De sang et de passion)

Gwenval était sous le choc. Il n’avait pas du tout anticipé qu’une personne aussi joviale qu’Ashlay ait pu vivre une expérience aussi traumatisante.

— Tu ne te souviens de vraiment rien ?

Ashlay hocha la tête.

— D’absolument rien. Par contre, je me souviens bien de ma période à l’hôpital. Non seulement je ne parlais pas un mot de coréen à l’époque, mais j’avais aussi le corps en vrac à chaque mouvement. Aujourd’hui, je peux assommer quelqu’un d’un coup de poing sans effort. rigola Ashlay.

— Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

— C’était un grave accident de voiture en Thaïlande. Après une collision avec un autre véhicule, la voiture de mon père est tombée dans un fossé. Il est décédé sur le coup et j’ai fini dans le coma. Ma mère ne pouvait plus supporter de rester vivre en Thaïlande et, par chance, un traitement avancé qui pouvait m’aider à me rétablir venait d’être mis au point en Corée du Sud. Elle a donc fait le choix de partir avec moi pour recommencer une nouvelle vie ici. Après quelque temps, j’ai arrêté de lui demander des nouvelles de mon père, car je voyais que ça lui faisait du mal. Oncle Watt ne voulait rien me dire non plus.

— Et la famille du côté de ton père ?

— Il était orphelin. J’ai tout de même fait quelques recherches en secret, mais je n’ai rien trouvé. De plus, ma mère m’avait interdit d’aller en Thaïlande pendant plusieurs années. Elle voulait que je reste focalisé sur mon rétablissement, ma nouvelle vie, mes études, etc. Je n’ai pas non plus eu l’impression qu’il me manquait un « père » grâce à oncle Watt qui s’est beaucoup occupé de moi. J’en suis arrivé au point où l’oubli n’est pas une si mauvaise chose.

— Malgré tout ce qui t’est arrivé, tu as bien grandi.

Les boissons et les entrées furent servis.

Gwenval leva son verre vers Ashlay pour trinquer avec lui.

— Je porte un toast au jeune homme que tu es devenu Ashlay. annonça Gwenval en souriant.

— À notre rencontre, Gwen Gwen. ajouta Ashlay.

Après avoir bu quelques gorgées et commencé à manger, Ashlay changea de sujet.

— En parlant de père, qu’en est-il du tien ? Avoir un frère procureur, et un père juge en plus, ne doit pas être facile tous les jours. Ta famille doit être très stricte, non ? Et ta mère ? Qu’est-ce qu’elle fait ? Tes parents ne se sont pas opposés à ton choix de carrière ?

Le musicien arrêta de manger et leva les yeux vers son interlocuteur.

— C’est Beaucoup de questions en même temps.

— J’ai tellement envie de savoir quel genre de vie tu as eu que je me suis emporté. Et puis, la dernière fois, quand ma mère t’a demandé des nouvelles de ton père, tu semblais ailleurs. As-tu des problèmes avec lui ?

Gwenval but une gorgée de son cocktail.

— Ma relation avec mon père est similaire à celle que tu as avec le tien.

— Comment ça ?

— Elle est quasiment inexistante. Après la mort de ma mère, alors que j’avais cinq ans, il s’est renfermé sur lui-même et nous n’avons plus eu beaucoup d’interactions depuis lors. Lioren a endossé le rôle de grand frère, de père et de mère pour s’occuper de moi.

— Je commence à comprendre pourquoi ton frère est si protecteur avec toi.

— Je t’avouerai que c’est étouffant par moments. Il se met tellement la pression pour être irréprochable et prendre soin de moi, qu’il en néglige son propre bien-être. Et le pire, c’est qu’il le sait.

Gwenval continua à boire et à manger.

— Ton frère est devenu procureur pour faire du monde un endroit plus sûr pour toi, n’est-ce pas ?

Gwenval acquiesca.

— C’est en partie pour moi qu’il a choisi cette voie, mais il a toujours détesté l’injustice. Cependant, tout comme le fait qu’il veut que je reste en sécurité et en bonne santé. Je n’aime pas le voir prendre de risques non plus. Je rêve du jour où il trouvera quelqu’un qui pourra prendre soin de lui.

— De ce que j’ai vu, j’ai un peu de mal à visualiser ton frère amoureux. plaisanta Ashlay.

Gwenval rigola également.

— Moi aussi.

— Et pourquoi la musique ? Tu as dit que ta mère était décédée, est-ce pour elle que tu as choisi cette voie ? Elle était musicienne ?

— Hmm… Mon attrait pour la musique vient sûrement d’elle quelque part. J’étais très jeune quand elle est décédée. Les vagues souvenirs d’elle qu’il me reste sont quand elle m’apprenait à jouer au piano. Même sans sa présence, je me suis naturellement tourné vers la musique. D’après les autres membres de la famille, je lui ressemble quand je joue.

— De quoi est-elle morte ?

— Elle souffrait d’une maladie congénitale du cœur. Elle passait la plupart de son temps à l’hôpital ou à la maison. Selon les médecins, c’est un miracle qu’elle ait pu avoir mon frère et moi. C’était également une pianiste très douée et une très belle femme. Mon père l’aimait énormément. C’est en grande partie pour cela qu’il m’évite plus que Lioren, car je lui rappelle son épouse.

Les plats de résistance furent servis.

Ashlay leva son verre vers Gwenval pour trinquer avec lui une nouvelle fois.

— Je porte toast au bel homme que tu es devenu, Gwen Gwen. s’exprima affectueusement Ashlay.

Le musicien leva son verre et trinqua avec le jeune homme.

— Merci, Ashlay.

Après un délicieux dessert, les deux jeunes hommes partirent se promener au hasard dans les environs.

Ils entrèrent alors dans une zone boisée aménagée avec quelques bancs, tables et installations sportives.

Sur le chemin, Gwenval remarqua un œuf dans un buisson. Celui-ci était intact et avait sûrement atterri là après être tombé de son nid, situé sur l’arbre juste à côté. Ashlay s’empara prudemment de l’œuf et grimpa à l’arbre où se trouvait son nid pour le remettre en place. Il se laissa ensuite retomber sur le sol sans se faire de mal.

Gwenval, qui avait observé la scène, applaudit le vaillant jeune homme.

— Gwen Gwen, je veux te montrer quelque chose.

Ashlay saisit la main du musicien et l’entraîna rapidement sur un petit sentier.

Après quelques mètres, ils arrivèrent sur une plaine fleurie située sur une colline, éclairée par la lune. La ville et quelques étoiles étaient bien visibles. Il y avait aussi un kiosque un peu délabré et un lampadaire qui s’allumait faiblement.

— Comment trouves-tu cet endroit ?

Ashlay était tout excité. Il alla d’un côté à l’autre de la zone pour voir s’il trouvait quelque chose d’intéressant.

— Ça a des airs de jardin secret.

Le musicien alla s’asseoir sur l’herbe et profita du paysage. Ashlay le rejoignit et l’observa en silence. Pour le jeune homme, Gwenval ressemblait en ce moment à l’une de ces magnifiques fées décrites dans les contes coréens.

— Qu’y a-t-il ? Tu es soudain devenu silencieux. demanda Gwenval en gardant ses yeux vers le ciel.

N’obtenant pas de réponse, Gwenval se tourna vers Ashlay qui le regardait intensément.

Le musicien tendit le bras vers le jeune homme et ôta délicatement une feuille de ses cheveux, le sortant de sa rêverie.

— Mon charme t’a tellement subjugué que tu n’arrives même plus à t’exprimer ?

À sa grande surprise, Ashlay hocha la tête avec beaucoup de sérieux. Gwenval trouva l’expression actuelle de son prétendant très drôle et ne put s’empêcher de rire.

— Désolé, je ne pensais pas que tu allais me répondre aussi franchement.

Ashlay trouva qu’il avait laissé ses sentiments prendre le dessus et éclata à son tour de rire.

Une heure plus tard, alors qu’ils étaient couchés sur l’herbe, Ashlay se redressa soudainement, l’air un peu sombre.

— On devrait rentrer, il va pleuvoir.

— Hum ? Comment le sais-tu ?

Bien qu’il commençait à faire un peu frais, il n’y avait aucun nuage à l’horizon.

— C’est une sorte de sixième sens. Ça ne rate jamais. Fais-moi confiance.

Même s’il essayait de le cacher, Gwenval sentit que le jeune homme était soudain très pressé de partir. Il accepta donc de quitter les lieux.

Durant tout le trajet du retour, le musicien remarqua que quelque chose n’allait pas avec Ashlay.

En une trentaine de minutes, ils arrivèrent à la résidence du musicien.

— Ashlay, est-ce que ça va ? Tu es un peu pâle.

Le concerné hocha la tête et fit un sourire.

— Ça va aller, je suis seulement un peu fatigué.

— Tu es sûr ?

Devrais-je l’inviter à monter ?

Ashlay hocha la tête.

— Oui, ne t’en fais pas… Merci pour cette soirée, Gwen.

— Merci à toi aussi. J’ai apprécié ce moment.

Après avoir souhaité une bonne nuit à son cher musicien, Ashlay l’observa entré dans sa résidence.

Peu après, son expression changea subitement. Il devint encore plus pâle et commença à trembler. Il s’empressa de récupérer un flacon de comprimés dans la boîte à gants. Il avala d’une traite deux cachets et ferma les yeux en gardant une main sur sa poitrine.

De retour à son appartement, Gwenval se dirigea vers la baie vitrée pour observer le ciel. Comme l’avait « prédit » Ashlay, la pluie se mit à tomber.

— Il pleut vraiment.

Gwenval resta quelques minutes devant la baie vitrée. Il se remémora le visage d’Ashlay avant qu’ils ne se quittent.

— Était-ce réellement que de la fatigue ?

Le lendemain matin, le musicien reçut un message du jeune entrepreneur qui lui souhaitait une bonne journée. Gwenval avait l’impression qu’il s’était inquiété pour rien et se sentit rassuré.

Réponse à Ashlay : « Merci. Tu as bien pu te reposer ? »

Ashlay répond : « Oui. Grâce à toi. ❤️»

— Ce gamin… murmura Gwenval en souriant.

Plus tard dans la journée, Gwenval se rendit, comme à son habitude, au studio d’enregistrement.

Alors qu’il venait de récupérer son café, il fut interpellé par des bruits de fracas provenant d’une ruelle non loin de là.

Il n’est pas un peu trop tôt pour ce genre de chose ?

Un lycéen se faisait racketter et malmener par un groupe d’hommes un peu plus âgés que lui.

— Hé ! Arrêtez ça !

Au moment où Gwenval s’apprêtait à intervenir, un autre jeune homme fit son entrée. Il semblait être un étudiant d’une vingtaine d’années.

Le nouvel arrivant se mit entre le lycéen et ses agresseurs.

— Vous devriez trouver quelque chose de plus utile à faire au lieu de dépouiller les gens.

— Qu’est-ce qu’il y a de mal à emprunter un peu d’argent à un ami ?

— Un ami ?

Le jeune héros se tourna vers le lycéen qui secoua rapidement la tête. Il expliqua que lui et le frère d’un des hommes étaient camarades de classe, mais qu’ils n’avaient pas eu beaucoup interagi.

Gwenval, qui observait l’altercation au loin, avait remarqué quelques accessoires coûteux sur le lycéen. Il comprit vite pourquoi le jeune garçon se faisait attaquer de la sorte.

— Je ne crois pas que ce soit la meilleure approche pour demander quoi que ce soit à quelqu’un, et encore moins à un ami. déclara celui qui s’était interposé.

— Et de quoi je me mêle ? s’exclama avec agressivité l’un des voyous.

En voulant pousser le dernier venu pour l’empêcher de les déranger plus longtemps, un des hommes se retrouva projeter au sol. Le jeune étudiant se mit en position d’attaque, prêt à en découdre.

Intéressant. nota Gwenval dans son esprit.

Après plusieurs échanges de coups vifs, les voyous étaient épuisés tandis que l’étudiant pouvait continuer ce numéro toute la journée. Mais ne voulant pas s’avouer vaincu, l’un d’eux saisit une bouteille en verre qui se trouvait à proximité et tenta de frapper le jeune homme à la tête. Mais il fut désarmé par un gobelet de café à moitié vide.

Le combat se gela instantanément.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?! Qui a fait ça ?

— Désolé, je vous ai confondu avec la poubelle. s’excusa Gwenval avec un sourire angélique alors qu’il s’avançait vers eux.

Note de l’auteur

Bonsoir !

Que pensez-vous de la construction de la relation entre Gwenval et Ashlay?

Selon qu’est-ce qui ait arrivé à Ashlay à la fin du rendez-vous avec Gwenval ?

Vous avez aimé ce chapitre ? Dites-le moi dans les commentaires ^^

Prochain chapitre : Samedi 10 mai 2025 à 18h00 (France).

Dans le prochain chapitre, vous en apprendrez plus sur un nouveau personnage.

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