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2 - Chapitre 1
3 - Chapitre 2
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FubukiANDHylas
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Chapitre 2

Lorsqu’ils furent arrivés en haut de la montagne, l’atmosphère changea du tout au tout. L’air était plus lourd, plus froid, une brume épaisse leur cachait la vue, laissant un voile de mystère sur ce qui entourait la voiture. Ezra fut le premier à descendre de son siège, ouvrant la porte aux filles. 

— Voilà mesdames, nous sommes arrivés ! Permettez-moi de vous aider à descendre. 

L’homme tendit sa main à Sotiras qui était la première à s’être levée, suivie de près par la captive. Il regardait avec étonnement sa compère, la jeune demoiselle qui tentait de ne pas se casser une jambe en descendant, portant une nouvelle tenue. Sotiras traversa la brume et, en un mouvement de bras, elle la dispersa. Par ce geste, elle laissa place à une vue surprenante. 

De là-haut, on pouvait voir toute la ville ; de cette montagne, un sentiment de supériorité pouvait habiter chaque personne. Mais derrière tout ça, se cachait le manoir dont le monde d’en bas avait peur. Il était imposant, presque majestueux, avec des murs en pierres grises usées par les années, le tout portant les marques du temps. Certaines avaient même de légères fissures ou étaient recouvertes de mousse. Les fenêtres extérieures étaient semblables à celles d’une église, ornées d’arches fines en fer forgé. Quand on levait les yeux, on pouvait apercevoir davantage les détails. Les gouttières étaient agrémentées de gargouilles, certaines ayant perdu leurs visages ou une patte. Le toit était recouvert de tuiles sombres, légèrement incliné, et quelques cheminées étaient disposées de part et d’autre, parfois on pouvait apercevoir une fumée s’en dégager. 

Sotiras s’avança vers la toute aussi immense porte en bois massif où trônaient deux imposants heurtoirs en forme de tête d’hypogriffe, symbole de la famille Lockart, semblant murmurer à quiconque osait frapper de faire demi-tour. Mais avant même qu’elle ne put enclencher la poignée, Ezra enchaîna : 

— Tu lui as redonné des vêtements ? Elle te faisait de la peine toute nue, avoue ? Ou alors son corps de déesse te brûlait la rétine, dit-il d'un ton moqueur. 

— Serais-tu jaloux parce que, même en guenilles, elle est beaucoup plus mignonne que toi ? continua-t-elle en ricanant. 

— Mais voyons, personne n'est plus mignon que moi ! 

Tous les deux riaient de bon cœur tandis que la jeune femme était encore debout sur le marchepied, contemplant l’horizon. Elle n’avait jamais vu la ville sous cet angle-là. 

— C’est magnifique... marmonna-t-elle. 

— Il est temps d’y aller. 

— Ce n’est pas comme si j’avais le choix. 

— Hélas, j’en ai bien peur, continua l’homme, toujours la main tendue pour qu’elle puisse descendre. 

Elle saisit sa main, veillant à ne pas se tordre une cheville pendant qu’elle observait ce manoir qui lui donnait un frisson dans tout le dos. À l’une des fenêtres, bien qu’à peine visible, on pouvait entrevoir une ombre qui scrutait l’horizon, semblant suivre chaque mouvement des arrivants. Mais quand la rouquine s’approcha de la porte pour pénétrer dans la demeure, celle-ci disparut. 

Ils s’avancèrent sur les pavés froids et délabrés de la propriété, se dirigeant vers la porte. À peine la démone posa-t-elle la main sur la poignée que celle-ci s’ouvrit. Son grincement ne rassura pas du tout la rouquine qui ne voyait même pas la lueur d’une bougie tellement il faisait noir à l’intérieur, de quoi rendre jaloux le néant. 

— Nous sommes rentrés. 

La voix de Sotiras raisonnait à travers les murs de la maison, soudainement, des centaines d’yeux firent leur apparition dans la noirceur. Un frisson parcourut l’échine de l’inconnue, même les caniveaux qu’elle avait pu côtoyer étaient moins lugubres. 

— Ce n’est pas amusant, mettez un peu de lumière, nul besoin d’effrayer notre invitée davantage. 

Au loin se faisaient entendre des bruits de pas. Si l’ambiance dehors était déjà pesante, celle à l’intérieur l’était encore plus. Il y avait comme une pression lorsque les pas résonnaient contre le sol, les gorges se nouaient et les cheveux se hérissaient derrière la nuque. Mais quand la voix assimilée au son brisa le silence, les yeux disparurent et de la lumière éclaira enfin le hall. 

— Ce n’est pas trop tôt, Sotiras. 

Face à eux, un escalier double où, en son centre, un homme à la prestance presque royale se dressa. Il avait un visage fin avec une expression dure, des cheveux blonds et longs tombant sur ses épaules, il était presque surréaliste de beauté, qu’on le confondrait avec un tableau. Ses yeux bleus transperçaient chaque âme à laquelle son regard se posait. 

— Monsieur... nous sommes désolés, le ciel n’était pas clément avec nous ! 

— Cesse donc tes excuses, fit-il en levant sa main pour lui signifier de se taire. 

Son regard se posa sur le visage inconnu derrière Ezra. 

— Combien a-t-elle coûté, celle-ci ? Au vu du goût de la dernière, j’espère qu’ils n’ont pas encore augmenté leur prix, cela relatait une vaste blague. 

— Euh... la voix de sa seconde devenait plus basse, 1000 sovering... 

— Je ne t’ai pas entendu. Je vois tes lèvres bouger, mais aucun son n’en sort. Combien as-tu dit ? 

En voyant que son amie était en difficulté face à l’homme, Ezra prit la parole, plaçant son bras devant elle, lui faisant comprendre qu’elle n’avait plus à répondre et qu’il allait gérer la situation. Il s’inclina ensuite et reprit le cours de la conversation. 

— Bonsoir Monsieur, permettez-moi de répondre à la place de Sotiras, dit-il en se redressant. Elle a coûté 1000 sovering. J’ai surenchéri pour pouvoir gagner l’enchère et vous rapporter un morceau de choix. Elle était la dernière qui nous a été proposée. Malheureusement, un homme la désirait aussi, mais il était inenvisageable pour nous de revenir les mains vides. J’espère que vous comprendrez la raison de ce prix exorbitant et n’en tiendrez pas rigueur à Sotiras, qui est totalement innocente dans cette situation. 

À l’annonce du prix, les yeux du Maître prirent une couleur argentée, signe que rien n’allait arriver de bon aux deux comparses. 1000 sovering étaient bien trop chers pour ce que la jeune fille valait réellement. 

— Qu’importe. C’est beaucoup trop pour ce que c’est, dit-il en la regardant de la tête aux pieds. 

L’inconnue soutint le regard de l’homme sans sourciller, même si un nœud au ventre ne la quittait pas, elle ne voulait pas s’effondrer face à tout ce monde. Elle ignorait toutes les règles énoncées par la démone dans la calèche. 

— Monsieur... Je vous en prie... nous ne pouvions pas nous permettre de ne rien vous apporter, ça fait des mois que vous n’avez rien mangé... reprit Sotiras en se mettant en avant. Nous pouvons vous la préparer avant de la déguster. 

Les yeux de la démone suppliaient que ses paroles soient pour une fois entendues sans qu’elle ait à insister. Fixant la rousse, le Maître souffla du nez. 

— J’y compte bien. Et vous allez même faire plus que ça. 

La jeune femme était complètement abasourdie, tournant sa tête vers son ami, cherchant à comprendre de quoi parlait le blond. Il reprit : 

— Au prix, tu iras lui donner des vêtements, Sotiras, et également l’aider à se laver. Elle n’aura qu’à servir de servante en attendant. 

Leur supérieur tourna alors les talons, se dirigeant vers ses appartements d’un pas qu’on pouvait entendre agacé. 

— Mais... monsieur ! 

Cette fois-ci, il se retourna tellement violemment que ses chaussures frappèrent le sol avec fracas, un courant d’air traversant toute la pièce, éteignant sur son passage quelques bougies jusqu’à atteindre les trois domestiques. 

— Tu ne discutes pas ! répondit le Maître en haussant la voix. Je ne peux pas me permettre de telles folies sans en profiter ! Ce sera ta punition pour avoir exagéré. Quant à toi... il fusillait du regard le cocher. Tu feras tout ce que les filles te demandent. Tu es bien trop payé pour le simple cocher que tu es. Sans compter que tu iras me chercher quelqu’un d’autre demain, que tu payeras de ta poche ! 

Le sang d'Ezra se glaça lorsque le Maître lui jeta un regard noir. Il avait déjà vu l’homme en colère, mais là, c’était bien pire que les autres fois. Il s’agenouilla, signe qu’il acceptait sa punition. 

— J’accepte les conséquences de mes actes et vous promets que demain, vous aurez votre repas. 

À ses mots, le propriétaire des lieux fit un demi-tour, tapant deux fois dans ses mains, les bougies se rallumèrent, puis il disparut, laissant tout ce beau monde dans le hall. La démone se tourna vers la désormais nouvelle collègue, qui venait de passer du statut de chair fraîche à servante. 

— Bien, tu as entendu Monsieur, nous allons te décrasser avant que tu puisses te reposer, dit-elle en regardant ensuite son ami tout en l’aidant à se relever. Pourquoi as-tu pris ma défense ? Maintenant tu vas devoir en chercher une autre ! Viens dans ma chambre tout à l’heure, je te donnerai de l’argent. 

— Oh ! Ne t’en fais pas pour moi, j’adore faire la route d’ici jusqu’au marché, surtout quand la météo est aussi clémente que ce soir, dit-il sur un ton sarcastique. Pendant que tu prépares les vêtements et que tu montres à notre nouvelle collègue où elle va dormir, je vais m’occuper de lui faire couler un bain, posant sa main sur son amie tout en lui offrant un tendre sourire. 

La toute nouvelle servante, qui jusque-là n’avait rien dit, regardait le duo avec amusement. 

— Passer de dîner à servante, qui l’eût cru ? Mon rang social ne cesse d’augmenter, je finirai peut-être reine d’ici la fin de la semaine, dit-elle d’un ton sarcastique. 

L’ange ne put s’empêcher d’échapper un petit rictus à cette remarque. 

— On ne risquera pas de s’ennuyer avec toi ! 

— Je pense que le jour où tu finiras reine, ce sera sûrement quand le roi nous rendra visite. 

Une remarque très ironique de la part de la femme. Le dernier qu’il y a eu à Bryminster avait fini par devenir fou et se jeta d’un pont lors d’une nuit. Suite à ça, elle lui fit signe de la suivre, et l’emmena dans ce qui allait être sa chambre dans les prochains temps. 

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