Ce chapitre traite du sujet d'automutilation.
Amara. 10 heure 24. Vancouver, Colombie-Britannique.
Je me retrouve seule encore une fois, je ne veux pas embêter Ophélia, donc je ne lui ai pas parlé de mes problèmes.
Je ne suis pas déçue, je savais que ça allait se passer.
J'ai appris à suivre mon propre conseil, être prête à la déception de la part de n'importe qui, à n'importe quel moment et peu importe la raison.
Mon téléphone se met à sonner, je regarde l'écran en essuyant mes joues qui étaient baignées de larme. Lucas. Je réponds en prenant une grande inspiration.
- Salut frangine, je croyais que tu étais en cours, j'allais te laisser un message.
Je renifle, je suis sûre qu'il a entendu, mais j'espère que ce n'est pas le cas.
- J'ai décidé de ne pas y allé.
- Amara, je sais que je ne peux pas dire grand-chose puisqu'on n'habite pas ensemble, mais je trouve que tu n'y vas pas beaucoup. Je veux que tu me parles, j'ai l'impression que tu étais en train de pleurer.
Je pince les lèvres, je sens mes larmes revenir, j'ai envie de lui en parler, mais j'ai peur qu'il me prenne en pitié et que je le dérange en lui parlant de mes problèmes.
- Je suis un désastre... Je n'ai presque pas d'amis, je suis tout le temps seule, ma famille me déteste, j'ai des notes pourries, rien ne va dans ma vie, Lucas...
- Amara, tu as survécu à la plus grosse tempête de ta vie, tu es une survivante, une battante, tu peux tout surmonter.
Je sens encore les flammes sur moi, mon épaule me fait mal, les médecins m'ont examiné et ils ont dit que j'ai une brûlure au troisième degrés. Je n'ai pas le droit de quitter la chambre d'hôpital alors que moi tout ce que je veux, c'est aller dans celle de Camille pour voir si elle va bien. Ils ont dit que j'ai eu de la chance et que je serais morte si je ne serais pas sortie aussi vite. Ça me fait peur parce que ma meilleure amie n'est pas sortie elle, donc elle, elle ne doit pas avoir eu cette chance.
Je veux juste savoir si Camille a survécu.
- Merci, Lucas, j'espère surmonter tout ça.
J'entends une voix au loin, ça viens du côté de mon frère. Il prend le téléphone.
- Si tu parles de moi, je te conseille d'arrêter, j'ai rencontré quelqu'un, donc excuse-moi pour ce que je t'ai fait, mais à présent, tu dois passer à autre chose.
Zane.
- Tu m'as brisée le cœur, mais je ne te laisserais plus jamais le faire à présent, ça m'a appris à ne pas faire confiance aux personnes comme toi, tu m'as ouvert les yeux.
Je raccroche avant qu'il n'ait le temps de répondre, je rappellerai mon frère plus tard. Je me lève de mon lit pour me regarder dans le miroir, je porte un t-shirt sans manches, donc ma cicatrice se voit. Je porte ce genre de chose seulement à la maison, en public, je me couvre, je n'assume pas de montrer ma blessure. Je passe ma main dessus et les larmes commencent à monter. J'ai l'impression que je pleure tout le temps.
Je suis une pleurnicharde... Une autre chose qui ne va pas dans ma vie.
Je ne mérite pas de vivre, la vie me l'a bien fait comprendre...
Je me dirige vers ma table de chevet et ouvre le premier tiroir. J'ouvre ma petite boîte où se cache ma lame. Je regarde mes poignets, ils ont bien cicatrisé depuis la dernière fois, bientôt trois mois que je n'avais pas touché ce morceau d'acier.
Je prends une grande inspiration, je sens mes larmes glisser sur mes joues. Je rapproche la lame de mon poignet, je fais une ligne, le sang commence à couler.
Mon téléphone vibre ce qui me sort de mes pensées, je remets l'objet que j'ai en main à sa place initiale avant de prendre mon mobile, c'est Ophélia.
Elle me demande, pourquoi, je ne suis pas présente au lycée et elle veut savoir aussi si tout va bien.
Je lui réponds que je suis malade.
Ma meilleure amie vient peut-être de me sauver la vie, je ne sais pas ce qui serait arrivé si elle ne m'avait pas écrit.
J'essuie les larmes sur mes joues avant de partir dans la salle de bain pour nettoyer ma plaie. Je la désinfecte avant qu'il arrive quoi que ce soit. Je mets un bandage juste au cas où.
Je retourne dans ma chambre, je mets du Rihanna en haut-parleur, j'adore cette femme, selon moi, c'est une des plus belles au monde.
Shine bright like a diamond
Shine bright like a diamond
Je regarde par la fenêtre pour voir s'il y a quelqu'un, puis je me couche sur mon lit.
Find light in the beautiful sea, I choose to be happy
You and I, You and I, we're likes diamonds in the sky
You're a shooting star I see, a vision of ecstasy
When you hold me, I'm alive, we're like a diamonds in the sky
J'adore cette chanson, je pourrais écouter les paroles pendant des heures. Quand, je l'écoute, je vis vraiment la musique. J'entends des coups retentir à la porte, donc je mets pause, enfile une veste et part ouvrir. C'est Dorian avec deux plats dans les mains.
- Salut, Johnson, j'espère que je ne te dérange pas, Ophélia m'a dit que tu ne te sentais pas bien, donc je me suis dit que tu n'aurais pas le cœur de te faire un repas, c'est important de manger, du coup, je t'ai amené un plat de spaghetti ou si tu préfères, j'ai de la soupe.
Je souris, c'est tellement mignon. Je ne sais pas s'il est attentionné ou s'il n'avait juste rien à faire, mais peu importe ce mec est un ange.
Dorian.
Je suis content de voir qu'Amara va bien. Je suis tout le temps inquiet quand elle n'est pas au lycée et ça arrive souvent. C'est la première fois que je peux venir la voir pour m'occuper d'elle, avant, je ne pouvais pas, on ne se connaissait pas réellement.
On est assis sur son canapé, on écoute la série Modern Family. S'il te plaît, embrasse-moi. Aime-moi comme moi, je t'aime. Pense à moi comme moi, je pense à toi. Rêve de notre avenir comme je le fais. S'il te plaît...
La dernière fois, on a failli s'embrasser, elle n'a pas reculé, ça se serait produit si ma mère ne nous avait pas interrompu. Je m'approche un peu d'elle. Je passe mon bras sur le dessus du canapé, il est derrière sa tête, je ne sais pas ce qu'elle penserait si je le mets sur ses épaules.
Je vois que son regard est sur moi, donc je tourne la tête vers elle. Je veux l'embrasser, j'ai besoin de l'embrasser, je vais l'embrasser. J'approche ma bouche de la sienne, je sens son souffle chaud sur mes lèvres, elle entrouvre la bouche. Je suis à quelques centimètres d'elle, cette fois, ça va vraiment arriver, je vais embrasser la femme de mes rêves. Son téléphone se met à sonner, elle recule, elle s'éloigne de moi, l'univers est vraiment contre moi !
Elle répond.
- Zéphyr. Je ne vois pas pourquoi, tu m'appelles, tu m'as bien fait comprendre qu'il n'y a rien entre nous et qu'il n'y aura jamais rien.
C'est un con, je ne comprends pas comment il peut la traiter de cette façon, je ne comprends pas comment il peut traiter les filles de cette façon. Je déteste le fait de ne pas le détester, il a tellement changé, mais je n'arrive pas à me l'avouer. Mon meilleur ami ne l'est plus et ça me tue de le dire.
- Non, je ne vais pas sortir une nouvelle fois avec toi Zéphyr, je t'ai déjà laissé deux chances et je t'ai dit que tu n'en n'aurais pas d'autre.
Je me disais que même si je la veux depuis longtemps, ça n'avait pas d'importance parce que mon ancien meilleur ami était sur le coup et tout le monde sait qu'il est meilleur, mais maintenant qu'il n'a plus aucune chance, c'est mon tour.
Elle raccroche avant de se tourner vers moi.
- Je ne veux pas te mettre dehors, mais je suis crevée, je vais aller faire une sieste.
Je souris en me dirigeant vers la porte.
******
Je prends mon cartable pour mon prochain cours de la journée. C'est l'heure de manger, donc il n'y a presque personne dans les couloirs. Je vois Zéphyr, il regarde quelque part. Je tourne la tête vers ce qu'il regarde ou je devrais plutôt dire qui il regarde. Amara.
Ça ne va pas se passer de cette façon, il n'a aucun droit de la regarder comme il le fait. Il la regarde avec des yeux remplis de désir, il a envie de ce la taper et c'est hors de question. Je prends une grande inspiration avant de me diriger vers lui. Il va entendre le fond de mes pensées.
- Zéphyr ! Toi et moi, il faut qu'on parle !
On sort du lycée, il nous faut qu'on s'éloigne pour pas que les autres nous entende.
- Bon, tu veux quoi ? Tu veux encore me parler de ta future meuf qui se fout de toi ?
- Elle est à moi, Zéphyr ! C'est ma putain de future femme ! C'est moi qui l'ai vu en premier ! C'est moi qui l'attends depuis des années ! C'est moi qui mérite de l'avoir ! C'est la seule que je n'aie jamais voulue ! Tu as compris ?! C'est la mienne !
Ça y est, j'ai explosé, je lui ai dit toute la vérité.
- Et pourtant, tu me dis tout ça, à moi, mais pas à elle, elle ne va pas t'attendre, Dorian.
Je sais qu'il a raison, mais comment, je pourrais dire à la fille dont je suis amoureux que je l'aime alors que Zéphyr l'a embrassé. Certes, maintenant, c'est fini entre eux, mais ça, c'est produit, il y a seulement quelques jours. Je soupire avant de m'éloigner, je ne le déteste même pas et c'est ça le problème, je continue à me dire qu'il y a une raison de pourquoi il agit comme ça.
Je retourne dans le bâtiment, je dois voir Amara, je dois tout lui dire avant qu'il ne soit trop tard. Je la cherche, mais je ne la trouve pas, elle n'est plus au même endroit. Ce n'est pas possible, pourquoi, l'univers est contre moi ?
Je vois sa meilleure amie avec son copain au loin, je me dirige vers elle.
- Salut, Ophélia, je me demandais, est-ce que tu sais où est Johnson ?
Elle se tourne vers moi et Kalheb me regarde avec des yeux noirs. Bon, je crois que mon coéquipier ne m'aime pas tellement ou peut-être qu'il n'aime pas que je parle à sa copine. J'ai entendu dire qu'il est extrêmement possessif.
- Elle est partie aux toilettes, mais écoute Dorian, elle est brisée, elle ne veut pas un copain, je suis désolé.
Je sens mon cœur se briser, elle ne m'aime pas et elle ne m'aimera jamais...
Je ferme les yeux pour ne pas montrer mes émotions. Je souffle. Je n'ai jamais eu aucune chance avec elle. J'aimerais pouvoir passer à autre chose, mais je n'y arrive pas. J'ai déjà essayé, mais c'est impossible pour moi.
Mon téléphone se met à sonner, je m'éloigne puis je réponds sans regarder qui c'est.
- Salut, mon chéri, je ne veux pas te déranger au lycée, mais ton père a été transporté à l'hôpital, on ne sait pas s'il va survivre, il aimerait te parler au cas où.
Je lui dis que j'arrive puis raccroche. Je me dirige vers la porte d'un pas rapide. Je ne veux pas vivre la même situation qu'avec mon grand-père, je veux avoir la chance de lui dire au revoir.
Je monte dans ma voiture et démarre. Je prends rapidement de la vitesse, je sens mon coeur s'accélérer, mes mains serrent le volant. Mes yeux me piquent, ma vie est tellement misérable...
J'arrive rapidement à l'hôpital, s'il te plaît, faites en sortes qu'il ne soit pas mort. Je repère facilement ma mère, je me dirige vers elle. Je vois ses joues baignées de larme.
- Maman, s'il te plaît, dis-moi que je n'arrive pas trop tard.
- Je suis désolé, doudou, il n'a plus toute sa tête, il ne s'est même plus ce qu'il dit.
Je prends une grande inspiration, je dois lui dire au revoir.
- Il est dans quelle chambre ?
- 302.
Je ne prends pas le temps de lui répondre, je dois voir mon père, je dois lui parler et surtout, je dois lui dire que je l'aime. Je passe la porte de sa chambre d'hôpital. Je m'assois sur la chaise proche du lit. Je n'aime pas le voir dans cet état, ça me brise le coeur.
- Fiston... écoute moi...
Je prends sa main dans la mienne, je ne veux pas le laisser partir, pas lui...
- Tu n'es peut-être pas mon fils, mais je t'ai considéré comme tel dès l'instant où on s'est rencontré pour la première fois, je sais que tu es fort alors prends soins de ta mère pour moi, elle va avoir besoin de toi dans cette épreuve.
Les larmes coulent sur mes joues.
- Tu n'as pas le droit de dire ça, tu n'es pas mon géniteur, mais tu es mon père, c'est toi qui as toujours été là pour moi, pas Calvin, c'est toi, tu m'as élevé depuis que j'ai 7 ans, je ne sais pas comment je vais faire sans toi...
Il serre ma main, mais il n'a plus de force, donc je le sens à peine.
- Tu es trop jeune pour mourir papa... Tu n'as que 36 ans...
- Ne t'inquiète pas, mon fils... Ta mère est là pour toi, elle est comme ta meilleure amie, vous n'avez que 17 ans de différence, tu vas toujours bien t'entendre avec elle, il y a aussi cette fille dont tu es amoureux, tu dois tout lui avouer avant qu'il ne soit trop tard, tu ne sais pas ce qui va arriver demain. Ta mère m'a parlé de ce que Zéphyr a fait, tu dois essayer de comprendre pourquoi, tu ne peux pas gâcher, une si belle amitié pour une fille, même si elle est la femme de ta vie, avant tout, tu dois essayer de le comprendre. Après ça, s'il n'y a vraiment aucune solution pour vous deux, laisse le tomber, ce n'était pas un vrai ami.
Il est sur le point de mourir et il continue de me donner des conseils, il continue de se soucier de moi. Je l'aime tellement...
- Papa, tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, il faut se concentrer sur ton état.
- Je suis fatigué, je vais me reposer un peu, tu peux rentrer à la maison.
Je sors de la chambre en essuyant mes larmes, il est hors de question que je rentre chez moi, je vais rester avec ma mère. Je dois être là si jamais quelque chose se produit, je dois rester avec elle, on doit s'aider mutuellement pour surmonter cette épreuve. J'arrive vers elle et je la prends dans mes bras, je ne veux pas la voir triste, je déteste ça, mais en ce moment, je ne peux pas empêcher ce sentiment d'être présent. Je n'arrive pas à croire que je vais perdre celui que j'ai toujours considéré comme mon père, comme mon confident, comme mon ami... Je déteste ce sentiment, mon coeur bat vite et ce n'est pas en bien, c'est seulement parce qu'il est en train de se briser. Mes yeux me piquent à cause des larmes que je retiens, je ne veux pas me montrer faible devant ma mère, elle, elle a toujours été forte, contrairement à moi, alors c'est son tour d'avoir le droit de montrer ses émotions.
- Je suis là, maman, tu n'es pas seule, je ne t'abandonnerais pas.
C'est vrai, je n'ai pas l'intention de l'abandonner, je partirais un jour de la maison, mais je serais présent pour elle-même si je n'habite plus avec elle, elle restera toujours ma mère, je sais qu'elle veut me protéger depuis que je suis petit, mais maintenant, c'est à moi de la protéger, je suis assez grand pour le faire.
Elle se recule en essuyant ses joues, je vois dans son regard la douleur qu'elle ressent. Elle est remplie de tristesse et de colère, je pense que le deuxième sentiment, c'est parce que l'univers à décider de lui enlever son mari. Il va mourir, c'est certain, il n'y a plus aucune solution.
J'espère que tout va bien se passer du côté de ma mère et qu'elle ne retombera pas dans ses anciens tourments...
Je suis couché sur mon lit, je regarde le plafond. Je touche avec mes doigts la paume de ma main, je renifle en fermant les yeux, je ne veux pas pleurer, je dois rester fort, mais je n'y arrive pas, je sens une larme glisser sur ma joue. Puis, je sursaute en entendant, un bruit provenir d'en bas, je pensais que ma mère était sortie, encore.
Je soupire avant de me lever, je sens le sol froid sous mes pieds et ça me fait frissonner. Je descends les escaliers lentement pour ne pas faire de bruit. J'entends un petit craquement quand je marche, je m'arrête pour m'assurer que tout va bien autour de moi. Je ne vois rien d'anormale, donc je reprends ma route, j'arrive au salon. Je trouve ma mère au sol, je ne sais pas si elle est inconsciente ou si elle dort seulement, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle est ivre. Ce n'est pas nouveau, depuis que mon père s'est fait arrêter, elle boit tout le temps et je trouve ça vraiment fatiguant.
Je me penche vers elle pour m'assurer qu'elle respire, sa respiration est normale, je remonte à l'étage pour retourner dans ma chambre. J'adore ma mère, je la considère comme mon héroÏne, mais parfois, j'aimerais qu'elle soit normale, qu'elle ne soit pas une alcoolique.
Je suis toujours collé contre ma mère, j'ai besoin d'être avec elle. J'ai besoin de ma maman, tout est en train de changer dans ma vie, tout est en train de se détruire, tout est en train de me détruire...
- Écoute, Doudou, on va devoir se soutenir tous les deux, il faut qu'on soit là, l'un pour l'autre, on doit se faire confiance à 100%.
Je hôche la tête, je suis complètement d'accord avec elle. Elle n'a pas l'air de vouloir reprendre l'alcool et ça me soulage, j'espère vraiment que j'ai raison.
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Le chapitre 9 est enfin là !
J'espère qu'il vous plaît et que l'attente en a valu la peine.
Je dois vous avouez que j'ai pleuré en écrivant ce chapitre...
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Bisou 💋