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RaphaelJA
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Chapitre 1

Astra

— Vous êtes sûr de vouloir faire ça, madame ?

Face aux portes des terminaux de transports, le regard paniqué de mes deux gardes du corps en disait long sur le lieu où je m’apprêtais à me rendre. Ils craignaient autant que moi de ne pas revenir en un seul morceau, mais je n’avais pas le choix. Il me fallait des réponses et les seules personnes susceptibles de m’en apporter se trouvaient dans la basse ville.

— Allons-y, ordonnai-je.

Ils hochèrent la tête et m’emboitèrent le pas jusqu’à la navette privée que j’avais engagée. Sièges en cuirs, petits verres de champagnes, petits fours et hologramme de navigation, la pointe de la technologie ces nouveaux taxis entièrement automatisés. Une invention bien agréable, bien que discutable parmi les fervents défenseurs de l’humanisme contre le transhumanisme.

Pour ma part, je leur trouvais une grande utilité, surtout pour les domaines dangereux de la société. Ne pas avoir à risquer la vie d’êtres humains semblait plutôt positif.

— Veuillez évoquer le lieu d’arrêt de la navette à voix haute, expliqua une voix robotique et sans âme.

— La basse ville, quartier Est.

— C’est une zone 4 étoiles sur l’échelle des risques, êtes-vous certaines de vouloir vous y rendre ?

— Je connais les risques. Emmenez-moi là-bas.

— Bien. Nous allons démarrer.

Voilà une autre chose que j’appréciais avec les robots et les IA, elles ne ressentaient rien. Sa question n’avait pour but uniquement de suivre un protocole configuré par des humains, mais elle ne chercherait pas à dissuader ses passagers, car elle n’était pas configurée pour ça.

Le temps du trajet, je m’installai un peu plus confortablement dans mon siège, le regard se perdant sur le paysage de la ville défilant. À mesure que nous passions les différents barrages pour descendre à notre destination, je remarquais les changements de décor progressifs, jusqu’à notre arrivée.

La porte s’ouvrit, suivit de la voix robotique de la navette.

— Vous êtes arrivés à destination. La navette passera en mode veille jusqu’à ce que vous me contactiez à nouveau pour le trajet retour.

Mes deux gardes du corps descendirent en premier, à l’affut du moindre signe de danger autour de nous.

— Le périmètre est sécurisé, lança l’un d’eux, vous pouvez sortir.

La première chose qui me frappa lorsque je posai un pied dehors fut l’atmosphère lourde et presque étouffante de l’air. Il semblait épais.

La portière de la navette se referma derrière moi et tout le véhicule disparu grâce à son camouflage. Il valait mieux si on voulait garder un moyen de repartir et ne pas le retrouver en pièces détachées.

La basse-ville, je l’observais parfois des balcons de chez moi. Elle ne représentait rarement plus que des points dans la nuit, des traits lumineux, souvent cachés par la fumée ou la pollution des lieux.

Je ne connaissais rien de ces rues, de ces quartiers, hormis ce qu’on nous apprenait à l’école. Je n’y aurais certainement jamais mis les pieds sans cette situation d’ailleurs. Mais je m’y retrouvais.

— Enfilez cette cape, madame, lança le deuxième garde en me tendant un tissu noir à capuche. Mieux vaut éviter de trop vous faire remarquer.

Il avait raison. J’opinai et enfilai le vêtement, rabattit la capuche sur ma tête et me mis en marche dans ces rues inconnues.

Bien que je n’avançais pas totalement à l’aveugle. Dans mon œil se trouvaient un plan et un trajet définis à l’avance. L’une des dernières technologies optiques et plutôt pratique.

Je suivis la ligne que j’étais la seule à pouvoir voir jusqu’à un bar à la devanture à moitié éclairée seulement. Le Nexus.

Dès que je poussai la porte, je remarquai les regards se tourner vers nous, les sourcils froncés, les airs méprisants. Je me tournai vers les deux soldats.

— Attendez-moi à l’entrée.

— Bien, madame, répondirent-ils comme d’un seul.

Mon GPS s’arrêtait ici, je devais donc trouver moi-même celle que je cherchais. Et pour cela, le meilleur moyen restait de glaner des informations.

Je m’installai donc sur un tabouret au bar.

— Bonjour.

Le barman, un homme à la barbe grisonnante, me dévisagea. Il portait une prothèse robotique sur le bras jusqu’à l’épaule, dans les premières générations au vu des câblages et des alliages. Je me demandais pourquoi il gardait une telle antiquité.

— Bonjour mademoiselle, répondit-il finalement. Qu’est-ce que je vous sers ?

— Un verre d’eau pétillante s’il vous plait.

Il me fixa avant de se mettre à ricaner.

— On a pas ça ici.

— De l’eau alors ?

Il se retourna, ouvrit une bouteille et servit un liquide maronné dans un verre qu’il déposa devant moi.

— Et voilà.

Je grimaçai en attrapant le verre, le fit tournoyer dans ma main en observant les résidus de terre, de sable ou de quoi que ce soit troublant l’eau.

J’avais commandé quelque chose, je ne pouvais pas me défiler, encore moins lorsque l’homme qui m’avait servi me fixait depuis tout à l’heure. Prenant mon courage à deux mains, je bus d’un coup l’intégralité du contenu du verre, en essayant de ne pas respirer pour atténuer le gout affreux.

Une fois terminé, je reposai le verre sur le comptoir, essayant de ne pas grimacer face aux résidus me grattant la gorge.

Le barman éclata de rire avant de me servir un autre verre d’eau, celle-ci bien plus claire que la précédente. Je m’empressai de faire un autre cul-sec pour faire passer les restes du premier.

En posant les yeux sur celui qui m’avait servis, je compris que je m’étais fais avoir et en beauté.

— Juste pour ce spectacle, je vous offre ces verres, mademoiselle.

Je secouai la tête.

— Je paierai. À la place, je veux que vous répondiez à une question.

Il lança son torchon sur son épaule et s’appuya sur le plan de travail derrière lui.

— Deal. Je vous écoute.

— Dites-moi où je peux trouver une dénommée Charlie.

Son expression changea et il croisa les bras, se fermant complètement. J’avais touché quelque chose.

— Pourquoi vous la cherchez ?

— J’ai besoin de ses services.

— Je suis désolé, je ne peux pas vous aider.

— Vous avez dit que vous répondriez à une question !

— Et je l’ai fait. Maintenant, partez, ça vaut mieux pour vous.

— Non.

S’en suvis un échange de regard, les yeux dans les yeux sans qu’aucun de nous ne veuille lâcher l’affaire. J’aurais pu continuer encore un moment, tout comme lui, si une voix à ma droite ne nous en avait pas sorti.

— Laisse Gus, c’est bon.

La jeune femme qui avait parlée se trouvait être la seule autre personne assise au bar, à un tabouret d’écart avec moi depuis tout à l’heure. Ses cheveux en carré noir aux racines terminaient en un bleu électrique sur les pointes. Définitivement quelque chose qu’il nous était impossible de porter dans la haute ville.

Lentement, elle se tourna vers moi de trois quarts, me laissant plonger dans les noisettes de ses iris. Il devenait de plus en plus rare de croiser des personnes portant leur couleur d’yeux d’origines. Les technologies de notre époque nous permettant de changer à notre guise, beaucoup s’amusaient en fantaisies. Moi-même, je ne portais plus ma couleur, mais pas pour les raisons conventionnelles.

— Qu’est-ce que vous me voulez ?

— Vous êtes Charlie?

Elle hocha la tête sans prendre la peine de répondre avec des mots.

— J’ai besoin de vous pour retrouver quelqu’un. Un homme a disparu depuis plus d’une semaine et il faut que vous m’aidiez à le retrouver.

Elle haussa les sourcils.

— Et vous ne pouvez pas demander à vos supers agents fédéraux dans votre cocon doré ?

— Ça se voit tant que ça ?

Elle souffla un rire jaune.

— Ce n’est pas une stupide cape qui vous empêchera de puer la richousse à des kilomètres.

Je serrai les dents. Cette femme avait quelque chose contre nous. Enfin, pas seulement elle, si j’en croyais les regards pesants dès mon arrivée.

— Si je suis venu jusqu’ici c’est parce que je n’ai pas le choix, lâche-je un peu moins gentiment que précédemment. Il a disparu hors de leur juridiction, expliquai-je en mimant des guillemets avec mes doigts, ils ne bougeront pas le petit doigt. Personne en a rien a faire de lui.

— Sauf vous, remarqua-t-elle.

— Ouais. Sauf moi. J’ai fait mes propres recherches, mais mes moyens sont limités. On m’a dit que, pour ce boulot, vous êtes une des meilleures, alors s’il vous plait, aidez-moi.

Elle me toisa avant de se lever et de poser une main sur mon épaule en se penchant.

— Considérez-le comme mort et laissez tomber. Partez avant de vous faire tuer, murmura-t-elle à mon oreille avant de s’éloigner.

Je restai figée à observer la porte se refermer derrière elle avant que le "clac" ne me serve de déclic. Je posai un billet sur le comptoir sans même regarder l’homme derrière

— Gardez la monnaie, lançai-je en quittant précipitamment le bar.

Je courus à sa recherche dans les rues adjacentes, sans même prendre le temps d’attendre mes gardes. Il fallait que je la rattrape.

Mais au bout d’un moment sans succès, je m’arrêtai dans une rue déserte ou presque, à côté d’une benne à ordure.

Soudainement, je me sentis tirée en arrière et avant que je ne comprenne ce qu’il se passait, une arme se trouvait pointée sur ma tempe. La lumière qu’elle émettait m’aveuglait à moitié d’un œil, mais pas autant que l’homme au visage cybernétique à quelques centimètres de mon visage.

— Ma jolie, tu vas venir avec moi, lança-t-il, un sourire mauvais sur le visage.

Chaque cellule de mon corps s’activa, le rendant d’un coup presque glacé. On avait beau avoir déjà imaginé ce que ça pouvait faire de se retrouver face à la mort, le vivre n’avait rien à voir.

J’en étais persuadé, j’allais y être confronté, maintenant ou dans un avenir proche, tout ça parce que je n’avais rien écouté. Parce que j’avais cru pouvoir me balader librement dans ce quartier sans danger, sans attendre mon escorte.

Figée, incapable du moindre mouvement, j’aperçus une silhouette se glisser dans le dos de cet homme, poser un revolver contre son crâne dégarni et tirer sans la moindre sommation. Du sang gicla sur mon visage, alors que j’observais la vie quitter les yeux de l’homme face à moi.

Mon agresseur s’écroula sans même avoir eu le temps de comprendre ce qui lui était arrivé, comment il venait de mourir.

À sa place se tenait la mercenaire que j’avais essayé de recruter, le visage fermé, son arme toujours au poing.

— Bienvenue à Neo city.

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2 Comments

11 days
L'ambiance est sympa et j'aime bien la prota, qui est une petite bourge perdu dans la ville des bas fonds. Le décalage avec Charlie est chouette, et l'ambiance futuriste cool. Je dirais juste que en effet, faut retravailler la forme et aussi voir pour ajouter plus de sensations (Show dont tell) et éviter l'info dumping ^^
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13 days
Ça commence fort ! J'adore cette ambiance futuriste !
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