VIXEN

Ange m'a donné l'autorisation de partir,. Pas définitivement “juste quelque temps”.

 Il a dit que je ne lui était d’aucune utilité pour l'instant et qu’il ne voyait pas l'intérêt de me partager avec les autres membres de l’organisation.

A  vrais dire je ne m’attendais pas à ce qu'il me rende ma liberté, même pour une fraction de seconde.

Cela fait cinq ans que je tue sur ordre.

Cinq ans que je vis sans vivre, que je respire sans sentir l’air.

Le monde est devenu gris.

Rien n’a de goût.

Rien ne fait sens.

Juste le sang.

Juste les ordres.

Juste la douleur.

Cinq ans que je suis devenue Vixen.

Une arme. Une machine à tuer. Qui obéit, frappe, survit…

Mais aujourd’hui, j’ai franchi les grilles de la ville. Mes bottes touchent enfin du bitume normal. Je n’ai pas de mission. Pas d’arme cachée sous ma veste. Pas de cible a abattre.

La porte d’Isabela.

Je lève la main. Elle tremble. 

Pas à cause de la peur. Non. Mais parce que je me souviens.

Je toque contre la porte en bois.

Un,deux, trois coups sec.

Comme si mes os étaient faits de métal. 

J’entend un bruit de pas lent qui se dirige jusqu’à l’entrée.

Et là.

Elle.

Ses yeux s’écarquillent. Elle ne parle pas. J’arrive à percevoir son incompréhension dans son regard. 

Elle voit.

Elle voit à quel point je ne suis plus celle qu’elle a connue.

Mais elle me prend dans ses bras quand même. Je reste figée. Raide. Le cœur muet.

Et puis quelque chose se brise. Un mur. Une barrière. Je m’effondre littéralement dans ses bras.

-Isa… je murmure, la voix, rauque, étranglée.

-T’es rentrée… chuchote-t-elle dans un sanglot, et je sens ses larmes couler dans mes cheveux.

Je ne me souvenais plus de ce que c’était, pleurer.

Dans ses bras j’ai l’impression que tout va mieux.

Parce que c’est elle. Isabela.

-Je ne veux plus y retourner… je murmure pour moi même.

Non.

Jamais.

Plus jamais.