Quand j'ouvre les yeux, la lumière douce du matin filtre à travers les rideaux.
Il me faut quelques secondes pour me rappeler où je suis.
Chez moi. Dans ma chambre. En sécurité.
Le souffle calme de maman résonne doucement à côté de moi. Elle est encore là.
Elle n'a pas bougé.
Je la regarde un instant, Ses traits sont tirés,Elle a à peine dormi. Et pourtant, elle est restée.
Comme toujours.
Je me redresse lentement pour ne pas la réveiller. Ma tête est lourde, comme si j'avais nagé toute la nuit dans des eaux sombres.Mais je respire, Je suis vivante.
Je sors du lit, les pieds nus sur le sol frais. En ouvrant doucement la porte, j'aperçois Nina dans le couloir.
Elle est assise contre le mur, sa peluche sur les genoux,Ses grands yeux me fixent.
Je m'approche doucement.
— Hé, ... ou la depi lontan ? (Traduction: tu es là depuis longtemps?
Elle hoche la tête sans parler.
Je m'accroupis à sa hauteur, je prends ses petites mains dans les miennes.
— ou te wè nou yè? (Traduction: tu nous a vus hier ?) ?
— Oui... j'ai eu peur. T'as crié fort... j'ai cru que t'allais mourir.
Mon cœur se serre. Je la serre contre moi.
— Je suis désolée, Nina . Je vais mieux, d'accord ? C'est juste... parfois, les souvenirs font mal. Mais je vais bien. Et je suis là.
Elle glisse ses bras autour de mon cou.
— où promèt mw sa ? (Traduction: tu me le promets?)
— Je promets.
Je l'embrasse sur la joue, puis je l'envoie doucement prendre son petit déjeuner.
Je retourne dans ma chambre, j'observe maman encore endormie, puis je m'habille lentement.
Je dois retourner à l'université aujourd'hui.
Faire semblant que tout va bien. Garder la tête haute.
Dans la cuisine, Nina est assise à table, les jambes balançant doucement sous sa chaise, sa peluche posée à côté de son bol de céréales. Elle lève les yeux dès qu'elle me voit entrer.
— T'as pas mangé hier soir, hein ? dit-elle avec un petit froncement de sourcils.
Je souris faiblement.
— Non, j'avais pas très faim. Mais ce matin, je vais me rattraper.
Je me sers un café, même si je sais que mon estomac n'en voudra peut-être pas. Juste le geste me rassure.
— Tu veux que je te fasse des œufs ? je demande.
Elle secoue la tête.
— Non. J'ai mis trop de lait dans mes céréales, faut que je les finisse.
Je ris doucement, et elle sourit aussi. C'est un moment simple, mais il me fait du bien.
Nina me regarde longuement. Puis, d'une voix sérieuse
- c'est à cause de papa ? Hein....Les cauchemars
Je me fige, mon coeur rata un battement
- hé t'inquiète ça va aller
- tu crois qu'il pense encore à nous ? Dit-elle en me regardant
Je la regarde dans les yeux et cette fois je la répond sans détour
- je sais pas Nina... mais moi je pense à toi et à maman d'accord alors pense pas à lui, on dois se protéger toutes les trois ok?
Elle hoche la tête puis elle se lève et m'enlace sans dire un mots
Maman nous rejoint peu après. Elle a les yeux cernés, mais elle ne dit rien. Son regard me suffit. Elle me passe une main dans les cheveux en silence. Ce simple geste me ramène à l'essentiel.
Je me prépare pour l'université et je prend la route, après une trentaine de minute
J'arrive sur le campus un peu en avance. Le ciel est couvert, l'air chargé d'humidité. J'ai mis un pull noir ample, mon jean préféré, et mes écouteurs bien calés dans les oreilles. J'essaie de me fondre dans la foule des étudiants comme si j'étais invisible.
Mais même au milieu de ce monde, je sens les regards.
Ou peut-être que c'est juste dans ma tête.
Je pousse la porte de la salle de cours. Jessica et Anne sont déjà là, assise à leurs place habituelle. Elles me fait un signe enthousiaste de leurs main.
— Ava ! Ça va mieux ce matin ? Demande Anne
Je hoche la tête en venant m'asseoir à côté d'elle.
— Mieux, ouais. Un peu fatiguée, mais ça va.
Elle me tend un petit muffin emballé dans une serviette en papier.
— Tiens. Je t'ai pris ça à la cafétéria. Tu dois manger.
Je souris, un peu touchée.
— Merci, Anne
Jessica avec toujours cet air sérieux sur le visage. Elle me jette un coup d'œil rapide, comme pour s'assurer que je suis encore entière.
— Tu veux parler ? demande-t-elle en déposant son sac.
— Pas maintenant, je murmure.
Elle respecte. Comme toujours.
Le cours commence. Une heure passe. Puis une autre. Je fais semblant de prendre des notes. Je regarde parfois par la fenêtre. Tout semble normal, mais j'ai cette impression que rien ne l'est vraiment.
Pendant une pause, alors que Anne me raconte une histoire drôle sur un de leurs profs, je décroche.
Je vois à nouveau la scène d'hier soir. Le vieux pervers. Le whisky sur sa veste. Le regard de cet homme .Et ce bruit. Le coup de feu.
J'ai l'impression de l'entendre encore dans mes tempes.
— Ava ? Tu vas bien ? demande Anne doucement.
Je cligne des yeux. Je reviens à moi.
— Oui. Je suis juste... fatiguée.
Elle fronce les sourcils, pas vraiment convaincue.
Mais elle ne pousse pas plus loin.
Et moi, je respire. Une fois. Deux fois. En silence
Les heures passent. Lentement.
Quand je quitte enfin l'université, le ciel est déjà teinté d'orange et de rose.
Je n'ai même pas pris le temps de rentrer chez moi. Je suis allée directement au club....le nebula
Le nom résonne dans ma tête comme une menace déguisée.
Comme si la nuit elle-même m'avertissait.
Je franchis l'entrée réservée au personnel. Un garde me salue d'un simple signe de tête.
Je réponds mécaniquement. Tout est devenu mécanique.
Je croise quelques filles dans le couloir. Certaines me sourient. D'autres baissent les yeux.
J'ai compris depuis longtemps que ce club n'était pas juste un endroit où on sert des verres.
C'est une arène. Et chaque soir, on y laisse un peu de soi.
Je prends un plateau, je passe au bar, je récupère deux commandes.
Le Red Moon est déjà plein. Musique sourde. Rires feutrés. Des regards trop lourds, trop longs.
Je passe entre les tables, je souris quand il faut, je baisse les yeux quand il faut.
J'ai appris. Rapidement.
Vers 23 heures, on me fait signe.
— Red Moon. Niveau VIP.
Mon cœur se serre. Encore ?
Mais je ne peux pas dire non. Ici, on ne dit pas non.
Je monte l'escalier rouge, mes talons résonnant contre le bois verni.
Les lumières tamisées rendent l'atmosphère irréelle. Comme si je traversais un rêve dangereux.
J'arrive dans le red moon et l'ambiance change mes yeux se posent directement sur quelqu'un qui était dans un coin de l'obscurité
Je reconnu aussitôt sa présence magnétique, imposante, inévitable
Il est là, au fond du salon privé, dos tourné, devant un miroir encastré dans le mur noir ,Il ajuste calmement les manches de sa chemise sombre,Sa cagoule noire ne cache que partiellement son visage, mais ses yeux... ses yeux gris, clairs comme la cendre, percent à travers le tissu.
Ils ne regardent personne. Ils se regardent. Concentrés,Froids,Maîtrisés.
Je reste figée, Un frisson me traverse malgré la chaleur moite de la pièce.
Autour de lui, deux hommes en costume sombre se tiennent droits, comme des statues armées.
Je baisse les yeux et m'avance prudemment avec mon plateau,J'essaie de me fondre dans le décor. Ne pas faire de bruit,Ne pas attirer l'attention.
Mais au moment où je passe près du miroir, ses yeux se lèvent.Et ils croisent les miens dans le reflet.Je retiens mon souffle,C'est à peine une seconde.
Mais elle dure une éternité.
Il ne dit rien. Il ne bouge même pas. Il se contente de me regarder.
Pas avec insistance,Pas avec désir comme d'autre personne le feront , Mais comme s'il m'évaluait.
Comme si j'étais un problème qu'il connaissait déjà... et qu'il surveillait.
Je détourne les yeux. Mon cœur bat trop fort.
Je pose les verres sur la table basse, salue poliment, puis fais demi-tour.
Mais juste avant de sortir, j'entends un murmure. Une voix grave. Légèrement rauque.
— Elle travaille encore ici, cette fille.
Merde l'an kisa m fouye pye m la (traduction dans quoi je me suis embarqué ou dans quoi je me suis mis les pieds)
Un des gardes s'approche de lui.
— Elle ne savait pas, chef. On va la virer si vous le souhaitez.
— Non, dit-il lentement.
Il marque une pause.
— Surveillez-la.
Je sens la sueur perler dans mon dos.
J'ai envie de courir. De fuir.
Mais je garde le pas calme. Je descends lentement les marches rouges.
Et dès que j'atteins le couloir, je pose le plateau sur le comptoir du bar, croise le regard du barman et souffle, presque à bout de nerfs :
— Je rentre.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre,Je sors du club,Je monte dans ma voiture.
Et je conduis,Droit devant moi.
Mes mains tremblent sur le volant. Mes pensées s'enchaînent, Lui . Son regard, Cette voix, son autorité
Et cette phrase.
Surveillez-la
Il est tard. Les rues sont presque vides. La radio est allumée, mais je n'entends pas ce qu'elle dit.
Je roule sans trop y penser, les doigts crispés sur le volant, les yeux parfois perdus dans le flou des feux rouges.
Tout me semble irréel. Comme si je sortais d'un rêve étrange et dangereux.
Arrivée devant la maison, je coupe le moteur.
Je reste là, un moment, dans le silence.
Puis je descends.
La maison est calme. Les lumières du salon sont éteintes. Je pousse doucement la porte, que maman laisse toujours entrouverte pour moi.
— Ava ? chuchote une voix.
C'est Ma mère, Elle se tient dans l'embrasure de la cuisine, une tasse à la main, un regard inquiet dans les yeux.
— Je viens d'arriver, je dis doucement.
Elle me détaille du regard, comme si elle cherchait à lire quelque chose au-delà de mon apparence.
— Tu as mangé ?
— Oui, je mens. Juste un peu.
Elle hoche la tête, mais ne dit rien.
Elle sait. Elle sent.
— Dors bien, ma fille, murmure-t-elle avant de retourner dans sa chambre.
— Bonne nuit, maman.
Je monte les escaliers. Ma chambre est encore plongée dans l'odeur de mon parfum. J'enlève mes vêtements lentement, comme si mon corps pesait le double de son poids.
Je file sous la douche, l'eau chaude coulant sur ma nuque, sur mes épaules, effaçant presque la tension de la soirée.
Presque.
Je mets un t-shirt large et un short de coton, puis je me glisse sous les draps.
Mais le sommeil ne vient pas tout de suite.
Je pense à ses yeux gris.
À ce regard dans le miroir.
À cette voix grave et sèche.
"Surveillez-la."
Et malgré moi, je frissonne.
Bon ok voilà enfin terminé ouffff ✨🌙
Écrire deux histoire en même temps c'est presque la folie pour moi mdrrr ✨