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heyceleste
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Chapitre 2

— Allez Éléonore, tu ne vas quand même pas bouder durant tout le séjour ! s'exclame Carolanne.

Je me tourne vers elle et lui tire la langue. Nous revenons du supermarché. Julyanne a eu la brillante idée de me lancer une boîte de pâtes. Puisque j'étais perdue dans mes pensées, je n'ai pas eu le réflexe de l'attraper et j'ai failli la recevoir dans la face. La blonde prend toujours un malin plaisir à m'énerver. Je n'aime pas quand elle se comporte ainsi. Cela me rappelle l'époque où je me faisais harceler par mes camarades de classe et que je devais subir les remarques désobligeantes de Maxime, mon grand frère. Je suis consciente que la situation est différente. C'est pour cette raison que je ne bronche pas. De plus, ce sont les seuls moments où elle m'adresse la parole.

Une bonne ambiance règne dans la voiture, bien que je sois d'humeur maussade. Adam est au volant, accompagné de Julyanne, sur le siège du passager. Carolanne et moi sommes à l'arrière. Mes amis se mettent à chanter la chanson qui résonne dans les haut-parleurs. Je lève les yeux au ciel avant d'appuyer mon visage contre la vitre. Je pense au reste de la bande qui n'a pas pu venir. Bryan est parti rendre visite à de la famille et Megan travaille. Je ne peux m'empêcher de les envier. Leur semaine ne va pas se résumer à dormir dans un endroit miteux, à sentir l'odeur de la transpiration et à chasser les moustiques.

Nous passons devant une fête foraine. L'excitation s'empare de mon corps. J'ai l'habitude de fuir les choses qui me provoquent une boule dans le ventre. Lorsque je suis dans un manège, je n'ai pas le choix d'affronter mes peurs. J'ai l'impression d'être forte. Je demande à Adam si nous comptons y aller pendant le séjour. Il me répond que non. J'observe la grande roue jusqu'à ce qu'elle ne figure plus dans mon champ de vision. Je soupire. Le défilement du paysage finit par s'arrêter dans un couloir d'arbres.

J'ouvre la portière. Mes amis sortent les bagages et la nourriture du véhicule. Je les imite. On se dirige vers une maison en bois qui me semble assez luxueuse. Nous pénétrons à l'intérieur. La décoration est jolie et les pièces sont lumineuses. Je vais peut-être m'y plaire finalement.

— Le chalet de mes grands-parents est un endroit sympathique, mais pas très spacieux. J'ai oublié de vous préciser qu'il y a seulement deux chambres, déclare Adam.

Je sens un bras m'entourer les épaules. Une décharge électrique parcourt mon être tout entier. Mon cœur bat la chamade et mes jambes tremblent tellement que j'ai l'impression que je vais tomber. À chaque fois qu'elle me touche, je me souviens à quel point elle ne me laisse pas indifférente. Lors de ces instants, je ne peux plus être dans le déni et prétendre que je ne tiens pas à elle.

— Je vais me mettre avec Éléonore ! L'autre fois, elle m'a dit que je n'étais pas son amie. Je dois vous avouer que ça m'a vexé de savoir qu'elle apprécie votre présence, mais pas la mienne. Être seule avec elle va me permettre de changer sa façon de me percevoir. À la fin du séjour, elle ne pourra plus se passer de moi.

J'ai envie de lui répondre que son absence m'est déjà insoutenable. Néanmoins, je me retiens. Julyanne me lâche. Ma respiration est saccadée. Je ne m'étais pas aperçue que j'avais retenu mon souffle.

— Si tu arrêtais de lui lancer des objets par la tête, peut-être qu'elle t'apprécierait, réplique le garçon.

— C'est plus fort que moi. J'ai besoin de vous taquiner pour vous montrer que je tiens à vous, affirme-t-elle, avec un sourire.

— Ça te convient Élé ? demande Adam.

— Ça ne me dérange pas.

— Si ça ne fonctionne pas avec elle, n'hésite pas à m'en faire part. Je la ferais dormir dans le salon. Le divan n'est pas très confortable. Elle pourra réfléchir à son comportement.

Julyanne lui donne un léger coup dans les côtes. Après un gémissement d'inconfort, il nous montre la chambre. Elle est chaleureuse et il y a une grande fenêtre. Nous pouvons y voir l'étendue de la forêt, qui est époustouflante. Nous sommes maintenant toutes les deux. On commence à ranger nos affaires en silence. D'habitude, je n'aime pas ces moments. Ils me gênent. Cependant, avec elle, c'est différent. Ils m'apaisent. Je n'éprouve pas le besoin de débuter une conversation futile.

Lorsque nous terminons, la blonde me laisse seule. Je m'allonge sur le lit et pianote sur mon téléphone. Comme je m'y attendais, il n'y a pas de réseau. C'est dommage. J'aurais aimé discuter avec Megan. Je verrouille l'écran.

Des prunelles brunes apparaissent subitement dans mon esprit. Ma relation avec Julyanne n'a jamais été ordinaire. Dès que je l'avais vu, j'avais ressenti quelque chose de spécial. Son sourire m'avait bouleversé. Pendant un instant, j'étais parvenue à oublier mes problèmes. Je ne la connaissais pas, mais j'avais le sentiment que je pouvais lui faire confiance.

Déstabilisée par les sensations qu'elle me procurait, j'avais pris la décision de ne pas m'approcher d'elle. J'ai quand même été contrainte de la côtoyer à cause de nos amis en commun. J'ai eu l'occasion de mieux cerner sa personnalité. C'est une personne drôle et attachante. Ce que je craignais a fini par arriver. Je suis tombée sous son charme.

J'admire beaucoup sa force de caractère. Peu importe les épreuves qu'elle vit, son rictus ne quitte jamais son visage. Julyanne a l'habitude de dire que nous sommes minuscules dans l'univers et que nos problèmes ne signifient rien. Elle prétend que cela ne vaut pas la peine de se préoccuper d'eux. C'est différent de moi, qui m'effondre inévitablement à la suite d'une mauvaise nouvelle.

— Tu ne crois quand même pas que tu vas réussir à produire un feu de cette façon ? ricane le garçon.

Carolanne est accroupie devant la pile de brindilles. Elle tente de provoquer de la boucane à l'aide de deux bâtons.

— J'ai vu plein de gens le faire à la télévision. Je ne vois pas pourquoi j'en serais incapable.

Nous l'observons sans mentionner un mot. Elle tente désespérément d'atteindre son objectif. On s'échange des sourires moqueurs. Je m'empare du briquet, qui est sur la petite table, à côté des chaises où nous sommes installés. Je vais près d'elle. J'allume les branches. Les flammes se manifestent.

— Tu n'es vraiment pas cool, Éléonore !

— Je suis certaine que tu y serais parvenue, mais on voulait un feu avant qu'il fasse nuit et tu étais mal partie ! Tu nous montreras tes talents une autre fois, affirmé-je en lui donnant une petite tape dans le dos.

Adam me regarde avec amusement. Il se lève pour pénétrer dans le chalet. Je retourne m'asseoir, tandis que Carolanne, se met à la place qui reste. Nous admirons les flammes, tout en s'empiffrant de sucreries. Le garçon revient avec un sachet d'herbe et du papier à rouler.

— Oh, tu en as apporté. Trop bien ! s'extasie notre experte en survie.

Il fabrique le joint puis le brûle. Il prend une bouffée et le passe à Carolanne. C'est à mon tour de l'avoir. Je l'inspire. J'ai une sensation de brûlure dans ma gorge. Incapable de la supporter une seconde de plus, je tousse.

— Donne-moi ça, tu ne sais visiblement pas fumer ! s'exclame Julyanne, avec son rictus malicieux.

Elle me le saisit. Son contact me fait frissonner. Adam attrape sa guitare. Il commence à jouer. Désormais, je me sens d'humeur à chanter avec eux. Après quelques chansons, Julyanne lui demande s'il peut lui prêter son instrument.

— Ça fait un bail que je n'ai pas touché à une guitare, souffle-t-elle, une fois qu'elle l'a enfilée.

Adam et Carolanne décident de se partager le restant du pot. J'en profite pour contempler la blonde. D'un air concentré, elle manipule les cordes avec habileté. Ses mains sont dotées de longs doigts fins. Je remarque que ses ongles sont rongés, probablement la conséquence de notre société de performance. Il y a des taches d'encre, qui ont survécu au lavage, sur sa peau. Les commissures de ma bouche s'étirent légèrement. Elle a sans doute dessiné avant de venir ici. Le peu de croquis que j'ai vu, j'étais éblouie. Elle a un coup de crayon incroyable.

Julyanne se trompe d'accord. Je la vois se mordre la lèvre inférieure. Des papillons virevoltent dans mon ventre. Je dois me changer les idées. Mes yeux se détachent d'elle. Je constate que le soleil est en train de se coucher, ce qui rend la forêt encore plus impressionnante.

Si j'avais su que j'allais autant aimer cet endroit, je n'aurais jamais montré des signes de résistance à l'invitation de mon ami.

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