Chapitre 1
Une amitié naissante Je ne pourrais pas dire exactement quand tout a changé. Quand l’amitié s’est teintée de quelque chose de plus profond, quand les gestes ont commencé à peser plus lourd que les mots. Tout ce dont je me souviens, c’est que lorsque nous nous sommes rencontrés, tout semblait simple. Une relation sans complications, une amitié sans ambiguïtés.
Il était ce genre de personne avec qui il était facile de parler, quelqu’un qui savait écouter sans jamais juger, qui savait rire sans que cela ne sonne forcé. Nous avions rapidement développé une complicité naturelle, celle qui naît lorsqu’on partage les mêmes centres d’intérêt, les mêmes petites habitudes anodines. Je ne saurais dire si c’est cette facilité qui m’a attirée en premier ou si c’était simplement lui.
Nous passions du temps ensemble, sans qu’il y ait la moindre pression. Parfois, c’était des conversations légères sur nos journées, d’autres fois des débats passionnés sur des sujets sans importance. Il me faisait rire, et j’aimais ça. Son regard brillait d’une lueur malicieuse à chaque fois qu’il lançait une pique, attendant que je réponde du tac au tac. C’était notre dynamique : un jeu constant de provocation et de rires qui rendaient chaque moment plus intense qu’il ne l’aurait dû être. Mais il y avait aussi des silences. Pas ceux qui mettent mal à l’aise, non. Ceux qui se suffisent à eux-mêmes. Ces moments où il n’y avait rien à dire, et où ça n’avait pas d’importance. Où le simple fait d’être là, ensemble, suffisait. J’aimais cette amitié.
Elle me semblait sincère, stable. Et pourtant… J’aurais dû voir les signes. Tout a commencé par des détails presque insignifiants. Des regards un peu plus longs que d’habitude, des gestes qui semblaient accidentels mais qui ne l’étaient peut-être pas. Comme cette fois où nous marchions côte à côte, et qu’il a frôlé ma main avant de la retirer doucement, un sourire à peine perceptible au coin des lèvres.
Je n’y ai pas prêté attention. Après tout, ce genre de choses pouvait arriver entre amis, non ? Mais ce n’était pas la seule fois. Il y a eu d’autres instants comme celui-là. Son bras qui se posait un peu trop près du mien lorsqu’on était assis l’un à côté de l’autre. Sa façon de me regarder lorsque je parlais, comme s’il cherchait à capter quelque chose que moi-même j’ignorais. Et puis ses mots. Des phrases parfois anodines, parfois lourdes de sens. “Tu sais que je tiens à toi, n’est-ce pas ?” Bien sûr que je le savais. Mais pourquoi est-ce que ça sonnait différemment cette fois-là ? Je ne pouvais pas nier que quelque chose était en train de changer. Seulement, je n’étais pas prête à mettre des mots dessus. Pas encore.
Les premiers doutes Il y avait quelque chose d’étrange dans la façon dont les choses évoluaient entre nous. Une lente transformation, presque imperceptible, mais bien réelle. Une frontière qui devenait floue, entre l’amitié et… autre chose. Les signes étaient là, plus nombreux, plus insistants. Pourtant, je me raccrochais encore à cette idée que rien n’avait changé. Que notre relation était la même qu’avant, que j’imaginais tout ça, que j’interprétais mal ses gestes, ses regards. Après tout, il n’avait jamais rien dit clairement, n’est-ce pas ?
Mais il y avait ses silences, parfois lourds de non-dits. Il y avait sa façon d’être différent avec moi. Ce n’était pas flagrant, pas évident pour quelqu’un d’extérieur, mais je le voyais. Il me regardait différemment. Avec une intensité que je ne retrouvais pas dans ses échanges avec les autres. Il se tenait plus près, son corps penché légèrement vers moi comme s’il voulait réduire la distance, inconsciemment ou non. Et surtout, il y avait ce besoin de contact, cette manière subtile qu’il avait de tester mes limites. Parfois, il frôlait ma main sans raison, ou laissait son épaule effleurer la mienne sans se reculer tout de suite. Une fois, alors qu’on riait ensemble, il avait posé sa main sur ma taille, juste un instant, mais assez longtemps pour que mon souffle se coupe une seconde.
Et quand je m’étais éloignée légèrement, il avait souri, comme s’il s’amusait de ma réaction. Je me souvenais aussi d’un moment particulier, un soir où nous étions seuls à discuter. La conversation avait pris une tournure plus personnelle, plus intime. Il avait évoqué l’avenir, d’une manière que je n’avais pas anticipée.
— Tu t’es déjà imaginée mariée ? J’avais ri, un peu prise au dépourvu.
— Pourquoi cette question ? Il avait haussé les épaules, comme si c’était anodin.
— Juste comme ça. Moi, oui. Je sais exactement ce que je veux. Une femme qui me comprend, qui soit toujours là… Je veux construire quelque chose de fort. Son regard s’était ancré dans le mien, et pendant un instant, j’avais eu l’impression que cette discussion n’était pas aussi innocente qu’elle en avait l’air.
— Et toi ? avait-il insisté. J’avais évité de répondre franchement, cherchant à alléger l’atmosphère.
— C’est encore loin pour moi. Je préfère ne pas y penser.
Il avait souri, mais je sentais qu’il n’était pas dupe. Il y avait aussi ces moments où il testait mes réactions. Il disait qu’il respecterait mes limites, qu’il ne me forcerait jamais à rien. Mais parfois, quand je posais une frontière claire, il la remettait en question, comme s’il cherchait à voir jusqu’où je pouvais aller.
— Pourquoi tu fais autant attention ? m’avait-il dit un jour, après que j’aie refusé qu’il me prenne la main sans raison. C’est juste moi. Mais c’était justement ça, le problème. C’était lui. Et il devenait de plus en plus difficile de prétendre que rien ne se passait.
Et pourtant je l’ai laissé dépasser les limites,
je lui ai autorisé en utilisant le mot normal comme excuse, mais c’était le début ….
Le debut d’un cercle vicieux ,
D’un côté inexploré que je découvrais.
Peut-être j’aurais pu y échapper,
Mais ça ne m’est jamais arrivé à l’esprit de le fuir .