Chapitre 3
Les mots qui piquent.
Chaque jour, ses paroles sur ma petite taille, sur ma fragilité, semblaient se multiplier. Au début, c'était presque mignon, un petit jeu entre nous. Mais petit à petit, je commençais à en avoir assez. Je savais qu'il était plus grand, plus fort que moi, et je n'avais jamais eu l'intention de rivaliser avec lui.
Mais il persistait. Ce n'était pas juste une simple remarque, c'était comme s'il voulait souligner cette différence de force à chaque instant. Comme s'il ressentait le besoin de me rappeler ma "fragilité", et ça commençait à me peser.
Chaque fois que ses mots se posaient sur ma peau, c'était comme si un poids se déposait sur mes épaules, comme si ma petite taille devenait une faiblesse. Un après-midi, alors que nous étions dans le parc, assis sur un banc, il recommença encore une fois.
— Tu sais, il y a quelque chose de fascinant chez toi... commença-t-il en souriant. Ton petit corps frêle... Tu es presque comme une poupée. C'est un peu ça qui te rend si adorable. Je souris, mais c'était un sourire forcé. Il n'avait pas remarqué, mais mes mains se crispaient autour de mon sac. Il pensait sûrement qu'il faisait une remarque bienveillante, mais ça commençait à me déranger. À chaque mot, j'avais l'impression de me faire enfermer dans une image de vulnérabilité qu'il ne cessait de cultiver.
— Je ne suis pas une poupée, répondis-je sèchement, cette fois, incapable de masquer mon agacement. Il haussait les épaules, comme si ce n'était qu'un détail sans importance. Mais, à mes yeux, c'était devenu tout autre chose.
C'était comme si, inconsciemment, il me réduisait à ma taille, à ma silhouette fragile? Comme si c'était la seule chose qu'il voyait en moi. Je me levai brusquement, m'apprêtant à m'éloigner. Je n'avais pas envie de discuter, ni de me laisser enfermer dans cette conversation. Mais avant que je ne fasse un pas, je sentis une main se poser sur mon bras.
— Hé, attends... Je me retournai pour le voir juste derrière moi, son regard sincère mais un peu perdu. Il me rattrapait. Il me fixait intensément, presque avec une petite culpabilité. Je n'avais pas l'habitude de le voir comme ça. Et, alors que je voulais protester, il me prit dans ses bras, un geste aussi soudain que doux.
— Je suis désolé... murmura-t-il contre mes cheveux. Je ne voulais pas te vexer. Ce n'est pas ce que je voulais dire... C'est juste que... tu es tellement plus fragile que moi ... Je sentis son souffle sur ma peau, et une étrange chaleur m'envahit. Je me laissai faire, mais quelque part, ça ne faisait qu'augmenter ma confusion. Ses excuses étaient sincères, je le savais.
Mais il continuait à se focaliser sur cette différence, à me rappeler ce que j'étais supposée être aux yeux de lui. Je ne répondais pas tout de suite, trop occupée à démêler tout ce que je ressentais.
Je voulais lui dire que je n'avais pas besoin d'être protégée tout le temps, que sa vision de moi me dérangeait, mais quelque chose en moi me retenait. Peut-être que j'étais trop attachée à lui, ou peut-être que, au fond, je ne voulais pas briser ce fragile équilibre que nous avions trouvé.
— Ce n'est pas grave, dis-je finalement, ma voix un peu étouffée. Je sais que tu ne voulais pas me faire de mal. Mais arrête de me traiter comme si j'étais de la bouillie à chaque instant, d'accord ? Il sembla réfléchir un instant, comme si mes mots le touchaient plus que ce que j'avais imaginé. Puis, il me serra un peu plus fort dans ses bras.
— D'accord, je vais faire attention. Je ne voulais vraiment pas te faire de la peine...
Il me relâcha légèrement, me regardant dans les yeux avec une sincérité qui me déstabilisa. Je baissai les yeux, hésitant à ajouter quelque chose. Mais il me laissa le temps de me calmer, tout en restant là, à côté de moi, comme si il attendait que je digère tout ça. Cette fois, il avait raison. Il savait qu'il avait dépassé les limites, qu'il avait insisté là où il n'aurait pas dû.
Mais même si je savais qu'il avait des bonnes intentions, ça me dérangeait toujours. Les gestes étaient là, l'attachement, la sincérité... Mais chaque geste me rappelait aussi tout ce qui me dérangeait dans cette relation qui, petit à petit, semblait devenir plus floue.
Et ça m'effrayait ,même si on se connaissait plus longtemps qu'on pouvait le dire je n'arrivais pas a croire que on se comporte comme ça l'un envers l'autre .
La dépendance invisible,
Au fil des jours, sa présence se faisait de plus en plus constante. Il venait chez moi presque tous les soirs, souvent pour manger, parfois simplement pour squatter, comme il disait. Je savais qu'il aimait passer du temps avec moi, mais il semblait que cela devenait plus qu'un simple moment de complicité.
Cela devenait une habitude. Une habitude qu'il avait presque inconsciemment ancrée dans nos vies. Au début, je n'y prêtais pas trop attention. J'étais heureuse de le voir, de pouvoir partager des instants simples avec lui. Mais peu à peu, je commençais à me rendre compte de la dépendance silencieuse qui s'était installée.
Il venait presque tous les jours, souvent sans raison particulière. Il n'avait pas vraiment besoin de moi pour manger, il avait bien d'autres options, et pourtant il choisissait toujours de venir. Pour se poser sur le canapé, regarder la télévision à côté de moi, ou juste traîner dans la cuisine en attendant que je prépare quelque chose. Je ne m'en plaignais pas. Au contraire, ça ne me déplaisait pas. J'aimais sa compagnie, même si quelque part, je me sentais un peu envahie. Ce n'était pas qu'il était lourd ou désagréable, au contraire.
Il était agréable à vivre, attentif, toujours prêt à rire, à partager des moments légers. Mais je sentais que chaque jour, il devenait un peu plus dépendant de ma présence. Ses visites ne se résumaient plus à de simples moments partagés, mais à une recherche constante de confort, de familiarité. Il y avait des moments où il restait à traîner, ne trouvant pas vraiment de raison de partir.
Et, sans m'en rendre compte, ces visites prolongées devenaient une norme. Je lui laissais la clé, je l'invitais à rester plus longtemps, et même lorsque je voulais un peu de solitude, je ne savais pas comment le lui dire sans créer de malaise. Mais il semblait inconscient de tout ça. Ou du moins, il le faisait inconsciemment.
Il venait me voir avec la même facilité qu'on enfile une vieille paire de chaussures confortables. Il ne cherchait même pas à savoir si cela me gênait ou si j'avais besoin de temps seule. Au début, j'étais d'accord, c'était agréable de l'avoir à mes côtés, mais peu à peu, je me rendais compte que cette dépendance invisible commençait à affecter la dynamique entre nous.
Je l'aimais, c'était certain. Mais quelque chose en moi avait commencé à se poser des questions. Si lui avait besoin de moi de cette manière, moi, avais-je besoin de lui de la même façon?
Ou étais-je en train de m'enfermer dans cette relation sans vraiment y réfléchir, me laissant entraîner par la facilité et l'envie de ne pas être seule ? Lors d'une soirée tranquille, alors qu'il était encore là, installé sur le canapé avec son téléphone, je l'observais discrètement. Il était si à l'aise ici, si naturel.
Ça semblait si évident pour lui, comme s'il avait trouvé un endroit où il pouvait être lui-même, sans effort. Et quelque part, ça me touchait. Mais un petit doute me traversa l'esprit.
— Tu viens souvent ici ces derniers temps, dis-je, avec un sourire en coin, tout en continuant de préparer le dîner. Tu deviens un peu comme à la maison, non?
Il leva les yeux de son téléphone, l'air amusé, comme si ma remarque l'avait pris de court.
— Ben, c'est parce que c'est chez toi que j'ai l'impression d'être vraiment bien... répondit-il, sans gêne, un sourire aux lèvres.
Je n'avais pas prévu cette réponse. C'était tellement simple, tellement direct, et pourtant, ça me fit réfléchir. Parce que, dans sa voix, il y avait cette sincérité désarmante, comme si sa dépendance à ma compagnie était une évidence. Je ne savais pas quoi répondre.
Peut-être qu'il avait raison, peut-être qu'il se sentait vraiment bien avec moi. Mais moi, est-ce que je me sentais aussi bien dans cette situation?
Ou est-ce que j'étais juste en train de jouer un rôle, à me convaincre que tout allait bien parce que je l'aimais et que je voulais le voir heureux ?
Il s'installa plus confortablement sur le canapé, comme pour souligner qu'il n'avait pas l'intention de partir tout de suite. Et pour la première fois, je me demandai si cela pourrait un jour devenir un problème.
La protagoniste ?