Déclaration de possessivité
Le soleil était en train de descendre à l'horizon, teintant le ciel de teintes orangées et violettes. Wayatt et moi, seuls maintenant, nous nous sommes retrouvés face à face après le départ de Thomas. L'air était lourd, et je pouvais sentir que quelque chose avait changé, une sorte de tension invisible qui flottait autour de nous.
Wayatt, toujours silencieux, fixait le sol, les poings serrés, son regard fuyant le mien. Il semblait perdu dans ses pensées, mais je savais qu'il était en train de ruminer quelque chose. Je ne pouvais plus supporter ce silence pesant, alors j'ai décidé de briser la glace, de l'interroger.
— "Pourquoi tu agis comme ça ? Qu'est-ce que ça signifie ? Pourquoi tu as réagi de cette façon avec Thomas ? Je ne comprends pas."
Je le regardais droit dans les yeux, essayant de capter la moindre réaction, espérant qu'il s'expliquerait. Mais il ne me répondit pas tout de suite. Il se mordillait la lèvre, son regard fuyant toujours. Puis, il souffla profondément, comme s'il avait pris une décision intérieure.
— "Tu ne comprends pas ?", dit-il finalement, sa voix presque rauque. "Thomas... c'est... C'est un type avec qui tu avais une histoire, non ? Je n'aime pas le voir près de toi. Je... je ne veux pas te voir avec lui."
Je le regardais, sidérée. Ses mots frappaient fort, comme des éclats de verre. Comment ça, il ne voulait pas me voir avec Thomas ? Nous n'étions pas ensemble. Thomas était un ami, un ancien collègue, et rien de plus.
Pourquoi Wayatt se sentait-il menacé par lui ? Et surtout, pourquoi me disait-il ça comme si j'étais déjà sa propriété, comme si j'avais un engagement envers lui, alors qu'il n'y en avait aucun ?
— "Mais Wayatt, on n'est pas ensemble. Pourquoi tu me dis ça ?", ai-je répondu, l'air perdu. "Je ne comprends pas. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Pourquoi tu dis ça comme si... comme si je t'appartenais ?"
Le silence s'éternisa, lourd et gênant, et j'avais l'impression que la question flottait dans l'air, pesante. Wayatt, cette fois, leva les yeux vers moi. Ses yeux étaient remplis de quelque chose que je n'avais pas encore vu chez lui. Ce n'était pas de la colère, mais plutôt un mélange d'insécurité et d'angoisse. Comme si l'idée que je puisse m'éloigner de lui le terrifiait.
— "Tu m'appartiens, Kate," dit-il doucement, mais fermement. "J'ai du mal à expliquer ce que je ressens, mais... je ne veux pas te voir avec un autre mec.
Et je ne veux pas que tu penses que je vais te laisser m'échapper. C'est moi qui serai là, c'est moi qui t'aurai, et personne d'autre." Ses mots me frappèrent comme un coup de poing dans le ventre.
Je n'avais jamais entendu quelque chose d'aussi possessif de la part de lui, et encore moins exprimé de cette manière. Je l'avais toujours vu comme quelqu'un de protecteur, mais là, c'était comme s'il m'enfermait dans une cage invisible. J'étais confuse. Je ne savais pas quoi répondre. Était-ce de l'amour ou de la possessivité ?
Est-ce que ce qu'il ressentait pour moi était si fort qu'il le voyait comme un droit sur ma personne ? Cela me perturbait, et je n'arrivais pas à savoir si c'était sain ou toxique. Je fis un pas en arrière, cherchant à me donner un peu d'espace pour réfléchir.
— "Je... je comprends ce que tu dis, mais je ne peux pas accepter ça. Je ne suis pas un objet, et je ne suis pas là pour t'appartenir. Si tu veux qu'on soit ensemble, ce n'est pas comme ça que ça va marcher." Il semblait surprenant de me voir réagir de la sorte.
Je savais qu'il n'avait pas l'intention de me faire du mal, mais je commençais à voir un côté de lui que je n'avais pas remarqué avant. Une forme de dépendance émotionnelle qui me laissait perplexe. Il baissa la tête, ses épaules se voûtant légèrement sous le poids de ses émotions. Il n'avait pas l'air en colère, juste... perdu.
— "Je... je ne sais pas comment exprimer ça autrement," avoua-t-il, sa voix douce, presque désespérée. "Je ne veux juste pas te perdre. Je suis désolé si ça semble trop. C'est juste que... je tiens vraiment à toi." Je ressentais une certaine tendresse pour lui, mais aussi une inquiétude grandissante. J'étais partagée entre la compréhension de ses sentiments et l'inconfort que cela générait en moi.
— "Je tiens aussi à toi, mais ce n'est pas pareil," répondis-je doucement. "Je veux qu'on soit ensemble, mais pas dans cette dynamique. Pas comme ça." Il me regarda, un mélange de soulagement et de confusion dans les yeux. Il savait qu'il avait franchi une ligne, mais il ne comprenait pas encore entièrement pourquoi cela me perturbait autant. Je laissai un silence s'installer entre nous.
Peut-être que, pour la première fois, nous devions vraiment parler de ce que nous ressentions l'un pour l'autre, sans illusions, sans non-dits. La route vers une relation saine passait par cette étape. Mais serait-il capable de comprendre ? Et moi, serais-je prête à accepter ce que cela impliquait pour nous deux ?
La Nuit Inattendue
Le ciel était désormais noir, et l'air frais de la soirée se glissait par la fenêtre ouverte, emportant avec lui la chaleur de la journée. Après notre conversation, un malaise flottait entre Wayatt et moi. Il semblait encore un peu perdu, mais il n'avait pas l'intention de quitter. Au lieu de cela, il se leva lentement du banc où nous étions assis et se dirigea vers moi, comme s'il cherchait à combler un vide, un besoin qu'il n'arrivait pas à définir.
— "Tu ne veux pas que je parte ?", demanda-t-il, une lueur d'incertitude dans les yeux. Je secouai doucement la tête. Je ne voulais pas qu'il parte, mais je n'étais pas sûre de ce que je ressentais non plus. Il avait franchi des limites, et je n'avais pas encore eu le temps de tout digérer. J'avais besoin de temps.
— "Tu peux rester, si tu veux, mais... tu devrais peut-être réfléchir à ce qu'on vient de se dire," répondis-je, essayant de garder ma voix calme. Il sembla hésiter un instant, avant de finalement se laisser tomber sur le canapé, comme s'il avait décidé de ne pas affronter la solitude chez lui.
— "Je ne veux pas rentrer chez moi," dit-il en soupirant. "Je ne me sens pas prêt pour ça. Est-ce que tu pourrais me donner un verre ?" Je le regardai, surprise. Il n'était pas du genre à demander de l'alcool, mais je pouvais comprendre qu'il cherchait à oublier quelque chose, peut-être ses propres sentiments conflictuels, ou même l'angoisse de ne pas savoir où nous en étions.
— "Tu veux boire quoi ?", demandai-je, me levant pour aller vers la cuisine.
— "N'importe quoi. Un whisky si tu as."
Je ne buvais pas souvent, mais j'avais une bouteille de whisky dans l'armoire, un vestige d'une soirée avec des amis, dont je n'avais pas vraiment l'habitude. Je pris la bouteille, la versai dans deux verres, et revins m'asseoir à côté de lui. Il prit son verre d'une main tremblante et le leva légèrement, comme s'il cherchait un peu de courage dans ce geste. Je le regardai, scrutant ses yeux pour y lire ce qu'il ressentait.
— "Merci," dit-il après avoir pris une grande gorgée. Il s'étira sur le canapé, la tête contre le dossier. "Je suppose que je n'ai pas été très juste avec toi tout à l'heure." Je ne répondis pas tout de suite. J'avais déjà dit tout ce que j'avais sur le cœur.
Il savait maintenant ce que je ressentais, et la balle était dans son camp. Il semblait se détendre un peu, le whisky agissant peut-être comme une sorte de sédatif. Mais quelque chose me dérangeait toujours. Il m'avait dit qu'il ne voulait pas me perdre, qu'il avait peur que je m'éloigne de lui. Et ce sentiment de dépendance, cette pression qu'il exerçait sur moi, me laissait une sensation désagréable.
Je pris une gorgée de mon propre verre, essayant d'ignorer la gêne qui persistait. Peut-être que l'alcool allait me permettre de relâcher la tension, de rendre la soirée moins lourde, moins compliquée.
— "Tu te sens mieux ?", demandai-je doucement, brisant le silence. Il haussait les épaules, un petit sourire triste sur les lèvres.
— "Je suppose. C'est juste que tout ça... c'est nouveau pour moi. Je ne suis pas très doué quand il s'agit de gérer les choses sérieuses." Je le regardai dans les yeux. Il avait toujours eu cette capacité à être vulnérable avec moi, même quand il ne voulait pas l'admettre. Mais cette vulnérabilité ne faisait qu'ajouter à la complexité de la situation.
— "Je comprends, mais tu sais, on ne peut pas juste tout régler avec un verre d'alcool. Il y a des choses qu'on doit vraiment affronter." Il tourna son regard vers moi, ses yeux s'attardant sur mon visage. Je pouvais voir l'hésitation dans son regard, et je savais qu'il n'était pas prêt à tout affronter, pas encore.
La tension entre nous se dissipait légèrement, mais la vérité était là, implacable. Il resta là, silencieux, son verre à moitié vide, et je commençai à me demander si cette nuit finirait par être un point tournant pour nous deux ou si cela marquerait simplement un autre épisode flou de notre relation, dont les contours resteraient flous.