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StellaB
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3 décembre

Jill : Soyez prêt à 15 heures.

Stabler : Pour quelle raison ? Vous serez en avance pour le goûter.

Quand on dit que les hommes pensent uniquement avec leur estomac…

Non, mais, je vous jure.

Jill : Vous pourrez étrenner vos nouvelles fringues. Habillez-vous chaudement, avec vos boots aux pieds.

Stabler : OK.


— Comment votre entente se passe-t-elle avec Monsieur Derosier ? J’ai entendu dire que vous avez pris un café ensemble hier, me demande ma tante en se tenant sur l’échelle.

— Oh ! Ça se passe, tante Éveline. Comme tu me l’as demandé, je lui fais découvrir la région, je lui réponds en attrapant un carton qu’elle me tend.

— Et qu’en pense-t-il ?

À vrai dire, pas grand-chose. J’ai beau me creuser la mémoire, je ne me souviens pas qu’il ait dit quelque chose à ce sujet. Pas de réflexion, pas d’extase, rien du tout.

— Il est plutôt réservé et il est ici depuis trois jours maintenant.

Je dépose le carton sur une pile et j’attends le suivant.

— J’espère qu’il apprécie son séjour. Tu lui as préparé quoi pour le dîner ce soir ?

— Une croziflette. Je me suis rendue compte qu’il avait un excellent appétit.

— Cet homme sait apprécier les bonnes choses. On dirait qu’on a tout fini, déclare ma tante, une main sur l’échelon, en balayant du regard la pièce.

Je souffle et je constate le nombre élevé de caisses.

— Tante Éveline, tu devrais peut-être arrêter tes achats compulsifs.

— Oh ! Tout de suite, là !

— Non, mais, sérieusement, tu as besoin d’accumuler autant de décorations de Noël ?

— Ce n’est pas parce que tu ne décores pas chez toi que je dois en faire de même, elle réplique en descendant de l’échelle. J’ai hérité des décorations de tes grands-parents et j’ai acheté les miennes quand je me suis mariée avec ton oncle. Par conséquent, il y en a beaucoup.

— Le but, ce n’est pas que ta maison ressemble à une discothèque de mauvais goût, je la titille, parce que je sais qu’elle démarrera au quart de tour et me houspillera dans la seconde.

— Allez, sauve-toi, ma chère nièce insupportable, rabat-joie de Noël.

Je marre. Je prends mes affaires, la salue et me dirige vers le chalet des étoiles.

— Eliott, vous êtes là ?

Je l’appelle de l’entrée. Pas de réponse.

Au fur et à mesure que je me déplace, je ne le vois pas, mais je perçois plutôt un ronflement qui me guide vers le salon.

Allongé sur le vaste canapé crème, un casque sur les oreilles, les yeux fermés, son ordinateur posé sur la table basse, mon client dort profondément. Mes coudes appuyés sur le dossier du canapé, je me penche vers lui et l’observe. Je me surprends à sourire, touchée par cette scène. Je vais devoir annuler la sortie que j’avais prévue. Le nœud, niché dans sa gorge qui remonte dans son nez, m’arrache un ricanement.

Je me redresse et me dirige vers une malle en osier près de la cheminée. Je l’ouvre et en sors une épaisse couverture en laine de mérinos. Sans émettre le moindre son, je me rapproche de la « Belle endormie » et m’incline. Alors que je me tiens près de son visage, je remarque une minuscule éraflure sous son sourcil gauche. Mes yeux glissent sur ses lèvres, puis sur sa légère barbe et descendent sur l’arrondi de ses épaules, moulées dans un pull. Je dépose délicatement la couverture sur lui et la remonte jusqu’à son menton.

Soudain, un « BOUH » retentit, me faisant sursauter et m’étaler les fesses sur le sol.

Bordel ! Eliott se tient au-dessus de moi et éclate de rire en me regardant.

— J’ai frôlé la crise cardiaque à cause de vous ! Ce sont les psychopathes qui font des choses comme ça.

— Les psychopathes séquestrent des gens et les tuent, je crois qu’on est loin de ça.

Il me tend sa main et, d’un mouvement rapide, il m’aide à me relever. Pendant un instant, je me retrouve collée à lui, puis je fais un pas de côté en ronchonnant, gênée par cette proximité soudaine.

— Je suis certaine d’avoir un bleu sur les fesses, je ne peux m’empêcher de lui lancer en frottant les concernées avec les mains. Il détourne aussitôt le regard, probablement gêné que je l'aie grillé, puis s’amuse de la situation.

— Désolé, c’était trop tentant.

— Hum.

— Je vais me changer, il ajoute en s’éclipsant dans sa chambre. Faites comme chez vous.

Pendant qu’il se prépare, je m’installe devant la grande baie vitrée et contemple l’immensité blanche étincelante de la vallée sous les rayons brillants du soleil.

— Je ne me lasse pas de cette vue, commente Eliott d’une voix rauque dans mon dos.

J’opine doucement, bien d’accord avec lui. Ça me change de Paris.

— On y va. Je suis impatient de savoir où vous m’emmenez.

Et là, ma vengeance se met en route.

— Connaissez-vous l’histoire du Petit Poucet ?

— Oui.

— Et bien, faites gaffe à vous.


Un quart d’heure plus tard, nous arrivons à la station de ski. J’invite Eliott à descendre de la voiture et à me suivre vers un grand chalet. Des septuagénaires vêtus de combinaisons de ski des années 80, quand le fluo était à la mode, en sortent. Nous passons près du groupe de six personnes et nous saluons.

— Ah, te voilà, enfin ! s’exclame une voix joyeuse sur le seuil de la porte.

— Ouais, désolée, j’ai eu un petit contre temps, je lui réponds en jetant un rapide coup d’œil à mon client qui rigole tout seul.

Il m’enlace, comme il le fait à chaque fois, et me garde dans ses bras bien plus que la bienséance ne le devrait. Je devrais me dégager, je sais qu’il attend plus de moi, même s’il ne l’a jamais exprimé directement, mais quelque chose me retient. Il est toujours si attentionné envers moi. Lorsqu’il se détache, ses doigts restent posés sur mes bras, tandis que son sourire éclatant illumine mon visage.

— Merci encore, Bastien, de nous avoir inclus dans ta balade du jour.

— Qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi, il s’exclame en jouant des sourcils avant de prendre de la distance pour se présenter à Eliott. Salut, je suis Bastien. C’est moi, votre guide pour la randonnée à raquettes. Heureux de faire votre connaissance. Nous n’allons pas tarder, car mon groupe de seniors est impatient. Venez, allons vous trouver des raquettes.

Sur ces mots, Bastien pénètre dans le chalet et j’entame le pas pour le suivre, quand une main me retient par le bras.

— Êtes-vous sérieuse ? On va vraiment se balader avec ces personnes âgées qui viennent tout droit d’une maison de retraite.

— Vous êtes bien condescendant, Eliott. Je vous ai déjà vu plus aimable et moins arrogant, j’argue devant sa mine désabusée. Si j’étais vous, je ne les sous-estimerais pas.

Mon client ne moufte plus et me suit. En deux temps, trois mouvements, nous sommes prêts. Nous rejoignons le groupe à l’extérieur. Seulement, je me rends compte qu’Eliott a de la difficulté à se déplacer. Je suis tentée de me moquer de lui en le regardant s’avancer et se débattre avec ses raquettes, qui se coincent entre elles. Une fois à mes côtés, je remarque que ses lèvres pincées me montrent qu’il est sur la défensive. Et puis, je me rappelle que j’ai oublié de lui donner quelque chose de primordial. Alors, je plante mes bâtons de randonnée dans la neige et, à l’aide de mes dents, je retire mon gant droit. Je fouille dans la poche de ma veste et en ressors un petit bâtonnet que je lui tends, qui a connu des jours meilleurs.

— Mais qu’est-ce que vous foutez ? m’invective Eliott, agacé.

En m’apprêtant à parler, j’ai fait tomber mon gant.

— Tenez, mettez ceci sur votre visage. Vous me remercierez plus tard.

La mine dégoûtée, il reluque l’objet dans ma main comme s’il allait lui sauter dessus.

— Ne me regardez pas comme si j’allais vous empoisonner. Des techniques plus subtiles existent pour ça.

Ses yeux ronds effarés effectuent des allers-retours entre le bâtonnet et moi, pour, sans doute, déceler la véracité de mes propos.

— Vous n’avez aucun sens de l’humour, je lui lance, exaspérée.

— Bien sûr, que si ! Il réplique avant de m’interroger à nouveau. Que faites-vous cette fois- ci ? Vous semblez chercher quelque chose dans la neige.

— Effectivement, Monsieur Derosier. Je suis à la recherche de votre humour.

— Ah ! Ah ! Bravo ! Donnez-moi ça ! il me l’arrache des mains et le détaille.

— Vous auriez pu me dire plus tôt que c’était de la crème solaire.

— C’est vrai, mais nous aurions manqué cette charmante discussion. De plus, j’ai trouvé ça marrant de vous voir flipper. Vous êtes tellement… tellement…

Les mots meurent sur mes lèvres, tant j’ai du mal à le cerner. Le terme « cynique » pourrait bien venir s’ajouter sous celui d’« ennuyeux », mais, de là à le verbaliser, je risque fortement de le vexer.

— Allez-y, j’ai hâte d’entendre votre analyse, m’encourage Eliott en étalant la crème sur son visage avec les doigts d’une main avant de me rendre le bâtonnet que je remets dans ma poche.

— Laissez tomber.

— Enfin, nous voici tous ensemble, s’exclame Bastien. J’espère que vous êtes prêts pour une randonnée de cinq kilomètres dans le parc national de la Vanoise. Nous pourrions y rencontrer des animaux, alors je vous demanderai de ne pas faire de bruit pour ne pas les effrayer. Avant de commencer, je dois vous rappeler comment bien utiliser vos raquettes et vos bâtons de randonnée. Alors…

— Vous verrez, le parcours est chouette, je lui dis tout bas.

— Oh ! Parce que vous l’avez déjà fait ?

Je lui adresse un sourire en coin en guise de réponse. À lui de découvrir.

—... Donc, maintenant, vous savez plus ou moins à quoi vous attendre pendant cette heure de marche, conclut Bastien, dont les paroles m’ont échappées.

— De quoi a-t-il parlé ? me demande Eliott. 

— Vous auriez dû écouter monsieur Derosier.

— C’est vous qui m’avez perturbé, il murmure à voix basse. Comme d’habitude, d’ailleurs.

Je ne relève pas, trop occupée à comprendre le sens de sa réponse.

— Servez-vous de moi comme modèle, s’exclame Bastien, à l’intention de ceux qui ont des difficultés à marcher avec des raquettes. Avec un peu de pratique, vous verrez, ça ira comme sur des roulettes.

Autant vous dire qu’Eliott est le seul à suivre les explications de notre moniteur. Afin de ne pas le laisser se ridiculiser devant une partie des septuagénaires qui n’en perdent pas une miette, je fais de même.

— Écartez bien les jambes… pas trop, Colette, vous vous ferez mal… Donc, reprend Bastien, vos jambes doivent se tenir en parallèle. Tout le monde est OK ?

Un « oui » général retentit.

— Parfait. Vous devez soulever chaque raquette pour qu’elle passe au-dessus de l’autre afin d’éviter qu’elles ne se heurtent. Utilisez vos bâtons pour maintenir votre équilibre et inclinez-vous légèrement vers l’avant pour éviter de glisser. Ça va pour tout le monde ?

Notre groupe répond positivement.

— Alors, allons-y. J’ouvre la marche. Jean et Jacques, si vous voulez bien la fermer.

Les deux bonnets ridés hochent la tête en signe d’approbation.

Pendant trois quarts d’heure, tout le monde se tait.

Le parcours étant censé être adapté, je sens quand même mes mollets s’échauffer. Ça, plus, mes fesses qui ont pris cher, je ne sais pas dans quel état je serai demain. Et quand je vois les seniors grimper comme si de rien n’était, je me dis que je devrais commencer à pratiquer un sport plus intensif que de le regarder à la télévision. Eliott, quant à lui, se tient un peu à l’écart, et marmonne des mots inintelligibles dans sa barbe. Quelque chose me dit que la marche à raquettes n’est pas sa tasse de thé ; je ne suis même pas sûre qu’il profite vraiment de la beauté du paysage.

— On s’arrête quelques minutes, crie Bastien en tête de file à une vingtaine de mètres plus loin.

Lorsque nous arrivons tous à sa hauteur, moi, je suis essoufflée ; Eliott, hyperventile et semble au bout de sa vie.

— Regardez ! s’écrie Colette, sur le flanc de la montagne du côté gauche. Des biquettes.

— Ah, non ! la reprend Bastien avec un grand sourire. Ce sont des bouquetins, et, si vous regardez attentivement, vous verrez peut-être des chamois plus loin.

Nous tournons la tête dans la direction indiquée, et il continue.

— Les chamois ont un pelage gris-brun avec une bande sombre sur la tête.

— Fascinant, murmure Eliott, l’air de s’en foutre, la mine d’un tueur en série en toisant le moniteur qui ne le capte pas.

Mon petit rire ne passe pas inaperçu à Eliott.

— Allez, hop, on reprend, nous avertit Bastien. Le soleil se couchera bientôt et j’ai envie de vous le faire découvrir sous un angle totalement fa-bu-leux !

Les aînés se remettent en marche.

Même Jean et Jacques, qui en ont marre de stagner derrière nous, sont passés en tête de groupe. J’ai la surprise de retrouver Eliott et Bastien à mes côtés. Nous marchons tous les trois.

— On ne s’est pas croisés au pub depuis un moment, Jill, commence Bastien.

— J’ai eu beaucoup de travail ces derniers temps.

Ce n’est pas vrai, mais je préfère le garder pour moi. J’aime juste rester chez moi le soir, à lire ou à regarder la télévision.

— Bien. Seras-tu présente, vendredi, sur la place du village pour l’inauguration des féeries de Saint-André ?

— Je… Je pense bien.

— Génial ! Pourrions-nous y aller ensemble ?

— Ah ! J’avais l’intention d’y aller avec mon oncle et ma tante. C’est une sorte de tradition de Noël chez nous.

Encore un mensonge. Je vais avec eux parce que tante Éveline insiste pour que je les accompagne.Visiblement déçu l’espace d’une seconde, il rebondit d’une manière inattendue, comme si ça coulait de source, en me proposant.

— Je te raccompagnerai chez toi, donc.

Il s’en va vers l’avant du groupe, me laissant abasourdie sur mes raquettes.

— J’ai comme l’impression que vous avez un rencard vendredi soir, se moque Eliott en glissant à côté.

— Sérieusement, vous croyez qu’il pense qu’on a un rendez-vous ?

— En tout cas, c’est limpide de son côté.

Je me remets à marcher.

— Hum.

— Pas du vôtre, je présume.

— En réalité…

— Ce type crush sur vous.

— Hein ?

— Il a un crush sur vous, il répète.

— Non, mais, à part les jeunes qui s’expriment ainsi, qui parle de cette manière ?

— Quoi ? Inviter une fille à sortir sans lui demander son consentement ? Effectivement, c’est quand même délicat.

— Je ne parle pas de ça, Eliott, je rouspète. Bref, vous me sortirez bien de cette merde.

Il s’arrête, me fixe et me balance.

— Sans façon, vous vous démerdez avec votre cru… ami. Au nom du bro-code, je ne préfère pas m’en mêler.

— Vous racontez n’importe quoi. Bastien n’est même pas votre ami.

— Solidarité masculine.

— Très bien. La prochaine fois, quand on ira se balader, je vous abandonnerai dans la nature.

Eliott me regarde pendant un moment, ses pupilles sont semblables à deux fentes.

— J’ai enfin compris votre référence au conte du Petit Poucet. Le pire est que vous en seriez capable.

Il secoue la tête puis, prend un air conspirateur avec une drôle de lueur dans les yeux.

— Comment allons-nous briser le cœur de ce charmant jeune homme ?

— Oh, arrêtez ! J’ai bien remarqué que vous ne l’appréciiez pas.

Un soupir exaspéré franchit ses lèvres.

— Je n’aime pas son attitude… C’est un blaireau, voilà, c’est tout.

Je rigole.

— Quel est votre plan, Jill ? Et surtout, ne me parlez pas de celui du faux petit ami à trouver d’urgence. C’est vraiment ridicule ! Comment peut-on se comporter de la sorte envers soi- même et envers ceux qui nous entourent ? Proposer un truc pareil, ce n’est vraiment pas être net, et accepter, c’est encore plus bête.

Je tique. Mon cœur se serre. Si Eliott savait la vérité, il me tannerait sans relâche jusqu’à ce qu’il quitte Saint-André de Belleville. J’ai été celle qui a accepté de se faire passer pour une personne qu’elle n’était pas et j’ai choisi de tromper sa famille à lui. Finalement, je me suis brûlée les ailes. Je refuse de me faire charrier sur quelque chose qui m’a profondément meurtri. À part ma meilleure amie, Ellie, personne ne connaît la raison de mon départ fracassant.

—Jill ?

— On devrait continuer, je marmonne en chassant les souvenirs de ce Noël où la magie aurait dû opérer. Sinon, on risque de se perdre,


Une bonne demi-heure plus tard, nous arrivons sur un point de vue avec un panorama à couper le souffler, le soleil commence à décliner. Les pieds de mes bâtons plantés dans le sol, je retire mes lunettes de soleil que je suspends à l’encolure de ma veste, puis mon bonnet, pour me masser le cuir chevelu. Les tresses collées sur mon crâne me font un mal de chien.

— Waouw, vos cheveux sont… débute Eliott.

—... Ouais, je sais, je le coupe, agacée de me prendre une réflexion sur la teinte de mes cheveux, ils sont roux foncé.

Les gens ont vraiment des difficultés avec cette nuance, ma parole !

— Roux foncé, il tique en scrutant ma tête.

— Auburn.

— Hein ?

— En coiffure, c’est de cette manière qu’on nomme ma couleur de cheveux.

— Ah, vous avez fait une teinture ?

Je frissonne choquée par ce mot.

— On ne dit plus « teinture », mais « coloration ». Je tiens à vous signaler que mes cheveux sont naturels.

— Désolé, je ne maîtrise pas tout le jargon lié à la profession. Je dirais plutôt qu’ils sont rouge foncé.

— Oh, si vous voulez, je réponds, irritée.

— Pas la peine d’être aussi agressive. Les hommes ne voient que les couleurs primaires. Alors, les autres noms qui y sont associés, on y pige que dalle.

Que dalle ? Où est passé l’Eliott, qui s’exprime toujours de manière si formelle ? Plus il me côtoie, plus j’ai l’impression qu’il se sent un peu plus à l’aise.

— Voilà, vous assistez à un splendide coucher de soleil entre les montagnes, monte d’un ton la voix de Bastien pour qu’on saisisse bien l’importance du moment.

Et, il a parfaitement raison, alors que le soleil décroît, le dégradé dans le ciel teinté de rose et de bleu s’avère carrément superbe. Je ressens une paix profonde. Mais cette paix se termine vite par l’intrusion soudaine de quelqu’un qui vient perturber cet instant paisible.

— Je voulais simplement vous dire que la couleur de vos cheveux était magnifique, chuchote Eliott. Les rayons du soleil les rendaient flamboyants. Et encore, ils n’étaient pas détachés.

C’est moi, ou je suis en train de fondre ? Moi, magnifique ? Mais, non, il ne parlait pas de moi, mais bien de mes cheveux. Oui, donc de moi !

Des applaudissements retentissent, interrompant mes pensées envahissantes, suivis de la voix de Bastien qui reprend le fil de la conversation, nous invitant à poursuivre notre route.

—Jill ? m’interpelle Eliott d’un ton doux, dont les yeux bleus me semblent plus brillants qu’avant. Nous avons manqué l’heure du goûter.

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