Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
StellaB
Share the book

5 décembre

Ce matin, l’agitation au sein des commerces et des habitations de Saint-André se ressent. Tout le monde s’active et s’entraide pour terminer la décoration extérieure.

La course a commencé depuis quinze jours, certains anticipent, d’autres croient avoir du temps. Chaque année, c’est la même histoire, mais, finalement, tout est prêt. Le lancement des Féeries de Saint-André est prévu demain soir. Autant le dire tout de suite, c’est bien plus qu’une simple fête ou une tradition dans notre vallée. Ici, Noël résonne comme un événement hors du commun.

Ce soir, lorsque les guirlandes seront allumées, en guise d’essai, la touche finale à l’ambiance caractéristique de Noël sera officielle. Chaque année, le comité de quartier rivalise d’ingéniosité en matière de décorations : des ours géants, des casse-noisettes, des mini-villages de Noël… Du rouge, du vert, du doré et du blanc colorent les allées principales et adjacentes. Tout ce qui entoure cette fête est mis en évidence avec goût et soin. Je dois admettre que c’est magnifique, mais j’ai de la difficulté à croire en la magie de Noël.

Je déambule dans les rues en buvant mon café quand je reçois un message.


Stabler : Bonjour, Jill Tout simplement. Je voudrais vous demander quelque chose.

Oh ! Qu’il m’énerve à toujours m’écrire « Jill Tout simplement ». Je ne réponds pas, termine mon café, jette le gobelet dans une poubelle, puis je me dirige vers la boulangerie.

Il est 8 h 30, c’est l’heure idéale pour un petit-déjeuner.

Après avoir effectué mon achat, je monte dans ma voiture et je conduis jusqu’au chalet des Étoiles. Lorsque j’ouvre la porte d’un coup, un sourire aux lèvres à l’idée de partager un croissant avec Eliott, je retire mon manteau et je l’accroche à la patère. Comme les jours précédents, mon bonnet et mes gants sont déposés sur le banc d’entrée et mes chaussures rangées en dessous. L’esprit ailleurs, je file en vitesse en chaussette avec mon sachet de viennoiseries à la main. Quand soudain, je me fige et pousse un cri étranglé en voyant Eliott nu. Nu, bordel ! En essayant de me retourner, je glisse et je me rétame. Mes genoux et mes mains s’écrasent sur le parquet en chêne massif dans un bruit qui n’a rien de gracieux.

—Mince, Jill ! Ça va ?

Ne te retourne pas, ne te retourne pas, ne te retourne pas !

Le peu que j’en ai vu… était pas mal du tout. Vraiment pas mal du tout.

—Jill ?

— Ouiii, je réponds sur un timbre suraigu.

— Avez-vous besoin d’aide ?

— Êtes-vous encore à poil ?

— Ah, merde ! Je… Attendez…

J’entends quelque chose qu’on secoue et je me redresse sur mes genoux.

Au-delà de l’effet de surprise et de la douleur, je suis rouge de honte.

— Voilà, c’est bon. Pas de gestes précipités. Je vais vous aider à vous relever.

Si je sens ses doigts sous mon coude et les autres encercler mon bras, c’est plutôt son gel douche boisé qui envahit mon nez et qui me trouble. Il sent tellement bon ! J’arrête de divaguer et me concentre pour me redresser en mettant un pied à terre, puis le deuxième tout en prenant appui sur ses mains. Une fois debout, je pivote et il est accroupi. J’ai une vue imprenable sur les muscles de son dos, sur lesquels dévalent des gouttes d’eau. Ma gorge s’assèche et je n’ai pas le temps d’en apercevoir davantage. Finalement, c’est tout aussi bien, car, quand il se relève avec le sachet de viennoiseries dans la main, son torse me dit bonjour.

Ce même torse encore humide après sa douche.

NOM. DE. DIEU.

Quant à l’étage inférieur…

Bah, oui, vous croyez que je suis une sainte, hein ?

Un plaid couvre la partie la plus intéressante de son anatomie du bas. Mon visage s’empourpre et je m’éloigne en opérant un demi-tour en veillant à ne plus me vautrer. Décontenancée, je me dirige vers la cuisine et lui propose.

— Je… Hum… Voulez-vous que je prépare du café ?

— Avec plaisir. Je vais aller m’habiller.

— Oui, ce serait dommage de prendre froid avec tous ces courants d’air.

J’entends son rire moqueur, et je me donnerais volontiers une gifle pour avoir répondu une bêtise au lieu de m’excuser. Le sourire moqueur qu’affiche Eliott depuis que nous prenons le petit-déjeuner a le mérite de me mettre encore plus mal à l’aise. Le nez dans mon café, je songe à formuler des excuses, mais je n’y arrive pas. Dois-je vraiment m’excuser pour avoir vu un corps qui m’a mise en émoi ? Bien sûr que oui, pour des raisons de respect. « Elliot, veuillez m’excuser d’être entrée sans m’être annoncée ».

C’est pourtant simple.

— Je vous ai déjà connue plus loquace, Jill ? Est-ce mon corps d’Apollon qui vous a, ce point troublé ?

La bouche grande ouverte, je fais tomber un morceau de croissant dans ma tasse et relève la tête. Je rougis encore.

— Crevons l’abcès tout de suite, suggère Eliott, d’un ton sérieux, les doigts croisés sous le menton. Vous m’avez vu nu, ce n’est pas grave. Maintenant, c’est à mon tour.

Il est sérieux ? Abasourdie, je cligne plusieurs fois des cils en attendant qu’il me dise que c’est une blague, mais rien ne se produit.

Finalement, après quelques longues secondes, il éclate de rire. Quel con !

Vexée, je me redresse droite comme un « I » en le regardant, tandis qu’il se tient plié en deux. J’attrape mon mug, je le pose dans l’évier et je me prépare à partir, mais il m’interpelle.

— Attendez, Jill ! Je plaisantais. Vous m’avez dit l’autre fois que je n’avais aucun sens de l'humour. J’ai voulu rectifier le tir. Oublions ça, je vous prie.

J’opine, je présente mes excuses, mais il les balaie d’un geste de la main, puis je lui rappelle le contenu de son SMS.

— Est-ce que vous m’accompagneriez voir les grottes de glace?

J’accepte et, une demi-heure plus tard, nous arrivons sur place. La grotte se trouve près des remontées mécaniques et nous prenons un train funiculaire pour y accéder. Durant l’ascension, tous les deux assis dans la cabine, je remarque qu’Eliott observe le paysage.

— C’est la première fois que j’y vais. J’imagine que vous avez eu l’occasion de la visiter ?

— Oui, je m’y rends tous les ans, car les sculptures changent et c’est très beau.

Une fois arrivés au sommet, nous tournons à droite et suivons un petit groupe qui semble se diriger vers le même endroit. Au bout d’une vingtaine de mètres, nous pénétrons, enfin, dans la grotte sur un sol antidérapant et nous admirons toutes les fresques et sculptures mises en évidence par des jeux de lumières. Le spectacle s’avère indescriptible et se suffit à lui- même. Des œuvres monumentales qui nous rappellent notre insignifiance sur cette terre.

— Waouw, c’est superbe. La nature est tellement captivante ! Tous ces détails sculptés dans la glace, souffle Eliott, admiratif, en balayant du regard ce qui nous entoure. J’ai l’impression d’être entré dans un conte de fées.

— Salut Monsieur, l’interpelle un enfant d’environ huit ans au bonnet rouge portant un gilet jaune sous un sac à dos, tu sais que c’est le logo des Jeux olympiques ?

— Oui, mon grand, j’ai remarqué. C’est spectaculaire.

— La galerie mesure deux cents mètres de long et s’étend sur trente mètres sous la surface. Dans la dernière partie de la visite, on retrouve un concours de sculptures qui a réuni vingt participants.

— Tu en sais des choses, lui répond Eliott.

— Mon papa fait partie des sculpteurs, il s’exclame, fier, en bombant sa poitrine.

— Raphaël, le gronde une dame, je t’ai déjà dit de ne pas t’éloigner du groupe. Allons rejoindre tes camarades de classe dans la galerie suivante. Veuillez l’excuser, elle s’adresse à nous. Mon élève est parfois dans la lune.

La tête basse, le petit bougonne en suivant son institutrice. Il se retourne pour nous envoyer un sourire en coin et nous fait un signe de la main. On répond de même.

— À bientôt, les amoureux ! il nous lance en criant avant de déguerpir.

Stupéfaits, Eliott et moi échangeons un regard, puis nous éclatons de rire.

Nous continuons la visite et apprécions les différentes sculptures du concours. Ensuite, nous passons à la galerie suivante.

— C’est… c’est un bar ?

Des lumières bleues et blanches éclairent l’immense espace, qui contient des tables et des chaises sculptées dans la glace, créant ainsi un univers figé et unique.

— Cet endroit s’appelle Village Igloo. On peut y boire un verre, manger, et on peut même y passer la nuit.

— Génial ! s’exclame Eliott en se frottant les mains. Je vous offre un verre.

J’accepte volontiers, nous passons commande et attendons autour d’une table glacée.

— Comment trouvez-vous Saint-André de Belleville ?

— C’est bien, c’est la première fois que je viens.

— Et vous n’avez pas encore tout vu, je m’exclame en souriant. À partir de ce week-end, le centre du village sera au cœur de toutes les festivités de Noël.

— Je compte sur vous pour m’en faire découvrir davantage.

Sur ce, nous dégustons notre chocolat chaud.

Ensuite, je ramène Eliott au chalet et, tandis qu’il se met au travail sur son ordinateur, je commence la préparation de son repas. Il n’aura qu’à le réchauffer ce soir.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet