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StellaB
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4 décembre

Cette nuit, la neige s’est abattue en abondance dans la vallée. En jetant un coup d’œil par la fenêtre, je remarque que le service de déneigement a déjà déblayé la route.

Logique, il est 11 heures. N’ayant pas de demandes particulières ni de tâche prioritaire à accomplir, ma tante m’a suggéré de me reposer. Je dis ça, je ne dis rien, mais je le dis quand même, il faut toujours écouter les conseils de ses aînés.

Alors, j’ai pris mon temps. Je me suis réveillée un peu plus tard que d’habitude et j’ai avalé un copieux petit-déjeuner. Devant le miroir, au-dessus du lavabo, une serviette enroulée autour de moi, je détache mes cheveux et les secoue. Telle une lionne, ils cascadent jusqu’à ma taille. Quatre ans qu’ils n’ont plus vu de ciseaux. Quatre ans sans un soin en profondeur ni un brushing chez le coiffeur. Eliott les trouve beaux. Non, Eliott a dit que la couleur était magnifique.

Je pousse un soupir.

Ça fait longtemps que je n’ai plus reçu un compliment de la part d’un autre que Bastien, et ce n’est pas la même chose. Je ramène mon importante chevelure auburn sur le côté et j’entreprends de les démêler avec un peigne pour réaliser ma coiffure habituelle et surtout pratique. Je divise la masse en deux parties égales et je tresse chaque côté. À l’occasion, j’applique un léger maquillage.

Satisfaite, j’enfile un t-shirt, un pull en polar et un pantalon chaud. Le reflet du miroir me renvoie une image bien différente de celle de la citadine que j’étais, perchée sur des talons hauts.

Suis-je nostalgique ?

Parfois.

Ai-je des regrets ?

Jamais.

Je quitte la salle de bain et me dirige vers le salon. Je m’installe sur le canapé. Je prends un flyer sur la table basse et commence à l’étudier. Lucie, jeune trentenaire, ancienne cheffe étoilée, est la traiteur du village. Elle propose toujours des menus de folie.

Demain, elle clôture les commandes pour les fêtes de fin d’année. Aujourd’hui, ma mission consistera à préparer le menu du repas de Noël avec Eliott, pour lui et sa famille. Ensuite, je veux qu’il découvre une autre facette de notre vallée. Mon téléphone se met à sonner, interrompant ma réflexion. Je me lève pour le chercher dans la cuisine. En apercevant le nom qui s’affiche, mon cœur s’emballe et je déverrouille l’appareil d’un geste vif.

— Salut, ma caille ! Comment ça va ?

Des sanglots étouffés par des reniflements m’assaillent, me laisse glacée sur place.

—Ellie ?

—...

—Ellie ?

— Ouiiii.

— Bordel ! Qu’est-ce qui se passe ? T'es en danger ? Quelqu’un t’a kidnappée ? Quelqu’un t’a-t-il fait du mal ? Peux-tu t’échapper ? Où se trouve ton mec ? Est-il blessé ? Mais bon sang, parle-moi !

— Putain, Jill ! Tu ne me laisses pas en placer une, elle me rabroue en gueulant avant de se moucher avec ferveur.

Je dégage mon oreille de cet immonde bruit de morve et reviens quand j’entends que c’est fini.

— Je t’ai déjà dit d’arrêter de regarder des films de psychopathes.

— Sache que ça fait plusieurs jours que je n’en ai pas regardé un seul.

Elle éclate de rire, puis se tait pendant quelques secondes avant de lâcher une bombe.

— J’ai découvert que Kevin m’a trompée.

D’abord, quand tu t’appelles Kevin, tu pars déjà mal dans la vie, mais, en plus, quand tu joues au salopard avec ma meilleure amie et qu’elle me le dit, t'es mort. De nous deux, c’est moi qui dois rester la plus calme, la réconforter et lui dire que ça ira.

Je souffle un coup et je lui réponds.

— Je suis vraiment désolée.

— Bien sûr que non que tu ne l’es pas, elle s’emballe. Tu le détestais.

— Ouais, c’est vrai.

La compassion et moi, ça fait deux.

Bref, je la laisse cracher toute sa haine, si ça peut l’aider à passer à autre chose, grand bien lui fasse. Je n’ai pas eu besoin de plus pour cerner ce mec, le peu de fois où je l’ai vu. En meilleure amie qui se respecte, je lui en ai fait part, mais elle ne m’a pas entendue.

Voilà le résultat.

— T’avais raison, c’est un blaireau.

Alléluia ! Évidemment, je m’abstiens de lui dire qu’elle aurait dû m’écouter.

— Tu veux que je remonte sur Paris pour crever les pneus de sa caisse ?

— Je sais que tu en es capable.

Elle se marre.

— Et donc, t’es en ou dans votre histoire ?

— Histoire ! Quelle histoire ? C’est terminé. Tu aurais été si fière de moi si tu m’avais vue ce matin, elle débite tout d’un coup d’un ton joyeux, ce qui me fait me demander si elle n’a pas viré borderline. J’ai découpé une partie de ces vêtements et je porterai l’autre dans un centre pour les sans-abri. Pareil pour les serviettes et les draps de lit. J’ai frotté les wc avec sa brosse à dents et j’ai étalé du dentifrice partout dans le lavabo et la baignoire. J’ai éteint le congélateur. J’ai mis de la mousse à raser dans chacune de ses chaussures. J’ai coupé aux ciseaux les fils de la télé et j’ai enlevé les piles de la télécommande et jeté le tout dans les toilettes. J’ai viré de l’argent de son compte à des œuvres de charité, créé plusieurs profils sur des applis de rencontre gay et, si je n’ai rien oublié, j’ai percé toutes les capotes.

Ne jamais sous-estimer une femme trompée.

— T’es le diable en personne, je réagis, soufflée par tant d’audace.

— Il l’a bien mérité. J’avais des soupçons depuis quelque temps. Vendredi, je l’ai suivi et j’ai tout découvert. Je te jure que, le soir même, j’ai essayé de lui faire avouer. Mais, bordel, les mecs ne comprennent jamais la subtilité. Depuis lundi, j’ai progressivement empaqueté mes affaires, et, quand il est parti travailler en m’embrassant comme si de rien n’était, j’ai vrillé.

Ha ça, pour vriller, elle a vrillé.

— OK, t’es où, maintenant ? Comme tu vivais dans son appart.

— Chez Marine. Elle m’héberge le temps que je trouve quelque chose.

— Tu sais quoi ? Casse-toi et viens me retrouver.

— J'arrive déjà le vingt et un.

— Pour de bon.

— Je te signale que je travaille.

— En intérim. Ta mission ne se termine pas à la fin de la semaine ?

— Oui, mais je ne sais pas, Jill. Je suis perdue.

— Je comprends. Prends le temps dont tu as besoin. Ma porte est ouverte et on ne manque pas de boulot, ici.

On termine notre conversation et je raccroche, dépitée pour elle.

Kevin est loin de se douter qu’un ouragan vient de dévaster son appartement.

Bien fait pour lui.

Lorsque j’arrive sur le coup de 15 h 15 chez Eliott en lui montrant le « goûter » que j’ai apporté, ses traits tirés se détendent derrière son écran.

— Une petite part de gâteau de Savoie au citron, ça vous tente ?

— Vous vous adressez au roi du goûter, bien, évidemment, que j’en veux. Vous me laissez juste terminer ? Ça ne sera pas long.

— Aucun souci. Je vais nous préparer du café.

— Bonne idée.

Et il se replonge, concentré, les doigts qui rebondissent sur le clavier.

Pendant que le café coule dans deux tasses, je prends deux assiettes et les pose sur le plan de travail. Ensuite, j’ouvre le frigo, j’attrape la bouteille de lait, je verse un nuage dans la tasse d’Eliott et je la pose à côté de lui. Je retourne en cuisine. Je retire l’emballage du gâteau, découpe deux parts que je dépose sur chaque assiette. Les mains autour du mug pour les réchauffer, j’observe Eliott en train de travailler. Les cheveux en bataille, les sourcils qui se froncent par moments, la bouche qui remue sans qu’aucun son n’en sorte et les lunettes sur le nez, il m’offre un spectacle captivant. Et puis, tout devient clair. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Ses longues heures passées devant son écran. Son langage soutenu. Son désir de découvrir la région et sa manière de tout observer en silence et d’analyser ce qu’il perçoit. Monsieur Derosier est un écrivain venu se mettre au vert pour lutter contre le syndrome de la page blanche. Et je suis devenue sa source d’inspiration. Tu parles d’un cliché ! Les yeux dans le vide, je me mets à sourire en imaginant qu’il pourrait me citer dans ses remerciements, et même me louanger. Il aurait tout intérêt à m’envoyer un exemplaire dédicacé. Oh la la, ce serait vraiment génial.

— Pourquoi est-ce que vous tenez votre café dans les mains comme si vous veniez de recevoir un Oscar avec cet air béat sur le visage ?

Il me coupe littéralement de mon trip imaginaire.

Contrariée, je dresse un sourcil face à son sourire mesquin qui étire ses lèvres.

— Vous écrivez quoi là-dedans ?

— Vous êtes bien curieuse.

— C’est mon deuxième prénom, je réponds d’un ton empressé en me rapprochant de trop près dans son espace vital. Alors ?

— Alors ? J’aimerais bien goûter ce fameux gâteau, il réplique en fermant le clapet de son ordinateur sans que je ne puisse y lire quoi que ce soit.

OK, j’ai compris, monsieur préfère jouer les mystérieux.

Qu’est-ce que les écrivains peuvent être parfois imbus d’eux même ! Je n’insiste pas. Peut- être qu’il en parlera plus tard, quand il se sentira prêt. En attendant, plusieurs activités me viennent en tête pour étoffer son roman de Noël. Après tout, en arrivant ici, il ne peut qu’écrire ce genre.


Nous sommes dans la voiture, et Eliott tire la gueule, il n’a pas lâché un mot de tout le trajet.

Parfois, je me demande s’il n’a pas un bâton coincé dans le cul. Je suppose que l’appel qu’il a reçu pendant que nous étions en train de prendre le goûter laissait présager de mauvaises nouvelles. Au vu de la grimace, lorsqu’il a jeté un œil sur l’écran, le nom affiché ne devait pas lui plaire.Toutefois, à la deuxième tentative de son correspondant, il a décroché, abandonnant le restant de son gâteau, et s’est isolé dans la chambre, la mine maussade. Cette même mine qui ne l’a pas quittée, depuis que je lui dis de s’habiller chaudement et que nous étions attendus à l’extérieur. Et comme Eliott est plutôt du genre poli, il n’a pas décliné ma proposition, mais m’a fait bien sentir que je l’emmerdais. Qu’à cela ne tienne, il m’en faut plus pour me faire reculer.

— Vous et votre air bougon vous êtes des plus sympathiques !

Il grogne.

— Allons-y, nous sommes attendus, je lance après m’être garée.

— Vous pourriez au moins me dire où nous nous rendons.

— Et manquer votre réaction à chaud, sûrement pas !

Une fois descendus de ma voiture, je constate que le soleil commence à décliner. Lorsque nous reviendrons, il fera nuit. Je lui indique de la main, le sentier que nous allons emprunter.

Quelques minutes plus tard, nous débouchons sur un haut plateau immense recouvert de blanc. Une jolie maison illuminée par des guirlandes se tient à notre gauche. Le regard rivé au sol, Eliott ne pipe pas un mot jusqu’à ce qu’il entende des aboiements d’une meute de chiens au loin qui semblent foncer droit sur nous.

— Bordel, on va crever, il s’écrie en reculant. Vous êtes complètement folle. Courons jusqu’à la voiture. Nous avons une chance de nous en sortir.

Je lève les yeux au ciel.

— Ces chiens ne nous feront rien.

— Ce sont des loups, Jill !!! À quel moment avez-vous trouvé sympa qu’on finisse en chair à pâtée ?!

— Je crains, monsieur Derosier, que vous ayez des problèmes de vues. Vous ne portez vos lunettes que…

Je n’ai pas le temps de terminer qu’il m’empoigne par l’épaule pour m’embarquer à sa suite. Aucune délicatesse, il pourrait tout aussi bien m’arracher le bras. Au moins, il pense à me protéger, à ne pas me laisser mourir. Il marque un bon point. Mais qu’est-ce que je raconte ?

On ne va pas mourir. Enfin, si, un jour, mais pas aujourd’hui. Un long sifflement retentit tout à coup et la horde de chiens bifurque vers l’homme en chapka qui vient de les rappeler.

— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? souffle Eliott, ahuri, en observant le troupeau qui se rassemble devant la façade de la maison.

— Suivez-moi, Monsieur le trouillard.

Arrivés à une quinzaine de mètres, nous voyons Yvan nous adresser un signe de la main et annoncer de sa grosse voix caverneuse.

— Vous arrivez pile pour le repas.

— Fuir, c’est encore possible, Jill, chuchote Eliott sans desserrer la mâchoire. Ce type va nous massacrer et nous donner à bouffer à ses loups.

Je l’ignore et je l’abandonne. Il me fatigue.

— Je vais chercher la bouillie et j’arrive, les enfants, il parle à ses chiens que je compte au nombre de neuf, restez sage,

— On ne bouge pas Yvan, je lui réponds en souriant avant qu’il pénètre dans la maison.

— Qui est ce Yvan ?

Je pivote vers lui et remarque son regard soupçonneux sur le concerné qui est entré chez lui.

— Le monsieur qui vient de rentrer dans sa maison.

— Ça, j’ai vu, il répond, agacé. Vous le connaissez ?

— Bien sûr, il est musher.

—Musher ?

Il va réaliser dans 3, 2, 1…

— Oh merde.

Et oui.

— Mais alors, eux, ce sont…

—... Des chiens, je complète en lui envoyant un regard désabusé et d’ajouter, il faut croire que j’aime voir l’effet de surprise que ça crée chez vous. Des loups, vous avez fait fort !

Il bougonne, je me marre.

— Ce sont des malamutes, mes bébés, intervient Yvan, une pile de gamelles vides dans ses mains et un seau sous le bras.

— On ne partage pas la même définition du mot « bébé », ronchonne Eliott.

— Ils sont très gentils. Nous partirons en balade après qu’ils aient mangé, commente Yvan en remplissant les gamelles.

— Quelle balade ? s’étonne mon client.

— Je dois vraiment tout vous expliquer à vous, je clame, irritée. On va faire une balade à chiens de traîneaux.

— Ah.

— Oui, ah. Je pensais que ça vous ferait plaisir.

— Oh.

— Je me suis trompée.

— Eh.

— Vous comptez me réciter toutes les voyelles de l’alphabet ?

— Veuillez m’excuser, Jill. Je dois admettre que cette entrée en matière m’a impressionné.

— Je ne m’attendais pas à ce que vous flippiez autant.

— Non, j’étais un peu étonné.

Cet homme et sa mauvaise foi, c’est dingue.

Je ne dis rien de plus et m’agenouille pour caresser l’un des chiens qui s'est approchés de moi tandis qu'un autre s'est précipité en remuant la queue vers un Eliott hyper méfiant.

— Il vient de manger. Vous ne risquez rien, je lance pour le dérider.

Ils sont tellement mignons que je m’attendris devant celui qui me fait face et qui cherche à être cajolé. Du coin d’œil, j’aperçois qu’Eliott s’est accroupi. Il se laisse prendre au jeu et parle même au chien. On échange un sourire et Yvan réapparait.

— Vous faites déjà connaissance.

Le chien qui se trouvait près de moi le rejoint alors que celui dont les pattes reposent sur les épaules d’Eliott ne le quitte pas.

— Eliott ! Eliott ! Eliott, crie, le musher. Viens ici, mon gamin.

Les paupières closes, je contiens le fou rire qui menace de sortir.

— Suivez-moi, on va commencer, nous enjoint Yvan dont j'entends les pas s'éloigner ainsi que ceux de ses « bébés ».

— Allez-y, ne vous retenez pas, râle mon client.

Je ravale mon rire et ouvre les yeux. Eliott me fait face. Ses pupilles bleues acier contrastent avec tout ce blanc virginal, et cela me fait un drôle d’effet qui ne devrait pas avoir lieu.

— Avec vous, je suis loin d’avoir tout vu, il me souffle avant de partir.

Yvan nous invite à nous approcher pour nous présenter chaque chien.

Rudoph, Tornade, Danseur, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Tonnerre et Eliott.

Puis, il les attelle et nous demande de gagner la nacelle du traîneau.

— Il les a appelés comme les rennes du Père Noël, me murmure Eliott en souriant.

— Oui, Yvan est musher depuis plus de quarante ans et sa passion pour son métier l’anime. Éclair est décédé l’année passée. Il était dévasté.

Nous nous asseyons et je remonte la couverture sur nous.Yvan nous rejoint, se place derrière nous, empoigne les rennes. Eliott, lui demande.

— Dites, les chiens peuvent nous tirer sans difficulté ?

— On les a élevés pour cela, monsieur. Un attelage peut tracter jusqu’à 170-200 kilos. Chacun connaît sa position et connaît son rôle. Avez-vous d’autres questions ?

Eliott répond un « non » et Yvan enchaîne.

— Allez, c’est parti une balade d’environ cinq kilomètres d’une durée de trente minutes.

Dès les premiers mètres, je ressens une sensation de liberté, malgré le froid qui fouette mon visage. Je me laisse bercer par le crissement de la neige sous les pattes des chiens et leurs respirations haletantes. Plongé au cœur de la nature figée par l’hiver, le paysage s’étend à perte de vue. Les étoiles plein la tête, mes émotions me gagnent, un nœud se forme dans ma gorge tant l’expérience est immersive et féerique.

— Regardez, me glisse Eliott à l’oreille en me donnant un léger coup d’épaule, là-haut.

Je lève les yeux, un aigle royal tourne au-dessus de nous et, soudain, il pique à toute vitesse vers le sol, puis remonte avec sa proie, un lièvre, dans ses serres.

— On dirait bien que c’était l’heure du casse-croûte.

Je pouffe de rire en opinant de la tête et frissonne en claquant des dents. Sans que je m’y attende, Eliott, remonte davantage la couverture et passe son bras derrière mes épaules et viens me caler contre lui.

— N’y voyez aucun geste déplacé, vous grelottez.

Mon regard se perd, alors dans le sien. À nouveau, je ressens, encore, quelque chose que je ne saurais qualifier. Le contact visuel s’interrompt lorsque le traîneau opère un large demi- tour. Je me penche vers la droite et me retrouve blottie contre le corps d’Eliott. Gênée, je tente de me dégager, mais il resserre sa prise contre son flan. J’imagine qu’il doit, lui aussi, avoir froid et que ce rapprochement physique sert seulement à nous réchauffer. Aucun geste déplacé, c’est lui qui l’a dit. Confortablement installée, je ne bouge pas durant le restant du trajet et continue d’observer la nature qui nous entoure recouverte de son manteau blanc.

Mes jambes tremblent encore un peu lorsqu’on remonte en voiture. C’était un moment inoubliable. Je sens qu’Eliott me jette quelques regards, et je préfère les ignorer, mal à l’aise d’avoir été aussi près de lui.


Lorsque nous arrivons devant le chalet, il me dit qu’il n’a pas besoin de mes talents culinaires pour ce soir. Bizarrement, je le prends comme un rejet pendant quelques secondes et ensuite, juste avant de descendre, je ne sais plus trop quoi penser. Me trouve-t-il trop envahissante ? Pourtant, c’est lui qui veut découvrir la région.

— Je tenais à m’excuser.

De m’avoir serrée dans vos bras ?

— Pour mon attitude. C’était mon ex au téléphone.

— Ah.

— Oui, elle m’appelle depuis quelques semaines. Elle aimerait qu’on reprenne notre relation.

— Oh.

— Et je suis perdu, à vrai dire.

— Eh.

— Vous comptez me réciter toutes les voyelles de l’alphabet ?

Bien renvoyé. Je ris.

— Désolé de vous embêter avec mes problèmes.

— Ce n’en est pas un. Enfin, je voulais dire que votre problème est en un, mais que vous ne m’embêtez pas. Parfois, parler à quelqu’un peut être bénéfique.

Il soupire.

— Merci, pour cette belle promenade en traîneau.

Il change de sujet.

— De rien. C’était super. J’ai adoré.

— Vous n’en aviez jamais fait ça avant ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Je n’avais pas encore rencontré quelqu’un avec qui partager cette expérience.

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