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Nyxthorne
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Chapitre 1 : L'écho d'un Cauchemar

Froid. Un froid qui s'insinue dans mes os, me transperce la peau, me paralyse.
Pourquoi j'ai si froid ?
Mon corps tremble, mes membres sont lourds. Avec un effort qui me coûte, j'ouvre enfin les yeux. Tout est flou. Sombre. Oppressant.
Mes poignets sont liés. Un filet de sang coule lentement le long de mes bras, Je n'ai pas le temps de paniquer. Un hurlement fend l'air. Brutal. Douloureux. Humain.

- Alors, Butterfly, je t'ai manqué ?

Sa voix. Ce rire. Grave, rauque, glacial. Il ricoche contre les murs, s'imprime dans ma mémoire comme une brûlure.
Je me tourne, lentement. Il est là. Debout devant moi. Silas Graves. Ses yeux verts m'accrochent comme deux lames, son sourire est une arme à double tranchant.

- L'As de Cœur... murmurè-je, presque pour moi-même.

- Allons, Butterfly, tu connais mon nom. Dis-le. Je veux l'entendre sortir de ta bouche !

Ses cheveux noirs retombent sur son front avec cette négligence étudiée qui m'a toujours agacée. Tout en lui semble contrôlé. Jusqu'à la cruauté. Jusqu'à ce surnom qu'il m'a offert comme une malédiction.

- Je ne suis pas un putain de papillon crachai-je avec véhémence.

Il s'approche, son souffle glisse contre ma peau.

- Tu l'es pourtant. Belle, fragile... éphémère. Comme eux, tu n'as droit qu'à une seule journée avant de t'éteindre.

Il penche la tête, son regard me dévore.

- Et n'oublie pas... entre toi et moi, ce n'est pas l'As de Cœur qui joue. C'est Silas Graves. Garde ça en tête.

Il recule, se fond dans l'obscurité, ne laissant derrière lui que son rire et mes démons.

Un signal retentit, mécanique presque familier.

- Mesdames et messieurs, nous amorçons notre descente vers Folk. Veuillez attacher vos ceintures...

Je sursaute, arrachée à l’obscurité comme on revient d’un gouffre,
Putain, c’était juste un rêve ou plutôt un cauchemar. Le genre de rêve qui vous écorche de l'intérieur.

À peine sortie de l'avion, je reçois un message de Liam : un voiture m'attend à la sortie.
Classique. Toujours carré, toujours ponctuel.

Je repère enfin la voiture, plaque 7ABC123.

- Mlle Moore ? Je suis James. Liam m'a demandé de venir vous chercher.

- Merci. Et appelez-moi Haley, s'il vous plaît. Comment saviez-vous que c'était moi ?

- Une brune avec des taches de rousseur et un regard qui semble avoir traversé l'enfer ? Il n'y a pas deux comme vous.

Il rit. Je souris à peine. Pas encore prête pour ce genre de légèreté.

- Direction le 2134 Maplewood Drive ?

- C'est bien ça.

Folk. Trois ans que je n'ai pas remis les pieds ici. Trois ans que j'ai fui tout ce qui me rattachait à lui.
Et maintenant, tout recommence.

Les rues sont les mêmes : vivantes, étouffantes, trop pleines de souvenirs. Des immeubles qui touchent le ciel, une foule qui ne s'arrête jamais.

James me dépose devant l'immeuble. Je prends une grande inspiration. Je ne suis pas prête. Et pourtant, j'avance avec cette boule au vente qui me retourne l’estomac et tellement de question en tête, pourquoi maintenant, pourquoi après tout ce temps. Et surtout pourquoi avoir accepté .

Parce que tu ne peux pas te passer de moi.

Je chasse aussi tôt cette pensée, en refoulant ce goût amer et me dirige vers la réception.

- Bonjour, j'ai rendez-vous avec Liam... enfin, Mr Smith.

La femme derrière le comptoir lève brusquement les yeux. Son regard accroche le mien et s’y fige, un éclair de stupeur passant dans ses pupilles. Ses doigts s’arrêtent net au-dessus du clavier. Elle me reconnaît. La peur s’invite des ses traits, fugace mais indéniable. Elle tente de reprendre contenance, redresse légèrement les épaules, mais sa voix trahit la tension.

- Mlle Moore… nous vous attendions.

Je reste immobile un bref instant. Peut-être qu’après tout ce temps,il y a encore des traces. Quelle que chose de lui qui colle à ma peau, à mon nom.

Elle se lève avec précipitation en récupérant un badge sur le comptoir qu’elle me tend sans me toucher. Ses yeux évitent les miens, comme si elle avait peur d’y croiser qu’elle que chose qui l’effrayait .

- Vous pouvez monter, deuxième étage. Monsieur Smith vous attend en salle de conférence.

Je prends le badge sans un mot. Je ne suis pas revenue pour mettre les gens mal à l’aise et encore moins pour remuer le passé. Mais visiblement, je n’ai pas besoin d’ouvrir la bouche pour que les fantômes fassent le reste.

Je passe le portique, badge à la main, rien n'a changé, les mêmes mûr gris, la même odeur de désinfectant, d’imprimé et pourtant tout semble différent. Comme si l’air avait changé. Aucun visage familier. Jusqu'à ce que…

- TROIS ANS, BORDEL !

Je me fige. Le couloir aussi sembles s’arrêter.

Je me retourne lentement, le coeur déjà au bord du gouffre. Et elle est là. Vic. Immobile, les bras croisés contre la poitrine, les yeux écarquillés. La surprise la colère et cette foutue douleur qu’elle ne prend même pas le temps de cacher.

- Tu t'es dit quoi, Haley ? Que disparaître comme une voleuse c’était classe ? Dramatique ? Que j’allais tourner la page tranquillement comme si t’avais jamais existé ?

Elle s’avance d’un pas vacillant.

- Tu sais ce que ça à fait d’apprendre que Liam était le seul à avoir contact avec toi ? A savoir ou tu étais ?

Elle marque une pause, la voix plus basse, plus tranchante.

- Et maintenant, t’as un idée de ce que ça fait d’apprendre ton retour par une foutue note interne ? Même pas un appel, même pas un message !

Je reste muette. J’encaisse. Chaque mot se déversant comme des poignards dans mon coeur . Je sais que je le mérite et elle à raison, c’est sans doute ce qui me fait le plus mal.

Alors je fais la seule chose qui me semble possible. Je l’attire à moi dans une étreinte désespéré. Ses bras se referme autour de moi comme si elle n’attendait que ça. Comme si tout le reste n’était qu’un prétexte pour pas s’effondrer.

- Si tu me refais un coup pareil, je te jure que je te colle un traceur GPS, grogne-t-elle contre mon épaule. Et je ne parle pas de ceux qu’on enlève avec une pince.

Un rire m’échappe.

- Je suis vraiment désolé Vic.

- Ouais, Ouais . Tu vas te rattraper ce soir.

Je fronce les sourcils.

- Ce soir ?

Elle recule à peine, me dévisage comme une évidence.

- Tu dors chez moi. J’ai déjà prévue le programme : Pizza triple fromage, glace vanille, fraises et chantilly… et le beau Damon Salvatore en fond.

Je laisse échapper un souffle, mi-sourire, mi-résignée.

- Je n’est pas mon mot à dire si je comprend bien .

- Evidemment que non dit-elle en gloussant. Allez, file voir Liam. Et après, tu me racontes tout mot pour mot. Elle baisse la voix. -Et si quelqu’un ta fait du mal.. je fais un détour par la salle d’armes me lance t-elle avec un clin d’oeil avant de s’éclipser.

- Mlle Moore.

Je me retourne.Voix grave. Parfaite articulation. Regard froid comme un dossier classé sans suite.

Agent Cross

Il est là, raide dans son costume sombre, mains croisées dans le dos, l’expression verrouillée. Pas une ride de plus. Pas une émotion non plus.

- Agent Cross, dis-je simplement

Il incline à peine la tête

- Monsieur Smith vous attend. Suivez-moi.

Aucun mot de trop. Aucun geste inutile. Il se retourne aussitôt, me laissant à peine le temps de le suivre. Je jette un regard en arrière.

Vic n’est déjà plus là. Juste les couloirs vides, et moi au millieu.

Je marche derrière lui, le bruit de nos pas résonne sur le sol comme un compte à rebours. Chaque pas me rapprochant d’un visage que je n’est pas vue depuis des années. D’un visage que je n’ai jamais oublié.

Cross pousse une porte vitrée, s’effaçant pour me laisser entrer.

Je franchis le seuil, la salle est baignée d’une lumière grise presque clinique. Liam est là. Debout. Dos à moi, face à cette grande baie vitrée. Mains dans les poches. Silhouette tendue il ne bouge pas.

- Tu vas rester planté la encore longtemps ? Ma voix est plus calme que se que je ressens.

Il se tourne lentement.

Liam.

Même regard. Même carrure rassurante. Mais ses épaules sont un peu plus voûtées, comme si l’attente avait pesé.
Il me dévisage, sans rien dire. Pas de reproche. Juste ce mélange de soulagement et de tristesse qui serre la gorge.

- J’avais oublié à quel point t’étais insolente.

- Et toi, à quel point t’étais prévisible.

Il esquisse un sourire, faible mais sincère.
Et sans un mot, il ouvre les bras.

Je n’hésite pas. Je m’avance et me glisse contre lui comme je l’ai fait tant de fois avant, ses bras se referment sur moi, fermes, solides. Il ne tremble pas. Moi si. Juste un peu.

-T’as aucune idée à quel point c’était long, murmure-t-il au-dessus de ma tête.

Je ferme les yeux, m’ancrant à lui. À cette odeur familière, ce calme qu’il porte toujours, même dans la tempête.

- J’ai cru que je te reverrais pas, Haley.

Sa voix est basse, presque brisée. Pas de colère. Juste cette chose qu’on n’a jamais dite : qu’on s’est manqués plus qu’on ne l’admettra jamais.

-Je suis là maintenant, je souffle. Je te promets que je suis là.

Il se recule juste assez pour me regarder en face, ses mains sur mes épaules.

-Est-ce que t’es prête ?

Je hoche la tête. Pas sûre. Mais je lui dois ça. À lui. À moi.

Il inspire profondément, retrouve son ton plus posé.

-Alors on va reprendre là où on s’est arrêtés. Pas à pas. Ensemble.

Il relâche doucement mes épaules et contourne la table pour récupérer un dossier épais qu’il fait glisser vers moi.

- Il y a eu des changements pendant ton absence. Certains bons. D'autres... pas vraiment.

Je m’installe face à lui, les doigts à peine posés sur le carton rugueux du dossier. Rien que ce contact me donne la nausée. Comme une intuition qui remonte des tripes.

- Il a parlé ? je demande sans détour.

Liam secoue lentement la tête.

-Pas un mot. Pas depuis toi.

Je serre la mâchoire. Trois ans de silence. Trois ans d’enfermement. Et il attendait.

- Il a su, hein ? Pour moi. Pour ce que j’ai fait.

- Il n’est pas idiot, Haley. Et encore moins aveugle.

Il marque une pause, puis s’adosse au dossier de sa chaise, l’air soucieux.

- C’est pour ça qu’il a accepté. Il a refusé tous les autres. Les agents, les psys, les stratèges… il n’a jamais décroché un mot. Et là, il dit oui. À toi.

Je baisse les yeux sur le dossier. Mon nom est sur la première page. Pas le sien. Le mien. Comme si j’étais celle qu’on devait craindre.

Je l’ouvre. Lentement.

Des photos. Des scènes figées. Des corps. Des marques. Une signature rouge.
Pas exactement la sienne. Mais assez proche pour me glacer.

- C’est pas lui.

- On le sait. Silas est enfermé depuis trois ans. Isolement renforcé. Aucun contact. Aucun moyen de sortir un ordre.

- Alors c’est quoi ? Une provocation ?

Liam secoue la tête. Il a déjà réfléchi à toutes les options, ça se voit.

- Un imitateur. Ou un ancien du Syndicat. Quelqu’un qui connaît ses méthodes, ses symboles, ses rituels. On pensait avoir tout démantelé. On s’est visiblement trompés.

Je feuillette les pages. À chaque photo, mon ventre se tord un peu plus. Les poses des corps. L’emplacement des marques. Même la mise en scène. C’est précis. Maladif. Et familier.

- Il veut qu’on sache qu’il l’admire, dis-je doucement. Qu’il le suit. Ou qu’il le défie.

- C’est ce qu’on pense aussi. Mais pour Silas, c’est personnel. Il ne parle pas. Ne réagit à rien. Jusqu’à ce qu’on lui montre la dernière scène.

Liam sort une photo pliée dans un coin. Plus récente. Plus brute. Le sang est frais. Le symbole a été peint sur un mur.

Un cœur noir, fendu au milieu. Avec un A gravé en son centre.

Mon cœur rate un battement.

Liam me regarde. Attentif.

- Il a vu ça. Il s’est contenté de sourire. Et il a dit un seul mot : Butterfly.

Je referme doucement le dossier. Mais une chose dépasse entre les pages. Une carte. L’As de Cœur.
Déposé là, comme un clin d’œil, un avertissement, un rappel.

- Il t’a laissé ça, ajoute Liam. On l’a trouvé dans sa cellule le lendemain. Personne ne sait comment elle est arrivée là.

Je fixe la carte.

Lisse. Blanche. Immaculée, sauf pour ce cœur rouge au centre. Son symbole. Son surnom. L’As de Cœur.
Celle qu’il sort toujours en dernier. Quand il veut gagner.

- Il ne veut pas juste me voir. Il veut jouer, je murmure.

- Et il veut que tu remettes les pieds dans son jeu.

Je fixe l’As de Cœur, coincé entre les pages du dossier.
Une carte, une déclaration, un piège.

Je sens le regard de Liam sur moi.

Je referme lentement le dossier. Le bruit du carton qui claque me semble trop fort dans cette pièce.

- Dis-lui, je murmure.

Liam ne bouge pas, mais ses yeux s’animent.

- Dis-lui que j’accepte l’entrevue.
Je marque une pause. Une inspiration.
- Et que son papillon est de retour.

Liam reste silencieux une seconde. Puis il acquiesce. Il comprend le poids de ces mots. Ce qu’ils réveillent. Ce qu’ils risquent.

- Tu es sûre de toi ? me demande-t-il doucement.

Je baisse les yeux. Ma gorge se serre. Je pourrais dire non. Que je ne suis pas prête. Que j’ai peur.
Mais je relève la tête.

- Je suis pas sûre. Mais je suis là.

Liam pose une main sur mon épaule. Son regard est grave, mais il y a cette tendresse au fond, intacte.

- On ne te laisse pas seule là-dedans, tu m’entends ? À la moindre faille, à la moindre alerte… tu sors. Sans hésiter.

- Tu me connais, je souffle avec un mince sourire. J’ai jamais su jouer à moitié.

Il esquisse un sourire en retour, fatigué, mais fier.

- Oui. Et c’est exactement ce qui m’inquiète.

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