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Nyxthorne
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Chapitre 3 : Ce que les silences renferment :

Le soleil filtre à peine à travers les rideaux. Une lumière pâle, presque timide, éclaire le salon endormi.

Vic est recroquevillée contre moi, toujours emmitouflée dans le plaid. Ses cheveux blonds en bataille retombent sur son visage, et ses longs cils reposent contre ses joues.
Elle respire lentement, profondément.
Même endormie, elle garde cette allure désordonnée de fille qui ne lâche rien.

Je reste là un instant, à l’observer. Une part de moi voudrait figer cet instant.

Je finis par me lever doucement, m’extrayant du canapé sans la réveiller. Mes muscles protestent, mes pensées encore plus.

Je me traîne jusqu’à la cuisine et lance la cafetière, les pieds nus contre le carrelage froid.
Premier geste. Première ancre.

Aujourd’hui, je vais le revoir.

Silas.

Et rien que de penser à son nom, le goût du café devient amer.

- Tu fais un bruit de cuillère suspect. Dis-moi que t’as pas touché à ma réserve secrète de sucre vanillé, marmonne Vic derrière moi.

Je me retourne. Elle a à peine un œil d’ouvert, le plaid tiré jusqu’au menton.

- Je te fais du café et c’est ça ton premier réflexe ? L’agression ?

- Le sucre vanillé, Haley. On plaisante pas avec ces choses-là.

J’explose de rire en secouant la tête.

- C’est bon, Il est sauf. J’ai laissé ta réserve post-apocalyptique intacte.

Elle se redresse lentement, grimace quand ses genoux craquent.

- Vieillir, c’est une escroquerie !

- T’as vingt-quatre ans !

- Justement, l’âge où tout commence à déconner.

Elle s’approche, attrape sa tasse, me regarde par-dessus le rebord.

- C’est aujourd’hui, pas vrai ?

Je hoche la tête, doucement.

- Ouais.

Elle soupire dans son mug.

- Alors on respire, on s’habille, et on y va. T’as pas fait tout ce chemin pour vaciller à la dernière minute.

Je hoche la tête. Elle a raison. J’ai pas fait tout ça pour flancher maintenant.

Je file dans la salle de bain, laisse l’eau froide me réveiller pour de bon. Je m’habille lentement. Pantalon noir, chemise neutre. Rien d’extravagant. Juste une armure de tissu pour masquer ce qui tremble à l’intérieur.

Quand je ressors, Vic est déjà prête, ses cheveux blonds attachés à la va-vite.

Elle s’approche sans un mot, ajuste le col de ma chemise. Un geste simple. Mécanique. Mais je sens ses doigts qui tremblent un peu.

- Tu vas gérer, dit-elle simplement.

Je la regarde. Elle évite mes yeux. Elle fait comme si ce n’était qu’un jour normal. Mais je sais. Elle sait.

Je lui attrape la main. La serre fort.

- Comme avant la questionné-je

- Comme avant me dit-elle en souriant

Je m'approche, pose ma main sur son épaule.

- Vic, merci d'être là. Pour tout.

Elle me regarde, un peu troublée.

-T'es ma meilleure amie. J'ai jamais cessé de croire en toi. Même quand t'as disparu.

Un silence s'installe, chargé de souvenirs.

- Tu sais, parfois, c'est pas la peur de l'autre qui nous bloque, c'est la peur de ce qu'on va découvrir sur soi-même.

Vic acquiesce doucement.

- T'as changé, Haley. J'le vois dans tes yeux. C'est bizarre hein ?

Je ris.

- Ouais, bizarre. Mais je suis prête. On y va ?

- Ouais. Ensemble.

On quitte l'appartement, Vic attrape sa veste, prête à me suivre. Je pensais qu'elle s'arrêterait là, mais elle insiste.

- Je viens avec toi jusqu'au bureau, au moins, dit-elle en lançant un regard décidé.

Je hoche la tête, soulagée. On monte toutes les deux dans la voiture. Vic lance la radio, mais l'air reste tendu, chargé de non-dits.

Liam nous attend devant le bâtiment. Je sens mon cœur s'accélérer.

Vic me regarde, hésitante.

- Tu sais... Je pourrais venir plus loin, mais non. Cette fois, c'est ton chemin à toi. Je serai là, au bureau, pour t'attendre.

Je lui attrape la main, la serre fort.

- Merci, Vic. Vraiment.

Elle me sourit, un sourire fragile.

Liam ouvre la portière de sa voiture.

- Prête ? demande-t-il, le visage fermé.

Je respire un grand coup.

- Aussi prête que possible.

Vic me lance un dernier regard complice avant de descendre.

- On se voit tout à l'heure, Haley.

Je hoche la tête, le poids du silence s'installe à nouveau.

La voiture démarre, et chaque kilomètre m'éloigne un peu plus de ce qui me rassure, me rapproche de ce que je redoute.

Liam ne dit rien. Mais je le connais. Je sens les pensées qui le rongent.

- Tu regrettes de m'avoir demandé ça ? je demande finalement, brisant le silence.

Il inspire doucement.

- Je regrette pas, mais j'ai peur.

Je le fixe.

- De quoi ? De lui ? Ou de moi ?

Un silence. Puis :

- Des deux. Et de ce que ça va réveiller.

Je détourne les yeux, observe le paysage qui défile, flou, comme ma mémoire.

- Tu sais, j'aurais pu refuser.

- Je sais. Mais t'aurais jamais dû avoir à porter ça.

Je laisse échapper un rire, sans joie.

- T'avais l'air désespéré, ça m'a attendrie.

Il esquisse un sourire fatigué.

- Tu étais notre dernière carte à jouer, il ne voulait que toi.

Je tourne lentement la tête vers lui.

- et hormis moi je parie qu'il avait d'autres conditions.

Liam hoche la tête.

- Il a posé plusieurs conditions : il ne parlera à personne d'autre que toi comme tu le sais déjà mais en plus sont dossiers va être remis en examen.

Un frisson me traverse.

- Et vous avez accepté ?

- On n'avait pas le choix. Ce qu'il sait... c'est trop précieux. Et il le sait très bien.

Je serre les dents.

- Bien sûr qu'il le sait. Il joue encore. Même enfermé.

Liam ne répond pas. Le silence reprend sa place, plus pesant que jamais.

Quand on arrive aux abords du centre pénitentiaire, la tension devient palpable. Hauts murs gris. Froid de plomb. Et ce fichu badge qu'on m'a remis avant de partir, comme un laissez-passer vers l'enfer.

Liam gare la voiture. Il ne coupe pas immédiatement le moteur.

- Haley...
Je sais que je t'ai forcé la main mais tu peux encore faire demi-tour.

Je le regarde, droit dans les yeux.

- J'ai pas fui pendant trois ans pour recommencer maintenant.

- Alors je t'attends à la sortie.

Je sors de la voiture, mes jambes sont du coton, mes pensées du verre brisé.
Je passe les grilles, seule.
Et chaque pas m'arrache un peu plus à celle que j'étais.

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