Un frisson glacé parcourut son échine, plus profond que le froid humide qui mordait ses os. Cette sensation venait d’une présence sourde, palpable, qui l’attirait lentement vers un abîme dont elle ne pouvait mesure la profondeur. Ses épaules se crispèrent sous une pression invisible, comme si le passé tout entier s’abattait sur elle, écrasant son corps sous une menace diffuse qui flottait, menaçante, dans l’air.

Le silence fut brutalement rompu par un bruit discret : un froissement léger, presque imperceptible, qui la fit sursauter. Elle pivota lentement, muscles tendus, souffle suspendu, guettant la source du moindre mouvement. Au bout du couloir obscur, une silhouette fragile apparut. Une fillette, frêle et pâle, aux cheveux blonds en bataille, avançait avec hésitation, tiraillée entre la peur et la curiosité.

Elspeth. À peine six ans. Ses grands yeux captèrent la faible lumière vacillante, révélant une intensité troublante, mêlant une innocence précaire à une inquiétude profonde, comme si elle portait déjà un poids trop lourd pour son âge.

Cette apparition silencieuse, délicate et lourde de mystères, fit vaciller Léonie. C’était comme si le manoir lui offrait enfin un éclat de vérité, un fragment de secret caché derrière ses murs sombres.

— Tu es la nouvelle ? Demanda la fillette d’une voix douce, presque un souffle.

Léonie hocha la tête, la gorge serrée.

— Je vais prendre soin de toi, murmura Elspeth.

Autour d’elles, le manoir respirait faiblement, comme s’il retenait un souffle lourd, chargé d’histoires inachevées et de secrets enfouis. Chaque pierre, chaque poutre murmurait des récits étouffés par le poids du temps. Léonie se tenait au seuil d’un tournant crucial, au bord d’une descente sans retour. Derrière elle, la lande sauvage se déployait, balayée par le vent froid. En contrebas, la mer déchaînée frappait la côte avec une force implacable. Devant, cette maison figée dans le temps l’invitait à s’aventurer dans un labyrinthe d’ombres et de mystères, où rien ne se révélait vraiment.

Son cœur battait à la fois d’excitation et de peur. Ce départ n’était pas qu’un changement d’adresse, c’était une plongée vertigineuse dans un monde où chaque pas risquait de la mener plus loin, vers des vérités qui brûlaient et des dangers qu’elle n’avait jamais imaginés.

— Bienvenue à Édimbourg, souffla le vent, mordant et glacé.